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EAN : 9782130574217
256 pages
Presses Universitaires de France (28/01/2009)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Editeur : PUF Presses Universitaires de France Date de parution : 2009 Description : In-8, 334 pages, broché, occasion, très bon état Envois quotidiens du mardi au samedi. Les commandes sont adressées sous enveloppes bulles de marque Mail Lite. Photos supplémentaires sur simple demande. Réponses aux questions dans les 12h00. Merci
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J’aime cette phrase de Montaigne, que « l’admiration est fondement de toute philosophie ». Je sais bien qu’il n’y mettait pas la même signification que nous. Mais j’aime aussi ce glissement du sens : que l’étonnement soit devenu admiration. Rien n’étonne comme la grandeur.
*
Rodin a raison : l’admiration et la noblesse d’esprit vont ensemble. Qui veut monter doit d’abord lever la tête. Tout mépris nous entraîne vers le bas. Le chêne, pour grandir, n’a pas besoin de mépriser le porc. Il lui suffit d’admirer le soleil.
Aussi bas qu’on soit, on trouve toujours un porc à mépriser. Mais si l’on descend trop bas, on ne voit plus le soleil. Là est la plus grande misère, qu’il faut éviter à tout prix : tomber si bas qu’on ne puisse plus admirer ce qui est haut. Cela, cette bassesse, cette ignominie, c’est l’enfer véritable. Même si les porcs, parfois, sont plus heureux que les chênes.
*
Belle formule de John Stuart Mill : « Il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un porc satisfait ; il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait. Et si l’imbécile ou le porc sont d’un avis différent, c’est qu’ils ne connaissent qu’un côté de la question : le leur. L’autre partie, pour faire la comparaison, connaît les deux côtés. »
La lucidité et l’exigence vont ensemble, comme la bassesse et l’aveuglement.
*
Il n’est pas indifférent que Shakespeare ait vraiment existé, ou non. Car si un tel homme fut réel, c’est qu’il était possible. Donc : il le reste…
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Étrange situation, et inconfortable, que de relire pour la première fois, aux approches de la vieillesse, et de préfacer, le livre d’un jeune homme que l’on fut, il y a trente ans, et qui n’est plus !
J’allais avoir vingt-six ans. J’enseignais la philosophie dans une petite ville du nord de la France. Je vivais seul, pour la première fois de ma vie (je n’avais quitté le domicile de mes parents, quelques années plus tôt, que pour m’installer à Normale Sup, rue d’Ulm, puis avec une jeune fille). Je m’étais éloigné de mes amis, de la politique, qui m’avait tellement occupé les années précédentes, enfin d’une certaine forme de frivolité estudiantine et parisienne. Ce qu’il me restait ? L’art, que je découvrais presque, et la philosophie, qu’il fallait bien redécouvrir pour pouvoir l’enseigner. Beaucoup de tension, de passion, d’exaltation. Beaucoup de solitude et de désarroi. Beaucoup d’angoisse et d’ambition. Je renouais avec l’enfant grave que j’avais été, avec l’adolescent orgueilleux que je n’étais plus. Je devenais adulte, du moins j’essayais. « Dans quatorze ans, me disais-je, tu auras quarante ans… » Cela me paraissait effrayant, presque incroyable. On voit que j’étais très jeune. Je n’avais plus le temps d’attendre, plus de temps à perdre, du moins c’est le sentiment que j’avais, comme une urgence devant la mort ou la postérité. On n’est pas modeste quand on a vingt-six ans. Je lisais (surtout des philosophes et des artistes), je préparais mes cours, je faisais la classe, je corrigeais des copies, j’écoutais de la musique (Bach, Mozart, Beethoven, Schubert, Brahms, Ravel…)…
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ours de fatigue...
À de certains moments, il semble que toute la philosophie se résume en une alternative : Ou bien Dieu existe, et rien alors n’a d’importance ; ou bien Dieu n’existe pas, et rien alors n’a d’importance. Bref, dans les deux cas, rien n’a d’importance – et cette constatation n’en a pas non plus.
Fatigue ? C’est que d’autres jours, qui semblent de plus grande force, s’impose la constatation symétrique : avec ou sans Dieu, tout importe, et ce caillou, et cette mouche sur la vitre, et cette poussière, et cette affirmation en moi de l’importance de chaque chose.
Jours de pluie… Jours de soleil… On dirait les deux saisons de l’âme. Et comme on voit qu’un même paysage, selon les jeux changeants de la lumière, devient autre tout en restant identique, ainsi ces deux constats – tout importe, rien n’importe – reviennent au même et disent la même chose, à savoir que « tout » et « rien » sont ici noms de l’être, selon qu’on sait ou pas s’y intéresser ; et qu’il n’est pas vrai que l’être importe (puisqu’il lui suffit d’être), ni qu’il n’importe pas (puisqu’il est). L’existence ou non de Dieu n’y change rien.
