AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,14

sur 1181 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« de grandes espérances » (1860) est l'avant-dernier roman complet laissé par Dickens (1812 - 1870) après lui viendra « L'Ami commun » (1864) puis le dernier roman, inachevé celui-là, « le mystère Edwin Drood » (1870). Un roman ‘fin de carrière » donc, mais un des meilleurs (avec « David Copperfield », « Oliver Twist », « Les Aventures de Mr Pickwick » et les « Contes de Noël »).
Ce roman n'est pas sans rappeler « David Copperfield » : les deux romans sont des romans dits « d'apprentissage » : on y suit le destin d'un jeune garçon pendant son enfance et sa jeunesse, jusqu'à sa majorité. Passage obligé par des aventures sentimentales qui laissent des traces, des rencontres plus ou moins importantes avec des personnages qui vont plus ou moins influer sur l'avenir de plus les deux romans sont écrits à la première personne, le narrateur est le héros du roman. En écrivant « de Grandes espérances » Dickens s'est mis à relire « David Copperfield » pour éviter de se plagier lui-même : « Pour être tout à fait sûr de ne pas tomber dans d'inconscientes redites, j'ai relu « David Copperfield »l'autre jour, et j'en ai été affecté à un degré que vous ne sauriez imaginer ».Cela dit, il existe une différence de taille entre les deux romans : ils sont absolument antithétiques : « David est un jeune monsieur qui vient à choir dans le prolétariat citadin, Pip un jeune prolétaire de la campagne qui se voit devenir un monsieur » (Pierre Leyris).
« Se voit devenir ». C'est là le thème principal et l'explication du titre : les grandes espérances sont appelées à être déçues comme les illusions à être …perdues ! A moins que…
Le roman s'articule donc sur trois parties : l'enfance (début des espérances), jeunesse (consolidation des espérances) et maturité (patatras, fin des espérances et retour à la réalité).
L'histoire se passe dans le Kent, sur lieux-mêmes où Dickens a passé son enfance. le jeune orphelin Pip, voit sa vie transformée le jour où il aide un forçat évadé. Il est pris comme garçon de compagnie par Miss Havisham une vieille excentrique dont la fille Estella est aussi belle qu'orgueilleuse et hautaine. Un notaire lui laisse entrevoir « de grandes espérances », une fortune à venir… A Londres où il poursuit ses études, il retrouve Estella qui lui fait bien comprendre qu'ils ne sont pas du même monde, et surtout il apprend que son bienfaiteur anonyme (celui des « grandes espérances ») n'est autre que le bagnard évadé. Il comprend aussi qu'il a tout le temps été le jouet de Miss Havisham qui se vengeait sur lui d'un fiancé qui l'avait abandonnée au pied de l'autel. Petit à petit, et de révélation en révélation Pip reconstitue les pièces du puzzle, comprend les liens qui relient les personnages entre eux, et en tire la leçon. C'est la leçon optimiste que l'on retrouve souvent chez Dickens : « On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux ». Non, ça c'est pas du Dickens, c'est du Saint-Ex. Mais c'est la même chose : « Un homme qui n'est pas un vrai gentleman par le coeur n'a jamais été, depuis que le monde est monde, un vrai gentleman par les manières ». C'est la morale de toute cette histoire : la bonté du coeur vaut mieux que tout le reste, et surtout n'a que faire des classes sociales.
« de grandes espérances » est un livre très agréable à feuilleter, par son histoire, d'abord, prenant et édifiante, et surtout par le ton employé : familier comme dans « David » ou « Olivier », mais enjoué et plein d'humour, comme chez « Pickwick ».
Très souvent adapté outre-Manche au cinéma à la télévision, les aventures de Pip, un chouïa moins populaires que David et Olivier (j'ai failli dire Jonathan), mériteraient bien un retour en pleine lumière.
Commenter  J’apprécie          120
Guidé par une intuition qu'aujourd'hui, je peux qualifier de géniale, j'ai acquis, il y a quelques mois, une édition en trois volumes du célèbre roman de Dickens "De Grandes Espérances". Bien sûr, je ne me suis pas engagé dans cette dépense sans raison. Je connaissais l'auteur et la qualité de ses œuvres et quelques commentaires dithyrambiques collectés ici où là sur ce roman en particulier ont fini de me convaincre. Je ne prenais donc pas un grand risque en investissant dans cette belle reliure d'André Sauret illustrée par les superbes aquarelles de Dignimont. Je m'attendais à un bon moment de lecture, en vérité le choc s'est avéré bien supérieur à mes "espérances".

