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sur 5562 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une lecture dense et une oeuvre qui se mérite. Mais dès qu'on l'a terminé, on se rend compte de la puissance de ce livre.
À travers l'histoire de Raskolnikov, Dostoïevski semble nous interroger sur le nihilisme et ses implications. Car « Dieu est mort » comme l'a écrit Nietzsche quelques années plus tard. Mais en disparaissant, Dieu a aussi laissé derrière lui des individus désemparés, en quête de sens, et terrifiés à l'idée de n'être que de simples « hommes ordinaires ».
La mort ne vaut-elle pas mieux qu'une vie insignifiante ? Vivre à tout prix, n'est-ce pas là faire preuve de la plus grande des lâchetés ? Ces questions agitent le jeune Raskolnikov, pourtant plein de bonté et de générosité, et le poussent inéluctablement à commettre l'irréparable : un double crime aussi absurde qu'inutile, qui va achever de le conduire vers une voix sans issue.
Au final, notre anti-héro finit par capituler et accepter l'idée de n'être qu'un « homme ordinaire ». À partir de ce moment seulement, il semble enfin s'ouvrir à cette chose que l'on appelle « la vie ». Peut-être que l'amour de la jeune Sonia lui a montré qu'il n'était pas finalement pas si ordinaire dans l'esprit de certains ? Ou peut-être que Dieu n'est pas tout à fait mort aux yeux des hommes ?
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Certains éléments naturels ont une faible densité (l'hydrogène) et d'autres, au contraire, en possèdent une très importante (l'osmium). Ce qui vaut pour les éléments vaut pour les romans, et Crime et châtiment est d'une densité effarante.

Roman dont l'intrigue se déroule dans un laps de temps très court, le chef-d'oeuvre de Dostoïevski est une descente dans les tréfonds de l'âme tourmentée de son principal protagoniste, Raskolnikov. À ces tréfonds répondent ceux d'autres personnages qui s'entrecroisent sombrement. Puis il y a la misère omniprésente et dont le personnage de Catherine Ivanovna est un archétype tragique. Misère qui dérègle les vies et les sens…

Crime et châtiment c'est donc d'abord Raskolnikov, dont les songeries tourmentées l'amènent à cette conclusion, qui décidera de la suite des événements : « L'homme est lâche, il s'habitue à tout. […] Et si je me trompe, s'écria-t-il soudain, si l'homme n'est pas lâche, cela voudrait dire que tout le reste n'est que préjugés, qu'inventions destinées à effrayer le genre humain ; il n'y aurait donc nulle barrière, tout serait permis et c'est bien ainsi que ça doit être !... »

Puisque le crime est contenu dans le titre, ce n'est pas une surprise s'il advient ; au début du roman d'ailleurs comme pour l'expédier et se concentrer ensuite sur ces fameux tréfonds de l'âme. Et comme si cela ne suffisait pas, Dostoïevski enferme son personnage dans un univers de bas-fonds oppressant, loin du Saint-Pétersbourg de carte postale…

Dès le début, on découvre un Raskolnikov hanté par des obsessions morbides : voir, par exemple, son rêve autour de la torture et le meurtre d'une jument, battue à mort par son propriétaire. Son état fébrile, nous le prenons d'ailleurs en pleine face, comme si Dostoïevski nous précipitait dans l'esprit même de son anti-héros : « Je me suis tourmenté, torturé moi-même, et je ne sais plus ce que je fais. Et hier, et avant-hier, je n'ai cessé de me torturer… Une fois guéri … je ne me martyriserai plus… Et si je ne guérissais pas ? Seigneur ! Comme je suis las de tout cela ! »

Cependant, contrairement à un Stendhal volontiers ironique avec ses personnages, Dostoïevski ne joue pas avec eux : il veut juste en extraire toute la substance psychique. Car, ainsi qu'il le fait dire à l'un de ses personnages, « les seules données psychologiques peuvent démontrer comment on trouve la vraie piste ». Et cela vaut pour tout, pas seulement pour résoudre un crime perpétré par un assassin occasionnel et dont la terreur qu'il s'inflige ensuite sonne comme un châtiment.