Vous direz : Mais si Dieu « ne change rien », à quoi bon se dire athée ? Je répondrai que d’abord il y a les Églises, les inquisitions, les guerres de religion… Et surtout que l’objection se retourne : à quoi bon se dire croyant ? Au reste, un Dieu qui « ne change rien » n’est plus un Dieu ; et cette « religion »-là (voyez Épicure, voyez Spinoza) est déjà l’athéisme, ou y mène…
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Que chaque instant de ta vie soit comme un tableau de Vermeer – éternel.
C’est un rêve, nous le savons bien. Plutôt non : c’est de l’art.
*
L’esthétique est l’éthique sub specie aeternitatis. Ou l’éthique, l’esthétique au quotidien.
Ce qui n’est pas de l’esthétisme moral (réduire le bien à une question de goût), mais au contraire l’extension au beau de l’exigence éthique. Godard l’a dit : « Un travelling, c’est aussi une question de morale. » Ce par quoi le cinéma est un art, ou peut l’être.
*
Simone Weil : « Le beau est la preuve expérimentale que l’incarnation est possible. Dès lors tout art de premier ordre est par essence religieux. Une mélodie grégorienne témoigne autant que la mort d’un martyr. »
On pourrait dire tout aussi bien l’inverse : le beau est la preuve expérimentale que la spiritualisation est possible. Dès lors tout art de premier ordre est par essence humaniste. Une mélodie grégorienne témoigne autant que la mort d’un héros (ceux de la Résistance, par exemple).
Nous disons « humaniste », c’est faute d’un meilleur mot. Aimer non pas l’homme, mais ce qui le dépasse.
*
Dans les pires moments d’angoisse ou de tristesse, dans les phases d’écœurement total et d’extrême lassitude, quand des nausées de désespoir nous oppressent la poitrine, quand on voudrait pleurer ou vomir, alors lire une phrase bien construite, solide, propre, vraie, comme une bouffée d’air pur, une gifle de vent, cela fait du bien. Une phrase, une seule, et déjà on se sent mieux …
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Le temps que, dans sa vie entière, un homme passe à jouir ; si on l’additionnait, arriverait-on à une journée pleine ? Ce n’est pas sûr. Combien d’orgasmes faut-il pour faire vingt-quatre heures ?
Cela ne veut pas dire que la sexualité ne soit pas quelque chose d’essentiel. Mais que, dans la sexualité, l’essentiel n’est peut-être pas la jouissance.
Le désir, plus important sans doute que le plaisir. Et pas uniquement par sa durée.
*
Ceux qui ne croient pas à l’amour ; c’est qu’ils sont incapables d’aimer – indignes donc de ce qu’ils nient.
« Mais s’ils n’ont pas connu l’amour, est-ce leur faute ? » À tout le moins, ils parlent de ce qu’ils ne connaissent pas, et feraient mieux de se taire. Ils sont semblables à celui qui, quand vous lui parlez de Mozart (ou Beethoven, ou qui vous voudrez), vous répondrait : « La musique, moi, je n’y crois pas ! » La question est réglée : c’est un ignorant des choses de la musique. Son avis est sans importance. Écoutez Mozart.
*
Berlioz, lui, s’y connaissait – en musique comme en amour. Il parle en connaissance de cause : voilà, lorsqu’il écrit ceci (la dernière page de ses Mémoires), quarante-neuf ans qu’il compose de la musique, et cinquante ans qu’il aime (sans succès, mais non pas en vain) la même personne – Estelle, qu’il appelle Stella, une vieille dame alors de soixante-sept ans :
« Laquelle des deux puissances peut élever l’homme aux plus sublimes hauteurs, l’amour ou la musique ? C’est un grand problème…
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Vidéo de André Comte-Sponville
Lundi 18 décembre a eu lieu la première "Fabrique des idées", la série de masterclass philosophiques que nous avons initiée dans le cadre de la nouvelle formule de Philosophie magazine.
Pour cette première édition, André Comte-Sponville s'est entretenu avec Martin Legros pendant 2 heures au Club de l'Étoile, à Paris, et a également répondu aux questions des participants. L'événement, qui était accessible en présentiel ou par visioconférence, était gratuit pour les abonnés.
Pour voir ou revoir la masterclass d'André Comte-Sponville, cliquez sur ce lien :
https://www.philomag.com/articles/replay-revivez-la-masterclass-dandre-comte-sponville-pour-philosophie-magazine
Bon visionnage !
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