Publié cinq années avant le décès de son auteur et trois années avant
Trilby,
Peter Ibbetson est le premier roman de George du Maurier. À première vue, l'intrigue peut sembler assez banale voire sans intérêt tant le thème de la séparation est récurrent dans la littérature du XIXè siècle. Mais tout ce qui fait la force du roman autobiographique rédigé par
Du Maurier, c'est le voyage onirique et lyrique qu'il propose au lecteur, loin du carcan tragique qui jalonne traditionnellement le drame romantique tel que conçu et apprécié à l'époque. À cela il faut ajouter la style raffiné et élégant de l'écriture de du Maurier, ainsi que les nombreuses références littéraires et artistiques qui enrichissent la trame du roman. S'agissant de l'histoire maintenant,
Peter Ibbetson conte une histoire d'amour invisible entre deux êtres que le tumulte de la vie éloignera à deux reprises et qui chercheront à se réunir de manière inconsciente tout au long de leur vie. le roman débute par la narration de la jeunesse dorée du héros du roman,
Pierre Pasquier de la Marière, qui deviendra plus tard
Peter Ibbetson. Élevé dans les fastes de la capitale française, Pierre vit une parfaite idylle jusqu'à la mort de ses parents lorsqu'il atteint l'âge de douze ans. Recueilli par son oncle, le colonel Ibbetson, Pierre est contraint de quitter son petit cocon parisien et de partir avec lui pour Londres. Ce départ brutal de l'autre côté de la Manche le force à quitter une première fois celle qui se révèlera plus tard être l'amour de sa vie, la petite Mimsey Séraskier, alors qu'à cette époque ils n'étaient que deux enfants complices.
Tous deux, Pierre comme Mimsey, changeront alors d'identité, le premier devenant
Peter Ibbetson, et la seconde la duchesse de Towers. Leurs chemins se croiseront à nouveau quelques années plus tard mais ils ne se reconnaîtront pas jusqu'à ce qu'ils s'avouent à chacun leurs sentiments réciproques. Néanmoins, le statut de Mimsey devenue duchesse l'empêche de conserver le contact avec Peter. Ce n'est que peu de temps avant l'emprisonnement de Peter, condamné pour avoir tué son oncle, qu'ils découvrent tous deux qu'ils ont la possibilité d'évoluer se rejoindre à nouveau dans le monde de leur enfance par le rêve. le roman autobiographique prend alors un tournant surréaliste puisque pendant des années, Peter et la duchesse se retrouveront dans leurs rêves et donneront vie à leur idylle dans les songes qu'ils partageront tous les deux, jusqu'à ce que la mort les en empêche. le registre onirique qui guide la seconde partie du roman est manié par
Du Maurier avec une habileté singulière. L'oeuvre de du Maurier a donc de quoi surprendre et se lit aisément. Je recommande.