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Gaston Bachelard (Préfacier, etc.)
EAN : 9782228896061
307 pages
Payot et Rivages (13/09/2002)
3.88/5   17 notes
Résumé :

« Quand on aura suivi Paul Diel dans les associations de mythes, on comprendra que le mythe couvre toute l'étendue du psychisme mis a jour par la psychologie moderne. Tout l'humain est engagé dans le mythe. » Gaston Bachelard

Quand on aura suivi Paul Diel dans les associations de mythes, quand on aura découvert avec lui une sorte d'homéomorphie des mythes en apparence très différents, on comprendra que le mythe couvre toute l'étendue du ps... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai toujours trouvé les mythes grecs fascinants et assez perturbants avec tous ces morts et toutes ces trahisons. C'est évident que si on ne les appréhende que dans un sens littéral, ces récits ne nous éclairent pas beaucoup. Que penser d'un Zeus qui passe son temps à tromper son épouse Héra ? Et de ces héros qui sacrifient leurs fils ? C'est dérangeant, n'est-ce pas ?

Si on ne connaît pas les clefs de lecture de ces mythes, on ne peut avoir qu'un aperçu brouillon de la pensée dans la Grèce antique. Or elle est d'une grande richesse, extrêmement condensée, dans ces récits qui nous apparaissent aussi abscons que des rêves. Mais allez savoir si certains n'ont pas été conçus à partir de rêves. Les procédés de formation des rêves décrits par Freud dans son ouvrage synthétique « Sur le rêve » correspondent aux caractéristiques de celle des mythes. Interviennent donc ici les phénomènes de dramatisation (mise en scène), de condensation, de déplacement et de figuration.

Dans le premier chapitre, Diel présente la pensée animiste, qui précéda la pensée mythologique et montre le fonctionnement de l'esprit prélogique qui attribue aux éléments de l'environnement des intentions bienveillantes ou hostiles aux hommes. Tout est une question de projection. le monde est le théâtre sur lequel se reflètent et se meuvent, selon nos perceptions et nos humeurs, nos pensées et intentions les plus profondes.

Les mythes grecs racontent ainsi d'une façon imagée les lois permettant aux homme d'atteindre une vie saine et épanouie à travers des modèles comme Persée et Héraclès et des anti-modèles comme Bellérophon, Orphée, Thésée, Tantale, Icare, Jason. D'autres sont intermédiaires comme Oedipe et Prométhée. Seuls les principaux mythes sont exposés dans ce livre. L'explication de la théogonie montre qu'elle ne prétend pas répondre à la question de l'origine de la vie. Elle met en scène les éléments et phénomènes naturels sur lesquels sont projetés les tendances et conflits de l'âme humaine. le ciel est fréquemment associé à l'homme (Ouranos) et la terre à la femme (Gaïa et Rhéa). Les dieux symbolisent l'esprit et ses divers aspects ; les titans, les monstres, les centaures, les Érinyes les tendances négatives et bestiales. La terre représente la banalisation (plaisirs sensuels) et l'Olympe (demeure des dieux) l'idéal entre lesquels doivent évoluer les héros.

La complexité de chaque mythe participe de la richesse de cette mythologie. L'objectif est d'atteindre la bonne mesure entre les tendances de l'esprit et des plaisirs terrestres. La croyance des Grecs dans ces mythes était si forte qu'elle pourrait expliquer l'homosexualité que l'on prête si souvent à cette civilisation. Cela ne va pas sans misogynie : la femme étant considérée comme représentant la tendance contraire à l'esprit, elle n'avait donc pas d'âme et l'homme seul en était pourvu. Cela explique les discussions entre Socrate et Alcibiade, pour ceux qui ont lu le Banquet et Alcibiade, sur leur « relation ». D'ailleurs, les héroïnes de cette mythologie (Pandore, Niobé) n'apportent que des malheurs. La femme n'a pas bonne presse ici, sauf s'agissant des déesses, encore que Zeus ait toujours le dernier mot. Zeus symbolise l'idéal de sublimation et ses frères Poséidon et Hadès représentent respectivement la perversité et l'inconscient.

Dans cet univers, les héros combattent les monstres qui incarnent leurs tendances négatives avec les armes que leur procurent les dieux (l'aide de l'esprit pour sublimer les angoisses). le principal ennemi à combattre est la vanité, représentée par le serpent sous de multiples formes : les cheveux de Méduse, l'hydre de Lerne, un des aspects de la chimère. La chimère combine trois animaux qui symbolisent chacun un vice : le lion représente la volonté dominatrice, le bouc la sexualité débridée (d'où le satyre Pan et le sens commun de satyre aujourd'hui) et le serpent la vanité.

