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Emmanuel Varlet (Traducteur)
EAN : 9782742781119
316 pages
Actes Sud (05/01/2009)
3.44/5   8 notes
Résumé :
Une demeure passablement décrépite dans un village perché sur les hauteurs de Beyrouth. C'est ici qu'ont toujours vécu les Baz, grande famille de la bourgeoisie chrétienne sur le déclin. Nous sommes au début des années 1990, bien loin du faste d'antan, quand Francis al-Baz pouvait prétendre à un siège de député. Aujourd'hui, au lendemain de la guerre civile, la maison semble abandonnée. La tante Nohad n'est plus là pour régenter la vie domestique : ses neveux l'ont ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Liban, début années 90, au lendemain de la guerre civile. Chaque famille a son lot de conflits et de secrets. C'est une maison délabrée au coeur de l'histoire, perchée dans un village au-dessous de Beyrouth ici en est le berceau, pour les Baz, grande famille de la bourgeoisie maronite au déclin. le rez-de-chaussée de la demeure est abandonné , au première étage muni d'une porte blindée vit seul, reclu, Reba l'un des trois derniers héritiers frères et soeur et une famille arabe est installée dans la cave en échange de menus services, bien qu'en vérité leur histoire avec les Baz qui remonte à loin soit plus compliquée. Jojo, l'autre frère qui habitait le rez-de-chaussée, est parti vivre à Beyrouth et se pointe de temps en temps pour emporter quelques mobiliers qui peuvent éventuellement lui servir. Leur soeur Sarah qui a épousé un musulman est à jamais bannie de la famille, quand à la tante Nohad grande modératrice du bazar et du quotidien des Baz , n'ayant plus sa tête , désormais est placée en maison de retraite…..

Jabbour Douaihy, dont je viens de lire le quatrième livre nous raconte à nouveau avec brio à travers l'histoire d'une famille chrétienne , la complexité de la société libanaise gisant entre divers couches ethniques et religieuses , engoncée dans les hiérarchies du prestige social au sein même d'une même communauté. Un panneau à l'entrée du chemin qui bifurque vers la demeure , signalant « Sans issu » , est je pense le mot clé qui résume le mieux notre histoire, la petite dans la grande, celle des Baz dans celle du Liban. Inutile de vous en raconter plus, la construction du livre qui semble simple grâce à la prose de Douaihy , un travail d'orfèvre ( bravo à la traduction* comme toujours !) , est plutôt complexe avec des allers retours dans le temps, notamment aux temps de la guerre civile (1975-1990). Révélée à petite touches, l'histoire qui bascule entre tragique et comique, comporte une intrigue , «l'accident » , une mystérieuse jeune femme, cousine de la famille arabe de la cave , d'une exquise sensualité sous la plume de Douaihy , un Reba invisible, barricadé dans la chambre du coin, reclus dans son deuil amoureux, un des passages le plus magnifique du livre, et d'autres surprises surtout vers la fin….dans chaque page vous trouverez une idée, une réflexion, un détail, un fait, une description intéressante, sans temps de répit jusqu'à la phrase finale.

Né en 1949, Jabbour Douaihy nous a malheureusement quittés en juillet 2021. Professeur de littérature française à l'université libanaise de Tripoli et collaborateur du mensuel francophone L'Orient littéraire, il écrivait en arabe. Un homme qui a pleinement vécu l'histoire récente turbulente des dernières décennies de son pays, d'abord en militant, puis en observateur et qui en témoigne tragiquement à merveille dans ses livres. Si non déjà fait, un auteur que je vous conseille expressément de découvrir.

*Emmanuel Varlet : « Traduire de lʹarabe au français. Comment rendre toutes les nuances, toute la complexité dʹune langue aussi vaste? Lʹarabe cʹest une langue écrite pour des dizaines de langues parlées différentes et autant de cultures propres et particulières. Il en faut de la patience. Il faut de lʹendurance aussi. Emmanuel Varlet avoue passer parfois toute une matinée sur un paragraphe pour tenter de donner le rythme, la musique, pour traduire au plus près lʹintention et lʹémotion de lʹécrivain. »
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Dans une grande maison décrépite des environs de Beyrouth, le délabrement d'une famille libanaise est à l'image des lieux, où tout se délite et se fissure.

Le Liban sort des années noires de la guerre en 1990. le pays panse ses plaies, tentant de faire cohabiter une population multiconfessionnelle où les tensions persistent.

La grande maison des Baz est une métaphore du pays. En ruines ou presque, elle abrite le déclin élégant des propriétaires vivant dans les étages et des bédouins sédentarisés dans les sous-sols.
Entre une tante dont l'esprit bat la campagne, un fils qui pleure un amour perdu en se terrant dans une chambre, un frère et son épouse dépressive qui ont jeté l'éponge du sauvetage familial, une fille partie épouser un musulman, rien ne va plus...

Le parc est investi par les citadins en pique-nique dominical, les stucs s'effritent, les peintures s'écaillent et le rêve de transformation en hôtel a pris définitivement l'eau.
Quand arrive une belle et sauvage bédouine....

Dans un récit lyrique et décalé, Jabbour Douaily nous offre à comprendre un Liban bien éloigné des rêves littéraires du pays des cèdres. Prenant le parti d'écrire une chronique familiale entre le tragique et le comique, il nous montre un Liban où les communautés sont nombreuses et diverses, et l'équilibre fragile.
Quoi de mieux que le burlesque pour tenter l'insouciance face aux lendemains incertains. La plume de ce professeur de littérature française est joyeuse mais ne cherche pas à nous tromper par une histoire au premier degré. Il cherche au contraire à illustrer le quotidien du Liban contemporain, en construisant un roman léger, fait de tours et détours, qui parle d'un pays aimé mais au combien compliqué.
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Un roman très bien construit dont l'épicentre est cette maison familiale qui voit défiler les générations d'une même famille, et son inévitable déclin sous couvert de la guerre civile du Liban. de nombreux personnages y séjournent et y socialisent, tous issus de classes, de nationalités et de religions différentes, et la maison en devient presque un miroir de la société libanaise du vingtième siècle, une cohabitation bancale, fragile, mais toujours indispensable. L'auteur trouve le bon équilibre entre l'humour du quotidien, les duretés de la guerre, l'expérience individuelle et le temps qui passe, tout en évitant la naïveté des bons sentiments et les résolutions trop faciles.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
-Comment font-ils pour distinguer un musulman d’un chrétien ?
-Tu ne sais pas que chez nous la confession est inscrite sur la carte d’identité ?
-Et si…la personne n’a pas sa carte d’identité sur elle , elle échappe à la mort?
-Ils arrivent toujours à connaître sa confession
-Comment font-ils ?…par son nom ?….Reda par exemple , c’est un prénom musulman ou chrétien ?
- Ils les reconnaissent en les voyants ma chère !
-Comment ça?
Et Nohad de supplier Jojo:
- Fait donc taire cette femme, je t’en supplie ! Qu’elle arrête avec ses âneries !Comme si cette situation ne nous empoisonnait déjà pas assez l’existence …

( Pendant la guerre civile au Liban dans une famille maronite, une des épouses , une autrichienne converse avec la tante du mari )
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Il enviait ces gens qui prêtaient aux choses de la vie plus de sens qu’elles n’en avaient et qui entouraient chacun de leurs actes de tout un cérémonial , les femmes avec leurs parures, les rois avec leurs protocoles, les maîtres queux avec l’ordonnance de leurs tables et leur service.
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