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EAN : 9782070119844
434 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.72/5   357 notes
Résumé :
«C'est un homme sans vertu, sans conscience. Un libertin, un impie. Il se moque de tout, n'a que faire des conventions, rit de la morale. Ses mœurs sont, dit-on, tout à fait inconvenantes, ses habitudes frivoles, ses inclinations pour les plaisirs n'ont pas de limites. Il convoite les deux sexes. On ne compte plus les mariages détruits par sa faute, pour le simple jeu de la séduction, l'excitation de la victoire. Il est impudique et grivois, vagabond et paillard. Sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (71) Voir plus Ajouter une critique
3,72

sur 357 notes
J'ai été très intéressée par la construction de ce roman. D'abord il me semble que si, en effet, on a un peu de mal de temps en temps à réprimer une nausée à la lecture, c'est que tout est vu par le personnage principal, ce Gaspard, élevé dans la boue parmi les porcs, et que peut-être, dans la description initiale de Paris, il ne voit que cela.. Après, il y a une ou deux éclaircies, quand il change de vêtements, mais justement, ce Gaspard est tellement " cérébral" qu'il s'aperçoit vite que l'habit ne fait pas le moine et que la boue est partout..

La construction, oui, autour de la Seine, le Fleuve:
"S'il était parvenu à flotter au-dessus du Fleuve, songeait Gaspard, il aurait perçu dans ces éclats, le reflet de son véritable visage."

Le Fleuve, il croit qu'en quittant Quimper, il va pouvoir le dominer. .Que les ponts de Paris qui l'enjambent et permettent de passer d'une rive à l'autre suffiront à oublier. Mais les flots de boue qui charrient des cadavres s'écoulent complètement indifférents et Gaspard ne leur échappera pas deux fois. Tout part de la Seine et revient à la Seine. Toute son histoire. Sans la Seine, il ne serait pas à Paris. Et c'est sur un pont qu'il se renie une dernière fois.
En fait, le pire a été fait dès le départ, après c'est un enchaînement logique et classique, il croit être le maître de son destin alors que tout est déjà joué.

"Il fondait sur les hommes l'espoir d'être un jour parvenu, car c'était à ce jeu là que s'échinait la race: monter, gravir, écraser, abattre, déposséder, s'emparer , régner… Les hommes ne sont que les barreaux de l'échelle, il faut y poser le pied pour s'élever, se dit Gaspard. Il fut fier de sa métaphore."

Alors barreau après l'autre, il va grimper. Ignorant qu'en fait, il est manipulé par deux choses, son histoire d'abord:
"Mon drame est de n'avoir pas de ma vie une vision entière qui me la ferait comprendre ."
Et l'amour, car c'est effectivement une grande histoire d'amour , "il n'y a qu'un seul être dans lequel il pourrait s'abîmer, disparaître, déposer son âme dans l'espoir d'un jugement, d'une condamnation."

Sauf qu'il n'y a pas de condamnation à attendre d'un autre que lui-même, qu'on tombe des échelles et qu'on ne construit pas ," à l'image du siècle , un libertin, affranchi de toute morale," à partir de n'importe qui.
Et aussi qu'il arrive aux marionnettes d'échapper au fabricant.

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Époustouflant. Avant de commencer à lire ce livre, je m'attendais à me retrouver dans l'ambiance d'un roman libertin à la Crébillon fils : dans un milieu aristocratique idéalisé, galant et débauché, mais cette attente a été détrompée dès la première ligne : « Paris, nombril crasseux et puant de France. » C'est dans l'univers du Parfum de Süskind que del Amo m'a plongée, happée même. En effet, le roman s'ouvre sur une description, en très grande partie olfactive, du Paris puant et dégoutant du siècle des Lumières. Si beaucoup l'ont jugée trop étendue et répétitive, au détriment de l'intrigue, ça n'a pas été mon cas : adepte des lenteurs romanesques et des démonstrations stylistiques, j'ai beaucoup apprécié celles-ci. L'auteur manie la langue française avec virtuosité pour présenter à l'imagination de son lecteur un portrait précis de ses personnages, ainsi que de la ville et de son fleuve qui exerce une si grande influence sur le protagoniste principal, Gaspard. Ce jeune homme, fraîchement arrivé dans la capitale française et avide d'en atteindre les hautes sphères, devra tout d'abord en traverser tous les bas-fonds, y perdre ses illusions et suivre une cruelle éducation pour finalement devenir un homme de ce siècle, un libertin. Cette ascension est narrée sans concession, ni idéalisation, de manière très crue par del Amo : pour cette raison, je déconseille ce roman aux âmes sensibles. le bonheur et l'amour n'ont pas de place dans cet univers cruel et cynique mis en scène dans ce roman, et l'horreur ne se trouve pas toujours là où on l'attend.

