Pascal Commère diffuse ici et là par sa poésie quelques odeurs authentiques. à lire.
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Derrière les vitres
Une femme se tient debout derrière les vitres,
et celui qu’on enterre aujourd’hui est peut-être
son mari, ou son fils, ou quelqu’un qu’elle attend.
Alors sa tête penche, comme lorsqu’on attend,
que personne ne vient. Et le pays sans bruit
ramasse ses ferrailles – il en traîne en tas dans les coins
sous la rouille. Et dans ses yeux le jour
a la couleur des pièces jaunes, que les marchands de fer
paient les jours où il pleut sur le pays sans bruit.
Comme lorsqu’on enterre un d’ici, tout à l’heure,
et qui laisse, derrière les vitres, une femme
qui regarde la route.
Pétrifiés ensemble (eux trois et leur table, la chopine et les verres) dans cette boue du temps où personne jamais plus ne les rejoindrait, chacun levait puis reposait son verre, au même instant ou presque.
Au pied de la croix, subsiste un brin d'herbe. Je veux l'aimer aussi