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EAN : 9782080269621
192 pages
Autrement (05/01/2022)
3.39/5   31 notes
Résumé :
À 16 ans, Annabelle mène une vie tranquille avec sa mère et son jeune frère, à Blevin, petite commune belge sans histoires. Un jour cependant, l’adolescente est frappée par une révélation : il faut manger différemment, sans viande, sans gras, sans sucre. Et surtout, manger moins. Beaucoup moins. Se « purifier » de toute cette nourriture néfaste et superflue et ainsi, réparer le monde.
Violette, démunie devant le délire de sa fille, se débat comme elle peut po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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D'abord, se proclamer végétarienne : une revendication dans l'air du temps. La brèche s'ouvre ainsi, le contrôle nécessaire pour ne pas se fourvoyer dans le choix des aliments paraît légitime. Mais c'est déjà l'occasion de pouvoir se passer de certains plats, et tant mieux s'il n'y a pas d'alternative.
Vient le temps des comptes, précis, minutieux, et de l'analyse pointue des associations. La gestion est envahissante mais extrêmement gratifiante, car elle s'associe à une vertigineuse descente des chiffres sur le pèse-personne. Avec un déni insolent !

Le cercle vicieux est là, le processus est enclenché, et les injonctions de lâcher-prise d'autant plus inefficaces que le mal repose justement sur une absence totale de mise à distance.

Les effets sur l'entourage, la famille proche, les recours inutiles à différents spécialistes sont abordés, mais c'est surtout le raisonnement propre de l'adolescente qui est analysé.

Chronique d'une descente aux enfers, difficile à prévenir, et à juguler. C'est aussi beaucoup de souffrance, qui rayonne autour de ces jeunes filles, prises dans un engrenage mortifère.

Le sujet est maitrisé, sans doute vécu ou côtoyé de près, mais le texte est assez détaché sur le plan émotionnel. Effet peut-être voulu, mais qui s'incite pas à l'empathie.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Premier roman de Marie Claes, jeune auteure belge, il traite du sujet difficile de l'anorexie mentale touchant une jeune adolescente. Loin d'être léger comme son titre l'indique, c'est un roman très actuel où l'auteure démontre la force de l'esprit sur le corps et les dangers que cela peut occasionner.

Un jour, Annabelle, 16 ans, décide de manger différemment : plus de viande, plus de gras, plus de sucre,… Mais ce n'est pas seulement son régime alimentaire qu'elle décide de changer mais aussi le fait de manger moins. Au fil des jours, elle maigrit et cette obsession l'obnubile au point d'éprouver du dégoût pour la nourriture et ce corps qu'elle souhaite « purifier ». Violette, sa mère, se trouve totalement dépourvue face à cet entêtement qui risque de mettre en péril la vie de sa fille.

Alors que la phase de l'amaigrissement est abordée dans une première partie, Marie Claes n'oublie pas d'évoquer aussi l'étape antinomique : lorsque la personne malade tente de retrouver une vie « normale », de réapprendre à manger, à reprendre un peu de poids. C'est alors une seconde lutte qui a lieu de mener avec ce corps. Une fois tombée dans cette spirale infernale, en sortir en sera encore plus difficile.

Le poids (désolée pour le jeu de mots) des mots a une importance capitale dans ce roman. À cause d'un style d'écriture assez pointu, je n'ai pas su m'attacher au personnage d'Annabelle comme j'aurais aimé. J'ai apprécié, par contre, l'absence de jugement de la part de l'auteure, contraire-ment à d'autres romans traitant du même sujet.

Abordant cette maladie de façon très réaliste et de manière pudique, ce roman pourra aider de nombreuses personnes à comprendre le pouvoir destructeur de cette affection qui touche, hélas, de plus en plus d'individus et dont les familles se retrouvent souvent fort démunies.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Tout commence par une révélation.
Il faut manger moins.
Pas de viande, pas de sucre, pas de gras.
Annabelle, 16 ans, elle, sait.
Le reste du monde se trompe.
"Ça doit avoir quelque chose à faire avec l'intuition et on ne plaisante pas avec ces choses-là".
Alors, commence une longue spirale de subterfuges pour fuir toute cette nourriture inutile.
Se priver, ressentir la faim devient une satisfaction.
Une véritable addiction.
Sa mère, Violette, se démène comme elle peut, mais rien n'y fait pour raisonner l'obstination de sa fille : Mettre à l'épreuve du miroir, son corps grandissant.
"Ce n'est pas la peur de grossir, c'est le plaisir de maigrir".

