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EAN : 9782070341948
400 pages
Gallimard (10/05/2007)
3.52/5   25 notes
Résumé :
Dans les temps anciens, le Dieu-Forgeron a fabriqué une armure fabuleuse destinée à conserver la mémoire des rois : l'Hérakléion. Des siècles plus tard, à Déméter, la monarchie se meurt malgré les réformes du vieux roi Yskander. Le pouvoir et l'Armure font l'objet de toutes les convoitises. Absû Déléthérion, général avide et ambitieux, s'adjoint l'aide des étranges Eizihils, peuple d'insectes guerriers vivant dans le Désert de Sel, et assassine le roi lors d'un coup... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Choc en perspective ! D'un côté, il y a Ugo Bellagamba, universitaire spécialisé dans le droit, mais féru d'Histoire, et « accessoirement » membre de l'organisation du festival international des Utopiales de Nantes ; il a aussi « commis » Tancrède, une uchronie chez Les Moutons électriques. de l'autre, il y a Thomas Day, auteur de textes de science-fiction, fantasy et fantastique souvent durs et glauques, reconnu autant en tant qu'écrivain qu'en tant qu'éditeur, et maintenant scénariste de bande dessinée. Autant vous dire qu'un tel duo qui s'associe pour écrire de la fantasy, ça s'apprécie.

Le double corps du roi nous invite à un voyage surprenant. le décor fait clairement penser à la Grèce antique, les technologies sont puissantes, les destins épiques et l'heure au coup d'État. Dès les premières lignes, nous sommes plongés dans l'action : le général Déléthérion s'allie aux Eizihils, des insectoïdes aux abois, pour renverser le monarque de sa cité, Déméter. Ledit monarque se défend comme il peut, mais seul survit son favori Égée Seisachtéion qui emporte avec lui l'armure royale, l'Hérakléion. de ce point de départ, le roman dérive sur deux axes principaux : l'organisation du royaume après le coup d'État (que choisir comme nouveau régime, par exemple) et l'organisation d'une résistance dans un environnement hostile aux confins du royaume (la Canopée est recouverte de forêts impénétrables et renferme bien des secrets).
En bon petit apprenti historien, quand j'entends « double corps du roi », je pense directement au XVIe siècle français qui a mis en valeur l'adage « le roi est mort. Vive le roi » afin de concrétiser l'usage qui veut que le roi est à la fois une personne et l'incarnation d'une entité qui, elle, ne meurt pas mais est transmise au successeur (d'où l'importance de connaître l'héritier). Ici, certes, il y a cette idée qui traîne mais de là à dire que c'est un roman qui s'est construit sur ce concept, c'est poussé un peu trop loin, car le récit se focalise davantage sur des personnages complexes et cette situation de coup d'État qui l'est tout autant, même si le questionnement de la potentielle majesté des prétendants est posée.
La gêne posée par ce roman est peut-être concentrée dans l'Hérakléion, le véritable enjeu des confrontations. Cette armure royale est bien plus qu'un ornement, puisqu'elle recèle une technologie largement supérieure à ce qui peut se faire alentour et donne à son détenteur la possibilité de faire à peu près tout ce qui lui vient à l'esprit en terme de destruction massive. L'aspect super-héroïque joue à plein avec cet artefact… et, pourtant, à aucun moment, son utilisation n'est vraiment profitable à son détenteur : soit parce qu'elle le gêne, soit parce qu'il décide pour des raisons morales de ne pas l'utiliser et doit la cacher, la faisant devenir comme un poids à nos yeux de lecteur.

En somme, le double corps du roi n'est pas la merveille qu'on aurait pu imaginée, mais c'est un roman très bien référencé et qui se lit avec grand plaisir.

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Je vais tout de suite mettre en avant le principal défaut du livre : il est bien trop court ! 300 pages seulement pour ce one-shot : on aurait facilement pu avoir le double voir le triple tant la matière est riche.

Il faut aller au-delà du titre qui fait référence aux travaux d’Ersnt Kantorowicz sur la monarchie française. Après "le Rouge et le Noir" de Stendhal, voici "le Rouge et le Vert" coécrit par Ugo Bellagamba et Thomas Day : la synergie entre les styles et les thèmes forcent le respect car l’alchimie fonctionne à merveille.

