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sur 624 notes
Colette dresse le portrait de sa mère (un peu de sa famille, mais surtout de la figure maternelle), une mère présente, solaire, assez peu autoritaire mais qui n'en a pas besoin. Elle laisse vivre ses enfants un peu comme ils veulent, y compris la petite dernière. Montessori avant l'heure. Elle semble un peu sorcière, aussi. Très proche de la nature, en tout cas.
Première rencontre avec l'écriture de Colette, pas la dernière. J'ai découvert une écriture fluide, parlante, vraiment très agréable. Et qui n'a pas du tout vieilli, malgré les presque 100 ans qui sont passés depuis.
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Sido.
Cette mère admirée, admirable, mais étouffante et restrictive, ce soleil qui éblouissait un peu trop, c'est Sido.
Sido, titre de livre qui gomme à lui seul les deux derniers chapitres, celui du père, le capitaine effacé ne vivant que pour sa femme puis par la suite pour sa femme et à travers sa fille; et celui des sauvages :Achille, l'ainé sans rivaux donc jalousé, Juliette, l'étrangère, l'agréable laide donc détestée et Léo qui a échappé à la musique, puis à la pharmacie, puis successivement à tout donc dénigré.
Sido qui disait:
-Regarde !
Regarde le jardin d'essai sous sa terre abrite un trésor, surtout, tu n'y touches pas. Evidemment la petite touchait "grattant à la dérobée le jardin d'essai pour surprendre la griffe ascendante du cotylédon, le viril surgeon que le printemps chassait de sa gaine."
"Tu ne comprends pas" répliquait sa mère" tu n'es qu'une petite meurtrière de huit... dix... ans...Tu ne comprends rien à ce qui veut vivre."
-"Ecoute sur Mortiers!"
elle levait l'index et se tenait debout entre les hortensias,la pompe et le massif de rosiers.
Et la petite tendait l'oreille vers Mortiers. Et les dernières gouttes de l'averse d'été attestaient de l'infaillibilité de la mère.
-Sens !
Sens "la bourrasque d'ouest ! Cours !Ferme les lucarnes du grenier ! " Et la petite "Mousse exalté du navire natal s'élançait enthousiasmée"
-Ne touche pas!
Elle savait pourtant que la petite ne résisterait pas à fouiller la terre pour découvrir son secret.
-Seul le merle, bel oiseau oxydé de vert et de violet, goûte, se gave de cerises, boit le jus, déchiquette la pulpe. Au diable l'épouvantail sussure l'oeil maternel compatissant.
Alors, bien souvent la petite Gabrielle Colette face à cette devineresse, cette prêtresse clairvoyante du jardin familial, cette piquante qui l'asticotait en la traitant de bête, de miracle de gentillesse et de fadeur, sautait le mur et filait se ressourcer chez Adrienne la voisine.
Et pourtant, c'est cette Sido là, dont le cordon d'or s'enroulait vingt fois autour d'un rameau de géranium pour l'étayer d'une petite écluse de carton, c'est cette Sido là qui, en faisant frissonner "la petite" , a éveillé par la magie de l'or les résonnances poétiques de celle qui deviendra Colette.
Colette, une plume qui vit et vibre, encore et toujours, doucement, dans le jardin d'une enfance éblouie.
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paru en 1929

Trois parties dans ce livre qu'on aurait voulu plus long tant on s'y plaît : Sido, le capitaine et les sauvages. Nous entrons dans l'univers de la famille Colette. Univers fondateur qui marquera à jamais la jeune Gabrielle.

Sido, l'unique, l'incomparable à qui elle consacre, dix-sept ans après sa mort, ces écrits qui nous la montrent, moderne presque d'avant-garde, "tutélaire", personnalité un peu effrayante par son extrême lucidité mais d'un bon sens réaliste qui ne correspond pas aux critères d'une époque où les femmes sont peu libres.

Le capitaine, le père, doux rêveur qui consacre sa vie à Sido. Écrivain qui n'écrivit pas une ligne, il émeut et on se réjouit pour cet homme lunaire de savoir ce que devint sa fille.

Les sauvages, comme disait Sido, parlant de ses deux fils et de sa fille aînée. Achille l'aîné aux yeux pers qui ne survécut qu'un an à sa mère adorée; Léo, le "sylphe" musicien, qui mentalement ne quitta jamais l'univers édénique de son enfance; Juliette, la demi-soeur, étrange, méconnue, marginalisée, enfouie depuis l'enfance dans des rêves puis dans le mal être...

Sans oublier, la Nature omniprésente, déifiée, source de connaissances, de curiosités, d'apprentissages et de ressourcements. La vie s'y enseigne, s'y comprend, s'y respecte.

