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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rares sont ceux capables d'exprimer le ressenti exceptionnel de l'humain lorsqu'il dépasse l'altitude de 8 000 mètres. Pour cela, c'est dans l'Himalaya qu'il faut aller et, pourquoi pas, en suivant avec Erri de Luca ces traces laissées par une grande alpiniste qui a dépassé plus de dix fois le cap des 8 000 et qui partage avec lui, en une conversation nocturne, les joies et les affres de la très haute montagne.

Erri de Luca déroule le fil de cet échange en y ajoutant la richesse de sa poésie personnelle, en laissant ses lecteurs respirer à travers les lignes de son livre, l'air raréfié des hautes altitudes où toutes les perceptions, sons, visions, soleil, vents prennent une dimension différente, quasiment divine.

Au-delà de la montagne, c'est toute la nature et la création qui sont sanctifiées par les mots de cet écrivain d'exception qui rend les hommages mérités aussi bien à la femme alpiniste, Nives, qu'à la féerie qui imprègne ceux qui ont la chance d'atteindre ces sommets et de transformer bien souvent leurs vies en destins.
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A bout de souffle !
A plus de 8000 m d'altitude, c'est assez normal. En lisant le dialogue entre la grande sportive, Nives Meroi, et l'écrivain Erri de Luca, alpiniste à ses heures, il y a de quoi être soufflé aussi.

Partis pour une expédition himalayenne, les deux Italiens vivent une nuit d'insomnie sous la tente et en profitent pour échanger récits d'exploits pour l'une et souvenirs d'une vie ouvrière et engagée pour l'autre.

Arriver à ces sommets de plus de 8000 m (il en existe 14 dans le monde et Nives et son mari en ont accompli 12 à ce jour), suppose des essais manqués, des conditions météorologiques inattendues et des demi-tours forcés, avec le même esprit de bataille pour monter que pour renoncer à l'ascension.

L'auteur fait souvent référence à l'Ecriture sainte en ce qui concerne la montagne "ce poste frontière où la divinité descend et où l'homme monte". A quoi sert l'alpinisme, demande-t-il. A rien, il n'a aucune obligation d'être utile. Il faut le voir comme une ascèse dans le sens d'exercice, de pratique, comme une voie d'humilité mais aussi de courage et d'endurance, du corps et de l'esprit.

Quelques beaux passages sur le vent, personne despotique et maître du temps ainsi que des paroles de gratitude pour la solidarité et le dévouement des sherpas et de très émouvants mots d'amour à l'adresse de son mari, Romano Benet, qui toujours l'accompagne dans ces hautes altitudes, "véritable laboratoire de l'amour". Au-delà du camp de base, ils grimpent avec leur "maison" sur le dos, provisions et matériel, sans outils satellitaires car ils privilégient l'effort complet et la confiance absolue. Arrivés au sommet, une minute d'arrêt, pas davantage, pour ne pas refroidir la machine et puis c'est la descente, parfois bien plus périlleuse parce que chaque pas permet de mieux respirer et que l'envie d'un bon repas donne des fourmis dans les jambes.

Nives ne veut pas laisser de traces, Erri veut marcher dans les siennes. Parfois leurs avis s'opposent, l'une étant pragmatique, l'autre poète et philosophe mais aucune pensée n'est à bout d'oxygène. Ils vont l'un et l'autre à leur essentiel.

L'humilité et la simplicité sont partout présentes dans ce petit livre lumineux, décrites avec la sincérité de l'engagement total de ceux qui osent côtoyer le danger et la nature indomptable.

Un grand merci à Nastie 92 dont le billet m'a beaucoup impressionnée. Je ne m'attendais pas à (presque) toucher les étoiles sans passer par les paliers d'adaptation à l'altitude.