Maintenant, le génie de Dostoïevski est de nous maintenir jusqu'au bout en équilibre. Raskolnikov a tué, certes, mais il a tué une vieille prêteuse sur gage cruelle et insensible au malheur d'autrui. Il a aussi tué sa soeur innocente, il est vrai : encore le souci de l'équilibre fragile qui sème le doute chez le lecteur, parce que rien n'est absolument bien ou mal ici, comme dans la vie…

« En un mot, je prétends que non seulement tous les grands hommes, mais tous qui s'élèvent tant soi peu au-dessus de la moyenne, et qui sont capables de dire quelque chose de nouveau, doivent, en raison de leur nature propre, être nécessairement des criminels, plus ou moins, bien entendu », affirme encore Raskolnikov, dans un vertige théorique et fou qui le trahit.

D'ailleurs, il se reprochera longtemps d'avoir échoué et pas d'avoir commis un crime, oubliant la phrase du juge d'instruction, Porphyre Pétrovitch : « Celui qui a une conscience souffrira en reconnaissant son erreur. Ce sera son châtiment, indépendamment du bagne. »

Mais pour contrebalancer le crime, il y a dans ce roman une dimension christique, dont Sonia est l'image la plus pure – prostituée sacrificielle qui touche au sublime et image même de la rédemption. Car, aussi étrange que cela puisse paraître, le roman de Dostoïevski conserve, par-delà toutes les abominations qu'il recèle, l'espérance, cette essentielle et deuxième vertu théologale. Toutefois, avant de goûter les fruits de l'espérance, il faut un chemin de croix…

Enfin, Dostoïevski, étant russe, il ne pouvait faire du crime qu'une immensité romanesque car : « Les Russe sont des natures trop vastes, […] vastes comme leur pays »…





