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4,18

sur 4849 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
👧 « Il fait très froid. le ciel est couvert. Monsieur Linh respire l'odeur du pays nouveau pays. Il ne sent rien. Il n'y a aucune odeur. C'est un pays sans odeur. Il serre l'enfant plus encore contre lui, chante la chanson à son oreille. En vérité c'est aussi pour lui-même qu'il la chante, pour entendre sa propre voix et la musique de sa langue. »
(P.12)

👧 Monsieur Linh débarque dans un pays qui n'est pas le sien avec sa petite fille. Arrivé par bateau, le voyage s'est fait lentement, pour que le corps et l'esprit aient le temps de comprendre et de vivre le changement, de voir changer le panorama, d'accepter qu'il ne reverra plus jamais son village dévasté, dans lequel les siens ont péri. Dans ses bras il serre alors sa petite fille, et dans ses mains il tient ferme sa valise, solidement ficelée pour que rien ne s'en échappe : ni ses quelques vêtements, ni cette photo jaunie par le soleil, presque entièrement délavée par les années et les évènements.

👧 Lorsqu'il arrive enfin sur la terre ferme, Monsieur Linh ne se risque pas à sortir. Il reste quelques temps dans le refuge où se trouvent aussi d'autres personnes de son pays. Pourtant, personne ne lui adresse la parole, on le nourrit par respect, pas par estime. Un jour enfin il ose sortir et fait la rencontre d'un homme. Assis sur un banc, chacun d'entre eux porte en lui le poids de souffrances indicibles, incompréhensibles, intransmissibles ; s'ils ne parlent pas la même langue, leurs regards parlent pour eux et disent la reconnaissance et la gratitude. Un jour pourtant, le refuge ferme et on transporte Monsieur Linh dans un endroit à l'atmosphère terrible, les murs sont d'un blanc chirurgical, il ne reçoit personne et ne peut sortir. Accompagné de sa petite fille, il prend la fuite pour aller retrouver son ami et erre dans la ville grise, sans repères, allant tout droit, toujours tout droit, vers le point de fuite…Jusqu'à l'incident …

👧 Avec douceur et délicatesse, Claudel a, tel un orfèvre, mis en place les rouages d'une histoire tendre et affectueuse, celle d'un amour inconditionnel d'un homme envers sa petite-fille, la seule chose qui lui reste et qui soit à la fois témoignage du passé et promesse de l'avenir ; oui, en tant que marionnettiste, il maîtrise la scène, notre peine, ses personnages, jusqu'au dernier acte, où tout s'écroule. Si cette atmosphère cotonneuse et de cocon m'a quelque peu troublée, je dois admettre que je comprends son utilité pour rendre service à l'essence même du roman : la fragilité de l'individu confronté à la perte de son environnement, la brutalité de la confrontation à un monde violent, maussade et parfois trop égoïste, le besoin de sa raccrocher au souvenir, quel qu'il soit …
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Très belle découverte !
C'est une histoire dont on ignore le lieu et le cadre exacts des événements.
Philippe Claudel fait vire au lecteur la douleur d'être un réfugié de guerre, quitter un pays sans préparation et sans réelle volonté d'émigrer. Ce n'est pas un choix, cela lui est imposé par des circonstances épouvantables.
M. Linh séparé de sa patrie s'est retrouvé à la dérive dans un pays étranger, aliéné au début par son manque de connaissance de ce nouvel environnement et de cette nouvelle culture et son aliénation supplémentaire par la langue jusqu'à sa rencontre avec son nouvel ami Bark.
Un livre très émouvant et une merveilleuse étude de l'essence humaine et de la façon dont nous pouvons tous nous connecter à un moment donné avec les autres malgré nos différences.
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La petite fille de Monsieur Linh | beaucoup plus triste que j'imaginais

Je me suis dit que je ne lirais plus de livre sur la guerre pendant une certaine période (voir plus les raisons ici mais l'article est rédigé en vietnamienne), car c'est trop lourd. Finalement j'ai lu La petite fille de Monsieur Linh, premièrement parce que c'est un petit livre et j'ai été persuadée que je pourrais le finir rapidement. Même sa version audio ne dure que plus de 2 heures.

Un livre vachement court mais m'a faite réfléchir une fois que je l'ai terminé, et hésiter en donnant une note. 3⭐️ou 4⭐️ ? C'est un bon livre, oui, tout à fait. J'aime bien son style et le message livré. Tout est clair, concis, un bouquin pas long mais surtout suffisant. C'est ce que j'apprécie. Juste, personnellement, je ne suis pas habituée à cette sorte de livre assez lourd et poignant. Désolée, c'est simplement le goût. Et finalement j'ai mis 4⭐️. Il le mérite.

