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3,32

sur 453 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voici un roman qui aborde d'une façon tout à fait originale les difficiles années collège en donnant la parole à 4 élèves et à une prof remplaçante sur une année scolaire.
Il a d'abord Iris qui fait sa rentrée pour la 1ère fois et qui, pour se couler dans le moule, observe, observe, observe au point de se rendre invisible.
Madeleine est très mal dans sa peau, surtout si elle se compare à sa copine Louise. Elle pense avoir été Choisie et devient par la voix de Ça, une sorte de gourou.
Pierre est un impair, c'est-à-dire qu'il n'a pas de binôme et comme tel peut être en but à tous les mauvais traitements possibles.
Guy est dans la classe du prince, celui qu''on ne doit pas regarder. C'est un Haut. Son binôme, son Bas, cette année est une nouvelle qui refuse de se plier aux règles non pas du collège mais celles édictées par les collégiens.
La prof est une ancienne élève d'Ici. Elle comprend très bien ce qui s'y passe et il se passe des choses étranges.
La vision proposée est brutale, violente, les problèmes évoqués sont nombreux : anorexie, corps qui changent, harcèlement, racket…
Christelle Dabos a choisi de ne rien passer sous silence. Seulement elle le fait par des chemins détournés, en utilisant la métaphore, en introduisant du fantastique et cela donne quelque chose de tout à fait original.
J'ai eu le sentiment de retrouver dans le fond de ce récit un peu de l'ambiance de la maison dans laquelle : les règles établies par les gosses, leur cruauté, la quasi-absence d'adultes, les phénomènes inexplicables.
La puissance de ce roman tient aussi à sa langue. L'auteure donne vraiment une voix à chaque gamin. C'est cru parfois, c'est féroce, mais ça sonne vrai.
Je l'ai lu d'une traite tant j'avais hâte de découvrir comment les uns et les autres allaient surmonter cette année difficile.
Percutant.
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Les fans de la Passe miroir attendaient depuis longtemps un nouveau roman de Christelle Dabos. Mais il me faut vous prévenir : ce roman n'a RIEN à voir avec La passe miroir. Ce n'est pas une lecture facile tant par son sujet que son style : pas de fil narratif évident, un phrasé atypique, des éléments étranges qui n'ont pas d'explications si ce n'est celle de l'image qu'ils évoquent, un retour dans les années collège avec tout ce que cela a de déroutant, de dérangeant.

Ici et seulement ici est une vaste métaphore qui fait du collège un monde à part, hors du temps, qui a ses propres règles, sa propre temporalité. Un monde de violence et de servilité, un monde où se côtoient Madeleine qui a été Choisie et qui préfère la voie de l'esprit à celle du corps. Guy qui se retrouve face à une nouvelle qui ne veut pas se conformer aux règles. Pierre qui ne peut s'imaginer que comme un Impair, un souffre douleur, éternellement seul. Et Iris qui abandonne son ami d'enfance pour se fondre dans le groupe quitte à disparaître.

Malgré la brièveté du roman, c'est une histoire qui nécessite du temps : nécessité de faire des pauses pour se remettre de ce qu'on a lu, pour laisser les mots et les idées se déposer en nous, les laisser prendre sens en se nourrissant de notre propre vécu.

C'est une lecture qui va exiger de vous, qui va puiser dans vos souvenirs de cette époque, qui va demander à ce que vous acceptiez de lâcher prise, d'accepter que l'autrice vous perde pour que vous trouviez votre propre chemin. Et quand ce moment arrive, c'est juste une claque ! Une bouffée d'émotions, de liens qui se font, une prise de conscience de la force des images utilisées, de l'indéniable talent de l'autrice dans le choix des mots, sa puissance d'évocation. Ce roman est autant ce qu'il dit que ce qu'il ne dit pas.

