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sur 943 notes
Dans l'édition Flammarion, ces 100 pages de 1637 sont présentées en six parties. D'abord, René Descartes précise que cette méthode est à son usage pour conduire sa raison, à partir des mathématiques, pour augmenter les connaissances. Il dit qu'il faut arrêter d'être brouillon et propose une méthode basée sur quatre principes pour aller avec sûreté vers la vérité, en déracinant de l'esprit les mauvaises opinions reçues ( Je ne sais pourquoi, d'un coup, je pense à "Orgueil et Préjugés" ? ). Puis Descartes expose quatre maximes pour aussi, aller vers la connaissance. Il "prouve" l'existence de Dieu et annonce le "cogito". Puis il définit la Nature, l'homme et l'âme. Enfin, il parle "d'avancer masqué" depuis que Galilée, en 1633, a été condamné par l'Eglise.
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Malgré sa volonté de clarté, ce livre est confus, et ce n'est pas uniquement de la faute de René, qui mêle principes et maximes, mais aussi de l'éditeur qui ajoute une présentation contemporaine, et fait suivre "le Discours" de différents extraits de textes et lettres non datés.
Un autre inconvénient nuit à la lecture du texte, c'est que René avance masqué, parfois à demi-mot, parfois dans un style très alambiqué. Ceci est dû à sa peur de la religion catholique, qui voit que depuis Copernic et Galilée, la science émerge et essaye de lui piquer son prestige et sa vérité auprès du roi. le "Siècle des Lumières" sera pire !
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Pour ce qui est de la métaphysique, Dieu et les âmes, René "prouve" l'existence de Dieu. Malgré sa méthode, il ne prouve rien du tout, il explique à la rigueur. Il est confus sur l'âme, ce qui est encore un problème à l'heure actuelle. Il assimile l'âme à la pensée et est persuadé, contrairement à Montaigne, que les animaux ne pensent pas.
Sur le "cogito", il reprend le "je pense donc je suis" de Pereira, et là, c'est la brasse coulée.
Pas étonnant qu'il avançait masqué aussi pour éviter les "disputatio" des scolastiques que présente Blaise Pascal dans "Les Provinciales". Leur activité, dit-il " n'est qu'une perte de temps, et j'ai tellement de choses à découvrir dans une si brève existence !"

Tout n'est pas mauvais, loin de là, et Descartes est un grand découvreur, surtout en mathématiques, en géométrie analytique. On peut aussi dire qu'il a modernisé la philosophie, délaissée depuis l'Antiquité. Spinoza, qui a "tué son père " Descartes, s'y prendra d'une façon encore plus mathématique et plus incompréhensible.
Descartes voulait créer une science universelle basée sur les mathématiques, science incorporant même la philosophie. A cette époque où un savant pouvait embrasser toutes les connaissances, c'était possible, mais certaines d'entre elles étaient encore balbutiantes, comme la physiologie : René pensait dur comme fer que le coeur chauffait le sang pour le faire circuler jusqu'au cerveau où une partie de ce liquide rouge se transformait en "esprits animaux", ceux-ci allant activer les muscles.
Je pense qu'il aurait aimé connaître les neurosciences. : )
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Il faudrait, pour comprendre Descartes, et toute la philosophie, en finir avec l'idée de systèmes, comme des grandes façons de voir le monde. Il faudrait en finir avec l'usage du terme "cartésianisme" donc pour bien vouloir lire Descartes avec des yeux épurés de préjugés scolaires. Et donc ne pas dire ce qu'on peut lire souvent dans les commentaires ou les critiques. En somme, cesser de croire qu'on sait, cette arrogance de la vulgarisation et du commentaire. Bien malin serait celui qui prétendrait en quelques lignes résumer un des textes les plus importants publiés, la pensée d'un des plus grands penseurs...
Comme tout le monde peut le voir, il s'agit d'un "discours de la méthode" et non d'un traité. Descartes ne prétend pas établir sur le papier une vérité, mais bien expliquer son chemin, sa méthode, car il l'a lui-même expérimenté, comme tout bon et vrai philosophe.
Quelle méthode ? Dans quel but ? Bien le comprendre nécessite d'oeuvrer en philosophie, de chercher et de lire et méditer beaucoup, de vivre aussi des expériences propres.
Et par "liberté", il faut être prudent dans les explications. Descartes s'est peut-être simplement efforcé de se débarrasser des idées "pourries" du dehors (voir la métaphore du panier de pommes) par le doute d'une pensée redevenue libre.
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Cet ouvrage a sans doute connu le même sort que la Muqaddima ou Prolégomènes d'Ibn Khaldoun. Partis pour être de simples préfaces pour d'autres ouvrages (La Dioptrique, les Météores, La Géométrie pour Descartes et le livre des exemples pour Ibn Khaldoun), ils sont devenus les ouvrages les plus célèbres de leurs auteurs et ont acquis une autonomie à part pour susciter l'intérêt, séparément des autres ouvrages.

