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Jean Grosjean (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070300747
188 pages
Gallimard (29/04/1966)
3.74/5   45 notes
Résumé :
poésie
Que lire après Cinq grandes odes - Processionnal pour saluer le siècle nouveau - La cantate à trois voixVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
En date de mai 1940...voici notre grand poète dans ses pompes et dans ses oeuvres..Surtout très bien dans ses pompes, et dans l'art de cirer celles qu'il faut !!

"Monsieur le Maréchal, voici cette France entre vos bras, lentement
qui n'a que vous et qui ressuscite a voix basse.
II y a cet immense corps, à qui le soutient si lourd et qui pèse de tout son poids.
Toute la France d'aujourd'hui, et celle de demain avec elle, qui est la
même qu'autrefois!
Celle d'hier aussi qui sanglote et qui a honte et qui crie tout de même
elle a fait ce qu'elle a pu!
C'est vrai que j'ai été humiliée, dit-elle, c'est vrai que j'ai été vaincue.
II n'y a plus de rayons à ma tête, il n'y a plus que du sang dans de la boue.
II n'y a plus d'épée dans ma main, ni l'égide qui était pendue à mon cou.
Je suis étendue tout de mon long sur la route et il est loisible au plus lâche de m'insulter.
Mais tout de même il me reste ce corps qui est pur et cette âme qui ne s'est pas déshonorée!
..............................................................................................................................
Monsieur le Maréchal, il y a un devoir pour les morts qui est de ressusciter.
Et certes nous ressusciterons tous au jour du jugement dernier.
Mais c'est maintenant et aujourd'hui même qu'on a besoin de nous et qu'il y a quelque chose a faire !
France, écoute ce vieil homme sur toi qui se penche et qui te parle comme un père.
Fille de Saint-Louis, écoute-le ! Et dis, en as-tu assez maintenant de la politique ?
Cette proposition comme de l'huile et cette vérité comme de l'or.."

J'ai toujours détesté la poésie de Claudel et même son théâtre qui me paraissent tous deux ampoulés et artificiels, m'ennuient absolument et n'éveillent en moi aucune émotion, mais là ce n'est plus de l'ennui , ni une lassitude agacée devant les faux semblants de la rhétorique censés "représenter" l'émotion, non, c'est de la colère à l'état brut: voici de la poésie de propagande, et la pire, et la plus basse.

Claudel n'a pas seulement été une ordure avec sa soeur Camille, il l'a été à l'égard de tout un peuple et de son art même.

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Dans la poésie, la découverte du « sens » des choses passe par l'interprétation des signes que le poète nous donne à voir ! Et, « Il suffit d'ouvrir les yeux à ce qui est ...», comme le ferait un grand poète pour y puiser son inspiration.
Dans cette condition, la métaphore n'est plus une question (ou un jeu) de rhétorique : elle « résulte de la seule existence conjointe et simultanée de deux choses différentes (Art-poétique). »
Et n'est-ce pas déjà une métaphore que l'existence conjointe et simultanée du poète et de ce qu'il voit, et des choses qu'il connaît ?
C'est dans les Cinq grandes odes que l'on trouvera la défense et l'illustration de la « théorie de la parole » de P.Claudel. Car au « je ne sais plus parler » de Rimbaud, Claudel répond, ici dans ce recueil, par une affirmation triomphante : « J'ai trouvé le secret ; je sais parler ; si je veux, je saurais vous dire / Cela que chaque chose » veut dire !
Non pas seulement la signification d'un symbole (vague et changeante) mais aussi le sens affecté à chaque chose par le créateur.
Claudel a voulu mêler dans ce recueil sa vie présente et passée : l'apparition d'Erato, confondue avec celle de « l'amie sur le navire » à la fin des « Muses », le soulèvement des eaux désirantes et le flot des larmes dans «  L'Esprit et L'Eau », sont là autant d'aveux que magnifie le drame, Partage de midi.
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Tout de suite les grands mots ! On ne convoque par Orphée comme ça d'un coup de baguette, on n'y accole pas une épithète qui en jette, sans avoir réfléchi. Oui. Mais Orphée, c'est celui qui de sa lyre pleure Eurydice et fonde par là même la poésie, c'est celui que les Muses ont enterré (je vous assure, j'ai lu ça quelque part), celui qui crée le lyrisme : lyre/lyrisme, il y a comme un rapport. le lyrisme évoque en poésie des sujets spirituels ou existentiels. Quand à l'homme mystique, c'est celui qui a une foi religieuse intuitive.