 J'ai découvert Dickens, comme beaucoup de personnes de ma génération, par les adaptations télévisées de ses œuvres réalisées par Claude Santelli dans le cadre du théâtre de la jeunesse. J'ai pu retrouver les références exactes de ces diffusions grâce à un document introuvable aujourd'hui "Les fictions françaises à la télévision 1945-1996" recensant plus de 15 500 œuvres en plus de 900 pages. Oliver Twist a été diffusé pour la première fois sur la 1re chaine RTF le six mai 1962 et David Copperfield le 1er janvier 1965. J'en ai toujours gardé un excellent souvenir et pourtant c'est en lisant, il y a quelques mois, l'excellente biographie de Dickens de Fred Kaplan, que je me suis enfin décidé à m'intéresser à la production littéraire de cet auteur majeur. J'ai d'abord lu "Temps difficiles", un roman engagé sur la révolution industrielle et l'exploitation du prolétariat, et j'ai eu envie de poursuivre. Mais d'abord quelques mots sur l'auteur.

 Charles Dickens (1812-1870) est l'un des plus grands romanciers britanniques de l'époque victorienne.

 Pour faire face à des problèmes d'endettement, ses parents l'arrachent de l'école vers l'âge de 10 ans et l'obligent à travailler dans une entreprise de cirage.

 Suite à des malversations, son père est incarcéré en 1824 pendant trois mois. Charles Dickens restera marqué à vie par cette période et son œuvre en gardera les traces : la nostalgie de l'enfance, l'obsession de la faim et de la pauvreté, la fascination exercée par les quartiers les plus sordides de Londres, l'indignation contre les gens de lois et les injustices, l'univers carcéral.

 En 1825, Charles cesse de travailler à l’usine et reprend enfin l’école pendant deux ans. À l’âge de 15 ans, il se met à travailler comme clerc dans un cabinet d’avocats.

 En décembre 1833, il publie quelques pages remarquées dans le Monthly Magazine sous le pseudonyme Boz. La maison d’édition Chapman and Hall lui propose une série de vingt épisodes intitulée "Les papiers posthumes du Pickwick Club". Le succès est immédiat.

 Ces œuvres sont universellement connues : Oliver Twist, David Copperfield, Les papiers de Monsieur Picwik, La petite Dorrit (diffusée en plusieurs épisodes à partir du 27 novembre 2014 sur Arte) et Les Grandes Espérances (adapté au cinéma par Mike Newell, film sorti en 2012).

 Charles Dickens était un homme généreux, bon, altruiste, fidèle en amitié, défenseur des opprimés et travailleur acharné. Sa popularité était déjà immense à son époque et son œuvre touche toutes les générations et tous les milieux.

 J'ai donc rencontré Dickens deux fois, dans mon adolescence, grâce à Claude Santelli, et dans la maturité (pour ne pas dire plus) par la lecture directe de ses textes. J'estime être un privilégié d'avoir découvert ce magistral roman "Les Grandes Espérances" dans des conditions de lectures optimum. Un découpage en trois volumes reliés avec un papier de qualité, un vélin très épais doré sur la tranche supérieure. J'apprécie particulièrement le fait qu'il s'agit d'une édition non massicotée, le bord des tranches reste filandreux, vivant pourrait-on dire. Les illustrations sont nombreuses et toutes remarquables, elles m'ont permis à chaque début de chapitre de me plonger littéralement dans l'univers de Dickens, les aquarelles de Dignimont accompagnent le texte de manière à la fois fidèle et complémentaire. Je recommande fortement de lire de tels monuments littéraire dans des éditions illustrées de qualité, c'est un vrai bonheur. L'envoûtement est pratiquement immédiat, dès le premier dessin, dès la première ligne.