Je ne pensais pas partir sur un coup de coeur car c'est une lecture qui est restée longtemps exigeante, qui m'a remuée. Et pourtant c'est le cas. Je ne peux que vous inviter à tenter l'expérience car c'est de cela qu'il s'agit : une expérience de lecture. Une incroyable expérience.
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Il est rare que je me jette sur des nouveautés, et pourtant… ce titre m'a vraiment intrigué. Je ne connais Christelle Dabos que pour la série « La Passe-Miroir », série dont je me souviens surtout de la fin tortue, mais série qui, dans son entièreté, n'était pas forcément coup de coeur. Puis il faut croire que je suis dans ma période « j'aime me faire des noeuds au cerveau » alors ce roman au titre et au résumé singulier m'a d'autant plus interpellé.
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Nous sommes manifestement dans un collège et suivons alternativement Iris, Madeleine, Guy, Pierre, qui sont des élèves ; la remplaçante, qui est, ben, prof remplaçante ; et enfin les réunions du club « ultra-secret ». Il va se passer tout un tas d'événements un peu paranormaux… disparitions, crises de fous-rires, transformations physiques… tant de choses qu'on peut assimiler avec des vraies choses du collège.
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Dans ce roman choral, Christelle Dabos réussis à mettre en lumière des aspects pas toujours verbalisés du collège à travers la création d'un monde surprenant et singulier. La « métaphore » qu'est ce roman peut paraître impénétrable, ou opaque de premier abord, mais montre la « cruauté » et la difficulté de la période collège pour les ados avec lucidité.
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Outre cela, il y a une sorte d'enquête que peut mener le lecteur et les mystères régnant dans ce collège rendent l'histoire réellement prenante ! Les personnages sont variés et certains passages sont très tordus.
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Le lecteur est perturbé, amené à se questionner, mais je crois qu'il faut se laisser porter, avec ouverture d'esprit et lâcher-prise !
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Je pense qu'étant enfant, j'aurai pu être rebuté par la singularité du roman (qui est pourtant plutôt accessible), donc je ne le conseillerai pas à des trop jeunes lecteurs. Mais en même temps, étant donné que ça parle de collège, les "grands" ados ne seront peut-être pas passionnés non plus.
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Bref, pas un coup de coeur, mais une sacrée lecture quand même, ça vaut le détour rien que pour la curiosité :)
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Une claque on m'avait dit. Une claque j'ai pris.

Après la Passe-Miroir, Christelle Dabos s'essaye à un genre bien différent avec Ici et Seulement Ici, un roman détonant qui nous entraîne dans les coulisses d'un collège pas comme les autres, quoique.

C'est avec une amère brutalité que l'autrice dépeint l'écosystème mystérieux de ces ados où la survie semble dépendre du degré de conformisme. Effacer son identité c'est pouvoir se fondre dans la masse indistincte du groupe pour ne pas subir l'ignorance ou les représailles. Ici, c'est la loi du plus fort, du plus doué, du plus normal, du plus banal. le décor planté est donc âpre et rugueux; la forme : crue et teintée de fantastique.

Les points de vue virevoltent dans cette fable philosophique au phrasé exceptionnel où la difficulté d'être collégien, Ici, explose à la figure. Les mots résonnent méchamment. le rythme tambourine. Les phrases courtes donnent le ton. Et toi, tu te prends des impacts puissants dans les dents. Des claques dans ta face comme ces collégiens dans la leur. Ça vibre de sens, ça t'envoie des uppercuts douloureux pendant que le vide et le trop-plein se télescopent. le poids des mots, encore, te fait sombrer lourdement : tu lis, t'écoutes, tu captes c'que ces jeunes veulent crier au monde à travers ce slam magique et magnétique.

Ici et Seulement Ici c'est un texte hors du temps et du commun, qui marque au fer rouge, effrontément, car après tout, le collège, tout le monde connaît, tout le monde y est passé. L'autrice nous livre avec une virtuosité assurée une oeuvre pure et dure où la finalité ne dépend, en définitive, que de nous. Une petite bombe à mettre entre toutes les mains *. Une véritable prouesse littéraire.

« Au collège, le pire, c'est pas les cours; c'est tout ce qu'il y a entre. »

