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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On ne peut sortir de la lecture de « Itinéraire d'un salaud ordinaire » sans avoir la nausée.
Entre histoire de France et fiction, Didier Daeninckx raconte l'épopée d'un fonctionnaire comme la république les aime : bien obéissant et qui ne pose pas de questions.
Clément Duprest est étudiant en droit lorsqu'il décide d'intégrer la police nationale en 1942. Il est enrôlé dans la brigade des bobards en tant qu'inspecteur adjoint pour renseigner Vichy sur les activités clandestines des alliés de la France de Londres. A la libération, il ne sera nullement inquiété de ses activités de collabo car il a eu le nez fin et a pactisé avec la résistance pendant les dernières heures de l'occupation allemande. Son talent pour l'espionnage et le renseignement lui feront traverser les guerres d'Indochine, d'Algérie, mai 68, les gouvernements de de gaulle, Pompidou, Giscard, pour finir sa carrière au plus haut grade de commissaire et à l'élection de Mitterrand.
Le roman de Didier Daeninckx décrit parfaitement toute l'horreur de l'obéissance aveugle d'un petit fonctionnaire à sa fonction, à sa hiérarchie, sans état d'âme. C'est le lot abject encore aujourd'hui de nombre de serviteurs de l'état et de ses administrations, jusqu'aux fonctions les plus hautes comme celle de Matignon, car l'arrivisme et la compromission ne connaissent aucune frontière.
Editions Gallimard, Folio, 386 pages.
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Incipit :
Clément Duprest se remémore sa prise de fonction, tout jeune homme alors qu'il s'apprête à partir en retraite.
Pendant quarante ans il a suivi un itinéraire quotidien, un trajet le conduisant régulièrement dans l'Ile de la Cité, Quai des Orfèvres. Un parcours accompli par un « salaud ordinaire », c'est-à-dire, un homme bassement, banalement, médiocrement méprisable.
Quand on intègre en 1942 les Brigades spéciales après avoir passé brillamment le concours d'officier de police, on se doute du travail à accomplir : arrestation de terroristes (résistants, communistes…), de juifs, d'opposants au régime de Vichy…

C'est le cas de Clément Duprest qui accomplira toute sa carrière au sein de cette administration, adoubé par sa hiérarchie, gravissant régulièrement les échelons.
Dans la fonction publique, on doit observer le droit de réserve, de discrétion et le secret professionnel, c'est ce que s'est attaché de faire scrupuleusement Duprest, sans état d'âme.
Quand on est confronté à devoir accomplir quelque chose qui met en péril son intégrité physique, on peut (depuis 1982) exercer un droit de retrait, on peut aussi user d'un droit de désobéissance – et cela peut s'avérer quelque fois, un devoir impérieux - on peut aussi démissionner si la tâche à accomplir est contraire à son éthique personnelle, aux valeurs humaines.
C'est ce que se garde de faire Duprest, obéissant aux ordres, fonctionnaire zélé, respectueux de ses chefs, obtus, et sans grande valeur morale tant dans sa vie professionnelle que familiale.
La fin de la guerre se pressent. Son beau-père, Augustin Genin, lui conseille formellement de jouer double jeu et de communiquer des renseignements à un fonctionnaire préfectoral.
A la Libération, il est arrêté, emprisonné, confronté à un témoin qu'il arrêta, mais lui, ne s'est jamais livré à des actes de torture, et les services rendus au cours des derniers mois lui valent d'être libéré et de réintégrer son corps d'origine, alors que certains de ses collègues vont payer le prix fort.
Et la carrière se poursuit, le temps passe ponctué par la naissance d'un fils, Guy, la prise d'échelons, les promotions qui se succèdent, il finira sa carrière comme commissaire principal à un indice élevé. Et, parallèlement, une vie privée de petit bourgeois étriqué
Les affaires à traiter se définissent en fonction du paysage politique : traque des communistes, ( il rédige des fiches sur Ivo Livi – Yves Montand - , Brassens, Sartre…) chasse des partisans indépendantistes , enquêtes sur les milieux politico-maffieux…
Duprest quitte enfin son poste à l'avènement de la présidence de Mitterrand, finalement satisfait de n'avoir pas à servir la gauche.
Par ce récit, il nous est donné de réviser quarante ans de l'actualité politique française, de son Histoire.
Didier Daeninckx déterre, sans complaisance des affaires peu glorieuses, sentant puissamment le souffre et la fange (euphémisme pour ne pas user de grossièreté !) (Affaire Marcovic, une parmi les plus sales de la Ve République, Affaire Coluche…) .