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Retour aux classiques, et avec quelle jubilation lorsqu'il s'agit d'un des grands initiateurs du roman moderne : maître Fiodor Dostoïevski en personne.
Lorsque l'on entend prononcer son nom, on pense aussitôt à - Les frères Karamazov -.
Et force est de convenir que l'univers de Raskolnikov, Marmeladov, Svidrigaïlov, Loujine, Porphyre, Aliona et Lizaveta Ivanovna, Katerina Marmeladova, Sofia Marmeladova et tous les autres protagonistes, univers qui s'inscrit dans un roman considéré à juste titre comme une des oeuvres majeures de la littérature universelle, tutoie à n'en pas douter son cousin mentionné précédemment... sans compter quelques autres géants de l'oeuvre dostoïevskienne, auxquels on peut associer une parentèle "étrangère", dont font partie - Les mystères de Paris - d'Eugène Sue, - Les misérables - de Victor Hugo -... par exemple.
D'ailleurs, on retrouve dans les traits des personnages de - Crime et châtiment -, quelques-uns de ceux d'Ivan, Dimitri, Alexeï, Pavel ( fil de Lizaveta... tiens tiens tiens...) et Smerdiakov pour ne citer que les principaux protagonistes des "Frères".
En outre, " le Grand Inquisiteur", fait pendant , résonne comme en écho à une grande partie du questionnement de " Crime..."
On tergiverse encore aujourd'hui sur la genèse de ce chef-d'oeuvre dans lequel certains voient poindre l'influence du bagne, dont l'auteur fit pendant quelques années sibériennes la triste expérience... et elle est présente... de là à affirmer que c'est en observant ses compagnons de détention qu'a germé en Dostoïevski l'idée de - Crime et châtiment -, il y a quelques verstes que j'hésiterai à franchir tant d'autres explications sont envisageables même si dans un courrier de 1859 adressé à son frère Mikhaïl, il confiait à celui-ci :
« En décembre, je commencerai un roman... Tu te souviens peut-être que je t'avais parlé d'un roman-confession que je voulais écrire après tous les autres, en disant qu'il me fallait encore vivre cela moi-même. Maintenant, j'ai décidé de l'écrire sans retard... Je mettrai mon coeur et mon sang dans ce roman. Je l'ai projeté au bagne, couché sur les bats-flancs, en une minute douloureuse de chagrin et de découragement... Cette Confession assoira définitivement mon nom. »
Les constantes de l'oeuvre du maître russe sont, elles, présentes : la lutte entre le bien et le mal, la place de la conscience morale, celle de Dieu, le libre arbitre, le poids et le sens de la culpabilité, l'incontournable présence de la rédemption, le contexte historique, ses racines, ses influences contemporaines... nihilisme, socialisme..., mais également, et ce roman leur offre une part belle : la psychologie et le mythe du surhomme qui fait que l'on ne peut lire ce livre sans sentir planer la présence de Nietzsche, lequel fut un admirateur de Dostoïevski.
Raskolnikov est un ancien étudiant en droit, pauvre, intelligent, très orgueilleux, rêveur, sans foi ni loi, mais enclin à voir des signes et à sentir qu'il est peut-être guidé par la main du destin ( ? ), qui voit le monde scindé entre deux espèces d'hommes : "les ordinaires" et "les extraordinaires", ceux auxquels tout est permis, y compris le crime, pour peu qu'il soit légitimé par de grands desseins.
Lui, appartient à la race des seigneurs.
Il est un surhomme au sens nietzschéen du terme.
Une "vermine" usurière et sa pauvre soeur, qui va se trouver au mauvais endroit au mauvais moment, vont être les victimes du "surhomme", et payer de leurs misérables vies le "grand dessein" d'un Raskolnikov... qui bien que devenu assassin va pitoyablement échouer dans son rêve "napoléonien".
Redevenu un homme "ordinaire", Il va, dans une lutte acharnée entre le bien et le mal, entre le Jekyll et l'Hyde au-dessus des lois des hommes et celles de Dieu, rencontrer Sonia une prostituée, à laquelle il va confier son crime, et d'une certaine façon le fardeau trop lourd de sa conscience.
Celle-ci va le convaincre de se livrer.
Raskolnikov va être condamné à huit années de bagne.
Sonia le suit.
Grâce à elle, il va découvrir l'amour, et obtenir la rédemption.
Je ne pouvais pas faire plus court pour résumer un roman qui mêle une kyrielle de personnages, dont ceux que j'ai cités un peu plus avant.
Il eut été difficile d'évoquer en détail les confrontations, les face à face entre Raskolnikov et le juge Porphyre, ou celles qui vont "l'opposer" à Loujine, à Marmeladov, à Svidrigaïlov, à sa mère et à sa soeur.
Ce sont des moments pleins, intenses, des "aventures" dans l'aventure, des romans dans le roman.
Chacun est détenteur et responsable de sa lecture et de la grille qui fait que cette dernière aboutit à telle ou telle explication, telle ou telle interprétation.
Contrairement à ce que j'ai croisé dans un commentaire, je n'ai vu aucune histoire policière dans - Crime et châtiment -.
C'est avant tout une confession, la confession d'un criminel.
Le jeu du chat et de la souris auquel se livrent le juge Porphyre et l'assassin Raskolnikov relève moins d'un numéro cabotin de Peter Falk alias l'inspecteur Colombo que d'une subtile séance freudienne... avant l'heure.
Andrea.H.Japp a d'ailleurs écrit à ce propos que : " Crime et châtiment est la première histoire d'un homme qui se demande s'il est ou non sociopathe. Il veut voir voir s'il peut tuer et ne pas avoir de remords. L'exemple type du meurtre gratuit."
Lafcadio dans - Les caves du Vatican - de Gide, est un petit petit-fils de Raskolnikov, tout comme le seront Brandon Shaw et Philip Morgan dans - La corde - la pièce de Patrick Hamilton... sans oublier Leopold et Loeb, deux criminels abreuvés aux mêmes sources " nietzschéennes ", qui enlèveront et assassineront dans les années 20 le jeune Bobby Franks âgé de quatorze ans... un crime odieux qui soulèvera d'effroi l'Amérique et inspirera à Meyer Levin son fameux bouquin intitulé - Crime... - eh oui, ça ne s'invente pas !
Car le duo Porphyre-Raskolnikov est le noeud gordien de l'entreprise psychologique mise en oeuvre par Dostoïevski dans son roman.
Et là où je pourrais être d'accord avec le commentaire auquel j'ai fait allusion précédemment, c'est que Porphyre, dans une certaine mesure, anticipe par exemple les contours de ce que sera chez Doyle un certain Mister Holmes.
Mais c'est là mon seul point d'accord.
On voudrait pouvoir développer ad infinitum une oeuvre de cette envergure.
Je me contenterai de dire pour conclure que là où il y a génie, on ne peut être que gratitude et admiration pour le partage et la richesse qu'il implique et dont il reste quelque chose, ne serait-ce qu'infime... mais c'est suffisant ... après les heures passées dans son ombre.
Rajouter, bien évidemment, que s'il est un livre incontournable, indispensable, - Crime et châtiment - peut-être ce livre.
Tout est dans cette oeuvre magistrale... je ne vais donc pas me répéter... comme D. Ergaz qui en a fait la traduction française et qui n'a pas craint d'employer à peine un peu moins d'une centaine de fois le verbe "marmotter".
N'eût été le génie du livre... j'en aurais presque pleuré...
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« Raskolnikov, à bout de force, tomba sur le divan, mais il ne pouvait plus fermer les yeux. Il resta couché une bonne demi-heure, dans cette souffrance, dans cette insupportable sensation d'épouvante sans borne qu'il n'avait jamais encore éprouvée. »