Un très grand roman selon moi.
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On ne pourra pas reprocher à Jean-Baptiste del Amo son manque d'ambition, car une éducation libertine n'en manque aucunement.
Et pourtant c'est avec un sentiment mitigé que j'ai refermé son roman.1760. le jeune Gaspard quitte sa Bretagne natale pour débarquer à Paris bien décidé à y réussir. le jeune homme est ambitieux, mais plutôt rustre, sans moralité et surtout guère attachant. Il fréquente les quartiers mals famés et les lieux de débauches pour assouvir son appétit sexuel, tout en gardant à l'esprit l'avantage qu'il peut obtenir de ces aventures. La description du Paris du XVIII ème siècle est l'un des points forts du roman, ville tentaculaire, avec sa zone portiaire ou la vie sur la Seine est remarquablement décrite.
Alors que les principaux personnages sont plutôt réussis, mon problème vient du fameux Gaspard terriblement antipathique, de plus del Amo semble prendre plaisir à mettre son lecteur mal à l'aise, notamment dans la présentation des corps souvent laids ou dans les actes sexuels plutôt sordides.
Le roman souffre aussi d'une baisse de rythme qui m'a empêché de l'apprécier pleinement.
Mais, j'avoue que ce premier opus de del Amo malgré ces quelques réticences, ne vous laisse au final pas indifférent. Et je m'attelerai certainement à son second roman "Le sel".

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En 1760, Gaspard quitte son Quimper natal pour rejoindre la capitale. Ses hautes ambitions sont rapidement douchées par la vie à Paris : ville puante, hygiène inexistante, peaux couvertes de croûtes et d'irritations en tout genre. Gaspard a quitté une porcherie, mais se retrouve dans l'eau putride de la Seine, à charrier des troncs d'arbre, en évitant cadavres, déchets en tout genre et sangsues.

La chance semble enfin lui sourire quand il rencontre Billod, un perruquier qui le prend comme apprenti. Chez ce dernier, Gaspard croise le chemin du comte de V., un libertin sans morale, qui traîne toujours derrière lui une odeur de scandale. Fasciné par ce personnage, il se mettra à la disposition du comte, qui entreprend son éducation, partagée entre les bordels et les salons de la noblesse de Paris.

Ce roman provoque des sentiments contradictoires : il est très bien écrit, mais il fait faire la grimace plus d'une fois. L'auteur ne rate jamais une occasion de décrire une plaie purulente, une odeur de cadavre en décomposition, ou une étreinte sordide dans une chambre crasseuse. L'éducation de Gaspard est cruelle, et le jeune homme s'enfonce toujours plus loin dans l'abjection. Une réussite sur le plan littéraire, mais qui risque fort de maltraiter les estomacs un peu délicats.
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Une ambiance à la Zola dans la crudité des scènes et de sa description sans fard de la violence sociale, l'auteur revisite la trame classique de l'arrivisme au 18ème siècle, mais son originalité est l'angle choisi de l'homosexualité, sujet rarement évoqué dans les récits libertins traditionnels –« Les liaisons dangereuses' pour ne citer que le plus emblématique - puisqu'un des personnages semble être un hommage déguisé au grand Valmont.
Une certaine complaisance pour les corps « hors normes » ; on est loin de la bibliothèque rose !
Cela m'a rappelé l'ambiance olfactive du Parfum, mais surtout plus récemment de « L'été des Charognes » de Johannin.
C'est une écriture sensorielle et belle, le style est envoûtant.
Et c'est ça la grande force de l'auteur, que l'on retrouvera d'ailleurs dans « Pornographia ».