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Proche de l'Emprise de Marc Dugain ou des Anonymes d'Ellory, Itinéraire d'un salaud ordinaire traite de l'influence des Renseignements Généraux en France à travers le parcours d'un de leurs employés, de 1942 à 1981.
Si le héros, Clément Duprest, est fictif, les événements et la plupart des personnages rencontrés ne le sont pas.
Très bien documenté tout en restant de lecture abordable, ce roman passionnant (ses 350 pages se lisent d'une traite) démarre dans la France vichyste et s'achève à l'élection de François Mitterrand. Une large part est consacrée au rôle de la police française sous l'occupation puis le roman s'intéresse à la Guerre d'Algérie, mai 68 et la candidature de Coluche à l'élection présidentielle.
Les reconstitutions de chaque époque sont remarquables, sans tomber dans le didactique. le style est très vivant. Ce type d'ouvrage est totalement effrayant par la réalité qu'il renvoie (quelle liberté réelle avons-nous ?, quelle manipulation subissons-nous ?) mais en même temps totalement indispensable !
Je pense déjà l'offrir à quelques proches !
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Parcours ascensionnel d'un fonctionnaire arriviste et sans scrupules, de Vichy à l'arrivée de Mitterrand. Bluffant !
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C'est la carrière d'un citoyen lambda qui après des études de droit rentre dans la police nationale en 1942. Ce citoyen Lambda s'appelle Clément Duprest et même s'il se refuse a faire de la politique il sera un rouage actif de cette machine de destruction de juifs, de communistes et de résistants a l'occupation allemande. Un bon fonctionnaire qui réussira comme beaucoup d'autres a passer au travers de l'épuration lors de la libération. Il va pouvoir apporter son savoir faire a un état qui ne reculera devant rien (menaces, chantages et meurtres) pour résister a un monde en plein changement.



Peu nombreux sont les livres et les films français capables de regarder en face notre Histoire surtout quand elle est douloureuse. C'est le cas pour l'occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale mais aussi pour la guerre d'Algérie. Longtemps on a essayé de nous faire croire que tous les français étaient des résistants et on a occulté délibérément la collaboration avec l'ennemi. Dans la première partie, mêlant habilement fiction et contexte historique, l'auteur nous dépeint une police nationale collaborant pleinement avec l'occupant et en allant même au devant de ses désirs (la rafle du vel d'hiv). C'est une plongée en eaux très troubles où on l'assiste aux méthodes douteuses et musclées de cette police qui a le droit de vie et de mort sur toute une partie de la population. C'est cette partie du livre qui m'a le plus plu car elle décrit avec justesse le climat de cette époque délétère où la délation faisait rage mais où, dans le même temps, la résistance s'organisait. La deuxième partie m'a moins intéressé car elle ne fait que survoler les scandales de la IV et la Vème république sans rentrer dans le détail.

Un livre noir et sombre sur la face cachée de la police qui gratte où cela fait mal. Un livre dérangeant dont le héros est un vrai salaud. Un livre indispensable pour qui s'intéresse a cette époque. Ma note 8/10.
Lien : http://www.desgoutsetdeslivr..
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Un très bon roman qui nous raconte les quarante ans de carrière du salaud ordinaire du titre : Clément Duprest entre dans la police nationale en 1942, en pleine Occupation. Il sert l'Etat Français de Pétain et Laval, échappe à l'épuration grâce aux conseils avisés de son beau-père qui l'a poussé à renseigner la Résistance quand le vent tournait, puis sert la République, y compris comme barbouze dans les affaires les moins glorieuses.

Avec cet itinéraire nauséabond, l'auteur nous propose de suivre quarante ans de l'histoire de France : d'abord avec une longue première partie passionnante sous l'Occupation, puis une seconde avec des épisodes plus ou moins connus de la politique nationale, coloniale et internationale de la France.

C'est souvent prenant, parfois répétitif, mais aussi instructif et terriblement efficace.
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J'ai beaucoup lu Diider Daeninckx dans les années 80 et 90 avec ses romans comme 'Meurtres pour mémoire', 'le géant inachevé', 'LA mort n'oublie personne' ' le facteur fatal', 'A louer sans commission' ou 'Main courante' sans oublier les excellents 'Zapping' et 'Play back'.

Je suis tombée récemment chez Virgin à La Défense sur 'Itinéraire d'un salaud ordinaire' ... et je viens de le dévorer en deux jours !

Ce livre raconte l'histoire, la vie de CLément Duprest, qui, après des études de droit, intègre la police nationale en 1942.
Il va se dévouer à la cause de ses supérieurs, réalisant sans états d'âme les actions demandées et rédigeant inlassablement des fiches sur toutes les personnes cotoyées tant dans ses activités proferssionnelles que sur sa propre famille ...

On le verra ainsi participer aux rafles de l'Occupation, nouer les relations nécessaires pour éviter les représailles de la Libération, puis faire un tour en Afrique du Nord à la fin des années 50, surveiller les événements de Mai 1968, grenouiller dans les "affaires" des années 70 avant de prendre sa retraite en 1981.

Ce roman est une fresque dépeignant toutes les compromissions d'un presque demi siècle, et un rappel de toutes les "affaires" - pas toujours élucidées - qui ont fait en leur temps la Une des journaux ...

... je vous recommande, bien sûr, ce livre qui, en plus, est très bien écrit !
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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