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Déjà plusieurs critiques intéressantes sur Babelio, qui disent beaucoup de choses sur le livre (parfois trop?).
Je veux juste dire que, pour moi, amateur de récits de montagne mais pas seulement, c'est un beau livre où deux passionnés parlent d'eux. Nives décrit sa démarche originale dans le monde des grimpeurs de haute altitude, son exigence, son éthique, mais aussi ses faiblesses. Eri de Luca confirme qu'il est un écrivain passionant, mais aussi un homme exigeant. Ce qu'il dit à mots comptés et discrets de son passé m'a ouvert des fenêtres sur un auteur déjà admiré. Et aussi sur le présent de Cesare Battisti (dont il ne parle pas mais à qui j'ai immédiatement pensé... je n'en dévoile pas plus).
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N°867– Février 2015

SUR LA TRACE DE NIVESErri de Luca - Folio.
Traduit de l'italien par Danièle Valin.

Nives, c'est Nives Meroi, alpiniste italienne née en 1961 qui s'est rendue célèbre avec l'ascension de l'Everest en 2007 en étant la première femme à avoir conquis 10 sommets de plus de 8 000 mètres. Accrochés à la montagne, au cours d'un bivouac, un dialogue s'engage entre elle et De Luca. Cela nous donne, au hasard de la conversation où se mêle les souvenirs de l'auteur, une évocation du vent, présenté comme une personne, des sherpas oubliés de l'Himalaya qui usent leur vie de misère à aider les occidentaux, plus riches qu'ils ne le seront jamais à escalader la montagne. Face à la nature sauvage et grandiose des cimes, c'est le sentiment d'humilité qui l'emporte, avec la fatigue, le manque d'oxygène, la mort qui veille, observe l'alpiniste en profitant de ses moindres faux-pas. L'orage prend ici des dimensions dantesques dans le vide des ravins et lui rappelle les bombardements de Belgrade où Erri s'est installé volontairement pendant la guerre de Yougoslavie pour être du côté des assiégés. Les cimes qui rapprochent l'homme de Dieu favorisent la réflexion et ce sont des versets de la Bible dont il est un lecteur et un traducteur attentif qui lui reviennent autant que les inévitables considérations sur « la conquête de l'inutile » qui permet surtout de se retrouver soi-même, de faire le point sur son existence, loin de la recherche du succès. L'ascension et la descente d'une montagne s'apparentent à un travail de Pénélope qui fait et défait son ouvrage. C'est un acte éminemment solitaire, de confrontation avec la difficulté et l'inconnu qui le renvoie à son travail d'écriture pour l'inspiration et la page blanche devant laquelle il est assis.

Les éléments, leur force, sont le miroir de la fragilité de l'être humain face à une vie dont nous ne sommes que les pauvres usufruitiers. La nature peut à tout moment précipiter l'alpiniste dans l'abîme, se venger de le voir ainsi fouler et violer son territoire. le fait pour l'homme de savoir que son existence est à ce point dérisoire, qu'elle ne tient que du hasard et sûrement du miracle le ramène à une vision plus pragmatique des choses et du rapport aux autres. Dès lors, le respect du prochain, le geste naturel d'entraide et de solidarité, l'attention et l'amour qu'on lui porte prennent une dimension plus humaniste, plus humaine. Les pages sur la complicité, la passion qui unissent Nives et Romero, son époux, sont une véritable énergie pour elle et un rempart contre sa fragilité. Leur attachement commun et quasi amoureux à la montagne est révélatrice de cette démarche à la fois rare et exceptionnelle. Les mots, poétiques et d'une belle résonance minérale, comme sait les faire chanter l'auteur surtout quand il évoque les cimes et des abîmes, donnent ici à ce livre une vraie dimension d'invitation au respect de la nature, création divine qui est notre patrimoine commun, imprescriptible et inaliénable, la préoccupation constante de ne rien laisser derrière soi qui puisse la salir, la polluer.

Ce texte rend hommage à cette femme face à ce milieu très masculin voire machiste de l'alpinisme. J'y vois personnellement une véritable reconnaissance à la fois de la fragilité et de la volonté de marquer son temps, son passage sur terre, sa « trace », simplement en y faisant ce qu'on aime, parce que c'est pour cela qu'on est ici, mais aussi dans le respect de l'autre. J'ai aimé ce livre qui n'est pas un roman mais un long dialogue dont la montagne mais aussi la vie révolutionnaire et engagée de l'auteur, ne sont que le prétexte. Mises à part des anecdotes d'ascension qui me laisse un peu indifférent(je ne suis qu'un homme de la plaine et du littoral), ce fut un bon moment de lecture à cause de la limpidité poétique de son écriture.