Même si le sujet ne nous intéresse pas outre mesure, même si les sensations conviées dès l'entame fulgurante du texte nous dégoûtent, l'hypnose opère, et on est happé par le fleuve de la narration.
Quelle prouesse de del Amo dans ce premier roman !
L'ambiance est très « Barry Lindon », le panache en moins, car notre héros se prostitue au sens propre et fait chanter, lui, ses compagnons pour gravir les échelons.
Est-il aussi amoral que le prétend la 4ème de couverture – et c'est là toute la beauté et la fragilité du personnage – par amour, il va se perdre.
En ne se croyant jamais assez à la hauteur de son rêve et de son modèle. le transfuge de classe n'est qu'une illusion qu'il s'est donné pour ne pas avoir à assumer qui il est réellement, sa sexualité est la bête cachée en lui qui finira par lui ouvrir le monde qu'il convoite, mais dont il n'obtiendra pas la paix, faute de l'avoir libérée.
Et pendant ce temps-là, coule la Seine comme la métaphore vivante de ses illusions perdues.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
La pédérastie était considérée comme une perversion, un vice auquel les hommes se livraient dans l'anonymat, craignant d'être jetés au cachot. Les clients payaient aussi l'assurance de pouvoir s'adonner à leurs penchants en toute sécurité, sans risquer d'être surpris par les rondes du guet, culotte sur les guêtres, dans l'ombre humide d'une rue. Il y avait dans leurs gestes et dès lors qu'ils s'enfermaient avec Gaspard – ou, par extension, tout autre garçon – cet affolement que la fermeté de leurs regards ne parvenait pas à masquer, la certitude qu'eux-mêmes avaient acquise de commettre un acte condamné, attisant en eux une culpabilité dévorante. Leur inclinaison avait sans doute ardemment lutté contre l'idée de cette bienséance avant que, s'avouant vaincus et ne sachant comment apaiser ce feu, ils ne cèdent à l'appel impérieux et ne prennent le chemin des bordels. Certains en concevaient un dégoût personnel, puis le déportaient sur l'objet de leur désir. Gaspard apprit à deviner ces clients dont l'œil brillait de rancœur, comme s'il eût été coupable, lui, Gaspard, de ce sentiment. Ce mépris pour cette partie difficilement contenue de leur identité, ils le reportaient sur Gaspard, car il était plus simple d'accuser le giton que de se désigner, eux, comme responsables.
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C'est un homme sans vertu, sans conscience. Un libertin, un impie. Il se moque de tout, n'a que faire des conventions, rit de la morale. Ses mœurs sont, dit-on, tout à fait inconvenantes, ses habitudes frivoles, ses inclinations pour les plaisirs n'ont pas de limites. Il convoite les deux sexes. On ne compte plus les mariages détruits par sa faute, pour le simple jeu de la séduction, l'excitation de la victoire. Il est impudique et grivois, vagabond et paillard. Sa réputation le précède. Les mères mettent en garde leurs filles, de peur qu'il ne les dévoie. Il est arrivé, on le soupçonne, que des dames se tuent pour lui. Après les avoir menées aux extases de l'amour, il les méprise soudain car seule la volupté l'attise. On chuchote qu'il aurait perverti des religieuses et précipité bien d'autres dames dans les ordres. Il détournerait les hommes de leurs épouses, même ceux qui jurent de n'être pas sensibles à ces plaisirs-là. Oh, je vous le dis, il faut s'en méfier comme du vice.»
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Quimper, souvenir auréolé de blanc. Un blanc insondable, abstrait. Quimper, éloignée par une éternité, curieusement gommée de son esprit. Il était étrange de penser que quelques semaines de voyage l’avaient mené ici. Ces étapes s’étaient estompées. Il avait conscience du périple mais une conscience éthérée, déjà voilée. De cette errance, ne restait qu’une succession d’images, de tableaux, incertains. Au-delà, soit dix-neuf ans durant, son existence appartenait à une autre réalité. La vie d’un homme qu’il avait sans doute été, mais sans relation avec l’instant présent.
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Tant d'autres défilaient à l'atelier et Gaspard les découvrit peu à peu. Chacun portait jusque-là ses histoires, ses non-dits, des secrets bien gardés que l'on s'empressait de répéter après s'être fait désirer un peu. Billod se régalait de la confidence, jurait à longueur de temps de ne rien dire mais cédait au moindre assaut d'une cliente, puis faisait promettre le silence, ce qu'elle jurait à son tour avant de s'offusquer que l'on pût douter de sa parole. Ils apprenaient ensuite que l'un et l'autre n'avaient pas tenu promesse, se grondaient gentiment, souvent ne disaient rien.
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Les passeurs plantaient leurs barques entre les bateaux. Ils embarquaient la foule des travailleurs de l'autre rive, s'engueulaient, frappaient l'eau à grand coup de pagaie, filaient au travers du Fleuve, évitaient l'inévitable : la collision, l'accident, le naufrage. Il n'était pas rare qu'un homme tombât à l'eau, fût entraîné par le courant ou les profondeurs du Fleuve. On usait alors de perche en bois. Mais la longueur et le poids de l'instrument en rendaient le maniement périlleux, et il arrivait qu'à défaut de sauver le misérable, la perche le transperçât ou l'assommât, achevant ainsi d'en faire un noyé.
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