AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330091361
304 pages
Actes Sud (04/10/2017)
3.61/5   14 notes
Résumé :
Déçu qu'aucun éditeur de Beyrouth n'accepte de publier le roman qu'il a écrit entièrement à lamain, Farid accepte un emploi de correcteur dans une imprimerie réputée. Il fera chavirer le c?ur de l'épouse de son patron avant de découvrir les man?uvres frauduleuses des gérants de l'imprimerie et de leurs ancêtres. L'auteur présente ici le monde du livre comme un microcosme de Beyrouth, ville qui ne ressemble à aucune autre, pépinière des plus beaux talents, paradis de... >Voir plus
Que lire après Le manuscrit de BeyrouthVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
‎طبع في بيرو
Farid Abou Chaar, un jeune libanais a écrit "Le Livre", où il y a mis le fond de son âme et l'a dédicacé "à moi". Il cherche un éditeur à Beyrouth pour le publier et atterrit à l' "Imprimerie Karam Frères, 1908.” chez Abdallah Karam, dit Dudule. Dudule qui lui imprime tout, sauf des livres, cherche d'urgence un correcteur pour l'arabe. Faute d'éditeur, Farid se résigne à cette proposition déroutante.
Dudule trop occupé par son travail et s'enivrant d'autres " labeurs" suite à un grave accident, délaisse sa jeune et jolie femme Perséphone Melki, Perso pour les intimes, décoratrice d'intérieur de son état, au repos. Perso s'ennuie, habitant au-dessus de l'imprimerie, le nouvel arrivant attise sa curiosité. Quand à Farid, il est bien décidé de surcroît à percer le secret de cette femme qui fume, lit et regarde les étrangers dans les yeux. Hé, hé, vous vous dites, vu les circonstances, Farid et Perséphone........
Mais le bijou fatal du récit est l'unique exemplaire du livre de Chaar, "Le Livre" imprimé dans le style thuluth, style de calligraphie arabe précieuse, ("Dotés de toute la palette des voyelles – simples et doublées –, ils étaient rehaussés de fioritures en forme de papillons, de virgules flottantes, de lettres miniatures. Les mots avançaient comme sur un palanquin de signes....."), qui va décider du destin de l'imprimerie et de Farid......L'imprimerie centenaire qui résista aux pires soubresauts de l'histoire du Liban survivra-t-elle à ce dernier péril ? Amours, Littérature, Calligraphie, Affaires louches, Intrigues,......rien ne manque. Un livre qui se lit d'une traite.

C'est fou ce qu'on peut apprendre sur un pays, son histoire, ses coutumes, sa mentalité, sa cuisine, sa littérature......... grâce à sa Littérature. Jabbour Douaihy est un excellent écrivain libanais dont je viens de lire le second livre, aprés "Le quartier américain". Si vous n'avez encore rien lu de lui , vous conseille l'un des deux. Celui-ci est son dernier qui vient d'être traduit.

"Savoure ma voix, poésie, savoure
C'est en m'entendant que le rossignol a chanté"
Commenter  J’apprécie          745
Je suis entrée progressivement dans l'histoire. Démarrage lent, indécis.

Farid, l'auteur du manuscrit, est un personnage un peu flou dont la personnalité se dévoilera assez peu et plus tard.Peu sympathique, Il semble imbu de son talent d'auteur, talent qui n'est reconnu par aucun éditeur. Son Livre est aussi inconsistant. L'auteur a mis tout son âme dedans, est-ce de la prose? de la poésie? un essai? on ne le saura jamais. Sa valeur littéraire est uniquement sentimentale, semble-t-il?