Que raconte ce livre ?

 Ce roman écrit à la première personne, et largement inspiré par le vécu de l'auteur, raconte l'histoire du narrateur Pip. Pip est un orphelin élevé par sa sœur plus âgée, mégère acariâtre qui le traite durement. Il est soutenu par l'amitié de Joe, le mari de sa sœur, un brave homme qui subit avec philosophie les vexations quotidiennes de sa femme. Le roman commence par une scène au cimetière où Pip est venu se recueillir sur la tombe de ses parents, il y rencontre un forçat évadé qui le terrifie et auquel il va néanmoins rendre un grand service. Peu de temps après il est sollicité par miss Havisham, une riche et vieille femme au comportement très original dont on découvrira le passé énigmatique progressivement au fil du récit. Pip tombe amoureux d'Estella, la fille adoptive de miss Havisham. Il forme le vœu de devenir un vrai gentleman pour séduire cette jeune fille aux allures de princesse, mais au comportement arrogant et sans tendresse. Quelque temps plus tard un généreux donateur anonyme fait don à Pip d'une rente afin de lui permettre de partir pour Londres pour faire son éducation.

 Confronté à une société qu'il ne connaît pas, il va subir de nombreuses aventures et prendre conscience peu à peu des vraies valeurs de la vie.

 J'ai été séduit par la manière dont est menée l'intrigue, par la qualité des dialogues, j'ai apprécié les descriptions et jusqu'aux patronymes particulièrement originaux des personnages : M. Pumblechook l'oncle de Joe, M. Wopsle le chantre, Sarah Pocket, Biddy et Monsieur Wemmick, l'un des perdonnages centraux dont la description physique est frappante :

"Je regardai monsieur Wemmick tout en marchant pour voir de quoi il avait l'air dans la lumière du jour, et je constatai que c'était un homme sec, de faible stature, nanti d'un visage de bois de forme carrée dont les traits semblaient avoir été taillés avec un ciseau ébréché. On y voyait quelques marques qui auraient pu être des fossettes si la matière avait été plus tendre et l'instrument plus aiguisé, mais qui n'étaient en l'occurrence que des encoches. Le ciseau avait fait trois ou quatre de ces tentatives d'embellissement sur son nez, puis il les avait abandonnées sans se donner la peine de les aplanir." (Volume 2, page 24)

Voici encore une description, celle d'un homme croisé dans un escalier et dont on apprendra, une centaine de pages plus loin, l'importance dans le récit. Il s'agit de Monsieur Jaggers :

"C'était un gros homme au teint excessivement basané, avec une énorme tête et des mains grandes en proportion. Il me saisit le menton de cette immense main et me tourna la tête dans la lumière pour me regarder. Il était prématurément chauve au sommet du crâne, et je remarquai ses sourcils noirs et broussailleux au poil hérissé. Ses yeux, enfoncés très profonds dans sa tête, étaient désagréablement perçants et soupçonneux. Il portait une grande chaîne de montre, et l'on voyait sur son visage des points noirs à l'endroit où se fussent trouvés sa barbe et ses favoris s'il les eût laissés pousser. Je ne le connaissais pas et je ne pouvais prévoir alors que la vie nous réunirait plus tard, mais il se trouva que j'eus ainsi l'occasion de l'observer de près." (Volume 1, page 138)

 L'humour est omniprésent et se mêle au drame, comme dans la vie réelle. Les événements vont crescendo à mesure que l'on s'approche du dénouement et toutes les zones d'ombre trouvent finalement une explication et une justification dans l'histoire.