L'argument de ce vaste roman, paru en 1866, est connu : un étudiant, Rodion Raskolnikov, commet un meurtre avec préméditation sur la personne d'une vieille prêteuse sur gage qu'il connaissait. S'il avait longuement préparé ce crime, l'arrivée de la soeur de la victime, le pousse à en commettre un second… Il réussit à fuir la scène de crime sans se faire remarquer.

Il s'agit là d'un acte quasiment « gratuit ». Depuis quelques mois Raskolnikov n'a plus les moyens nécessaires pour poursuivre ses études de droit. Il est en délicatesse avec sa logeuse. Et il ne sort guère plus de son placard miteux. Mentalement, il a perdu pied. Mais il reste conscient de ses actes.

Il fera tout pour ne pas avouer ces crimes, alors que de grandes difficultés familiales (sa mère et sa soeur) compliquent encore sa situation…

J'ai été constamment étonné et séduit par ce roman, proprement incroyable de maîtrise. C'est avant tout un véritable roman policier, une sorte de prototype du genre. On peut y trouver, entre autres, un véritable jeu du chat et de la souris entre le juge d'instruction Porphyre Petrovitch et Raskolnikov, pas si éloigné de ce qu'aurait pu tirer Simenon d'une intrigue pareille. D'ailleurs Simenon avait lu les auteurs russes dans sa jeunesse et reconnaissait l'influence qu'ils avaient eu sur sa vision assez sombre de l'humanité, vraiment présente dans ses romans « durs ».

En grande partie dialoguée, l'intrigue laisse toute sa place à un suspense insoutenable : Raskolnikov craquera-t-il ? Tout semble se liguer contre lui. Et le lecteur, loin de le considérer comme la fripouille qu'il est, tremble pour lui et avec lui.

Il y a en plus, bien évidemment puisqu'on est tout de même dans le domaine russe du 19ème siècle, une dimension philosophique, métaphysique et même religieuse. La critique sociale est aigue. On touche du doigt les difficultés des pauvres gens, particulièrement les enfants, et les grandes violences qu'ils subissent.