Le Rouge :
Déméter, le roi Yskander, le poète Égée, le contrebandier Solon, le rebelle Thésée, le collabo Aristote, l’Exécuteur Ixion, le navire Odysseus, l’armure Héraklion, la Phuséios Théias… et la caste guerrière des Magmatiques qui fait indubitablement penser aux armées romaines !
Ugo Bellagamba aime l’Antiquité et cela se voit !

Le Vert :
La Canopée, la Sylve, les strates herbacées, les strates arboricoles, les villarbres, les fougères détrempées, les sous-bois chargés d’humidité… et cette immense verte dans laquelle vont se perdre les personnages fait indubitablement penser à l’Amazonie !
Thomas Day a aimé les forêts tropicales et cela se sent !

Et pourtant on est très loin d’une "Forêt d’Emeraude antiquisante à la sauce fantasy.

Les images se bousculent dans ma tête : Alexandre le Grand, François Ier, Henri IV, Louis XIV, Napoléon III, le Général Boulanger, Charles de Gaulle, Jean Moulin, le Maréchal Pétain…
Un roman très politique donc très politisé ! Mais il est aussi psychologique avec les plongées introspectives dans les pensées de personnages souvent déchirés. Mais il est aussi écologique : doit-on adapter l’environnement ou s’adapter à lui ? Les tribus de la Sylve sont finalement plus proches des insectoïdes eizihils du Désert de Sel que de leurs congénères Thaumaturges.
Quand à l’univers : Antiquité ou Renaissance ? Bronzepunk ou Clockpunk ? Difficile de trancher ! Armures mécaniques, armes à feu ou incendiaires, chimères cristallines changeformes, navires à vapeurs, submersibles, engins volants… sans parler des généticiens canopéens et de la surpuissante Héraklion !


Le livre est divisé en 3 parties, qui aurait pu chacune avoir vocation à constituer un roman entier :

Tout commence avec un souverain éclairé qui veut amener son peuple vers la modernité et la prospérité : annulation des dettes paysannes, redistribution des terres arables, fin des monopoles nobiliaires, création d’une assemblée du peuple… déplaisent fortement aux classes privilégiées qui sont persuadées qu’il n’existe rien de plus dangereux que d’élever le bas peuple au dessus de sa condition qui est d’obéir et de travailler sans broncher !
Les aristocrates arrivistes rêvent d’une oligarchie… Les prélats pervertis rêvent d’une théocratie… L’appât du gain étant leur seul motivation, les élites conservatrices s’allient pour soutenir le programme de Révolution Nationale d’un pervers narcissique qui ne rêve que d’une monarchie absolue qui amènerait une nouvelle ère de grandeur (la sienne bien sûr, les autres n’existent que pour servir ses ambitions).

I) L’Avènement d’Absû Déléthérion = Coup d’Etat


II) La Vengeance d’Egée Seisachtéion= Résistance


III) Le Destin d’Eiroénée = le choc des civilisations


On peut regretter les choix effectués qui nous parle d’héroïsme mais nous prive de véritable héros auxquels s’attacher avec cette structure tripartite et ses ellipses centrée sur 3 personnages différents mais semblables. Et attention aux scènes d’assassinats, de batailles ou de torture, qui n’épargne rien ni personne y compris le lecteur. Néanmoins un roman très original, très riche et très intéressant ! Enjoy
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Des romans de fantasy inspirés par la période médiévale, je pourrais t'en citer vingt-cinq mille milliards – à un ou deux près – qu'on aurait à peine effleuré le début du commencement d'une liste exhaustive. Des romans de fantasy inspirés par un médiéviste, le décompte tient sur une main, voire un seul doigt. Et t'avoueras que deux corps de roi sur un index, ça se pose là dans la catégorie prouesse d'équilibriste.