 Pour ne rien gâter, ce roman est truffé d'imparfait du subjonctif que l'on doit à la traduction de Pierre Leyris (Traduction reprise dans l'édition de La Pléiade).

 Chef-d'œuvre absolu, à la fois émouvant, drôle, édifiant, il décrit magistralement un univers parfois sombre, parfois lumineux et féerique, toujours surprenant. Les descriptions des personnages, des lieux, des scènes sont exceptionnelles de réalisme, un réalisme fortement teinté de romantisme et c'est ce qui rend cette œuvre difficile à circonscrire, car tel un joyau elle présente de multiples facettes.

 Roman d'initiation, d'aventure, histoire d'amour, d'amitié, roman sur l'enfance mais aussi critique sociale, histoire fantasmagorique, histoire policière, tout l'univers semble être contenu dans cette oeuvre.

 Initialement publié en feuilleton dans la presse, le roman est découpé en chapitres denses de longueur à peu près constante et se terminant par une énigme à résoudre, ce qui permet au lecteur d'avancer dans l'histoire de telle manière que l'envie de tourner les pages ne faiblit pas un instant. Sur le plan technique, l'histoire est parfaitement structurée, aucun détail n'est superflu, chaque paragraphe est justifié et trouve sa place dans l'explication finale. Aucun personnage n'est laissé dans l'ombre et tous jouent un rôle essentiel. Leurs caractéristiques physiques et leur psychologie sont parfaitement décrites.

 J'ai eu tendance à ralentir ma vitesse de lecture à mesure que j'approchais de l'épilogue afin de prolonger le plus possible la magie de ce moment. Les descriptions de Londres, de ses tavernes, des hôtels, des commerces, des prisons, de la Tamise et de la campagne environnante sont captivantes. L'atmosphère terrifiante des rues glauques et visqueuses est particulièrement bien rendue. Ce roman présente une galerie de personnages pittoresques, certains sont à la fois énigmatiques et attachants, d'autres tragiques, parfois ridicules, mais tous empreints d'une humanité leur permettant, même au terme d'une vie peu exemplaire, de retrouver la lumière et de se faire pardonner leurs méfaits.

 Il y a tout dans ce roman et je le recommande à tous, enfant ou adulte. Il exprime la vie, à la fois dans ces aspects tragiques, comiques, imprévisibles, mais sans jamais sombrer dans le désespoir. Un roman d'aventure mais aussi, une leçon de philosophie.


Bibliographie :

"De Grandes Espérances", Charles Dickens, André Sauret éditeur (1956), trois volumes illustrés par Dignimont, 251,258 et 254 pages.

Deux biographies pour en savoir plus sur Charles Dickens :

- "Charles Dickens", Kaplan Fred, Fayard (1990). 519 p.