*Trigger Warning : harcèlement scolaire sous toutes ses formes.
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Jamais le mot collège n'est prononcé, pourtant il est évident que l'on y est. Ici, on y arrive après l'école primaire, on y reste pour quatre ans. Chaque année, on garde les mêmes camarades de classe, on monte d'un étage dans le bâtiment et on recommence.
Ici est différent, Ici il y a des règles. Beaucoup dont personne ne parle mais que tous doivent suivre. Chacun a sa place, son rôle et doit s'y conformer. Si l'on échoue à respecter les règles, c'est presque mieux, parce qu'alors les autres ont une proie. Il faut des proies, et s'il n'y en a pas, on les crée.
Christelle Dabos parvient à nous enfermer, avec ses personnages, dans l'espace-temps bouillonnant, confus, étouffant, violent et abject de l'environnement du collège. le lecteur redevient ado, et alors que le récit prend des accents fantastiques, la véracité de l'ambiance malsaine du lieu et le malaise innommable de l'état adolescent deviennent palpables, absolument tangibles. On y est. La lecture en devient à la fois terrible et fascinante. Impossible à lâcher.
On se demande presque si c'est vraiment un livre à destination des ados. Est-il nécessaire de leur faire vivre/revivre cet enfer ? Peut-être la lecture est-elle par contre absolument nécessaire aux adultes qui ont tendance à oublier l'état adolescent, l'horreur putride de la bande au collège et la difficulté à vivre, à être. Tendance à oublier que les problèmes de cet âge ne sont bien souvent ni petits, ni anodins.
Une immense claque, tant dans le sujet abordé que dans le brio de l'écriture.
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Il s'agit d'un roman profondément organique, et particulièrement indescriptible : tout au long de la lecture, une présence gronde, sourde dans les entrailles du collèges, s'empare des personnages un à un, grossit, s'étend, jusqu'à tout dominer, tout englober, tout posséder – lecteurs compris. Cette lecture m'a fait l'effet d'une force inéluctable qui plonge sur ses personnages autant que sur les lecteurs, qui les entraîne au plus profond d'eux-mêmes, dans leurs retranchements les plus obscurs ; l'effet d'une vague qui déferle sur le collège avec une puissance inouïe, détruisant tout sur son passage : c'est fort, c'est violent, c'est sombre, c'est cruel. Et surtout ça ne s'explique pas ; c'est comme ça.

De fait – et fort malheureusement -, j'en vois passer énormément d'avis très mitigés, voire absolument négatifs : et si je comprends ce point de vue, je pense surtout qu'il s'agit d'une question d'attentes. Ce texte est présenté comme un roman ado qui traite du harcèlement scolaire ; hors il s'adresse à mon sens à un public qui a déjà un certain recul sur l'adolescence, et le harcèlement n'est pas du tout ici un sujet à dénoncer mais un élément parmi tant d'autres lorsqu'on aborde l'adolescence. Pour moi, c'est avant tout un roman sur cette transition de l'âge heureux de l'enfance à celui, beaucoup plus féroce, de l'âge adulte. On se cherche, on se confronte aux autres, on essaie de se faire une place parmi eux, dans un monde régi par d'innombrables règles strictes qu'on ne connaît pas encore : c'est une transition brutale, douloureuse, que tout le monde connaît à un moment donné dans sa vie, d'une manière ou d'une autre, et que l'autrice explore ici.

C'est donc un récit profondément universel : chacun.e peut se reconnaître dans la galerie de personnages que propose l'autrice, dans ce qu'ils traversent et dans la manière dont ils y font face. L'aspect fantastique, avant tout métaphorique, n'est jamais réellement expliqué, et participe à cette universalité : si tout le monde est confronté aux même questions, il n'existe pas deux réponses identiques ; et si ce livre propose avant tout une véritable catharsis de l'adolescence, il appartient à chacun de décider de ce qu'il ou elle en fait.

Au-delà du propos, le style de l'autrice est lui aussi particulièrement percutant. Elle sait jongler avec talent entre les narrations spécifiques à chacun de ses personnages, qui ont tous leur manière bien distincte de s'exprimer, de voir le monde et de s'y confronter. En outre, la version audio apporte beaucoup, puisqu'elle fait également ressortir le travail de l'autrice sur les sons, avec par exemple des énumérations remplies d'allitérations, qui claquent, résonnent, et apportent d'autant plus de texture, de densité et de force au texte.
Lien : https://pagespluvieuses.word..
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Quel chef d'oeuvre.

Ce sont les premiers mots qui me sont venues lorsque j'ai tourné la dernière page. Christelle Dabos a toujours les bons mots.

Pourtant, quand j'ai ouvert le livre, j'étais plutôt hésitant. Ayant adoré la série La Passe-miroir, j'avais un peu peur de ne pas reconnaître le style que j'aimais tant, étant donné l'histoire du livre.

Figurez-vous que j'ai été superbement étonné de voir sa plume, non seulement excellente, mais brillante, être maniée de façon plus sombre mais tellement propre à elle-même. C'est une vision complètement nouvelle de son style, mais tout aussi appréciable et intéressante que ses précédents ouvrages.