S'il est une chose qu'il faut retenir de cet ouvrage c'est bien la soif du savoir, la curiosité de découvrir et le bonheur de connaitre et de se connaitre, mais tout cela avec méthode. Puisque "le bon sens est la chose du monde la mieux partagée", il faut savoir comment l'utiliser. Descartes nous présente sa méthode qu'il a suivie lui-même et qui se base sur quatre règles celles de l'évidence, de l'analyse, de la synthèse et des dénombrements.

Par ailleurs, je crois que cette lecture peut être accompagnée par d'autres aussi intéressantes des Essais de Montaigne et des Pensées de Pascal.
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Une fois de plus, le système scolaire français aura fait bien du mal à des générations de jeunes esprits en mettant à leur portée une philosophie caricaturée. Parce que préparant un bac scientifique, donc formaté à l'application des principes d'expérimentation et de démonstration mathématique, forcément, je devais étudier Descartes, tandis que les petits camarades trop brouillons pour mériter l'accès à l'excellence devaient se contenter des lubies fumeuses de Sartre ou du docteur Freud.
Deux choses m'ont sans doute sauvé, après cette aride première rencontre de la philosophie : d'une part, je lisais, chacun à deux extrémités du "système" cartésien, Pascal et Montaigne en parallèle la maison, comme j'ai lu Platon en meme temps qu'Aristote, et Camus en même temps que Sartre... pour un jeune esprit surtout, il est bon de confronter, d'opposer les maîtres à penser, afin qu'un esprit souple se forge peu à peu sa propre voie. D'autre part, je me révélai vite incapable de suivre la voie scientifique, comme celle, quelques années auparavant, du catéchisme, sans ces questionnements perpétuels, qui m'amènent aujourd'hui à passer plus de temps à butiner sur babelio plutôt qu'à devenir une bête de concours.

Quel rapport entre ce témoignage personnel et le Discours de la Méthode de Descartes ? Simplement ce grave quiproquo initial sur le cartésianisme, assimilé, sous l'influence du positivisme du XIXème siècle , à un rationalisme absolu, ce qu'il n'est pas.

On ne peut s'en tenir, comme le propose l'édition en Livre de Poche dont je dispose, à balancer les 90 pages du Discours avec la brillante et longue préface de Jean François Revel intitulée "Descartes inutile et incertain". Ce dernier, adepte d'un rationalisme critique rejetant tout système global d'interprétation philosophique ne pouvait qu'approuver la pratique du doute et le recours à l'expérience de la méthode de Descartes, bien qu'elles ne soient finalement qu'une application des principes scientifiques nés durant la révolution copernicienne et galiléenne de son temps. Il ne pouvait manquer pour autant de critiquer vertement -comme tant d'autres modernes- l'erreur fondamentale de Descartes qui, prétendant faire table rase de toutes les réflexions du passé, établit un lien "naturel" entre sa pensée métaphysique et sa doctrine rationaliste sur la seule évidence de sa perception personnelle, de sa foi pourrait-on dire. Nul, mieux que Kant, il me semble, n'a su aussi bien démontrer depuis la vanité de cette démarche, même si on peut alors regretter avec Jean François Revel, que du coup certains penseurs aient depuis développé une philosophie comme système d'interprétation à part entière trop déconnecté de l'observation scientifique du réel. Heureusement, la connaissance scientifique a évolué depuis, et commence à intégrer dans son propre système de valeurs la morale et l'éthique, certaines pratiques hétérodoxes issues de religions millénaires, la sensibilité
animale, la relativité des choses et de la toute-puissance de l'homme...