- "Dickens", Priestley J.B. Hachette (1963), 144 p. Collection les écrivains par l'image, Très riche iconographie illustrations et photos.
Commenter  J’apprécie          120
Après avoir lu "Oliver Twist" il me semblait nécessaire de lire "De grandes espérances" qui plus est, fait parti de la liste : "Les 100 meilleurs livres de tous les temps selon le Cercle norvégien du livre".
Une nouvelle fois l'histoire d'un orphelin dans l'époque Victorienne, prénommé Pip, vous y découvrirez Miss Havisham qui utilise sa fille Estella pour nuire aux hommes, pour se venger d'une raison bien particulière..
Et bien d'autres péripéties pour Pip dont l'histoire a débuter avec la rencontre d'Abel Magwitch, un forçat évadé, une sorte de Jean Valjean pour Pip.
Un roman d'apprentissage sur les désillusions de la vie..
Un grand classique paru en 1860-1861
Commenter  J’apprécie          110
Quelle histoire singulière que celle de Pip.
Ce petit garçon tyrannisé par sa grande soeur mais aimé de son beau frère, promis à un avenir honorable de forgeron aux côtés de ce dernier, loin de la richesse mais dans l'authenticité d'une vie de labeur dans son village, mais il sera soudainement embarqué dans une nouvelle vie de futur gentleman Londonien, entouré d'argent et de personnages importants, mais aussi rapidement assailli de dettes. On va suivre Pip durant son changement radical de vie, on le voit grandir, trouver un meilleur ami et malheureusement parfois oublier d'où il vient, se perdre un peu lui même. Tiraillé d'amour pour la même fille inaccessible depuis son enfance, puis tombant de haut en découvrant qui est son bienfaiteur secret, il va vivre un tas d'émotions et de péripéties aux côtés de Joe, d'Herbert et Estella, mais tant bien que mal il réalisera ce qui est essentiel pour revenir à lui même.
C'est seulement une fois l'histoire fini et le roman terminé que l'on comprend le sens du titre : de grandes espérances.
J'ai retrouvé la plume de Dickens, que j'ai apprécié déjà pour ses nouvelles, en format long pour la première fois, et ce fut une très belle lecture. Tout son talent narratif et de portraitiste se déploie pour nous offrir une histoire richement construite et attachante ainsi qu'une dure peinture de la vie rurale anglaise post industrielle, autant que du Londres bourgeois.
La famille, l'amour, l'amitié, la confiance, la bonté, la méchanceté, le pardon, tout y est. Un grand roman d'apprentissage, un grand roman tout court !
Commenter  J’apprécie          100
J'ai adoré. de toute ma scolarité, voilà un auteur que je n'avais jamais lu. Entendu parler bien sûr mais rien d'autre. Et bien, j'ai dévoré ce livre bien écrit, avec la rudesse de l'histoire, du temps auquel se passe cette histoire.
Je le garde précieusement avec le rouge et le noir de Stendhal qui ne sont pas les mêmes genres littéraires mais qui au fond apporte beaucoup.
Je l'ai conseillé à ma fille qui à lu déjà du Emile Zola, l'assommoir et elle a été convaincu.
Commenter  J’apprécie          100
Un roman sur les projets que l'on se fait, et les espoirs que l'on fonde sur nous.

Ce roman est un petit bijou de Charles Dickens, ne serait-ce que par sa structure. Car il se décompose réellement en trois actes. le premier. Ce sont les espérances du petit Pip, mais qui sait très bien qu'il ne pourra rien avoir. Il est en effet élevé à la dure par sa soeur et elle le destine à l'existence d'un forgeron (puisqu'il est en apprentissage chez son beau frère Joe). Mais voilà, Pip fait la connaissance d'Estelle dont il tombe amoureux. Mais pour avoir Estelle, il faut être important, s'élever... Ceci n'est évidemment pas possible à cause de l'avenir que les adultes lui donne.

Coup de théâtre pour la seconde partie : on lui donne un coup de pouce, et le voilà qu'il part sur Londres pour avoir de l'éducation. Mais c'est de l'éducation sans base donc on verra une espèce d'ascension qui peut paraître égoïste de notre jeune héros mais qui est en fait de la maladresse. Les produits bruts de l'éducation sans être aiguillés peuvent mal orienter les jeunes (au moins, on sait qu'il y a une morale dans le roman). Ceci correspond un peu à la jeunesse insousciante de notre héros, qui sait très bien qu'il va devoir payer les pots cassés mais qui ne peut s'empêcher de vivre dans une espèce de Carpe Diem

Enfin, la troisième partie correspond à la rédemption. Pip se rendra compte que pour réussir, il ne faut pas avoir seulement un environnement, ni même renier ses origines. Il faut travailler, persévérer.... Et là il pourra s'élever, en prenant conscience bien entendu de ce qu'il aura perdu.


Un roman d'apprentissage très touchant

Oui, Charles Dickens apprend aux "petits jeunes" de son époque comment bien réussir. Et par là il effectue une analyse toute personnelle et sans concession de son époque, à Londres. Aussi, nous retrouvons les différences de la vie à la campagne et la vie en ville. Nous avons aussi grâce à Dickens, une espèce de portrait de toutes ces différentes personnalités qui composent la société. Un vrai travail naturaliste, quand on y pense (ce n'est que mon avis).