Le village et les secrets révélés par les jardins mitoyens, les parties de campagne (!) organisées par le père citadin (à l'étang de la Guillemette qui leur appartenait)...

Lire ce livre, se promener à Saint-Sauveur et dans les environs, c'est mettre ses pas dans l'histoire, c'est toucher, voir et sentir ce qui constitue Colette dans le plus profond de son esprit. C'est déguster sur place tout ce que sa prose éveille en nos sens éblouis.

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Tout d'abord, c'est une belle langue, agréable, poétique ! Ensuite, les situations m'ont parlée. Cela peut parler à tout le monde (enfin, les moins jeunes...) je pense. N'a-t-on pas tous une grand-mère, une grande-tante ou arrière cousine qui ressemble à Sido, qui vit dans un village, une vie un peu à l'ancienne, avec une maison et un grand jardin derrière ? En tout cas, moi, j'ai de suite visualisé.

Par rapport au sujet, c'est finalement autant un hommage à la jeunesse de Colette, à la vie de campagne, à la nature qu'à sa mère. Et même sur les deux récits suivants, sur son père et ses frères, cela se ressent. Soit dit en passant, un sublime hommage à sa mère. En tant que maman, quelle preuve d'amour de la part de sa fille !

Après, pour une première oeuvre de Colette, peut-être n'était-ce pas le meilleur choix parce que j'ai quand même sauté quelques lignes... j'avoue... A voir si un jour, je me plonge dans un de ses autres récits.

~ Challenge XXe
~ Challenge Féminin 21 : titre = qu'un prénom
~ Challenge 50 objets-4 : objet parallélépipèdique
~ Challenge solidaire 2021
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J'avoue que je ne suis pas allée jusqu'au bout du livre : je n'ai pas réussi à m'intéresser à ce que me racontait l'auteur. En effet, même si Colette nous offre une évocation de sa famille pleine de tendresse et de verve, il me manquait une intrigue de forme plus classique (et oui, je suis une adepte des romans, on ne me refera pas...).
Lien : http://lecturesdestephanie.b..
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Il y a quelques mois déjà, je vous avais fait part de mes ressentis concernant La maison de Claudine, récit autobiographique reprenant l'enfance heureuse de Colette. Si je m'étais plongée avec délices dans l'écriture riche et sensorielle de son auteure, je m'étais quand même bien ennuyée, préférant ainsi les quelques rares passages nous présentant Sidonie Landoy, mère de Colette, à ceux (plus nombreux) mettant en scène des animaux ou n'étant pas suffisamment centrés sur les membres de la famille Colette. Je me suis alors rappelée que « Sido » trônait quelque part dans ma bibliothèque, ayant étudié ce recueil pendant mes années lycée (pour le bac de français). J'ai cette fois-ci été ravie de ma lecture. L'écriture de Colette est toujours aussi merveilleuse. Fine, faisant appel aux cinq sens, elle m'a laissée sur l'impression d'avoir feuilleté un album photo tout au long de ma lecture.

« Sido » se concentre principalement sur la famille de la romancière. Ses parents, ses frères (dont on se dit très vite qu'ils font effectivement office de petits chenapans), ou encore sa malheureuse soeur aînée (rejetée depuis l'annonce de son mariage) évoluent ainsi au gré des pages. de son côté, le recueil « Les vrilles de la vigne » s'attarde davantage sur un portrait de Colette ayant atteint l'âge adulte. J'ai ainsi pu apprendre énormément d'éléments la concernant comme son goût pour l'indépendance, son refus des convenances, ou encore son attirance pour les femmes.

Je me rend compte que j'apprécie surtout lire Colette lorsqu'elle évoque sa mère : une femme de caractère, difficile, mais amoureuse de la nature et des animaux, tout en se montrant pleine de tendresse pour les siens. Elle m'aura visiblement fait forte impression. Si elle ne devait pas être à prendre avec des pincettes, je me suis passionnée pour son portrait. de cet album de souvenirs, et de cet univers coloré, j'ai également retenu l'image d'un « Capitaine » boitillant, en admiration totale devant sa femme (Sido). J'ai adoré essayer de déceler quels liens l'auteure pouvait entretenir avec chacun des membres de sa famille, tout comme j'ai apprécié me retrouver happée dans une toute autre époque. Colette ne s'arrête pourtant pas là, et tient tout autant à évoquer sa fille (« Bel-Gazou ») ou encore sa carrière au music-hall. de même, comme sa mère qui adorait les animaux, Colette n'hésitera pas à laisser la parole à ses animaux de compagnie, l'occasion pour le lecteur de tomber sur quelques dialogues surprenants, mais finalement amusants.