Si tu as lu les travaux d'Ernst Kantorowicz, il ne t'aura pas échappé que le double corps du roi leur fait écho. Si tu ne les as pas lus, même chose, vu que le nom du père Kanto est cité en quatrième de couverture. Alors par contre, dans le second cas, tu n'es pas plus avancé sur le rapport entre les deux oeuvres…
Pas de panique ! Il se trouve que j'ai lu Kantorowicz durant mes vertes années estudiantines, je vais donc pouvoir t'en toucher un mot pour contextualiser le bazar.
Son grand oeuvre, à Ernst, c'est un bouquin sorti en 1957 et intitulé The King's Two Bodies. A study on medieval political theology. Ouais, en histoire, on considère que plus l'ensemble titre/sous-titre est long, plus ça fait sérieux. Bref. Enfin pour le coup, non, dans le genre bref, c'est raté…
Dans les années 50, on le sait tous, les galères américaines mettent très longtemps pour rejoindre le Vieux Continent à la force de leurs petites rames. Il faut donc attendre 1989 pour une traduction française sous le titre Les Deux Corps du Roi. Deux corps, double corps, ça va ? Tu suis ?
Excellent, l'ouvrage fait partie des incontournables aux côtés de la Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II de Fernand Braudel et Montaillou, village occitan de 1294 à 1324 d'Emmanuel le Roy Ladurie.
Pour résumer à grands traits son propos, Kantorowicz traite de la conception médiévale de la personne et de la charge royales, leur représentation, leur symbolique, leur construction. Cette “théologie politique” vise à assurer la continuité du pouvoir via la transmission du bousin monarchique d'un souverain à son successeur dans un cadre posé comme légitime.
La thèse de Kantorowicz est que le roi possède deux corps. le premier, comme tout un chacun, est physique et mortel. Quand il claque, “le roi est mort”, fin de partie pour lui. le second, le corps politique, est immortel et se transmet au suivant de la lignée. “Vive le roi”, le nouveau, qui vient de passer par la case départ et rafler la mise constituée du pouvoir royal et du royaume.
En deux mots, une histoire de continuité et de légitimité.


Ugo Bellagamba (La Cité du Soleil) et Thomas Day (La Voie du Sabre, L'instinct de l'équarrisseur) partent de cette base pour ouvrir le double corps du roi sur une rupture.
À Déméter, Absû Déléthérion fomente un coup d'État, bute le roi Yskander et se proclame régent. Sauf que voilà, régent, par définition, c'est de l'intérim, du temporaire. Pour garder les miches sur le trône, il lui faut légitimer son pouvoir. Avec une expérience de régicide sur son CV, sa candidature s'annonce mal engagée. Déléthérion a bien la force pour lui et aucun scrupule à l'utiliser, mais le règne de la terreur s'annonce usant, à surveiller et déglinguer tout et tout le monde. Il préfèrerait être reconnu comme souverain légitime et régner pépère avec l'appui des castes qui tiennent le haut du pavé.
La solution ? L'équivalent local des regalia. Les rois de France recevaient lors de leur sacre un barda de couronne, sceptre, épée, main de justice, éperons et manteau assez grand pour servir de chapiteau, ceux de Déméter se contentent d'une armure. Mais attention, pas n'importe laquelle, une forgée par un dieu : l'Héraklion. Symbole royal et symbole religieux, légitimité assurée. En plus, on ne parle pas d'un plastron standard de troufion. Rien moins que l'armure d'Iron Man croisée avec celle d'un chevalier d'or de Saint Seiya, ou à peu près.
Sauf que pas de bol, Égée Seisachtéion, pote de feu le roi, s'est fait la malle au fin fond de la jungle avec ladite armure pour la remettre à l'héritier légitime : l'enfant d'Yskander.


