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EAN : 9782743628871
270 pages
Payot et Rivages (24/09/2014)
3.29/5   19 notes
Résumé :
Ce roman relate l'assassinat d'un couple de quinquagénaires, Joseph et Celice, lors d'une promenade à Baritone Bay. Le crâne fracassé Celice meurt sur le coup; son mari une demi-heure après. L'endroit est très isolé, les corps ne seront retrouvés qu'une semaine plus tard. Pendant ce temps Syl, leur fille, peste contre ses parents et leur en veut de l'inquiétude qu'ils lui causent à ne pas se manifester depuis plusieurs jours.
Pourtant, "L'étreinte du poisson... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'épreinte du poison.
Celice et Joseph, deux zoologistes et professeurs d'université ont été assassinés dans les dunes de Baritone Bay. le couple a pris rendez-vous avec une mort brutale, aveugle, définitive. Comme Celice l'enseignait aux étudiants novices : « Vous êtes en sciences naturelles. Préparez-vous à rencontrer la mort et la violence. »
A partir de cette entrée en chaire et en matière, l'auteur va inciser ses descriptions et ses personnages avec la plume d'un scientifique, n'estompant rien de la mort en marche afin d'être au plus près de la vie. Il remonte le temps, quelques heures avant le meurtre puis revient trente années en arrière quand le couple s'est découvert dans ces mêmes dunes pour s'arrêter enfin sur la découverte des corps quelques jours plus tard. Avec une rigueur et un détachement scientifiques, Jim Crace tresse un linceul de mots sur les corps malmenés et les âmes mises à nu, dresse une fragile sépulture que les policiers déferont par hygiène, sécurité et peur de la mort. Dans son agonie, Joseph a délicatement enserré la cheville de sa femme. Ils voulaient s'aimer pour conjurer le mauvais sort, le temps corrosif et retrouver l'élan de la jeunesse. Retrouvés déshabillés et en décomposition, les amants cinquantenaires semblent obscènes aux policiers chargés de les emmener à la morgue. Peu à peu, le lecteur prend possession du parcours professionnel, familial et sentimental du couple sans véritable empathie toutefois mais en s'identifiant pourtant avec ces vies froissées par le temps et ses trajectoires biscornues. L'arrivée de leur fille ravive l'histoire qui s'enlisait quelque peu au rythme d'un balancier plus temporel que spatial jouant sur le passé proche et lointain des défunts, le cadre étant constitué par les dunes de Baritone Bay elles-mêmes condamnées par un projet immobilier. Si la vie décomposée par le menu s'insère dans un cycle naturel sans réaction de rejet, elle n'entraîne pas totalement l'adhésion par manque de sel et d'épices, la narcose accrochant parfois le mouvement pendulaire avec lequel Jim Crace joue.
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Dans les dunes en retrait d'une plage battue par les vents, un couple de scientifiques cinquantenaires gît à demi nu, sauvagement assassiné par un prédateur venu les dépouiller. Autour de cet instantané tragique Jim Grace tisse sa toile spatio-temporelle pour élaborer avec une maestria époustouflante son récit.

Avec la froideur et la rigueur scientifique que n'aurai pas renié les victimes, l'auteur décrit de manière circonstanciée leur agonie, les premières transformations post mortem, les outrages du temps et la prise en charge des corps par la faune environnante. Le récit a recourt avec brio à l'analepse pour nous plonger dans l'ultime journée du couple, ce qui les a conduit sur cette plage, lieu de leur rencontre près de trente ans auparavant, naguère théâtre déjà d'une tragédie; on y découvre le meurtrier quelque minutes avant son forfait et le modus operandi de son meurtre; on partage l'incompréhension des collègues et collaborateurs du couple face à leur absence et leurs silence inusités; on suit l'épreuve de leur fille, son inquiétude, puis sa détresse sur les lieux du crime. le prestige de la prose de Jim Grace fonctionne à plein, la narration d'un réalisme glacial fait preuve d'un détachement allant même jusqu'à l'humour macabre. Cet opus revisite le thème des liens indissolubles entre amour et mort, mort et vie dans le continuel brassage de la nature pour poursuivre son éternel cycle. L'étreinte du poisson illustre aussi le passage du temps amenuisant les corps, racornissant les âmes, enregistrant les stupides outrages que l'homme fait endurer à la nature à des fins mercantiles.