Marie Claes, l'auteure, nous immerge au sein de cette famille, dans cette "faim" de contrôle de soi face à un monde qui nous échappe.
Spectateur du dépérissement de cette jeune fille.
Peut-être un peu trop à mon goût...
L'écriture est belle, poétique, mais il m'a manqué de l'empathie.
Je me laissais régulièrement bercer par les mots, surplombant cette scène que l'on me présentait, avec un certain détachement, jusqu'à décrocher et perdre le fil de l'histoire.
J'ai un besoin viscéral de ressentir des émotions au plus profond de moi, lors de mes lectures.
Besoin d'une emprise en quelque sorte...
Il m'a manqué un peu de tout ça, pour être complètement happée.
Malgré tout, ce roman aborde avec justesse le sujet de l'anorexie mentale et je le conseille vivement à ceux que cela intéresse.
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Maigre à faire peur

Dans ce premier roman Marie Claes raconte comment une adolescente décide subitement de perdre du poids et s'engage dans une spirale infernale. Un roman choc qui est aussi une réflexion sur la maîtrise du corps.

C'est arrivé comme une révélation pour Annabelle, 16 ans, à tel point qu'elle peut dater exactement le moment. Ce moment où elle a décidé de surveiller son alimentation, de réduire les portions, de bannir la viande. Les choses se sont alors mises en place sans problème majeur. Il y a certes eu l'épisode de la crêpe, lorsqu'il a fallu accepter de la prendre pour ne pas éveiller les soupçons. Et ce jour où avec les copines, elle a partagé un paquet de cookies. Après il a bien fallu compenser cet afflux de calories. Mais, maintenant qu'elle a ses fiches, qu'elle peut comptabiliser ses calories, tout semble sous contrôle, même si Violette, sa mère, commence à s'alarmer.
C'est la remarque de sa tante qui l'a convaincue que les choses prenaient un tournant dangereux. Oui, elle avait maigri, oui elle flottait désormais dans ses vêtements. Il est donc temps de reprendre les choses en main. Et cela tombe bien, Noël approche. Mais les promesses de réveillon, de cuisiner ensemble de bons repas, de déguster les bons petits plats s'évanouissent derrière la volonté d'Annabelle.
À la colère, il faut maintenant essayer de substituer une solution. Peut-être qu'un psy pourra éclairer la situation? Rébellion, rejet de la mère et absence d'un pénis compensatoire: un discours qui ne le la convainc pas. Alors elle se tourne vers la nutritionniste. Qui l'affole avec ses statistiques et son classement des troubles de l'alimentation. Reste peut-être l'explication génétique, qui a l'avantage de n'être la faute de personne. Mais passé le constat, que faire? D'autant qu'Annabelle persiste et signe, semble se complaire dans sa recherche des limites, maintenant que la bascule a franchi la barrière des 40 kilos. Après 39, où est la prochaine limite de ce jeu mortifère?
Marie Claes montre avec beaucoup d'à-propos comment la maîtrise de l'esprit sur le corps fonctionne, comment on peut imposer à son estomac de se restreindre, comment un entraînement quotidien peut avoir raison de fonctions que l'on dit vitales. Mais le tour de force de ce premier roman, c'est de s'attarder sur le chemin inverse. Comment peut-on revenir à une sorte de normalité? Comment un corps habitué à l'ascétisme réagit-il quand on veut transformer le métabolisme désormais installé? S'il n'est pas facile de maigrir, il est plus difficile encore de renier un pacte qui prône la maîtrise «pour son bien». Bien entendu, la pression sociale, incarnée par l'entourage et par les médecins, joue son rôle. Mais revenir dans le moule, c'est aussi perdre sa singularité. de ce conflit de cette quête, Marie Claes parvient à installer un récit tendu, à l'issue incertaine. À moins qu'un événement fortuit ne vienne remettre en cause les certitudes les plus ancrées... Alors peut-être Annabelle reprendra-t-elle du poil de la bête.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Dans Légère, son premier roman, la romancière belge Marie Claes tente un défi complexe du moins sur le papier : décrire les mécanismes de pensée d'une jeune adolescente qui,du jour au lendemain, se met mystérieusement en tête de contrôler son corps ....

