Cette enfant a découvert toute seule le secret majeur des relations entre les êtres : on a rien à craindre de ceux qu'on ne craint pas, on a tout à craindre de ceux qu'on craint.
Elle comprenait que, pour mener une vie d'indolence, il fallait n'avoir rien et n'être rien : un indigène des îles du Pacifique, vêtu d'un paréo qu'il lavait lui-même, se nourrissant de frutis et de riz, dormant dans une hutte de branchage et laissant la nature le soigner, le guérir ou le tuer, sans prendre la peine d'intervenir.
Les riches pouvaient s'offrir tous les luxes, sauf le luxe suprême du temps perdu.