La quatrième de couverture rapproche, à juste titre, le nom de Jim Grace d'un Ian Mc Ewan : j'en ai retrouvé l'humour, l'intelligence et la maîtrise dans le récit et l'incroyable faculté à nous plonger dans son histoire. Magistral et jubilatoire, à lire absolument!
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Un couple de scientifiques , la cinquantaine, qui se sont connus étudiants, veulent retrouver le lieu de leur rencontre. Ils partent donc pour leur petit coin dans les dunes et vont y trouver la mort.
Et Jim Crace revient sur leur vie et décrit en parallèle leurs corps dans ce " creux herbeux sans rochers ni vue sur la mer, où tant d'années auparavant ils avaient couché ensemble pour la première fois".
L'étreinte du poisson réinvente le roman d'amour, mais pour moi la description minutieuse de corps en décomposition , ça ne passe pas. Peut-être pas le bon moment!
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En fait... ça commence directement par la mort violente d'un couple de quinquagénaires, Joseph et Celice. L'auteur prend tout son temps pour décrire les cadavres déjà rongés, abandonnés sur une plage. Ensuite, le récit se déroule dans trois moments différents: l'emploi du temps du couple le jour même de sa mort; les quelques journées que Joseph et Celice ont passées ici même lors de leur première rencontre; les journées suivant leur décès et mettant en scène la fille du couple Syl à la recherche de ses parents. Lors des flash-backs, les deux "héros" apparaissent comme des personnes très ordinaires, à la vie rangée et monotone; leur métier commun, la zoologie, avait cessé d'être une passion pour eux. Celice avait perdu depuis longtemps toutes ses illusions sur la personne de Joseph: l'auteur écrit des pages acides sur ce sujet.
Il est impossible d'aimer ce roman, d'abord à cause du côté morbide qu'il développe (d'ailleurs, après le début déjà rebutant, le lecteur a encore "droit" à de longues pages au sujet de la morgue où Syl recherche vainement ses parents). Ensuite, la description minutieuse des faits et gestes des deux époux m'a semblé souvent ennuyeuse. Cette méticulosité du récit m'a fait un peu penser à l'écriture de MacEwan. C'est sans doute un parti-pris de J. Crace, qui veut écrire d'une manière réaliste des personnages plutôt insignifiants - mais ne sommes-nous mêmes pas insignifiants, également ? Et la mort, la décomposition post mortem, sur lesquelles s'attarde l'auteur, n'est-ce pas ce qui nous attend tous, au final ? Oui, mais je n'ai pas spécialement envie d'y penser maintenant...
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Un peu déroutée au début, je l'avoue, par les descriptions de la mort, puis de la décomposition des cadavres de ces deux scientifiques plus très jeunes , surpris en plein ébat amoureux. Non je ne dévoile rien, il ne s'agit aucunement d'un polar, mais bien d'un roman...d'amour? Car ils se sont aimés, ces deux -là, et ils ont travaillé, découvert, eu une fille ensemble . Finalement, je me suis laissée envoûter par cette belle écriture, et par cette histoire singulière, dans laquelle le réalisme poussé à l'extrême devient poésie.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Mais maintenant il lui suffisait de plonger les mains dans la mer et de pêcher les algues. C'était là un monde d’une petitesse rassurante. La zoologie est une compagne bien plus douce que la cosmologie. Il était bien plus réjouissant de préparer et d’exécuter la capture d’une mouche vésiculaire, comme un grand dieu, que d’observer les immenses et lointaines striures dans le ciel. Il est bien plus grand que la mort des étoiles, cet univers humide, avec ses grains de sable et ses pellicule liquides, ses miettes et ses vers trop petits pour qu’on les voie mais qui nagent, mangent, meurent, respirent en miniature massive.
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Il ne s'arrêta pas pour regarder Joseph ou Célice. Leur âge et leur nudité l'embarrassaient.Il ne les aurait peut-être pas autant punis s'ils avaient été habillés.Ils étaient responsables de leur malheur.
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Même la mort était aqueuse. « Nous l’appelons Poisson », écrivit-il. « Il nage, disons nous, prédateur silencieux et implacable qui , la nuit, sort de la mer et se précipite dans l’humidité moins profonde et résistante des rues. Poisson vient , il prend votre père et votre mère dans leur lit. Et tout ce qu’on entend, quand les âmes s’en vont et forment leur spirale de déplacement dans l’air confiné, c’est un frémissement de nageoire ».
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C'était comme si la vie de ses parents, qui paraissait jusque là cachée et pâle, si peu illuminée en surface, au mieux une silhouette, n’avait attendu que la torche de la mort pour faire sortir les couleurs et la passion. Sa lumière les avait maintenant captés et fixés. Leur histoire était certaine. Plus rien n’arriverait. Rien à ajouter. Leurs dates étaient inscrites à l’encre indélébile. Rien ne pourrait être changé ni amélioré, sinon par les sentiments et mythes  de ceux qui n’étaient pas mort. C'est le seul jour du Jugement qui existe. Les bénéfices de la réflexion après-coup. Les morts eux-mêmes en sont privés. On ne leur demande pas de donner un sens à leur mort.
 
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Elle pouvait en profiter. C'est là l’ambiguité embarrassante de la mort et, en particulier, des morts spectaculaires telles que celle-ci. Les plus proches parents, les êtres les plus touchés, sont bizarrement contents d’eux-mêmes, et agités. Leur cœur — et les convenances — peut exiger des frénésies de désespoir, une ululante épilepsie, l’effondrement, l’hystérie, mais au lieu de cela leur cerveau distille un cocktail de substances euphorisantes pour les soutenir contre le choc et la colère. L’adrénaline ne peut faire de distinctions. Les pompes stimulantes et tranquillisantes usurpent les élans du cœur.  Ils donnent à la mort quelque chose de revigorant et d’érotique.
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