L'ai-je déjà dit dans cette chronique, la démarche d'écriture et de création d'Erri de Luca, son parcours personnel altruiste et ouvrier qui sous-tend sa création littéraire exceptionnelle mériterait bien une distinction moins confidentielle que celles obtenues jusqu'ici.

©Hervé GAUTIER – Février 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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un très beau dialogue ,entrepris dans une tente , quelque part dans une montagne entre Eri de Lucca & Nives Meroi ( je vous encourage à regarder qui elle est en regardant sur Wikipedia) ....Au de la du monde de la (tres) haute montagne, il s'agit bien pour l'auteur de continuer à se questionner sur lui même et sur l'homme ( et la femme ) en général...quelques tres belles pages dont la préface qui rend hommage ( mérité ) aux Sherpas....
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Cette conversation entre deux alpinistes m'a fait découvrir un monde très éloigné du mien, celui des alpinistes. Ils parlent de ces aventures hors du commun, que sont d'escalader des sommets de plus de 8 000 mètres, sans bouteille d'oxygène ni outils technologiques de repérage. Ils parlent de vent, de froid, de risque, d'humilité face à la nature, de solidarité, de dépassement de soi-même, de montées, de descentes. Et le fait que cet échange se déroule dans une tente, au sein des montagnes de l'Himalaya, lors d'une nuit d'insomnie, ajoute un effet réaliste saisissant. C'est la première raison pour laquelle j'ai aimé ce livre.

Erri de Luca et Nives Meroi sont parfois en décalage, le premier imprégné de littérature et de poésie, et la seconde les pieds bien sur terre. Alors il y a des moments d'incompréhension, qui sont en fait assez naturel entre deux personnes, mais un peu frustrant. Cela donne deux visions différentes d'appréhender la montagne, la nature, l'alpinisme. Et c'est à la fois la faiblesse et la force de ce livre. Tout comme le fait que c'est une conversation à bâtons rompus : plein de sujets sont abordés, mais de façon décousue et les changements de caps fréquents et totalement aléatoires peuvent être un peu fatiguant.

Malgré quelques faiblesses, je suis enchantée d'avoir lu ce livre, qui m'a transporté dans cet univers extrême des plus hauts sommets de la Terre.
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Sulla traccia de Nives. V.O.
Nives Meroi est une alpiniste,née en 1961,qui s'est lancé un défi passionnant .(Pour elle !) .En compétition avec une Espagnole.
Elle voudrait devenir le première femme à conquérir les quatorze Huit mille du monde.
Nives grimpe avec son mari et un jeune photographe, sans porteur d'altitude et sans utiliser d'oxygène. Leur rapport à la montagne est d'une pureté absolue.
Erri de Luca,lui aussi alpiniste passionné est un ami de Nives et la suit depuis longtemps dans ses entreprises. Jusqu'où il peut.
Sous la tente,pendant une tempête,Erri et Nives parlent. de la montagne,du défi,de la fatigue, de la vie...
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Sur la traces de Nieves, l'écrivain italien Erie de Luca s'est lancé, pour comprendre avec elle cette passion de l'effort, du dépassement, de la montagne. Une passion qui s'incarne sous la forme d'une exigence, d'un appel, souvent intransigeant. Ce sport extrême, l'alpinisme, que le grand Lionel Terray qualifiait de « conquête de l'inutile », est souvent couteux, plus en effort mental et physique que financier, bien que la donne économique entre en jeu., les expéditions en haute montagne sont souvent coûteuses.

Nieves Meroi est une talentueuse alpiniste italienne. Née en 1961, elle est la première femme à avoir vaincu 10 sommets de plus de 8000 mètres, bien que cette compétition entre sportive du même sexe l'amuse sans l'obséder. Avec son compagnon de cordée, Romano Benet, qui est également son compagnon à la vie, elle a affronté des sommets réputés parmi les plus dangereux, comme le K2, dans la chaîne himalayenne.

Parti en montagne avec Erie de Luca, les deux italiens profitent d'une tempête qui les rive dans leur tente pour entamer une discussion.