Tu l'auras compris à la lecture de ma version remasterisée de la quatrième – toujours plus fun qu'un bête copier/coller – le roman porte bien son titre de Double corps du roi. le coeur de cette épopée, c'est une course entre Égée et Déléthérion pour faire coïncider un corps physique et un corps symbolique.
En vérité, ce bouquin dans sa totalité repose sur la notion de dualité (et le premier qui me sort “y a deux auteurs, lol” finit empalé au sommet d'une colline).
Le genre, tu te dis qu'il relève de la fantasy et en même temps, les éléments de SF abondent. La fameuse armure est un pur concentré de technologie qui pourrait avoir été conçu par les ateliers Stark Industry. À cheval entre les deux genres, je citerai les Eizihils, un peuple de guerriers insectoïdes qui ne dépareilleraient ni dans la gamme Dark Sun d'Advanced Dungeons & dragons (les thri-kreen) ni dans Étoiles garde-à-vous ! de Robert Heinlein (Starship Troopers en VO).
“Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie.” La citation d'Arthur C. Clarke qui ouvre le roman pose d'entrée les bases de l'environnement, mi-antique-médiéval mi-futuriste. Pas anodin pour un roman sorti en 2003, en pleine période charnière niveau informatique et numérique. Je peux te dire que cette année-là en France, le rapport aux “nouvelles technologies” tenait encore de la magie. À peine un foyer sur deux équipé en ordinateur, le boom d'Internet n'aurait lieu que deux ans plus tard, pas encore de génération élevée aux mamelles du web et du smartphone. À l'époque, quand tu arrivais quelque part en disant “je m'y connais en informatique”, on te regardait comme un initié, un puissant sorcier 1.0, un prêtre du binaire implorant les bytes. Tu pratiquais l'imposition des mains sur le clavier pour guérir les bugs de Windows. Grâce à ta maîtrise de la langue des arcanes, tu rédigeais des grimoires que tu métamorphosais en pages web. Tel Merlin, Gandalf et Garcimore, tu étais un être de légende : un magicien !
Cette séquence souvenir pour dire deux choses. D'une part, évoquer la dualité science/magie présente dans le roman et, à travers elle, les notions de perception et d'interprétation. D'autre part, souligner que le rapport à la croyance magique n'est pas l'apanage des sociétés anciennes, il s'agit d'un thème intemporel (façon polie de dire qu'au XXIe siècle, on n'a pas beaucoup évolué pour se comporter encore comme des gros arriérés superstitieux).


Dualité enfin sur le schéma nature/culture qui oppose la Canopée et Déméter. Côté Déméter, de la référence lourde : Kantorowicz et les monarchies médiévales, une onomastique qui fleure bon la Grèce antique dans les anthroponymes comme les toponymes, une société tripartite bellatores-oratores-laboratores à la Dumézil… Soit une société hyper organisée et très avancée sur le plan technologique, mais inégalitaire et pas du tout portée sur la mobilité sociale, avec en prime un rapport à la nature fondé sur l'exploitation et la domination. En face, la Canopée fait figure d'utopie qui se rattache au corpus sur le “bon sauvage”. Symbiose avec la nature, coutumes qui paraissent délirantes aux yeux des “civilisés” et le tralala habituel de choc culturel.


Du double à tous les étages, truffé de références dans ses inspirations et influences. L'ensemble est construit et écrit avec intelligence, ce qui permet au roman de ne pas se limiter à un patchwork d'emprunts.
Le double corps du roi a aussi le mérite d'aller à l'essentiel. Chacune des trois parties qui composent le récit aurait pu, en d'autres mains, devenir un tome complet, avec world building à foison, bataillons de personnages, intrigues secondaires hors-sujet… Pour quoi faire ? le roman raconte tout en 400 pages rythmées, avec une unité d'intrigue qui évite la dispersion et le remplissage ennuyeux.
À l'image des mythes grecs, le résultat est épique et tragique. Violent, aussi, à travers ce côté gore qu'on trouvait déjà dans l'Iliade et son festival de poitrines transpercées, dents éclatées à coups de lance et langues tranchées. L'esprit d'Homère sous une forme moderne.
Lien : https://unkapart.fr/le-doubl..
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Voilà un roman bien atypique que ce « Double corps du roi » qui prend le parti d'un mélange des genres (fantasy-science fiction)... et le résultat se révèle au final une très bonne surprise. Il faut dire que le roman est le fruit du talent de non pas un mais deux auteurs : Thomas Day, l'une des figures phares de la fantasy françaises actuelle, ayant déjà à son actif un nombre conséquent d'ouvrages (« Women in chains », « Du sel sous les paupières », « L'instinct de l'équarisseur »...) et Ugo Bellagamba, historien mais aussi écrivain dont la très bonne uchronie « Tancrède » a connu un important succès. C'est donc de la collaboration de ces deux auteurs qu'est né ce roman assez court mais néanmoins très dense. le lecteur y découvre un monde fortement inspiré de la Grèce antique (tant au niveau de la géographie que des noms employés) dont l'équilibre se retrouve bouleversé par un coup d'état.

