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sur 937 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dans l'édition Flammarion, ces 100 pages de 1637 sont présentées en six parties. D'abord, René Descartes précise que cette méthode est à son usage pour conduire sa raison, à partir des mathématiques, pour augmenter les connaissances. Il dit qu'il faut arrêter d'être brouillon et propose une méthode basée sur quatre principes pour aller avec sûreté vers la vérité, en déracinant de l'esprit les mauvaises opinions reçues ( Je ne sais pourquoi, d'un coup, je pense à "Orgueil et Préjugés" ? ). Puis Descartes expose quatre maximes pour aussi, aller vers la connaissance. Il "prouve" l'existence de Dieu et annonce le "cogito". Puis il définit la Nature, l'homme et l'âme. Enfin, il parle "d'avancer masqué" depuis que Galilée, en 1633, a été condamné par l'Eglise.
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Malgré sa volonté de clarté, ce livre est confus, et ce n'est pas uniquement de la faute de René, qui mêle principes et maximes, mais aussi de l'éditeur qui ajoute une présentation contemporaine, et fait suivre "le Discours" de différents extraits de textes et lettres non datés.
Un autre inconvénient nuit à la lecture du texte, c'est que René avance masqué, parfois à demi-mot, parfois dans un style très alambiqué. Ceci est dû à sa peur de la religion catholique, qui voit que depuis Copernic et Galilée, la science émerge et essaye de lui piquer son prestige et sa vérité auprès du roi. le "Siècle des Lumières" sera pire !
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Pour ce qui est de la métaphysique, Dieu et les âmes, René "prouve" l'existence de Dieu. Malgré sa méthode, il ne prouve rien du tout, il explique à la rigueur. Il est confus sur l'âme, ce qui est encore un problème à l'heure actuelle. Il assimile l'âme à la pensée et est persuadé, contrairement à Montaigne, que les animaux ne pensent pas.
Sur le "cogito", il reprend le "je pense donc je suis" de Pereira, et là, c'est la brasse coulée.
Pas étonnant qu'il avançait masqué aussi pour éviter les "disputatio" des scolastiques que présente Blaise Pascal dans "Les Provinciales". Leur activité, dit-il " n'est qu'une perte de temps, et j'ai tellement de choses à découvrir dans une si brève existence !"

Tout n'est pas mauvais, loin de là, et Descartes est un grand découvreur, surtout en mathématiques, en géométrie analytique. On peut aussi dire qu'il a modernisé la philosophie, délaissée depuis l'Antiquité. Spinoza, qui a "tué son père " Descartes, s'y prendra d'une façon encore plus mathématique et plus incompréhensible.
Descartes voulait créer une science universelle basée sur les mathématiques, science incorporant même la philosophie. A cette époque où un savant pouvait embrasser toutes les connaissances, c'était possible, mais certaines d'entre elles étaient encore balbutiantes, comme la physiologie : René pensait dur comme fer que le coeur chauffait le sang pour le faire circuler jusqu'au cerveau où une partie de ce liquide rouge se transformait en "esprits animaux", ceux-ci allant activer les muscles.
Je pense qu'il aurait aimé connaître les neurosciences. : )
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Une fois de plus, le système scolaire français aura fait bien du mal à des générations de jeunes esprits en mettant à leur portée une philosophie caricaturée. Parce que préparant un bac scientifique, donc formaté à l'application des principes d'expérimentation et de démonstration mathématique, forcément, je devais étudier Descartes, tandis que les petits camarades trop brouillons pour mériter l'accès à l'excellence devaient se contenter des lubies fumeuses de Sartre ou du docteur Freud.
Deux choses m'ont sans doute sauvé, après cette aride première rencontre de la philosophie : d'une part, je lisais, chacun à deux extrémités du "système" cartésien, Pascal et Montaigne en parallèle la maison, comme j'ai lu Platon en meme temps qu'Aristote, et Camus en même temps que Sartre... pour un jeune esprit surtout, il est bon de confronter, d'opposer les maîtres à penser, afin qu'un esprit souple se forge peu à peu sa propre voie. D'autre part, je me révélai vite incapable de suivre la voie scientifique, comme celle, quelques années auparavant, du catéchisme, sans ces questionnements perpétuels, qui m'amènent aujourd'hui à passer plus de temps à butiner sur babelio plutôt qu'à devenir une bête de concours.

Quel rapport entre ce témoignage personnel et le Discours de la Méthode de Descartes ? Simplement ce grave quiproquo initial sur le cartésianisme, assimilé, sous l'influence du positivisme du XIXème siècle , à un rationalisme absolu, ce qu'il n'est pas.