C'est ainsi que l'on peut se plonger à certaines époques, analysant toutes les facettes du genre humain. Et en posant l'ouvrage, je me suis dit que pas grand choses n'avait changé depuis lors.


En bref, un roman sommes toutes toujours actuel, qu'on ne se lasse pas de découvrir et de redécouvrir. le seul inconvénient des Grandes Espérances, c'est que vous avez envie de vous refaire toute la bibliographie de l'auteur :p
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
Commenter  J’apprécie          100
Les pierres précieuses sont souvent enfouies bien profond sous la terre —quand il ne faut pas les extraire d'une autre pierre — là où on ne les soupçonne pas. C'est ce que ne pouvait pas savoir le petit Pip lorsqu'il quitte son ami Jo, le forgeron, et son misérable foyer pour répondre à l'appel des Grandes Espérances. Grandes Espérances qu'on lui fait miroiter et pour lesquelles il doit devenir un parfait Gentleman y voyant surtout un moyen de conquérir le coeur de la belle Estella. Il ne connaitra le nom de son bienfaiteur qu'à la fin du roman.

C'est un parcours initiatique pour le petit Pip, à travers les passions, l'ambition, le goût d'un luxe dispendieux et l'espoir d'être aimé en acquérant de belles manières, semé de multiples embuches dans la jungle londonienne. de même Estella devra faire des choix dangereux croyant ainsi trouver sa liberté et échapper à la terrible férule de Melle Havisham, sa mère adoptive. Ces deux êtres, sous la coupe de leurs protecteurs, sont lancés comme deux billes sur des trajectoires opposées qui finiront par se rejoindre à certains moments, mais surtout on a l'impression qu'ils sortent droit d'un tombeau pour opérer une renaissance. Tout est fait pour le suggérer dans le récit de Dickens : les brumes et les nuages participent à cette atmosphère noire, marécageuse, étouffante et crasseuse dont s'extirpe le petit Pip, de même qu'Estella sort littéralement des griffes de la mort en échappant à sa bienfaitrice qui a sans conteste les traits d'un zombie.
Pip trouvera l'amitié et redécouvrira peu à peu les vraies valeurs. L'intrigue est parfois touffue et riche en rebondissements, mais ce que j'ai aimé par-dessus tout c'est la liberté de ton et l'humour ravageur de l'auteur qui se met tour à tour dans la peau du petit enfant et de l'adulte, et trace son destin avec l'oeil amusé de celui qui sait déjà où il va mener le lecteur, et qui le lui fait comprendre par petites touches successives et par de subtiles ou franches métaphores.
On peut tout trouver dans ce roman : l'idée d'un déterminisme qui enferme les individus dans un carcan et évidemment une critique sociale mordante avec le portrait émouvant du forçat orphelin et victime de l'injustice depuis sa plus tendre enfance ; les privilégiés y compris les hommes de loi sont dépeints souvent au vitriol. Peu échappent à la lucidité de l'auteur. le monde du paraitre n'est pas le sien. Il n'épargne personne, pas même les domestiques qui sont caricaturés à la fois pour leur pouvoir caché et leur apparente servilité.
Mais peu importe la crédibilité de l'intrigue et des personnages, tout est dans l'art et la manière. Et là, ce livre nous captive de bout en bout. La magie de cette phrase m'a habitée jusqu'à la dernière page :
« Dieu sait que nous n'avons jamais à rougir de nos larmes qui sont comme une pluie sur la poussière aveuglante de la terre qui recouvre nos coeurs endurcis. »
Commenter  J’apprécie          90
Ce mois-ci, j'ai enfin eu l'occasion de lire mon premier Dickens: "De grandes espérances".
Enfin non, je mens...j'ai lu "Un chant de Noël", mais c'est une novella, un conte de Noël.
Je ne savais presque rien de l'histoire de Pip, mis à part que l'on suit un jeune pauvre qu'une personne riche prend sous son aile pour en faire un gentleman. Et quelque part, c'est suffisant.

