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Patrick McGuinness (Éditeur scientifique)
EAN : 9782246762713
361 pages
Grasset (20/01/2010)
4.5/5   2 notes
Résumé :

La Diva aux longs cils est un choix des poèmes de Charles Dantzig depuis son premier recueil, Le chauffeur est toujours seul, jusqu'au Bestiaire. Il est complété par deux séries de poèmes inédits, " Un jour dans la vie du monde " et " Musée des yeux ", et précédé de textes en prose sur la poésie. Choix effectué par Patrick McGuinness, professeur de littérature française à l'Univers... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La diva aux longs cils – Charles Dantzig – Grasset ( 362 pages – 20€ )
Ce florilège, au titre aguicheur , fut cordonné par Patrick Mc Guinness, poète et traducteur, professeur de littérature française et comparée à Oxford .
Charles Dantzig nous révèle que sa fascination pour la poésie remonte à son enfance .Un talent précoce détecté : «  le génie était là. le Nobel m' espérait ».
Il adopte un ton confidentiel pour s' adresser à ce cercle d' initiés qu' il nomme « les Persans »!
Sa conception de la poésie? : « la combinaison d' une forme étudiée et d' une émotion communiquée » . Pour lui , la poésie est « un adolescent insolent et délicat qui a besoin d' un grand salon et d' air pur » . «  Elle ne sert à rien » , tout comme la lecture , au risque d' en choquer quelques uns . Il déplore qu' en France elle soit reléguée «  dans une boîte à bibelots » .
La poésie qui supporte mal « les vêtements étriqués » exige une mise en page aérée .
Les avions sont un thème récurrent ,l' auteur de s' interroger sur leur utilité . Il nous fait voyager en Europe, transiter dans des aéroports : « lieux mornes , comme s'ils voulaient nous donner des remords » . Il brosse avec ironie un tableau de l' Acropole , assaillie par des hordes de touristes , égrenant ses conseils aux guerriers grecs « gare gare/on vous mitraille », aux colonnes « cessez de danser  , aux masques tragiques « fermez la bouche , aux nymphes « promenez vous dans les bois! »
On fait halte à Venise « qui tangue »; à Londres ; à Rome .A Oxford on visite l' Ashmolean, à Paris le Louvre . On admire « le circonflexe/Du Pont-Neuf qui prend un air de Marquet ».On assiste à une corrida à Nîmes, on décolle de la baie des anges, survolant « l'église russe reine de pique ». On dîne au bord du Bosphore . Toujours en mouvement , on vole vers New-York et voit se détacher « le gland du Chrysler building » . Les tours jumelles inspirent à l' auteur des paroles prémonitoires : « Quilles que quelques uns voudraient voir renversées », poème pourtant écrit avant 2001, précise l' auteur .La mort  « aux cuisses creuses » s' invite en barque sur les « eaux du Léthé ».
Dans le bestiaire , défilent la méduse « abat-jour 1900 de brocante », le poulpe qui se « prend pour une diva d' Hollywood , les rossignols « employés par les vaches/ à sucrer leur ennui ».
Le corps déploie sa sensualité sur les plages , près des piscines , dans l' océan « rassasié qui postillonne ses embruns ». Les corps s' enchevêtrent , les mains se mêlent ,les doigts se peignent, les pieds se nouent dans : L' union des corps . « Fugace le sexe agace ». L' auteur douterait- il de la sincérité des sentiments pour conjuguer amours avec imparfait et faire rimer «  coeur avec trompeur » ? , « ce coeur , un répondeur qui prend les messages » ..
A noter le poème dédié à Patrick McGuinness, celui qui initia le projet de cette anthologie . Il déroule une guirlande irlandaise truffée de références littéraires et de quelques pastiches de vers célèbres : « Demain, dès l' aube , à l' heure où verdit l'Irlande ».
Le vers final « Je sauterai dans l' eau qui me rompra en deux » tisse le lien avec la thématique des Nageurs et confère son unité à cet ouvrage poétique ,d' une richesse magistrale, de fort tonnage, éclectique, servi par une langue travaillée avec méticulosité , un vocabulaire recherché ,une pléthore d' images, une note allègre , drôle et un humour pétaradant.
Comme l' auteur , on peut féliciter le professeur McGuinness pour ce choix savamment réalisé .
L' auteur s' interroge sur ce qu' un écrivain lègue à la postérité, convaincu que « Rien ne s' oublie et d' abord pas le passé », ne serait- ce que pour alimenter « la grossiste à images 24heures sur 24 ».
Et l' auteur de conclure par « Nous n' en finissons pas de ne pas disparaître »! .