Je n'en reviens pas.
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Ce livre fût ma première lecture russe, une vraie découverte pour moi et ça m'a donné envie d'en lire plus.
L'intrigue est selon moi secondaire, ce qui m'a vraiment séduite c'est la justesse et le soin mit dans la psychologie de chaque personnage. L'écriture est incroyablement riche et les descriptions sont précises. Cependant la version que j'ai lue me semblait un peu trop complexe, je crois que j'en lirais une autre si je venais à me replonger dedans.
Le plongeon dans le monde russe était une bonne expérience que je prendrais la peine de lire d'autres romans de Dostoïevshi et autres auteurs russes (sans doutes en commençant par Les frères Karamazov, et pourquoi pas Guerre et Paix de Tolstoï).
La lecture m'a prit du temps (pour des raisons personnelles) mais finalement je trouve que c'est un livre qui se lit relativement facilement. Choisir de le lire aussi m'a prit du temps Les avis de ceux qui l'avaient lu avant moi m'avaient fait un peu peur sur ce point, j'avais eu l'impression que je n'arriverais pas à comprendre ou que lire ce roman me donnerait des migraines, finalement c'était une belle lecture et ma tête en sort indemne.
Dostoïevski est considéré comme un grand auteur, et je comprend pourquoi !
Une lecture que je conseille, même aux réticents.
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Très bon roman, policier, psychologique qui donne une idée de la vie en Russie au 19° siècle. D'un aspect abordable aux nombreuses traductions qui lui sont faite, il aborde le thème de la culpabilité et de la repentance, un sujet actuel. Lire les livres classiques est un acte nécessaire ! A lire ! A recommander !
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Ce roman me fait définitivement penser que la littérature russe est une des plus riches et une de celle qui me plait le plus, qu'elle a des caractéristiques bien à elle et qu'elle regorge de romans à lire au moins une fois dans sa vie, de ceux qui vous font sentir différent après les avoir terminés.

Raskolnikov est un personnage très complexe et un des plus difficile à cerner qu'il m'ait été donné de rencontrer. Tout au long du roman, ses errements à travers Saint-Pétersbourg ou son enfermement dans son logement font alterner nos impressions sur lui entre compassion et dureté à son égard. Tandis que ses paroles et actions à l'égard de ceux qui l'entourent nous font hésiter entre la folie et le génie. Mais finalement, n'est-ce pas tout simplement le comportement d'un homme désabusé ? En cela la plume de Dostoïevski rend très bien compte de la complexité de la psychologie de tous ses personnages.

Au-delà du destin individuel du héros, l'auteur dépeint toute une galerie de personnages secondaires qui permet au lecteur de s'immerger dans le quotidien de Saint-Pétersbourg au XIXème siècle et de se rendre compte des difficultés de la vie des classes populaires de l'époque. Les personnages sont variés, leurs personnalités fouillées mais tous sont empreints d'un esprit russe indissociable au roman, celui du destin auquel on ne peut échapper.

Cela faisait plusieurs années que je me disais qu'il faudrait un jour que je lise ce roman et il aurait probablement patienté dans ma PAL encore longtemps si je n'y avais pas été incitée par la proposition d'une lecture commune. Expérience très enrichissante qui m'a permis de confronter mon point de vue avec celui d'autres lectrices.
Je termine ainsi ce livre avec la satisfaction de l'avoir enfin lu, le sentiment agréable d'avoir pu prendre le temps d'analyser et de partager mes impressions tout en m'enrichissant de celles des autres et surtout en gardant l'impression d'avoir lu un roman intemporel et universel.
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« Crime et châtiment » est le cheminement intellectuel de Rodion Raskolnikov, étudiant à Saint Pétersbourg, tombé dans la pauvreté, qui commet un double crime : l'assassinat d'une usurière et de sa soeur. Fiodor Dostoievski y trouve le prétexte pour développer certaines théories qui avaient cours en Russie à la fin du 19ème siècle et certaines réflexions nées de son séjour au bagne.