J'ai sauté sur l'occasion quand j'ai vu que les éditions Tristram publiaient une nouvelle traduction (par Jean-Jacques Greif) de ce roman et qu'en plus, Babelio le proposait dans sa Masse Critique de septembre. Apparemment cette nouvelle traduction serait plus fidèle au texte original et plus accessible, moins lourde. Ne l'ayant jamais lu auparavant, je ne peux en juger, mais il est vrai que je l'ai trouvé très agréable et facile à lire et que j'ai apprécié les notes du traducteur. Merci beaucoup, donc, de m'avoir envoyé ce chef-d'oeuvre.

Je dois bien dire que j'ai été cueillie ! Et pourtant, ma lecture, si elle était très bien engagée avec le premier tiers (le volume est divisé en trois parties correspondant aux trois tomes de la première édition) qui m'a beaucoup plu, a failli prendre un tour funeste pendant la seconde partie.
Mais j'ai tenu bon et j'ai bien fait car la fin de cette seconde partie m'a littéralement laissée bouche bée, sapristi !
A partir de là...j'ai fini le roman d'une traite, quitte à y laisser ma nuit. Bon sang quel génie !

La plume de Dickens, en tout cas dans cette traduction m'a séduite: claire, touchante, d'époque et moderne à la fois, satirique également...
A travers ce roman, l'auteur nous montre le Londres de son époque, de la description simple du quotidien, de l'utilisation de l'argot à la critique du système judiciaire en passant par l'analyse de la nature humaine.

Dickens a également une capacité à décrire les lieux qui fait que je les vois tous : la forge, les appartements de Pip, la glauque Satis House, le château original, magique et moderne de Wemmick....

Et ses personnages...si j'ai détesté Pip (pourtant attachant enfant et en redemption à la fin)et son ingratitude crasse, son égoïsme et son amour ridicule pour une peste cruelle, j'en ai absolument adoré d'autres.
Joe, Wemmick, Provis, et même le parent Âgé ne seront pas oubliés de sitôt.

Et si je dis que j'ai été cueillie, c'est non seulement par les révélations de ce dernier tiers, mais aussi parce que...la lecture des derniers chapitres m'a été rendue difficile par les larmes qui brouillaient ma vue. Et ÇA, je ne m'y attendais pas du tout.

Chapeau Charles, je reviendrai !
Commenter  J’apprécie          93
Le premier ouvrage de C. Dickens que j'ai lu et étudié pour mes études, et j'ai vraiment été subjuguée par l'histoire de Pip et son histoire.
A travers les pages, les mots, on s'attache aux personnages, les sentiments nous envahissent et Dickens nous ballade dans le Londres qu'il a connu et la vie de l'époque.
Des très belles figures de style et procédés littéraires, puissants donnant une profondeur incomparable au récit. Je ne peux que recommander de se laisser emporter dans les Grandes espérances.
Commenter  J’apprécie          90
Très belle lecture racontant la vie et les espérances d'un jeune Pip, garçon sans situation, qui se voit offrir la possibilité de devenir quelqu'un dans la société anglaise.
Le récit d'une vie où l'ont a pu rencontrer un grand nombre de personnages parfois attachants, parfois haïssables, parfois un peu des deux. J'ai été particulièrement touché par le doux Jo avec qui Pip a une relation tellement adorable.
L'écriture de Charles Dickens est très agréable à lire et l'histoire vraiment prenante.
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (4783) Voir plus



Quiz Voir plus

De Grandes Espérances - Dickens

Le prénom de l'auteur ?

Robert
William
Charles
Gus

10 questions
83 lecteurs ont répondu
Thème : De grandes espérances de Charles DickensCréer un quiz sur ce livre

{* *}