Une ambiance à la
Zola dans la crudité des scènes et de sa description sans fard de la violence sociale, l'auteur revisite la trame classique de l'arrivisme au 18ème siècle, mais son originalité est l'angle choisi de l'homosexualité, sujet rarement évoqué dans les récits libertins traditionnels –« Les liaisons dangereuses' pour ne citer que le plus emblématique - puisqu'un des personnages semble être un hommage déguisé au grand Valmont.
Une certaine complaisance pour les corps « hors normes » ; on est loin de la bibliothèque rose !
Cela m'a rappelé l'ambiance olfactive du Parfum, mais surtout plus récemment de « L'été des Charognes » de Johannin.
C'est une écriture sensorielle et belle, le style est envoûtant.
Et c'est ça la grande force de l'auteur, que l'on retrouvera d'ailleurs dans «
Pornographia ».
Même si le sujet ne nous intéresse pas outre mesure, même si les sensations conviées dès l'entame fulgurante du texte nous dégoûtent, l'hypnose opère, et on est happé par le fleuve de la narration.
Quelle prouesse de del Amo dans ce premier roman !
L'ambiance est très « Barry Lindon », le panache en moins, car notre héros se prostitue au sens propre et fait chanter, lui, ses compagnons pour gravir les échelons.
Est-il aussi amoral que le prétend la 4ème de couverture – et c'est là toute la beauté et la fragilité du personnage – par amour, il va se perdre.
En ne se croyant jamais assez à la hauteur de son rêve et de son modèle. le transfuge de classe n'est qu'une illusion qu'il s'est donné pour ne pas avoir à assumer qui il est réellement, sa sexualité est la bête cachée en lui qui finira par lui ouvrir le monde qu'il convoite, mais dont il n'obtiendra pas la paix, faute de l'avoir libérée.
Et pendant ce temps-là, coule la Seine comme la métaphore vivante de ses illusions perdues.