Oui, décidément il est bon de lire le Discours de la Méthode, mais pour s'en détacher aussitôt. Ce qu'on peut en conserver en termes de regard critique est bien plus grand et ouvert chez Montaigne ; la rigueur du raisonnement est bien plus grande chez Kant. Et un peu d'humilité portera chacun, littéraire ou scientifique non totalement sclérosé par l'enfermement du spécialisme contemporain et par un système scolaire réduisant la culture générale à un cadavre décharné, à poursuivre la quête infinie de question en question, sur la voie du progrès personnel et collectif, plutôt que de s'en tenir à la réponse en quatre mots du "cogito ergo sum".

Je partage cependant certains avis positifs sur l'intérêt des principes de raisonnement et de conduite personnel qu'il pose, assez simplistes, mais efficaces.
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Descartes voulait une philosophie nouvelle, plus juste, qui permette de distinguer le vrai du faux, une philosophie dont on puisse être sûr qu'elle soit aussi vrai que les mathématiques.
Pour ce faire, il va appliquer une méthode qu'on peut résumer brièvement à douter de tout et partir de zéro, sans préjugés ni idées préconçues, afin d'assurer des bases solides sur lesquelles bâtir sa doctrine. de là, il compte déterminer une première vérité basique, puis l'utiliser pour en déterminer une autre, puis une autre, partant de choses simples et progressant vers des plus complexes.

Oui mais, déjà le bât blesse.
Il insiste sur le fait de douter de tout ce qui n'apparait pas comme "clairement et distinctement indubitable" et qui peut inspirer un doute aussi infime soit-il. Or, il accepte dans le même temps la religion et sa théologie comme étant vrais car étant l'une des premières choses qu'il ait apprise depuis tout jeune. Voilà déjà une curieuse manière d'exercer le doute, non ? Il va douter des conventions sociales et morales, mais un dieu créateur et tout ce qui s'ensuit ne lui met pas la puce à l'oreille...
Ce premier problème souligne celui de la définition de "clairement et distinctement indubitable". Descartes prétend que tout le monde peut voir distinctement et que la seule difficulté serait de bien différentier ce qui est distinct à nos yeux de ce qui ne l'est pas. Or, même lui se fait piéger dans sa propre logique et ne voit pas ses erreurs. Il n'a pas su définir ce qui est "distinct" pour lui même, ce qui l'amène à considérer des bases fausses comme étant justes.
À partir de là, tout son raisonnement est erroné.
Par exemple, il va déduire son idée la plus célèbre : "Je pense, donc je suis". Une bonne base, à priori. Sauf que de là, il va déduire que si on peut penser à soi-même comme déconnecté du temps et de l'espace, s'imaginer en dehors de tout lieu et date, c'est donc que l'âme existe indépendamment du corps et de toute contrainte physique ou temporelle.

Pardon, c'est ça la méthode rigoureuse et scientifique ?! D'où sort-il le concept d'âme ? Il passe son temps à se plaindre des paralogismes des autres, puis nous sort un A–>B, A–>C donc B–>C (avec A=Je pense , B=Je suis, C=En dehors de l'espace et du temps ; avec un glissement dans la signification de "Je suis" pour impliquer l'existence l'âme et non plus l'existence tout court). Par la même logique on pourrait dire : Socrate est un homme, Socrate est grec, donc les hommes sont grecs. Non-sens.
Après ça, il enchaine sur le fait que la réalité existe en dehors de nous, mais en affirmant que si la réalité n'était que le fruit de notre imagination on serait parfait, infini, tout puissant, éternel, comme un dieu dans notre propre univers. Et comme nous somme imparfaits et pas tout puissant, notre environnement existe donc extérieurement à nous...
Personnellement, je suis rarement tout puissant dans mes rêves, qui sont pourtant 100% dans mon imagination.