Son crime, Raskolnikov l'a pensé, prémédité, tout du moins l'assassinat de la vieille prêteuse sur gage. En l'éliminant il est persuadé de rendre service à l'humanité. Partant de là ce n'est pas un crime mais un acte de bienfaisance commis par un être supérieur. Par contre l'assassinat de la soeur de la vieille n'était pas prévu. Incident qui va jeter Raskolnikov dans le trouble.

C'est un Rodion malade que nous rencontrons au début du roman. Mal logé, mal nourri, sans revenu, vêtu de guenilles il décide de vendre ses derniers biens pour quelques kopecks. Comme tous les habitants de son quartier il survit plus qu'il ne vit. Fiodor Dostoievski dessine une remarquable peinture de la société, de ce peuple mal-né, plongé dès la naissance dans la pauvreté sans espoir d'en sortir. Même les classes moyennes peinent à mener une vie tranquille. Ne voulant pas dépendre de sa mère et de sa soeur Rodion traîne sa culpabilité d'avoir abandonné ses études tout en refusant à qui que ce soit de l'aider, et principalement à sa mère et sa soeur. C'est le portrait de la déchéance humaine qui est fait à travers lui. Après son acte, dont il ne tirera aucun bénéfice, il sombre pendant des jours dans un état émotionnel et psychologique chaotique.

Ce chef-d'oeuvre de Dostoievski est un roman psychologique intense. Il décrit l'esprit tourmenté de son héros. Car Raskolnikov est persuadé d'être un homme exceptionnel, au même titre que Napoléon qu'il admire. Ainsi il croit à une théorie qui veut que les lois ne soient pas les mêmes pour ceux de son type. Son intelligence et son destin en font un être au-dessus des autres. En conséquence son geste n'est pas un crime, ses motivations le plaçant au-dessus des lois du commun des mortels. Son entourage, le déroulé de l'enquête, la maladie, l'évolution de sa relation avec ses proches, la rencontre avec Sonia, une jeune femme nécessiteuse qui se sacrifie pour sa famille, autant d'éléments qui vont mener Raskolnikov vers la rédemption.

La qualité des descriptions des personnages, de leur psychisme, des conditions de vie, des paysages, des atmosphères, autant de points forts de l'écriture de Dostoievski qui font, avec la qualité de la traduction de D. Ergaz (pour l'édition que j'ai lue), l'intérêt de ce roman. Construit en 6 parties, jouant des rebondissements (on dirait des cliffhangers), l'oeuvre se lit facilement et avec grand plaisir, malgré un petit ralentissement dans les parties 4 et 5.

La personnalité complexe de Raskolnikov nous entraine dans une réflexion sur la condition humaine, sur la conscience morale et le poids de la conséquence de nos actes. En révolte contre la société dans tous ses aspects, Raskolnikov finira par accepter son châtiment pour retrouver le chemin du monde des hommes, notamment grâce à Sonia, l'ange qui le mènera vers la rédemption.
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On comprend immédiatement à lire sa prose pourquoi les Russes sont aujourd'hui encore si attachés à son oeuvre qui dénote une compréhension profonde de l'ordre social et des misères humaines. Roman psychologique aux allures de polar, quête idéologique en butte avec une société qui tarde à s'émanciper et à se renouveler, "Crime et Châtiment" a connu un grand succès dès sa parution en 1866, malgré la noirceur de son thème, plutôt iconoclaste pour la période.
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Chef d'oeuvre absolu, coup de coeur, top 5 pour toujours. Ce livre est une merveille. Un roman qui fait réfléchir, un roman qui bouleverse (la scène où le héros sort du commissariat et voit Sonia lever les yeux vers le ciel est sublime), un roman qui fait du bien. Les personnages sont tous nuancés et le message est fantastique. Génial.
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