Annabelle est en quête d'une vie la plus pure possible, ce qui passera forcément par une obsession de son poids et de la nourriture, parfois en dépit de toute rationalité. et d'un corps qui va de la symbiose à l'effondrement total.

C'est un cercle infernal dans lequel la jeune fille est immergé, plein de paradoxes.

Marie Claes décrit avec justesse les mécanismes de l'anorexie et de sa spirale mortifère.

« Son histoire, finalement, est légère comme la bruine. C'est une histoire à la lisière, parce qu'elle tient à rester funambule. Parce que même pour sombrer, aussi, elle couvre une emprise trop large »

Elle fait sans aucun pathos ni aucun jugement pour un texte profond, qui touche au coeur, une lecture à conseiller à tout adolescent ou parent d'adolescent..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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critiques presse (1)
LeMonde
17 avril 2022
Avec une agilité pétrie d’humour, de sens de l’observation et de rapidité, dépourvue de pathos, la primo-romancière Marie Claes fait entrer le lecteur au cœur de la logique déraillante d’Annabelle, qui cherche à se faire la plus petite place possible dans le monde [...].
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Sa stratégie est gagnante parce que personne ne remarque rien. Pour sûr, les gens se disent qu’elle paraît plus en forme, plus enjouée, que quelque chose est différent chez elle mais que ces changements lui vont bien, qu’un je-ne-sais-quoi de fort émane d’elle à présent, ou plutôt, que celle qui en vaut la peine est enfin de retour, qu’elle a fait resurgir quelque chose d’amoindri, comme un tournesol recroquevillé en attente du soleil. Elle l’imagine sans peine, on le clamera, Annabelle est d’une maigreur sans pareille mais elle est rayonnante, vous ne trouvez pas ? Un hiver a été trop long et elle en sort vaillamment, ça demande des efforts mais il faut ce qu’il faut. Elle a besoin de mettre de l’ordre, sinon elle ne parviendra pas à retrouver le soleil. Il faut peut-être tout nettoyer pour accueillir sa renaissance.
Pour nettoyer, elle y va, profitant de ce que personne n’a compris son manège. Prétextant constipation sur constipation, elle dit avoir besoin de pruneaux qu’elle mange tous les jours pour favoriser le transit, et elle se vide et se vide encore.
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C’est venu à elle très soudainement un soir en se couchant, elle peut dater le jour exact et mettre en mots la certitude : c’est autrement qu’il faut manger. C’est sans sucre. C’est sans gras. C’est moins. C’est au plus près de l’essence des choses. L’appel a été si fort et l’aventure si attractive qu’elle a obtempéré, ça doit avoir quelque chose à faire avec l’intuition et on ne plaisante pas avec ces choses-là. L’épreuve d’une journée à se nourrir exclusivement selon cet état d’esprit lui a été tant agréable qu’elle a comparé l’événement à une révélation. Depuis, elle s’applique à classer les aliments selon qu’ils sont essentiels ou superflus, en conséquence de quoi il lui a semblé tout à fait évident d’éliminer la viande, inutilement riche, vous suivez la réflexion.
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(Les premières pages du livre)
C’est tombé en elle comme un boulet de canon, un dieu lui est apparu peut-être, a pointé un doigt vers elle et le lui a ordonné. C’est devenu sa raison d’être, ah voilà je sais je comprends ce que c’est d’être là, et pourquoi ne l’ai-je pas su jusqu’alors, et il y a sa vie d’avant et sa vie de maintenant, la vie où elle erre et la vie où elle sait. Elle ne s’imposera plus jamais ni l’ignorance, ni la médiocrité. Elle sillonnera en elle pour laver les ordures, les pourritures du monde.
Elle dit : c’est tombé en moi, un jour, comme si elle avait perdu l’origine. Le monde vient à elle comme le vent et elle n’est pas responsable de l’impératif qui l’a, un jour, écrasée de présence.
C’est venu à elle très soudainement un soir en se couchant, elle peut dater le jour exact et mettre en mots la certitude : c’est autrement qu’il faut manger. C’est sans sucre. C’est sans gras. C’est moins. C’est au plus près de l’essence des choses. L’appel a été si fort et l’aventure si attractive qu’elle a obtempéré, ça doit avoir quelque chose à faire avec l’intuition et on ne plaisante pas avec ces choses-là. L’épreuve d’une journée à se nourrir exclusivement selon cet état d’esprit lui a été tant agréable qu’elle a comparé l’événement à une révélation. Depuis, elle s’applique à classer les aliments selon qu’ils sont essentiels ou superflus, en conséquence de quoi il lui a semblé tout à fait évident d’éliminer la viande, inutilement riche, vous suivez la réflexion.
Les végétariens disent non c’est faux, c’est politique avant tout, elle est d’accord avec ça, mais les statistiques sont sans appel : chez les gens instruits et pas spécialement religieux, la proportion d’individus la plus friande du bannissement animal, c’est la tranche des jeunes filles qui veulent perdre du poids. Peut-être bien, d’ailleurs, que tout progrès politique est avant tout hautement individuel. Une affaire de conscience, qu’elle a souvent mauvaise.