L'histoire se déroule dans une imprimerie, et là, je ressens beaucoup plus d'intérêt. Imprimerie ayant traversé presque tout le siècle, puisque l'enseigne (en se vantant) précise, avec quelque vantardise, depuis 1908. Un siècle d'histoire du Liban, les caractères de plomb passent de l'imprimerie des Jésuites, au pouvoir des Ottomans, fin de la première guerre mondiale, arrivée des Français....un siècle aussi de techniques qui évoluent, les caractères qu'on compose à la main pour les apporter à la presse seront balayés par le numérique à la fin de l'histoire. La machine Heidelberg Speedmaster XL, 162, va révolutionner non seulement la technologie mais aussi la gestion et les financements de l'entreprise. Célébration d'un métier : la typographie, ainsi que de l'écriture arabe dont les caractères sont enjolivés par  certaines fontes qui sont comme des trésors qu'on vole et cache. Difficile pour le lecteur qui ne lit pas l'arabe d'entrer dans tous les détails de la calligraphie,.C'est aussi le charme du livre, ce qui en fait l'exotisme. et dans cette célébration de l'imprimerie et des caractères arabes, je commence à accrocher. Cela suffirait pour que le Manuscrit de Beyrouth soit un livre qui m'enchante.

Mais ce n'est pas tout, le Liban a vécu récemment une période troublée, de guerre civile, d'attentats, enlèvements et l'action se trouve prise dans cette violence, d'abord le patron de l'imprimerie est victime d'un attentat, ensuite il se trouve pris dans une série de trafics louche. Et là, le ton du livre change. On arrive dans un thriller. Un trafic de fausse monnaie d'une ampleur énorme, à l'échelle de cette énorme machine Heidelberg que l'on doit financer....L'action qui avait démarré si lentement voit son rythme s'accélérer...j'arrête ici, peur de spoiler.




Lien : http://miriampanigel.blog.le..
Commenter  J’apprécie          60
Une intrigue originale, pointée d'ironie, ancrée dans le contexte historique et culturel du Liban. Farid Abou Chaar, puriste de la langue arabe, cherche un éditeur pour son manuscrit, manuscrit auquel il voue un attachement sans pareil et qui ne le quitte jamais - ou presque... Il devra finalement se contenter d'un poste de correcteur dans un imprimerie où l'enchainement de coïncidences va le placer dans une situation inextricable.
Commenter  J’apprécie          70
Le Manuscrit de Beyrouth c'est d'abord un bon roman à intrigue avec une histoire d'amour, une forme fréquente pour tout auteur qui cherche un lectorat, mais, heureusement, ce livre ne s'arrête pas à ce format banal puisqu'il propose aussi de belles pages où Blanchot croise Les Mu'allapât (poèmes préislamiques) et où le lecteur découvrira le travail des imprimeurs, des calligraphes aussi, sur presque cent ans, tout ça dans une Beyrouth continuellement secouée par L Histoire. Malgré une construction parfois un rien bancale (les allers retours dans le temps donnent parfois l'impression que l'auteur a cherché des raccourcis, avec un effet, pour le lecteur, un peu "téléfilm") et un mécanisme sorti d'un atelier d'écriture (chaque fois qu'un nouveau protagoniste entre en scène on a droit à son CV et à son arbre généalogique - c'est presque fatiguant à la longue), le Manuscrit de Beyrouth est un bel éloge au livre, à la littérature, à l'imprimerie, avec une histoire mi-solaire, mi-ombrageuse. Au final, un livre touchant, divertissant dans le bon sens du terme. Belle pause littéraire avant d'entamer le plus dense Rois d'Alexandrie de José Carlos Llop, qui m'emmènera, lui, à Majorque, sur fond de musique des années 60/70 (dont le Velvet Underground!).
Commenter  J’apprécie          20


critiques presse (1)
LeMonde
22 décembre 2017
Le romancier libanais Jabbour Douaihy livre un faux polar, mais une vraie comédie, hommage à l’écriture arabe et à l’imprimerie.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Dans ses rêves, il voyait un océan aux eaux verdâtres dont les vagues s’entrechoquaient par un jour de tempête, coiffées non pas d’écume, mais d’un fourmillement de fautes de lan­­gue phosphorescentes. Une mer tachetée de hamza * au-dessus de l’ ali f ** ou en dessous, de verbes d’opinion, de verbes transitifs, de compléments d’objet, de noms assimilés à des verbes, de nombres composés aux subtiles déclinaisons, de particules d’interpellation, de réprimande, d’appel au secours… Au bout d’un certain temps, il fut gagné par la fièvre des fautes. Il en voyait sur les panneaux publicitaires, les affiches politiques, les enseignes des magasins. Chaque fois qu’il en apercevait une de loin, il manquait de reproduire de la main le geste qu’il faisait pour raturer au Bic rouge une hamza mal placée.