Vous l'aurez compris, j'ai pris un réel plaisir à redécouvrir Colette. Alors même que « Sido » n'avait pas du tout fait écho en moi lors de ma première rencontre avec la romancière (en cours de français lorsque j'étais toujours au lycée). J'ai maintenant hâte de lire l'auteure dans un tout autre registre : celui du roman (peut-être avec « Chéri » ?).
Lien : http://labibliothequedebened..
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Plus qu'une écrivaine, Colette est une véritable compagnie. Son ton et son style sont délicats, parfois espiègles, un brin mélancoliques, souvent souriants ; ses thèmes : le temps qui passe, la mémoire, les parfums, la nature, la liberté, mais aussi les animaux qui parlent, l'enfance, la famille, la fête (Colette artiste de Music-hall raconte les coulisses des Champs-Elysées - voir Les Vrilles de la vigne), le vin, l'amitié (celle avec Jean Marais et Cocteau notamment), les célébrités d'actrices, que sais-je encore... Colette se fait bazar ! Ses lieux : la campagne (on pense aux alentours de Saint-Sauveur-en-Puisaye en Bourgogne où elle est née, du nom de son père, le fameux "capitaine" dans Sido), la Provence, les Sables-d'Olonne en Vendée, Paris bien-sûr!, mais aussi sa chambre de vieillesse, haut lieu de l'écriture colettienne (voir "Le Fanal bleu") ... Colette se fait balade !
Une pensée qui nous vient droit de l'époque d'avant et d'après-guerres, savoureuse, attachante , sensuelle, nostalgique, sentimentale, cocasse, revendicative s'il faut... En un mot : Colette réinvente ce qu'il y a de plus difficile à traduire sur du papier : le banal ...
À (re)découvrir ! 🙂
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Ah Sido! Que ne donnerais-je pas pour avoir connu Sido, son jardin, ses chats, ses fleurs.... Peut-être que j'ai autant aimé ce texte aussi parce que Sido me fait penser à des femmes de ma famille qui étaient bâties sur le même modèle? Et vraiment, aucun auteur n'écrit les jardins comme Colette! Il me semble à chaque ligne retrouver l'odeur de la terre, l'émoi du débourrage des premiers bourgeons, la si jolie corolle d'un narcisse.... Il n'y a pas que Sido dans ce texte, il y a ce bonheur du premier jardin aimé, un bonheur jamais retrouvé, et il y a aussi son père, le mari de Sido, ses deux frères, et j'en aurai bien lu six cent pages comme cela!
D'ailleurs, le volume acheté chez un bouquiniste contenait aussi Les vrilles de la vigne, que j'avais déjà lu dans une autre édition, et tout à mon bonheur de Sido, voilà que j'ai relu celui-ci aussitôt, et j'aurais bien continué plus loin....
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Avec ce recueil, je découvre Colette. Belle découverte, et sacré surprise.
Bêtement, je m'imaginais une écriture un peu datée, un ton un peu engoncé dans son époque. J'étais complètement à côté : l'écriture de Colette, ses thèmes, ses préoccupations, tout me semble étonnamment contemporain, bien que situé au début du siècle dernier.

La première partie du recueil, "Sido", tourne autour de sa famille et m'a moins convaincu que la seconde, intitulée "Les vrilles de la vigne". Dans ce dernier, je trouve qu'elle croque la vie, ses émotions, ses angoisses, ses ressorts avec une vivacité et une poésie prégnante. La première nouvelle des Vrilles, notamment, est incroyable : le texte est en équilibre sur un accord de participe passé.
Et puis le rapport à la nature qu'elle nous propose, une relation sensuelle et sereine, mais aussi pragmatique, a tout pour me plaire.
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Le portrait de la mère dans Sido est très beau, mais la description de la nature m'a laissé assez indifférent, à cause des nombreuses énumérations de plantes que je ne connais pas et qui n'évoquaient donc rien pour moi.
La composition de ce texte m'a paru un peu bancale. Court, il m'a semblé presque incomplet, sans conclusion.
Surtout, l'écriture m'a semblé parfois excessivement ornée, au point de perdre beaucoup de naturel, et parfois même de la clarté.

J'ai donc préféré Les Vrilles de la vigne, dont la variété des textes montre mieux les multiples facettes de l'autrice, loin de l'image compassée qu'on peut avoir de la Belle Époque. L'écriture est plus libre et laisse plus de place à l'humour. Même ce qui pourrait sembler un peu ridicule (faire parler ses animaux de compagnie) est finalement assez gracieux.
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