L'intrigue peut, certes, paraître basique mais n'en reste pas moins efficace, d'autant plus qu'elle est étoffée par de très bonnes idées, notamment celle de l'Hérakléion, cette fameuse armure à la fois symbole et mémoire de la monarchie. le principal atout de ce roman reste toutefois l'univers élaboré par les deux auteurs et qui lui se distingue nettement par son originalité et sa richesse. Des palais aux bas quartiers de la ville de Déméter en passant par la forêt luxuriante et mortelle de la Canopée, on peut dire que les décors évoqués ont de quoi éveiller notre imagination et c'est un véritable plaisir de les arpenter et d'en découvrir les coins et recoins. Les personnages sont également très réussis, qu'il s'agisse des protagonistes ou même de ceux que l'on ne croise que très brièvement comme le jeune idéaliste Thésée ou le sage Mamayoun. le style, enfin, est extrêmement soigné et donne lieu à de très beaux passages et à des dialogues qui sonnent toujours justes.

Une bonne découverte et une association qui fonctionne à merveille. Les deux auteurs ont d'ailleurs également collaboré pour l'écriture d'un autre roman (de science-fiction, cette fois), « L'école des assassins ».
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Dès le prologue, légende fondatrice particulièrement séduisante et bien tournée, on se retrouve dans un univers de fantasy inspiré de mythologie et de culture grecque, où les inventions sont aussi nombreuses que les échos familiers.
L'histoire, de facture au fond assez classique, s'articule autour des diverses conceptions de l'autorité politique. La monarchie éclairée, libérale et démocratique d'Yskander, le vieux roi de Démeter. La monarchie forte, hiératique et impitoyable que cherche à rétablir le général Absû Déléthérion. L'oligarchie intéressée des sorciers et des aristocrates qui soutiennent son coup d'Etat.
Avec l'aide de créatures insectoïdes impitoyables, Deléthérion assassine Yskander et se proclame régent. Mais pour devenir roi, pour assurer sa légitimité, l'usurpateur doit mettre la main sur l'Hérakléion, armure toute puissante forgée par un dieu et devenue symbole du pouvoir royal.

L'Hérakléion qu'a récupérée Egée Seisachtéron, fidèle ami et amant du roi défunt, poète et bretteur de premier ordre bien décidé à venger l'homme qu'il aimait et à sauver Démeter de la dictature militaire.
Aidé par Johan Solon, un sympathique contrebandier casse-cou, Egée gagne la Canopée, pays voisin dévoré d'une infinie forêt où il pourra mettre l'armure à l'abri, et tenter de convaincre la fille naturelle d'Yskander d'accepter un destin de reine... dont elle se contrefout, pour le coup, royalement.

Un bon roman, qui sait créer un univers captivant peuplé de beaux personnages, et sous-tendu de thèmes intéressants. Un roman qui, à mon goût, aurait toutefois mérité d'être plus longuement développé, travaillé, ciselé. le rythme, soutenu, ne nuit nullement à l'ambiance (l'écriture est assez bien tournée pour ça) mais certaines périodes, certaines évolutions (celle d'Egée, tout particulièrement - celle qui mène d'une partie à l'autre de l'ouvrage) auraient mérité un plus long développement. Au final, j'en retire un peu l'impression que c'est très bien, mais ça aurait pu être bien mieux. Un peu dommage.
Mais très bien quand même : je recommande donc !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Après quelques instants perdus en déambulations et en hésitations, il pénétra dans un établissement sordide, une taverne à putes dont l’entrée étroite était littéralement encadrée par des monceaux de détritus exsudant une odeur d’urine et de vomi. Il ferma la porte derrière lui et fut assailli par les effluves piquants d’une salle bondée, au plancher couvert d’une épaisse couche de sciure moisie, parfois rassemblée en gruaux. Il s’approcha du comptoir où il commanda une bière qu’on lui servit dans une chope d’étain.
À quelques tablées de là, quatre marins vérolés, saouls et épais comme des ancres, cherchaient chicane à un jeune homme longiligne et propre sur lui qui, loin de paraître terrifié, les défiait d’un sourire moqueur. Son teint olivâtre, ses yeux bridés, sa longue silhouette fine, laissaient à penser qu’il s’agissait d’un sang-mêlé – moitié Thaumaturge, moitié Canopéen.
À cette heure tardive, la plupart des clients de la taverne somnolaient le visage planté dans leur soupe ou dans le produit de leurs régurgitations. Quelques-uns buvaient en flattant le cul des filles assises sur leurs genoux, d’autres léchaient bruyamment le vin qu’ils renversaient sur les seins de putains rigolardes, attendant sans doute qu’une chambre se libère afin qu’ils puissent s’y vider les bourses.
« Ton père est un ruffian court de la tige et ta mère une pute végétale ! » beugla l’un des marins qui entouraient le sang-mêlé.