Le cheval représente la fougue mais le cheval ailé (Pégase) représente la sublimation. La symbolique du pied est aussi très étonnante : il représente l'âme. Toute mutilation à ce niveau indique ainsi une faiblesse de l'âme. Là, je sais, vous vous dites : « Mais alors, le talon d'Achille… » C'est très probable qu'il y ait un rapport, mais son histoire n'est pas exposée dans ce livre. Et les sandales ailées montrent une force d'esprit (Hermès).

Je trouve étonnant est tellement dommage que les écrits de Paul Diel soient si peu connus. Il y aurait encore beaucoup à dire mais ce serait gâcher le plaisir de lecture de ceux qui voudraient le lire. J'espère que cette critique donnera envie. Après le symbolisme des mythes grecs, je vais de ce pas m'intéresser au symbolisme dans la Bible qui, selon Diel, est encore plus puissant.
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mise en évidence cohérente de la signification psychologiquement profonde des mythes grecs, fondements de civilisation.
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Voici l'adresse de ma "PAGE" Facebook où ces questions sont exposées avec d'autres;

https://www.facebook.com/pages/Psychologie-de-la-Motivation/293999327322030
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La vaniteuse justification de soi, source d’actions coupables, est le mal secret qui ronge la vie, le monstre mythique qui ravage le monde et qui détruit les âmes (qui dévore les hommes). L’homme qui ose attaque ce monstre est, mythiquement parlant, le héros. Il ne vaincra pas sans être investi des armes symboliquement prêtées par la « divinité » et qui, pour être efficaces, ne peuvent être que clairement spirituelles à l’égard des motifs (contraire du refoulement vaniteux) et sa résultante, la pureté de l’activité (contraire de l’action coupable). Ainsi compris, le combat héroïque, symboliquement concentré dans les mythes en une confrontation unique avec le monstre, est à la vérité une lutte dont les péripéties s’étendent sur toute la vie de l’homme, et même sur la vie de tous les hommes, sur la vie tout court. Le héros mythique — selon la signification la plus profonde de son combat contre le monstre — est le représentant de la poussée évolutive, la personnification de l’élan spiritualisant. L’esprit idéalisé, la « divinité », devient — sur le plan symbolique — son père mythique dont il est le « fils » et l’ « envoyé ».
Ainsi, les mythes — prescience psychologique — ne contiennent pas seulement une compréhension du fonctionnement évolutif et involutif de la psyché, mais encore l’avertissement d’une lutte contre l’involution que l’homme, pour son propre bien essentiel, doit mener, afin de trouver la satisfaction, sens de la vie.
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Du sens de la vie découle la tâche sensée. L’âme prélogique l’aurait représentée par une image énigmatique. Trop facilement mécomprise, cette image, transformée en imagination exaltée, incite à croire que le sens de la vie ne peut se trouver qu’en dehors de la vie. La tâche sensée devient ainsi un devoir insensé, un moralisme opposé à la nature, imaginé comme suspendu dans les nuages, et qui n’inspire que crainte ou raillerie. Sera-t-il possible qu’un jour vienne où, devenue consciente d’elle-même et de son image, comprenant la secrète logique de la vie, la psyché créera une psychologie de la vie, réconciliant la morale avec la nature ?
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Le danger monstrueux dont parlent les mythes est la stagnation involutive. Le monstre, symboliquement représenté comme menace extérieure, est à la vérité le péril essentiel qui réside dans la psyché : l’imagination exaltée à l’égard de soi : la vanité. Elle incite à se croire la réalisation parfaite du sens évolutif. La vanité est la déformation de l’esprit par excellence. Elle est le contraire de la lucidité : l’aveuglement à l’égard de ses fautes.
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La justice inhérente à la vie ne peut être, ni surconsciemment prévue, ni consciemment comprise, sans que naisse dans la psyché humaine un sentiment d’effroi sacré, inspiré par la profondeur mystérieuse de l’existence évolutive et de la légalité qui la gouverne. C’est le sentiment religieux. La vision mythique a exprimé l’effroi sacré. Elle en personnifie la justice inhérente et en développe la légalité morale à partir de l’image personnifiante : « Divinité ».
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L’art, lorsqu’il s’attache à son vrai but qui est de peindre l’image véridique de la vie, n’est qu’une prolongation de la vérité mythique, une illustration diffuse de la vérité concentrée dans les symboles mythiques.
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Lectio Analytica - Paul Diel el le symbolisme de la mythologie grecque Association des Psychanalystes Européens
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