N'ayez crainte pour les fans de la Passe miroir, vous pouvez y aller les yeux fermés, mais observez bien tout de même, vous pourriez peut-être apercevoir l'invisible...

Ici et seulement ici est un tout. C'est un peu de nous tous finalement, et c'est ce qui fait qu'on est aussi proche de ses personnages. On y est tous ensemble.
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Comme beaucoup de lecteur·rice·s de la Passe Miroir, j'étais curieuse de découvrir le nouveau roman de Christelle Dabos. À en lire les premières critiques, il était essentiel d'oublier complètement l'univers fantasy d'Ophélie et Thorn pour aborder cet ovni littéraire qui ne ressemble à rien. Et effectivement, il faut un petit temps d'acclimatation à ce récit choral qui nous offre une plongée immersive dans les années collège, Ici, avec ses règles, ses dominants, ses exclus, et surtout ses adultes qui préfèrent ne rien voir.
Mais très vite j'ai été complètement fascinée par cette chronique à la fois hallucinée et profondément réaliste (et c'est une mère de collégiennes qui écrit ces lignes). La virtuosité formelle de Christelle Dabos parvient à extraire la substantifique moëlle de ces années charnières, où il faut parvenir à se construire une identité propre tout en composant avec une pression collective énorme. Et alors que le fantastique s'infiltre progressivement dans le récit, on se dit que finalement on n'est peut être pas si loin de la Passe Miroir. le roman est sombre, souvent, et il mériterait de s'ouvrir sur un avertissement tant il est susceptible de remuer des souvenirs douloureux pour celles et ceux qui sont passé·e·s par ces années (où qui y sont encore). Mais il est aussi lumineux et plein d'espoir, quand il vient nous rappeler qu'on peut sortir d'Ici, pour peu qu'on sache prendre soin les un·e·s des autres.
Lien : http://www.super-chouette.ne..
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En bref, Christelle Dabos revient avec du lourd, du très lourd ! Un ovni littéraire qui marque l'esprit à coup sûr, attention cependant aux lecteurs pour qui la période de l'adolescence reste sensible...

Après le succès de la saga de la passe-miroir, Christelle Dabos change complètement de registre, tout en gardant les petits détails qui la caractérisent : un peu de fantastique, beaucoup de mystère et une violence sous-jacente. Ses romans sont édités dans des collections jeunesse, mais il faut quand même avoir un certain recul et une certaine aisance dans la lecture selon moi pour les appréhender de façon adéquate.
En effet, je pense qu'il faut être prévenu avant de découvrir cette histoire : on parle de harcèlement scolaire, de l'époque si particulière de l'adolescence et de toute la méchanceté gratuite dont on peut être capable à cet âge.

Si vous avez la possibilité et l'envie, plongez dans cette histoire en version audio ! Les éditions Gallimard ont choisi un lecteur par point de vue (nombreux) et cela donne une réelle dimension à l'ensemble, avec cette façon de parler unique des adolescents, cette nonchalance... et quelques expressions qui offrent une petite bouffée d'air frais.

Je ne veux pas trop en dévoiler sur l'intrigue en elle-même parce que le travail d'écriture est vraiment remarquable et ce serait dommage de gâcher cette découverte, mais, au-delà des points sensibles que le récit évoque, il y a un message universel et une morale forte qui m'a laissée bouche bée.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Si vous cherchez un roman dans la continuité de la Passe-Miroir, passez votre chemin.
Ici et seulement Ici va vous secouer comme un cocktail dans un shaker. Et vous n'êtes pas forcément prêt(e) à revivre une seconde fois l'adolescence. Pourtant c'est avec beaucoup de talent et d'originalité que Christelle Dabos nous pousse alternativement dans la peau de plusieurs collégiens et collégiennes.
C'est violent, à l'image de cette période pleine de bouleversements et de bizarreries. Les thèmes dérangeants ne sont pas passés sous silence (harcèlement, violence, racket, suicide, puberté...) mais habilement abordés via le prisme du fantastique.
C'est déroutant, bouleversant.
Mon libraire m'a jeté ce roman dans les mains par surprise, je n'en avais aucune attente et j'en sors presque soulagée d'être adulte.
Je vous le recommande chaudement mais uniquement si vous acceptez de ne pas lire une Passe-Miroir II.
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