Le charmant Claudel (oui je sais il a laissé tomber sa soeur Camille en hôpital psychiatrique, ne me le rappelez pas à chaque fois), diplomate en Europe et en Asie au moment où il écrit les Cinq grandes odes, entre 1900 et 1910, incarne absolument cette intuition spirituelle. Celle-ci s'exprime grâce à son verset, une forme de vers libre inspiré du verset biblique, dont le blanc à la fin de chacun dessine un souffle. Ce verset acquiert sa propre logique, sa musique interne alors que chaque mot surprend, frappe et vole.

Suite de la critique sur le blog :
Lien : http://carnetsdimelda.wordpr..
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Paul Claudel est le frere de Camille,la celebre sculptrice et se revele etre également un superbe auteur poete qui nous offre ici un recueil d'oeuvres qui vaut le detour.Ces longues poesies prouvent la maitrise du style si particulier de l'exercice et une imagination sans faille.Un beau recueil d'oeuvre a decouvrir.
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Le seul Paul Claudel qui ne soit pas imbuvable.
(là, on se contente d'avaler la poussière "de ce qui fut Ninive")
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Ainsi subitement du milieu de la nuit que mon poème de tous côtés frappe comme l'éclat la foudre trifourchue ! Et nul ne peut prévoir où soudain elle fera fumer le soleil, Chêne, ou mât de navire, ou l'humble cheminée, liquéfiant le pot comme un astre !

O mon âme impatiente ! nous n'établirons aucun chantier ! nous ne pousserons, nous ne roulerons aucune trirème

Jusqu'à une grande Méditerranée de vers horizontaux,......

Rien de tout cela ! toute route à suivre nous ennuie ! toute échelle à escalader !

O mon âme ! le poème n'est point fait de ces lettres que je plante comme des clous, mais du blanc qui reste sur le papier.
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Le dernier rêve s’est enfui,
Une lune sans couleur
Trépasse au fond de la nuit.
Qu’ai-je fait de la douleur?
Le jour nouveau, il a lui !
Vite, levons-nous sans bruit !
Quelle est cette divine odeur?
Le dernier rossignol s’est tu
Turlututu !
Il est cinq heures du matin.
Un ange chante en latin.
Juin pendant que je dormais
S’est mis à la place de mai.
C’est lui qui vient de m’octroyer
Cette rose de pleurs noyée.
La terre a reçu le baptême.
Bonjour, mon beau soleil, je t’aime !
Un peu mouillé mais tout neuf,
Le voici qui sort de son œuf,
Rouge comme un coquelicot.
Cocorico !
Tant de gaîté, tant de rire,
La caille qui tirelire,
Le bœuf et le gros cheval
Qu’on mène chez le maréchal,
Comme un enfant à mon cou
Le baiser du vent sur ma joue,
Tant de clarté, tant de mystère,
Tant de beauté sur la terre,
Tant de gloire dans les cieux,
Que plein de larmes le vieux
Poète reste à quia
Alléluia !
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Les Neuf Muses, et au milieu, Terpsichore !
Je te reconnais, Ménade ! Je te reconnais, Sibylle ! Je n'attends avec ta main point de coupe ou ton sein même
Convulsivement dans tes ongles, Cuméenne dans le tourbillon des feuilles dorées !
Mais cette grosse flûte toute entrouée de bouches à tes doigts indique assez
Que tu n'as plus besoin de la joindre au souffle qui t'emplit
Et qui vient de te mettre, ô vierge, debout !
Point de contorsions : rien du cou ne dérange les beaux plis de ta robe jusqu'aux pieds qu'elle ne laisse point voir !
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De nouveau après les longues routes terrestres,
Voici l’Ode, voici que cette grande Ode nouvelle vous est présente,
Non point comme une chose qui commence, mais peu à peu comme la mer qui était là,
La mer de toutes les paroles humaines avec la surface en divers endroits
Reconnue par un souffle sous le brouillard et par l’œil de la matrone Lune !
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Restez avec moi Seigneur, parce que le soir approche et ne m'abandonnez pas !
Ne me perdez point avec les Voltaire, et les Renan, et les Michelet, et les Hugo, et tous les autres infâmes !
Leur âme est avec les chiens morts, leurs livres sont joints au fumier.
Ils sont morts, et leur nom même après leur mort est un poison et une pourriture.
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Videos de Paul Claudel (167) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Claudel
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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