C’est profondément excitant, cette nouveauté, ce régime alimentaire socialement reconnu, cette manière de vivre qui va de l’avant, vers un horizon de santé, de réussite et d’immortalité. Non, pas seulement pour elle, la réussite, la santé et l’immortalité, pour ses parents aussi, son frère, tous au regard devenu triste et résigné. Quelque chose à faire, en attente du retour de l’ordinaire, c’est tout ce qu’elle demande. Rien de bien méchant, il faut parfois éliminer ce qui nous encombre, c’est une manière d’aller de l’avant et la plupart des gens s’adonnent bien à de grands nettoyages de printemps. Prendre soin de ce qu’elle mange est une première étape et, à ce stade, l’activité est déjà grisante : Annabelle est emplie de l’énergie d’un feu. D’ici quelques semaines, c’est son corps qui en cueillera les lauriers. Elle savoure le ralliement de sa mère à sa cause, mais il ne s’agit pas d’une permission : quelle qu’ait été sa réponse, elle aurait mené sa tâche à bien.
Sa tâche ? Non, elle ne doit plus porter ce nom, c’est bien plus que cela : elle mène une quête, exploratrice assoiffée de vérité et enivrée par l’aventure. À peine ose-t elle entrevoir ce qu’elle trouvera au bout du chemin qu’elle suffoque d’excitation.
Elle n’a plus envie de manger de viande parce qu’elle se sentirait mieux, voilà tout. Oh, que personne ne s’en fasse, si elle développe des carences, elle fera marche arrière et on n’en fera pas toute une affaire.
Donnée quelques semaines plus tard, l’information aurait suscité la vigilance du ventre noué et des sourcils froncés pour tenir à l’œil le corps qui se dérobe. Ce soir de septembre, il a été question de bouder un peu parce que c’est du chipot dans la préparation des plats, puis sa mère a haussé les épaules et, sans autre espèce d’embarras, ça s’est terminé comme ça.
Ça l’a gonflée à bloc, fait exploser ses ambitions, cette petite victoire, comme une déflagration, alors le reste de la soirée a été productif : elle a composé dans sa tête le menu précis et pondéré des ingrédients qu’elle mangerait pour chaque repas de la semaine à venir, ce faisant elle n’aurait plus à s’en préoccuper et pourrait parer aux éventuels débordements. Tout est question d’organisation et cet adage rassurant chez elle favorise le sommeil.
Mais l’organisation, elle le découvre à ses dépens dès le lendemain matin, affronte la volonté d’autrui. Cette découverte crée un précédent et creuse un gouffre sous ses pieds, qui désormais menacera sans cesse de la précipiter. Elle termine de s’habiller lorsqu’elle renifle une odeur de crêpes. Son pouls s’accélère légèrement et elle s’entend respirer plus fort. Ses sens ne peuvent la tromper. Sa mère est en train de cuisiner de grand matin, événement peu habituel mais néanmoins déjà vu : une fois par mois peut-être, il lui prend des envies intempestives de petit déjeuner original et luxueux. Systématiquement, ça dégénère en crêpes, oui : en crêpes.
Le gouffre se fend. Si elle mange déjà ne serait-ce qu’une seule crêpe, avant même d’avoir commencé à suivre son menu, c’est tout son planning qui va foutre le camp. Elle s’en veut de ne pas avoir pris en compte cet imprévu. Elle aurait dû être plus rigoureuse et faire entrer dans ses calculs ce genre de variable / ça ne sert à rien de planifier si chaque jour comporte des exceptions / tout ça n’est vraiment pas sérieux.
Bon, là maintenant, elle ne peut pas refuser une crêpe, tout le monde le prendrait mal. Une crêpe n’a jamais tué personne, il y a un peu de beurre autour mais dedans il n’y a rien de grave, pas même du sucre dans la pâte, elle n’a qu’à en prendre une, une seule, la recouvrir du moins de sucre possible et ça ne changera pas grand-chose, pas vrai ? Ok elle va faire ça, elle réajustera son menu après coup. Commencer en douceur n’est d’ailleurs pas plus mal dès lors qu’elle a également pris le pli de faire passer le dix-heures à la trappe. Ce jour, une crêpe lui permettra de tenir jusqu’à midi sans trop d’efforts, le temps que son organisme s’habitue au changement. Impuissante, elle ramasse son sac et descend mollement l’escalier.
Dépêche-toi, sa mère lance, une poêle à la main, tu faisais quoi ? Tu n’auras pas le temps de manger beaucoup avant de partir. Un vague sursaut de soulagement envahit Annabelle. N’aurait-elle donc pas le temps de manger la crêpe annoncée et pourrait-elle en conséquence attraper une banane dans le panier à fruits, je file, je la mangerai sur la route ? Ses joues reprennent un peu de couleurs. Elle aurait dû traîner davantage encore avant de descendre l’escalier. Violette continue, c’est rien, je t’en prépare une et tu la prends avec toi, tu la mangeras sur la route. Allez, c’est l’heure de partir – et elle la lui fourre dans les mains.
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"La culpabilité: voilà ce qui régit désormais son rapport au monde. La faim active et autoproclamée, c'est la maladie de la mauvaise conscience, le prix à payer pour le salut de son âme .