Charles Dantzig appartient à cette catégorie des poètes très accomplis qui «  savent communiquer des émotions . Tout est dans la feinte, comme en escrime » .Ses fervents lecteurs le lisent avec délectation « pour danser avec lui » .
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Lou y es tu?
Peu de Lou, peu d'Elsa, juste un battement d'aile car "les yeux sont des lacs où forcément on se noie".
La diva aux longs cils, beauté faite femme, n'est pas femme de chair,mais d'émotions car elle est poésie, celle de Charles Dantzig(Prix Paul Verlaine pour Que le siècle commence) dont le recueil regroupe des poésies déjà éditées comme le chauffeur est toujours seul et le bestiaire et deux séries inédites et présente une volonté de classer les textes par thème.
Point trop d'amour ici,ni d'envolées lyriques, pour cet écrivain, poète de bonne heure et inconditionnel de Beaudelaire.
"La poésie n'est pas essentiellement dans les vers mais dans les contradictions" affirme l'auteur.
Ainsi son ciel(cf:Nature) devient-il sable et art.
"Si le ciel avait un fond de sable
Et qu'il fut peint par Jackson Pollock
Il serait moins nappe de table
De cuisine et si mes dreadlocks
Tournaient quand je danse à la façon de ce tableau
Je le trouverais bien beau..."
Le poète n'est-il pas celui qui s'éloigne du plaisir matériel, pour se laisser aspirer par les brillants échevaux de l'inconscient d'un Pollock?
"Je ne suis pas pour laisser les morts en paix" affirme encore Charles Dantzig.
Ses références littéraires:Victor Hugo "Demain dés l'aube à l'heure où verdit..." dans Guirlande d'Irlande,Joachim du Bellay "Heureux qui comme Ulysse..", son titre Les Toutous(surnom d'Appolinaire),ses avions "chers géants dociles aux ailes abaissés" frères de L'Albatros de Baudelauire... sont un clin d'oeil aux grands.
Anticonformiste, il ne se confine pas aux vers réguliers, à une ponctuation classique, il désire privilégier à la fois "le fond et la forme".
Ainsi cinq petits mots percutants étiquettent L'imparfait:
"Temps imparfait
et nos amours."
On retrouve quelques calligrames chers à Appolinaire.(pont de Brooklin et tours de Manhattan),des images fortes évocatrices qui relèvent les mots:"les oiseaux qui passent dans le ciel palpitant/comme un linge.."
un surréalisme où le rêve éveillé est roi(ici triste évasion de la réalité)
"Michel à l'hôpital
Planté d'aiguilles lacustres;
Le lac est en l'air
Lustre à pendeloques de tuyaux.."
(Cette chose atroce qui s'appelle l'espoir)
Enfin j'ai noté beaucoup de finesse et d'humour (cf:La mouche):"Elle est bien bonne/Treuil arrière./Prière arabe./Penchée sur lait et la ainsi que la dénonciation d'injustices et d'attentats révoltants.
Le poète est-il prophète? Voyant?
Toujours est-il que son poème "A quoi servent les avions?" a été écrit avant le 11 septembre fatidique.
A moins qu'il ne sente et ressente les choses plus qu'un autre vue sa grande sensibilité?
Ainsi est Charles Dantzig!
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Les arbres


a



Les arbres vus des trains sont plats dans les allées

Et ronds ou pointus sucettes à la menthe

Du ciel lançant ses vents sinueux et gourmands

L'homme en la sculptant

A créé la nature.





b



Les arbres ont peur des autos

Comme les spectres des hommes

Les personnages des livres des personnes de la vie

Les objets des animaux

La matière de l'esprit.

Sommes-nous puissants, nous autres pauvres êtres.
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Dans ces poches, sous ces yeux,
quels malheurs transporte-t-elle?
Ou bien des sacs de larmes
pour de la fourberie?

(Musée des yeux)
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Tous les poèmes d'amour sont des poèmes d'esclaves
Elsa Lou George d'autres
Aragon Appolinaire et Alfred de Musset...
(Les toutous)
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les grands palmiers


au bord des îles

dans un bruit froissé de ciseaux

les grands palmiers hochent la tête

coupant la tête des insectes

qui pleuvent distraits dans mes eaux

vers la bouche en méat des poissons
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Il y a des matins, comme ça, où je voudrais partir,
Changer de langue et de pays
Car rester c'est périr et les racines c'est par là qu'on pourrit...
(Eloge de la fuite
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