*Lettre de l’alphabet arabe ( ء ) se prononçant comme un coup de glotte. L’écriture de la hamza est assez complexe. Dans la plupart des cas, elle est accompagnée d’un support graphique qui diffère en fonction de son environnement vocalique et de sa place à l’intérieur du mot.
**Lettre hybride traditionnellement présentée comme la première de l’alphabet arabe, qui sert soit de voyelle longue (pour le son a , dit voyelle “ouverte”), soit, dans certaines situations, de support graphique à la hamza

( Il est un correcteur pour l'arabe dans une imprimerie)
Commenter  J’apprécie          350
Elle occupait le vide de ses journées en lisant des romans policiers. La "Série noire". Elle avait hérité de la collection de son père, qui avait commencé très tôt à se procurer ces volumes au titre jaune et à la reliure sombre. Elle aimait ce qu'on pouvait lire sur le quatrième de couverture. " Des romans où l'on voit des policiers plus corrompus que les malfaiteurs qu'ils poursuivent. Le détective ne résout pas toujours le mystère. Parfois, il n'y a pas de mystère. Et quelquefois pas de détective..." (p. 29)
Commenter  J’apprécie          260
Il tenait également à ce que son livre soit protégé par des pages fermées et repliées l'une sur l'autre, de sorte qu'un curieux se promenant par hasard devant les rayons d'une librairie ne pourrait y avoir accès-car il faudrait pour l'ouvrir un de ces élégants coupe-papiers au manche incrusté d'ivoire qui faisait voler d'infimes poussières sur vos vêtements et dans l'air alentour.
Il n'y aurait pas de résumé sur le quatrième de couverture. son écriture ne se laissait pas abréger: n'était-elle pas la concision même ? (...) En fin de compte, il décida qu'il ne serait redevable à personne. quelle que soit sa consécration, il pourrait dire qu'il s'était fait tout seul, un point c'est tout. La quatrième de couverture resterait parfaitement vierge; on n'y trouverait même pas le prix du livre. (p. 32-33)
Commenter  J’apprécie          150
Farid dit qu’il souhaitait faire publier son livre. La réponse lui vint par-derrière, d’un coin de la pièce, dans un arabe balbutiant :
"Il y a quoi dans ce livre ?”
Commenter  J’apprécie          310
Ainsi, par une volonté secrète et suprême, comme si un architecte au desseins insondables l'avait tracé avec un gigantesque compas, l'imprimerie Karam Frères, tout au long de ces décennies où Beyrouth fut pilonnée depuis la mer, les airs, les postes d'artillerie juchés sur les montagnes, assiégée et profanée par des armées, agitée par des révolutions qui se perdirent en route, quadrillées de barricades en tout sens, ces décennies où elle goûta la fanfaronnade de la vie, son allégresse, la paresse des jours face à la mer, la clameur de ces nuits camouflant indigents, célébrités, danseuses et espions de tout poil, l'imprimerie dessina un cercle presque parfait autour d'un point central constitué par l'église Saint-Joseph, patron des pères jésuites, jusqu'à ce qu'elle aille s'installer sous ces hautes galleries cernées de jacarandas couleur lilas où Farid Halim Abou Chaar aboutit un jour dans la fièvre de ses recherches trébuchantes pour publier son livre, où le chômage et le besoin dans lesquels il se trouvait, comme les regards insistants de cette femme aux yeux bleus et purs, suffirent à le convaincre de s'établir comme correcteur d'arabe inégalé.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Jabbour Douaihy (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jabbour Douaihy
Payot - Marque Page - Jabbour Douaihy - le manuscrit de Beyrouth
autres livres classés : libanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (45) Voir plus



Quiz Voir plus

Un titre = un auteur

Si je vous dis "Histoires extraordinaires"

Edgar Allan Poe
Honoré de Balzac
Agatha Christie

7 questions
11209 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}