On ne peut s'en tenir, comme le propose l'édition en Livre de Poche dont je dispose, à balancer les 90 pages du Discours avec la brillante et longue préface de Jean François Revel intitulée "Descartes inutile et incertain". Ce dernier, adepte d'un rationalisme critique rejetant tout système global d'interprétation philosophique ne pouvait qu'approuver la pratique du doute et le recours à l'expérience de la méthode de Descartes, bien qu'elles ne soient finalement qu'une application des principes scientifiques nés durant la révolution copernicienne et galiléenne de son temps. Il ne pouvait manquer pour autant de critiquer vertement -comme tant d'autres modernes- l'erreur fondamentale de Descartes qui, prétendant faire table rase de toutes les réflexions du passé, établit un lien "naturel" entre sa pensée métaphysique et sa doctrine rationaliste sur la seule évidence de sa perception personnelle, de sa foi pourrait-on dire. Nul, mieux que Kant, il me semble, n'a su aussi bien démontrer depuis la vanité de cette démarche, même si on peut alors regretter avec Jean François Revel, que du coup certains penseurs aient depuis développé une philosophie comme système d'interprétation à part entière trop déconnecté de l'observation scientifique du réel. Heureusement, la connaissance scientifique a évolué depuis, et commence à intégrer dans son propre système de valeurs la morale et l'éthique, certaines pratiques hétérodoxes issues de religions millénaires, la sensibilité
animale, la relativité des choses et de la toute-puissance de l'homme...

Oui, décidément il est bon de lire le Discours de la Méthode, mais pour s'en détacher aussitôt. Ce qu'on peut en conserver en termes de regard critique est bien plus grand et ouvert chez Montaigne ; la rigueur du raisonnement est bien plus grande chez Kant. Et un peu d'humilité portera chacun, littéraire ou scientifique non totalement sclérosé par l'enfermement du spécialisme contemporain et par un système scolaire réduisant la culture générale à un cadavre décharné, à poursuivre la quête infinie de question en question, sur la voie du progrès personnel et collectif, plutôt que de s'en tenir à la réponse en quatre mots du "cogito ergo sum".

Je partage cependant certains avis positifs sur l'intérêt des principes de raisonnement et de conduite personnel qu'il pose, assez simplistes, mais efficaces.
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Suis-je cartésien? Oui et non, sans doute, comme souvent. La méthode séduit : n'admettre comme base de pensée que ce dont on est absolument sûr, que ce qui est prouvé sans être la conséquence de quoi que ce soit d'autre. Bien sûr, le risque, c'est le scepticisme, parce que rien, peut-être, n'est absolument sûr. Descartes a une certitude : "Je pense". Il en déduit l'être : "Je suis". Pourquoi ce primat de l'âme sur le corps ? Pourquoi pas "je sens, donc je suis" ? Si je sens, c'est que je pense que je sens. Tout, selon Descartes, doit passer par la raison pour que je puisse affirmer que cela est. Cette confiance absolue dans la raison ne me convainc pas. Il me semble (et ce "sembler" est déjà non cartésien) que la raison n'est qu'une dimension, qu'un aspect de notre pensée et de notre être, que l'imbrication du corps et de l'esprit, reconnue par Descartes, ne hiérarchise pas grand chose. La méthode de Descartes, si elle semble (toujours "sembler"...) marcher dans les sciences pures, et est en cela une révolution de notre rapport au monde, ne donne, en philosophie, rien de si solide qu'on ne puisse le remettre en question. Sa preuve de l'existence de Dieu nie la capacité d'invention de l'esprit humain, et je ne sais toujours pas si Dieu est. Je passe peut-être à côté de cette philosophie et, à tout bien réfléchir, je ne suis sans doute pas cartésien.
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Intéressant traité divisé en six parties, le Discours de la méthode présente les idées et pensées de Descartes, qui narre quelques passages de sa vie pour appuyer ses dires. Se mélangent remarques novatrices et longues phrases difficile à intégrer ; la prose de Descartes est loin d'être aisée à suivre, subjonctifs imparfaits s'accumulant en tout paragraphe.
Ainsi, les différentes parties sont selon moi de qualité différente ; celle sur l'anatomie, bien qu'intéressante, recèle de théories que l'on sait à présent fausses, ce qui amoindrit l'intérêt qu'on pourrait lui porter. Néanmoins, la description des préceptes de Descartes ainsi que de ses maximes permet de mieux cerner sa méthode dite cartésienne, et d'admirer son ardeur à l'appliquer lors de sa vie.
Une oeuvre intéressante par certains points, heureusement courte : je n'aurais sans doute pas tenu 100 pages de plus.
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Classique de la philosophie et pierre angulaire du cartésianisme, le discours de la méthode propose en six parties un argumentaire sur le besoin de fonder la science sur un raisonnement nouveau et solide opposer au courant scolastique de son époque.
Descartes se base sur ses expériences pour éditer les règles nécessaires à la rigueur scientifique dont les mathématiques ou la médecine prise en exemple ont fortement besoin. Il pose aussi un fondement moral dans sa discussion
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je ne pense pas que ca soit un livre en soit je dirai que cest un manuel descarte l'a ecris pour expliquer ses ouvrages pourquoi il les a ecris au debuts il parlait un peu de sa maniere de penser d'agir dans lavie il ne prend une information pour vrai que quand il l'a pese dans son esprit, apres je constate qu'il a une certaine arrogance a dire que puisque dieu lui a donner la facultée de distinguer le vrai du faut il n'a pas besoin d'ecouter les jugements des autres . mais je suis etonnée de voir que son style est fluide comprehensible et se lie facillement
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Le voilà ce fameux livre qui, le premier, entama la désespérante plongée du monde dans le rationalisme. de peur de tenir une opinion fausse ou inexacte, Descartes fait le choix de se reclure dans la pensée rationnelle et de bannir toute suprarationalité de sa réflexion.

