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Christian Dotremont (Autre)
EAN : 9782877042246
64 pages
Editions Unes (21/01/2021)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Cette édition rassemble sept ensembles de poèmes de Christian Dotremont, d’Ancienne éternité, texte éblouissant écrit en 1940 à seulement 17 ans et qui le fera intégrer immédiatement les groupes surréalistes belges puis français, jusqu’à Les trois forêts, écrit au sanatorium d’Eupen en 1953 où il soignait sa tuberculose. Ces poèmes, la plupart écrit sous la forme « dialogique » si particulière à Dotremont, dans laquelle questions et réponses se confondent, filent da... >Voir plus
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Petite – II.



ET NOUS AVONS TRAVERSÉ TOUTES SORTES DE BONNES CHOSES…

Et nous avons traversé toutes sortes de bonnes choses :
     du soir, du brouillard et des rues floues.
Je lui ai raconté un peu de ma vie claire-obscure
      (comme une lumière avec un abat-jour dessus).
Elle a dit qu’elle n’était qu’une pauvre personne.
Et qu’elle ne savait pas toutes ces choses mais ses leçons
     de grec et de latin.
Je lui ai dit qu’il fallait m’empêcher de voir la vie en m’en
     aveuglant plein les yeux.
Elle a dit « c’est très compliqué mais je mettrai souvent
     mes lèvres sur tes joues ».
Et j’ai dit que je serais content alors et même après et
     même avant.
Je me demandais comment c’était possible d’avoir été
     si malheureux et de ne plus l’être.
Je me disais « c’est très idéal » et je serrais très fort
     contre moi la petite fille réelle.
Tout de suite j’ai compris en la voyant quitter l’école
     qu’elle quittait nos jeux passés.
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QUAND L’AVEZ-VOUS VUE ?...


I

quand l’avez-vous vue ? ― eh ! bien ? ― son allure ? ― elle mangeait quelque chose et je n’ai jamais su si c’était de l’herbe ― ou moi. ― pourquoi ? vous habitiez l’herbe à ce temps-là ? ― non. mais après l’avoir vue, j’ai disparu. ― vous souvenez-vous d’être mort ? ― un peu, mais je ne suis pas encore venu à la terre, ― sauf ces jours-là et cette fille-là. ― et alors ? comment voulez-vous vivre ? ― en me disant que je ne sais pas mourir. ― comment était-elle ? petite comme le monde, exactement en arrière des choses, ― comme quelqu’un qui va bondir. ― elle a bondi ? ― non. la joie fut fortement cachée ― et sortait de mon côté, bien qu’elle n’était pas en moi, ― au contraire. ― elle était tigre, elle était après la vie, la mort. ― elle était rien. ― elle n’était pas tout ? ― c’est la même chose.
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Petite



V

Et elle a mis un baiser mou sur mes joues et je le lui ai rendu.
Et je lui ai demandé si elle aimait bien Rimbaud, parce que moi
je l’aime.
Et elle a dit qu’elle ne savait pas qui c’était mais qu’elle aimait
bien nous.
Nous avons mordu dans le beau fruit de l’amour enfantin et
nos dents étaient pleines.
Il était cinq heures et il y avait une heure que ça durait, notre
joie.
De nous aimer tranquillement parce que ses cours étaient finis
et parce c’est bon et que j’avais besoin de ça.
Alors elle a dit sérieusement : « il est cinq heures et je vais
rentrer à la maison ».
Et j’ai pensé à sa maison qui était déjà inquiète sans rien savoir.
Et elle a pris son tram et elle m’a fait un petit salut de loin, au
fond du noir.
La petite fille qui sortait de l’école est entrée dans ma vie.
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Parlez-moi d’elle…



Parlez-moi d’elle. ― je la confonds toujours avec elle-même. ― dans mes souvenirs, je la fais habiter une petite maison abandonnée ― avec des fenêtres sales. ― elle était tout en joues et moi j’étais tout en lèvres. ― nous étions bien faits pour nous entendre car quatre lèvres soudées ne laissent passer que le monde ― (les gestes parlent.) ― et c’est déjà bien. ― elle a un visage perdu d’avance. ― à la place de la bouche, elle a un sourire noir. ― noir ? ― oui, une joie en peine, je ne sais pas. ― son corps n’est pas fait pour exister. ― il meurt de vie. ― j’avais fabriqué des tas de filles ; ― elle fut toutes. ― elle fut elle. ― elle fut nous. ― je ne savais pas où l’embrasser. ― je l’ai embrassée partout, jusque dans les villages ; ― je mettais des baisers sur le soleil. ― elle était tout, ― même ce qui est bon. ― parlez-moi d’elle.
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AVANT, C'ÉTAIT QUOI ?...


avant, c'était quoi ? ― une petite chambre involontaire où je couchais avec moi. ― pour ouvrir la lucarne, une corde grinçait ― et pour ouvrir mon espoir. ― avant, c'était quoi ? ― imaginez une route bordée de routes, ― avec un papier au bout. ― j'ai dit : non. ― le samedi, je me déguisais en homme heureux ― mais c'était un vêtement loué. ― c'était fort solitaire ? ― non, moins. c'était des vers parmi des proses ; donc, une obscurité ― seuls, mes yeux crevaient de lumière. ― et quoi encore ? ― l'invisible.
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Vidéo de Christian Dotremont
Christian DOTREMONT – Une Vie, une Œuvre : écrire les mots comme ils bougent (France Culture, 2002) L’émission "Une Vie, une Œuvre", par Michel Cazenave, diffusée le 21 avril 2002 sur France Culture. Invités : Pierre Alechinsky, Frédéric Baal, Anne Beyers, Michel Butor, Jacques Calonne, Luc de Heusch et Ann West.
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