Alors: une fois pour toutes : Annabelle ne s'inflige pas une privation , elle prescrit un traitement. Le vide en elle brule d'un désir de la puissance du soleil."
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Une femme doit, dit-on, consommer 2 000 kcal par jour. Ce chiffre, dit-on également, peut varier selon l’âge et l’activité physique. D’abord, il serait complètement faux d’assimiler son âge adolescent à celui d’une femme davantage qu’à celui d’une enfant et elle ne laisserait personne le décider pour elle. Ensuite, il est évident qu’elle doit faire du sport, se contenter de modifier son alimentation seulement équivaudrait à ne pas mettre toutes les chances de son côté, or il faut tout donner au même moment pour ne pas perdre de temps. Les pompes et exercices abdominaux du soir sont devenus un rituel d’endormissement, elle ne s’arrête qu’au moment de sentir dans sa chair la brûlure de la matière disparue, il faut la voir fondre pour dormir en paix. Si elle a constaté qu’elle s’épuise à une vitesse qui lui semble élevée, le phénomène ne l’inquiète pas outre mesure. Après tout, chacun a ses faiblesses et, bien que l’idée lui ait traversé l’esprit, elle refuse de croire que l’épuisement physique ait un quelconque rapport avec ses nouveaux projets alimentaires (comment serait-ce possible, puisque ce qu’elle fait est pour un mieux ?). Il est donc inutile de considérer cette activité physique quotidienne comme une pratique sportive intensive nécessitant d’adapter les calories alimentaires à sa faisabilité : il est normal de la faire et elle n’est pas capable de surdoser.
Le chiffre de 2 000 lui paraît donc tout à fait adaptable à la baisse, l’objectif étant en outre de sculpter une silhouette plus acceptable pour son mètre soixante-cinq, elle peut tabler sur du, quoi, 1700 kcal, 1600 dans les bons jours, oui, c’est une bonne moyenne. Pour ça, il faut connaître avec précision l’apport énergétique de chaque aliment et elle s’est beaucoup appliquée dans ses recherches. Elle sait maintenant qu’elle peut toujours y aller sur les fruits et les légumes. Elle ne mange plus de viande, ce problème-là est résolu. Ceux qui, coriaces, lui cassent le plus la tête, ce sont les féculents, ceux-là, il faut en manger le moins possible parce qu’ils sont les plus riches, alors qu’en même temps, ils permettent de tenir longtemps sans avoir faim. Il faut déployer une assiduité exemplaire dans la quantification des repas pour en manger le moins possible, mais le plus régulièrement possible. L’idéal est de ne pas dépasser trois cents ou quatre cents grammes par jour.
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