La guerre ne représente pas vraiment le sujet principal de l'oeuvre, mais elle est la raison sur laquelle l'histoire est basée et construite. L'auteur - Philippe Claudel - rappelle seulement quelques informations générales et très vagues de la guerre, un pays paisible, un village tranquille attaqué par l'armée étrangère et tout est détruit. Les villageois morts, les animaux morts, les maisons et arbres brulés. Pas plus de rizière, pas plus fleuve serein...
C'est la raison pour laquelle Monsieur Linh perd tout ce qui est crucial pour lui. Il doit quitter la terre à laquelle il s'attache.
« Quitter le bateau, c'est quitter vraiment ce qui le rattache encore à sa terre »

C'est la raison pourquoi il a apporté une poignée de terre dans ses bagages, et la considère comme de l'or. Il pense sans cesse de son pays natal, la tristesse profonde gênent son coeur chaque jour.
« La terre du village, noire et limoneuse, qu'il avait travaillé durant toute sa vie, et avant lui son père, et avant lui son grand-père, une terre qui les avait nourris et accueillis au moment de la mort »
« Il ferme les yeux et s'endort en songeant aux parfums du pays natal »

On sent vraiment la nostalgie sous les plumes de l'auteur tout le long du livre et il les exprime par une variété d'expressions et d'images, belles et douloureuses.
« Il sent vraiment son coeur se pincer, alors il pose fortement sa main libre sur sa poitrine, à la place du coeur, pour faire cesser le pincer »

La nouvelle vie est inconnue, ainsi que les gens.
« La soupe entre dans sa bouche et dans son corps, et c'est soudain tout l'inconnu de sa vie nouvelle qui vient en lui »
« Les hommes et les femmes marchent très vite, comme si leur survie en dépendait »
« S'il avait été seul, il ne serait même pas là, dans ce pays qui n'est pas le sien »

Une nouvelle vie qui est totalement contraire à ce dont il rêve
« Dans l'arrière-pays, dans un village, n'importe lequel, au milieu des champs, près des forêts, d'une rivière, un petit village si ça existe encore, où tout le monde serait connu et dit bonjour. Pas comme ici »

C'est également la raison pour laquelle son ami, Monsieur Bark, même s'ils ne se comprennent pas, ne parlent pas une même langue, dès qu'il reconnait que Monsieur Linh vient du pays où il est arrivé et a déclenché la guerre et a tué les gens, il sanglote pendant long temps. Il regrette tout ce qu'il a fait. C'est au moins un bon signe. Donc dans cet oeuvre, Philippe Claude aborde un différent point de vue sur la guerre, sans bombe directe, pas de sang, sans soldat ou fusil, mais tout ce qu'elle cause, la mélancolie, la perte et le regret.
« Je vous demande pardon, pardon... pour tou ce que j'ai fait à votre pays, à votre peuple. Je n'étais qu'in gamin, un sale con de gamin qui a tiré, qui a détruit, qui a tué sans doute... Je suis un vrai salaud »

On découvre aussi l'amitié entre deux hommes inconnus et perdus, une évolution naturelle et sympa. Pas à pas ils deviennent plus proches, plus sincères même s'ils ne parlent pas la même langue. Ils se racontent leur vies, Ils pleurent et rient ensemble. Leur voix deviennent si familière à l'autre. Ils s'offrent des cadeaux, ils prennent le café ou le repas ensemble. Ils se consolent par mettant la main sur l'épaule ou se serrant la main.

Un joli bouquin.
Lien : https://francopoesie.blogspo..
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C'est un roman touchant et sensible sur le déracinement, l'amitié et le traumatisme de la séparation. Je ne connaissais pas Philippe Claudel, j'ai beaucoup aimé son écriture légère et fluide, simple pour aborder un sujet grave. D'ailleurs l'histoire n'est pas triste et pourtant. le point de départ est la guerre et la violence du monde, et dans tout ça l'auteur fait surgir de l'humanité là où nous n'osions l'attendre. C'est presque poétique. Ce roman me fait penser à celui de Jeanne Benameur "Les demeurées" alors que les histoires sont différentes il s'en dégage une impression similaire.
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C'est un très joli roman tout en poésie et d'une grande sobriété que je viens de terminer.
Philippe Claudel a un style inimitable. Son histoire est bien écrite et se déroule superbe, sous la plume habile de l'auteur.


Je me suis très vite attaché à ce vieil homme, monsieur Linh et de sa petite fille qu'il ne quitte pas.
Un homme qui se retrouve dans ce dortoir de réfugiés, quelque part dans un monde et une ville moderne et sans guerre. Un vieux monsieur qui avait fui son pays en guerre, quelque part dans un autre coin du monde.