Tout naturellement, il nous informe ensuite que nous pouvons donc définir la nature de dieu par élimination, car lui n'a pas de défaut. Donc si on peut imaginer des défauts en nous même, ce sont des défauts que dieu n'a pas. Il ne possède donc donc pas de défaut imaginable mais possède tout le reste, c'est à dire les qualités.
Je n'ai pas pu continuer plus loin. J'avais hâte de lire le plus célèbre des philosophes français. Mais il n'est pas philosophe, il est théologien.

Si c'est pour se frapper des conjectures douteuses, basées sur une méthode pseudo-scientifique... je ne comprend plus. Pourquoi continue-t-on de tenir ce théologien en si haute estime – au point qu'en France, aujourd'hui, on dit "cartésien" quand on veut dire rationnel ou pragmatique ? L'excuse habituelle ("c'était un grand pas en avant pour l'époque") me rend perplexe car Thomas Hobbes, un philosophe déterministe et rationnel, est connu pour avoir correspondu avec Descartes et il lui avoir fait remarquer ses fautes de raisonnement.
Je peux comprendre l'importance historique de Descartes ; sa tentative d'ajouter une méthode de raisonnement strictement logique à une discipline aussi décousue est louable ; mais pour ce qui est de ce texte là, un lecteur du 21ème siècle, comme du 17ème, n'y trouvera rien d'autre qu'une métaphysique psychédélique et bondieusarde.
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Suis-je cartésien? Oui et non, sans doute, comme souvent. La méthode séduit : n'admettre comme base de pensée que ce dont on est absolument sûr, que ce qui est prouvé sans être la conséquence de quoi que ce soit d'autre. Bien sûr, le risque, c'est le scepticisme, parce que rien, peut-être, n'est absolument sûr. Descartes a une certitude : "Je pense". Il en déduit l'être : "Je suis". Pourquoi ce primat de l'âme sur le corps ? Pourquoi pas "je sens, donc je suis" ? Si je sens, c'est que je pense que je sens. Tout, selon Descartes, doit passer par la raison pour que je puisse affirmer que cela est. Cette confiance absolue dans la raison ne me convainc pas. Il me semble (et ce "sembler" est déjà non cartésien) que la raison n'est qu'une dimension, qu'un aspect de notre pensée et de notre être, que l'imbrication du corps et de l'esprit, reconnue par Descartes, ne hiérarchise pas grand chose. La méthode de Descartes, si elle semble (toujours "sembler"...) marcher dans les sciences pures, et est en cela une révolution de notre rapport au monde, ne donne, en philosophie, rien de si solide qu'on ne puisse le remettre en question. Sa preuve de l'existence de Dieu nie la capacité d'invention de l'esprit humain, et je ne sais toujours pas si Dieu est. Je passe peut-être à côté de cette philosophie et, à tout bien réfléchir, je ne suis sans doute pas cartésien.
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Que rajouter qui n'ait déjà été dit sur ce qui est peut-être le plus célèbre des "discours" ? Pas grand chose à mon avis, aussi, je me contenterai de vous résumer brièvement l'objet ainsi que la raison d'être du livre.