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Le pouvoir corrompt tout, s'empare du meilleur pour en faire le pire ; séduit les faibles qui rêvent d'être puissants et affaiblit les puissants qui rêvent de l'être encore plus. Comment prendre le temps d'aimer quand le pouvoir vous attend au détour de chaque intrigue, de chaque lutte d'influence, toujours prêt à frapper, à transformer le bien en mal, à envenimer la moindre situation. Le pouvoir est traître, c'est un démon ; il reprend dix fois ce qu'il a d'abord négligemment poussé vers vous.
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Je sais qui tu es. Tu es de ceux qui, venant de la grande ville, croient que nous, les habitants des arbres, sommes des sauvages, parce que nous ne portons pas de beaux habits et ne possédons pas de belles choses toutes dorées, entassées dans nos demeures. Je vais te dire, poète, regarde nos enfants et compare les avec ceux de Démeter, regarde comme les nôtres rient, comme ils jouent dans un monde pourtant plein de dangers. Prends conscience du lien qui lie ici l'ancienne génération à la présente, et cette présente génération à la nouvelle. Regarde les femmes assises en cercle, préparant la nourriture en plaisantant, en se moquant des travers de leurs maris. Regarde les gamines qui, dès sept ans, s'occupent de la petite dernière, savent la nourrir, la torcher et la protéger. Tu viens d'un monde mourant, alors que le mien est en pleine montée de sève. Mon monde est un monde où la chair, la nourriture et la merde gardent leur place première, s'inscrivant dans le cycle des choses, alors que le tien est un monde froid, un monde de pierre dont les élites tendent toujours vers le plus propre, le plus lisse. Tu viens d'un monde triste où les gens ont aussi peur de vivre que de mourir; moi, j'ai toujours vécu dans un monde où nous avons confiance en notre passé, notre présent et notre avenir, car tous trois sont intimement liés, dessinant un cercle. Je respecte la nourriture que j'ingurgite et ne passe pas ma vie à m'excuser d'avoir à chier pour continuer à vivre; quand tu en seras arrivé à cette compréhension du monde, quand tu auras accepté cela, tu pourras alors me donner des leçons. Parce qu'une chose est sûre, poète, ta merde enrichit bien plus le monde que tes mots.
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L’exclusion des femmes de la succession royale se légitimait jadis par leur incapacité à combattre, à revêtir une armure. Mais c’est le clergé qui a inoculé cette croyance dans l’esprit du peuple. Elle n’a rien de rationnel, ne repose sur aucune impossibilité physique. Et je crois qu’il est temps qu’une cité bâtie en hommage à la fille d’un dieu soit gouvernée par la fille d’un roi.

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Le frère de Broh défourailla ses deux épées pour les montrer à Johan :
« Elles ont été forgées par mon père, tout comme ta vengeresse. Je les ai appelées ‘‘Venin’’ et ‘‘Vengeance’’. Avant chaque bataille, j’empoisonne Venin et j’aiguise Vengeance, au su et au vu de tous, sur la Grand’Place. Je suis porteur de ma propre légende, une légende qui grandit dans la villarbre chaque fois que je reviens de bataille. »

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