Qu'est ce qui te pousse si haut, si loin, Nives ? s'interroge l'écrivain. Comment supporte-tu la douleur, la solitude, cet infiniment blanc autour de toi, qui se rapporterait pour l'écrivain à l'angoisse de la page blanche…

Nieves répond simplement, entre deux sommes, bercée par la voix de l'écrivain. Elle compagnonne avec la montagne comme elle compagnonne avec Romano, ou avec leur ami Luca ; sincèrement, discrètement, humblement. Leurs équipées ne comprennent ni sherpas, ces montagnards payés pour supporter les charges des alpinistes et dresser leurs camps, ni bouteilles d'oxygènes, souvent nécessaire au-delà de 7000 mètres.

Erie, lui, aime retrouver de vieux pitons rouillés dans la montagne, la trace du cheminement d'autres grimpeurs avant lui. En tant qu'écrivain, il aime ce qui fait signe, ce qui est communicable et le relie à une pratique culturelle. En tant qu'ancien ouvrier, il a le respect du travail, de l'endurance, et de la camaraderie qui lie par le labeur.

Nieves aime la nature, sa virginité de plus en plus rare, qu'il faut mériter. Elle fuit les marques ou toute trace qui attesterait de son passage. Si les médias sportifs la lance dans une compétition avec les autres femmes alpinistes pour être la première de son sexe a vaincre tous les sommets de plus de 8000 mètres (challenge qui sera remportée par la coréenne Oh Eun Sun), elle répond avec détachement qu'elle n'apprécierait que d'être la première à le faire sans porteurs ni apports d'air artificiel.

Nieves n'est pas une solitaire, pas vraiment. Ses ascensions se comprennent aux côtés de son compagnon Romano, même si les deux alpinistes ne franchissent que très rarement les sommets côte à côte. Nieves chemine sereinement, à son rythme, dans la trace de Romano qui se fond avec les siennes. Ces séparations et ces retrouvailles se font au grès de la montagne, qui devient le pouls, le mécanisme de cette relation. Nieves et Romano semblent exister par la montagne, mais la montagne n'est possible que parce qu'ils sont deux. Il ne reste rien derrière eux qui ne puisse les retenir, tout est devant, et dans leurs pas présents, tant que la neige ne les recouvre pas.

Erie, comme l'enfant qu'il n'est plus, mais qu'il demeure être au pied de l'immensité glacée, s'interroge à nouveau. Peut-on parler d'une communion avec la montagne, d'une dialectique mystique, voire religieuse du mouvement ascensionnel ?

Nieves n'est pas une fervente religieuse, mais elle ressent la foi, l'amour, et la persévérance dans son ascension. Il faut ressentir une certaine foi pour avancer, on peut lui donner le nom qui lui convient pour chacun.

Alors qu'on t'il en commun, l'alpiniste téméraire, qui souhaite se fondre dans ce flanc immaculée de la blanche baleine montagneuse, et l'écrivain amoureux du signe, de la transmission et de l'effort ?

Sur la trace de Nieves, est déjà en soi un titre paradoxal, être dans les traces de celle qui n'en laisse pas…toute la dialectique de l'auteur, sa recherche de la rencontre, dans une parenthèse hors du temps.

Emma Breton

Lire notre article « Femmes au sommet » de Reinhold Messner
Lien : http://www.madamedub.com
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Merci Namatai à Dibuka de m'avoir suggéré cet auteur, Erri de Luca. Sur la Trace de Nives, est plus ou moins une conversation entre De Luca et Nives Meroi, alpiniste Italienne, en escaladant et en descendant des montagnes. Assez original comme idée avec des réflexions, surtout de De Luca, sur les événements qui ont marqué sa vie, surtout pendant les bombardements de l'Otan sur la Yougoslavie. Ce récit m'a fait penser à deux personnes en particulier - mon voisin à Montréal, Jacques Olek, qui va certainement identifier avec Nives, il la connaît, probablement ; ainsi que Sarah Cross, ex-épouse, qui est devenue alpinistes une fois que nos vies ont pris deux chemins différents...j'imagine que les Drakensberg ont joué un rôle.
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