D'abord, la préface le précise, il s'agit d'aborder l'ouvrage non pas en tant qu'exposition d'une philosophie, mais en tant que la préparation de celle-ci. En effet, Descartes se voit contraint, en apprenant la condamnation de Galilée pour ses idées bien trop vraies pour l'époque, d'opérer des coupes conséquentes sur ce que que devait être l'ouvrage à la base. Sa physique se basant sur les récentes découvertes de Galilée - l'héliocentrisme et le mouvement de la terre -, il ne peut se permettre de corroborer ces thèses et risquer lui aussi la condamnation. Il s'arrange donc pour se contenter de labourer la terre sans vraiment planter quoi que ce soit, ses graines étant dépendantes d'idées qu'il n'a pas le droit de soutenir.
Il va simplement nous exposer sa méthode philosophique, qui doit selon lui permettre à quiconque l'emploie d'augmenter progressivement sa connaissance, par degré dit-il. Alors cette méthode, brièvement, quelle est-elle ?
On peut dire qu'il fait de la philosophie une science, non pas en tant qu'il crée des concepts à l'aide de formules scientifiques, mais en ce sens qu'il cherche une vérité, de laquelle découlera des vérités, sa méthode est scientifique, mais il l'applique à la philosophie. Il ne veut pas de "peut-être" et en a assez des philosophies qui ne se basent que sur des éventualités, il voit le stoïcisme comme un superbe palais bâti avec du sable et de la boue. Cette première vérité sera le cogito.
Cogito ergo sum, je pense donc je suis, l'action de douter nécessite que je pense, mais si je pense, il faut que je sois, que je sois une substance pensante. Voilà la première brique de l'immense bâtisse que Descartes érigera.
Au vu des évènements européens, Descartes se contente donc du minimum, pour autant, ce n'est pas un mal, puisque cela lui permet de préparer l'assimilation de sa philosophie. Si sa pensée était une oeuvre, le Discours de la méthode en serait sans doute l'introduction.


Un ouvrage très intéressant donc, puisqu'il est la base philosophique d'un penseur qui aura profondément influencé toute la pensée européenne puis mondiale, le cogito est un universel auquel tous se sont confronté d'une manière ou d'une autre. Un ouvrage accessible, bien que son XVIIème siècle nous impose un style vieillot, des tournures de phrases alambiquées, bien que parfois très jolies.
A lire en tant qu'il est une des bases de la philosophie moderne, mais très insuffisant pour qui veut se réclamer d'une connaissance acceptable de la pensée cartésienne.
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Il y a peut-être trente-cinq années qu'on m'a présenté le Discours au lycée. D'aujourd'hui, il me reste peu de souvenirs. Avant ma lecture récente, je me rappelais seulement deux choses ; l'expression « Je pense, donc je suis » et le fait que l'auteur a travaillé vingt ans en République des sept Provinces-Unies des Pays-Bas. Ah oui, c'était ici, aux Pays-Bas, où René Descartes a écrit et a publié ses livres les plus importants, parmi lesquels le « Discours de la méthode » !

J'ai mis le Discours sur ma liste à lire d'urgence après avoir terminé le volume sur le XVIIe siècle de l'anthologie de Lagarde & Michard. (Cette liste contient aussi des pièces de théâtre de Corneille, de Molière et de Racine). Ensuite, j'ai trouvé à la bibliothèque une édition du Discours du « libraire philosophique J. Vrin » avec des commentaires par Étienne Gilson. Puis, j'ai ajourné le début de la lecture plusieurs fois, car j'avais peur que le texte soit difficile à lire, qu'il s'avère un peu vieux jeu et un peu ennuyeux.

Après avoir commencé finalement à la lecture, j'ai découvert que le Discours est une oeuvre philosophique d'une fraîcheur inattendue. En effet, le livre s'avère plus intéressant que je ne m'y attendais. C'est aussi un livre plutôt mince que j'ai terminé facilement en une soirée. Je le trouve facile à lire et tous les exposés sont plutôt clairs. le livre consiste en six parties dont j'ai aimé surtout lesquelles sur les règles de la méthode et de la morale et sur les fondements de la métaphysique. Les commentaires et les notes m'ont beaucoup aidé à mieux comprendre toutes les références dans le texte et le contexte historique de l'oeuvre.

J'ai passé une très bonne soirée !
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Le Discours de la méthode est un texte philosophique de référence qui me rappelle les années du lycée et la forte impression que m'a fait l'intelligence d'un penseur comme René Descartes. On peut ne pas être d'accord avec tout ce qu'il dit ou ne pas tout comprendre mais ses démonstrations sont impressionnantes. D'ailleurs, il commence par évoquer le bon sens, identique pour tous, comme la raison.
N'oublions pas que l'on est en 1637 et que le philosophe choisit d'écrire en français et non en latin, car il veut toucher un large public notamment les femmes qui n'ont pas accès aux études en latin.