Il y avait comme une grande magie qui s'est malheureusement arrêtée à la page 68 du livre de poche.
Non pas parce que Philippe Claudel n'avait pas su entretenir le suspense, mais que mon intuition m'était encore tombée dessus.
A l'instant où les enfants des familles réfugiés ont joué avec la petite fille de monsieur Linh, j'ai su toute de suite qui était ce vieux monsieur silencieux et taciturne et qui était sa petite fille.
Déçu par mon pressentiment, la suite n'a plus eu aucune surprise pour moi.
D'autant plus que je m'étais encore une fois, refusé de lire un seul commentaire sur ce livre.


Mais au-delà de cette belle histoire pleine de grâce, Philippe Claudel nous donne matière à réflexion, sur la guerre, sur toute cette population en souffrance qui la fuit.
La souffrance parlons-en, celle qui ronge l'âme, celle qui comprime les coeurs, celle qui nous prosterne devant des océans de larmes, celle qui nous emprisonne dans une terrible solitude, celle qui rend aveugle de l'autre beauté de la création.


Cette souffrance intolérable qui pousse les êtres parfois à fuir une réalité trop tapageuse, trop douloureuse. Des êtres qui se réfugieront dans leur imaginaire, dans leur monde, dans leur folie, sans aucun billet retour.
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Très belle découverte
Un roman court certes mais riche de simplicité et de tendresse. Ce livre est comme un cocon de tendresse entouré de la grande brutalité de l'individualisme humain.
On s'attache aux personnages et à l'histoire tout en douceur, au fur et à mesure de l'avancé de notre personnage. le temps s'arrête avec eux et permets une introspection de soi alors qu'autour le monde avance sans regarder et sans s'arrêter ... même quelques minutes sur un banc.
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Au fur et à mesure des pages on se doute de la fin mais ce livre n'en est pas moins touchant, triste et plein de tendresse. Une lecture rapide et simple qui vous attendrira en même temps qu'elle vous mettra un petit coup au coeur. C'est un récit très épuré, qui va à l'essentiel. Peu de choses sont connues sur le personnage lui même : on ne sait même pas que quel pays il vient et dans lequel il arrive même je pense que c'est Viet-Nam (ex-Indochine) et Amérique mais sans conviction. AU final, ce n'est pas le plus important. Ce qui est mis en avant ici c'est le deuil de son pays et de sa famille pour continuer à vivre dans un endroit qu'on espère plus prometteur.
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Monsieur Linh a dû fuir sa terre natale, ravagée par la guerre. Sur le bateau qui l'emporte loin, vers un pays inconnu, il serre contre lui un bébé de quelques semaines à peine, sa petite fille Sang diû. Ensemble, ils vont devoir s'adapter à cet étrange nouveau monde, où tout va si vite, où il fait si froid...

Un tout petit livre mais qui dit pourtant beaucoup de choses.
Qui dit la douleur du déracinement, les difficultés d'adaptation, le déchirement et le désarroi de l'exilé. Qui raconte aussi la solitude de deux hommes endeuillés, leur rencontre malgré la barrière de la langue, l'amitié au-delà des mots, le bonheur de se sentir soutenu, reconnu par quelqu'un.
Cette humanité là n'est-elle pas finalement la seule chose vraiment essentielle à offrir à un homme échoué loin de chez lui ? Philippe Claudel nous pousse à réfléchir à l'accueil fait aux émigrés, au fossé qu'il y a parfois entre ce que nous offrons et ce qui est attendu.

Un court et très beau texte, qui m'a touché.
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Monsieur Linh a dû fuir la guerre, la destruction de son village, la mort. Désespéré, il ne semble survivre à l'exil et au malheur que grâce à sa petite-fille, qui dort dans ses bras.
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Le monde de monsieur Linh s'est réduit à une chambre et un banc, à tout lieu où il peut, par les yeux de sa petite fille, se rappeler, se persuader qu'il est autre chose qu'un vieil homme seul, abandonné, coupé de sa lignée

Ne cherchez pas à deviner le nom du pays de monsieur Linh. Il n'en a plus. Il n'en a pas. le lieu où l'on se trouve ne mérite d'être nommé que s'il fait sens, que s'il nous rend un peu de valeur, que si l'on y peut vivre et non pas exister. Son nom résonnera s'il est pour vous hospitalier, s'il vous accueille, vous reconnaît. S'il vous accorde une place dans une communauté.
Et rien ne vous retient où nul ne vous relie. Ici, comme là-bas, le monde est mystère tant que nul ne vous connaît, qu'à personne vous n'êtes lié. C'est par les êtres que l'on s'attache à un lieu. Les racines d'un homme peuvent prendre dans toute terre, mais elles doivent être arrosées par des liens de fraternité, d'amour, d'amitié. C'est le secret du nom d'un pays, d'une contrée : il leur vient toujours de ce qu'on peut y habiter, y donner et recevoir, vivre associé.
Être soi n'est possible que l'on soit entouré : reconnu, apprécié, attendu et aimé.
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