Cette doctrine nouvelle est si morne et froide, privée de toute intuition mystique ou passionnée. La foi est dévalorisée au profit d'un savoir prétendument certain car raisonné et raisonnable, et pourtant les deux ne sont pas antagonistes, le deuxième est simplement subordonné en valeur par rapport à la première, comme ce fût le cas pendant des siècles en Occident, et comme c'est toujours le cours en Orient (ou du moins dans une partie).

Cependant, le discours de Descartes n'est pas si abrupt et il ne constitue que le point de départ de l'idéologie matérialiste et rationaliste qui prendra son propre nom, mais il en contient tous les fondements, que ses disciples et successeurs n'ont ensuite eu qu'à élever progressivement jusqu'au pinacle, aboutissant ainsi à notre monde positiviste et désenchanté...

Sur la forme enfin, la doctrine de Descartes est clairement énoncée, suivant un plan annoncé et suivi à la lettre, bien qu'obscurcie par une syntaxe alambiquée et très éloignée du français actuel. Avis aux amateurs de subjonctifs imparfaits, ce texte en est saturé !
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Ce qui est génial avec Descartes, et surtout avec cette oeuvre, c'est sa "simplicité". Évidemment, certains passages sont complexes et durs à comprendre. Mais malgré cela, l'oeuvre et la pensée de Descartes restent très accessibles, notamment grâce à une écriture quelque peu limpide et simple. Mais, problème: cette simplicité relative a conduit à vulgariser en quelque sorte la pensée de Descartes, à tel point qu'aujourd'hui très rare sont les personnes la maîtrisant parfaitement. Cette "simplicité" se révèle en quelque sorte à double tranchant: certes la pensée est largement accessible, mais elle est malheureusement devenue banale, conduisant beaucoup de présupposés erronés sur ce qu'a pu dire Descartes.
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souvenir de lecture... en suivant l'éphéméride...

31 mars 1596 naissance de René Descartes, philosophe ("Discours de la méthode ou Règles pour la direction de l'esprit") et mathématicien et physicien, célèbre pour son affirmation: «Je pense donc je suis».

***

Le raisonnement de Descartes postule alors certains axiomes, et peut se formuler ainsi :

Puisque tout effet a une cause,
et que la cause n'a pas moins de réalité que l'effet,
il faut que cette idée de l'infini soit causée par quelque être parfait qui en est le véritable auteur ;
donc Dieu existe.

***

Les règles de la méthode sont ainsi présentées par Descartes dans le Discours de la méthode :

«[…] comme la multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices, en sorte qu'un état est bien mieux réglé lorsque, n'en ayant que fort peu, elles y sont fort étroitement observées ; ainsi, au lieu de ce grand nombre de préceptes dont la logique est composée, je crus que j'aurais assez des quatre suivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de ne pas manquer une seule fois à les observer. »

l'évidence :

« le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c'est-à-dire, d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute. »
l'analyse :

« le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourrait, et qu'il serait requis pour les mieux résoudre. »
la synthèse et le raisonnement :

« le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connaissance des plus composés, et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres. »
le dénombrement :

« Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre. »

source : wikipédia
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Le Discours de la méthode est réputé pour être accessible. Notons cependant que le texte a été rédigé en vieux français : que l'orthographe soit corrigée ne change pas le style. Il faut le garder en tête si vous commencez par là, mais il ne s'agit pas d'un livre très conceptuellement difficile à saisir. Ce Discours ressemble à un manifeste métaphysique : Descartes y affiche une vraie rupture avec la scolastique, refonde en quelque sorte la métaphysique et les sciences "secondes". On retrouve certaines réflexions qui se retrouveront approfondies dans les Méditations métaphysiques mais il faut, selon moi, vraiment le prendre comme un manifeste général : car il s'agit aussi d'une morale et d'une dissertation sur les animaux.
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