Ce livre est composé de plusieurs chapitres ou discours, construit comme une sorte d'autobiographie intellectuelle. S'il loue clairement les vertus de la raison, on découvre que pour le philosophe, seules les mathématiques ont grâce à ses yeux avec ses démonstrations rigoureuses, claires et nettes. Cela devient un critère inséparable de celui de vérité.
Il propose donc une méthode universelle fondée sur les mathématiques comme l'indique explicitement le titre complet : Discours de la méthode pour bien conduire sa raison, et chercher la vérité dans les sciences.
C'est dans le deuxième discours que les quatre règles sont énoncées pour atteindre la vérité.
La première règle est celle de l'Evidence car la vérité se voit et doit se dévoiler sous la forme d'une intuition claire et distincte (prendre garde à éviter les préjugés et la précipitation dit Descartes).
L'évidence doit être complété par l'Analyse. Il s'agit de simplifier les données d'un problème complexe en les découpant en éléments les plus simples possibles afin de pouvoir les examiner.
La troisième règle est la Synthèse qui consiste à mettre de l'ordre dans nos pensées en classant les problèmes par ordre de complexité.
Enfin, l'Exhaustivité revient à faire des dénombrements, à passer tous les éléments en revue pour s'assurer que l'on n'oublie rien (on retrouve l'idée qu'il faut éviter la précipitation).

Descartes développe d'autres idées dans ce livre qui est à la fois dense et concis et dans lequel on trouve la célèbre formule Je pense donc je suis. Si je suis admirative de ses propos je ne partage pas certains points de vue, notamment quand il dit qu'on est à même de douter de tout sauf de dieu ou que l'on ne peut pas changer l'ordre du monde mais que l'on peut se changer. Par contre, je suis en accord avec l'idée que si la philosophie et la recherche de la vérité peuvent aider à être plus heureux, il ne faut pas oublier la médecine pour sauver des vies humaines.
Même si l'auteur a souhaité vulgariser son texte, je pense que la lecture du Discours de la méthode est parfois ardue mais que cela en vaut la peine. On parle d'esprit cartésien et on comprend pourquoi.


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A l'origine, Descartes devait écrire un tout autre livre, ce texte devait d'ailleurs en être que l'introduction, il se ravisa donc lorsqu'il apprit la condamnation de Galilée par l'Eglise romaine.

Cet essai marque un tournant important dans l'histoire de la philosophie parce qu'il s'écarte littéralement de la tradition scolastique alors en vigueur jusqu'ici. Descartes explique sa méthode particulière pour philosopher et chercher la vérité en s'inspirant de la logique mathématique sur un mode empirique, ce qui passe par le doute, le "Cogito".

Il met en exergue pour cela quelques conseils qui sont :
-- Ne jamais recevoir aucune chose pour vraie, éviter la précipitation.
-- Diviser chacune des difficultés à examiner en autant de parcelles afin de mieux les résoudre.
-- Conduire par ordre ses pensées en commençant par les choses les plus simples et monter peu à peu dans la difficulté.

Dans la partie suivante, il met en place trois maximes qui sont le seuil de départ sur lequel s'appuyer comme évidence :
-- Obéir aux lois et aux coutumes de son pays.
-- Etre le plus ferme et le plus résolu en ses actions.
-- Ne croire en rien d'autre qu'à ses pensées.

Tout cela est certes intéressant, mais Descartes commet quelques bourdes symptomatiques de son époque. il pense que l'homme est l'épicentre du monde ("nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature"), il croit que les animaux n'ont pas de conscience ("l'animal-machine"), il dissocie le corps de l'esprit (dualisme), ce qui passerait aujourd'hui pour une absurdité et je vous passerai sa conception de la circulation du sang.

Quant au fameux "Cogito ergo sum", je pense donc je suis, ce n'est qu'une tautologie puisque la conscience réside à l'intérieur de l'être, mais c'est aussi un solipsisme car il exclue totalement qu'autrui puisse être aussi une source de connaissance pour soi.

C'est un bon livre pour débuter en philosophie et qui inspira énormément ses successeurs.
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