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EAN : 9791023514803
72 pages
Seuil Jeunesse (22/10/2020)
4.47/5   20 notes
Résumé :
Magicienne et ensorceleuse, fine connaisseuse des pouvoirs de la nature, reine des ténèbres et du monde des morts, furie destructrice capable de menacer l'ordre du monde, suppôt de Satan... la sorcière symbolise ce qui nous échappe et nous effraie. Tour à tour belle ou laide, bienfaitrice ou maléfique, elle impressionne par son mystère, sa puissance.

De l'Antiquité à nos jours, une promenade fascinante dans le monde de l'art et de la sorcellerie.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Cet automne, les sorcières sont à la mode et j'ai compté pas moins de quatre ouvrages en librairie les mettant à l'honneur, sans compter les romans.

Si ces livres ne peuvent faire l'impasse sur la magie et l'imagerie propres au fantasme, à la sorcellerie et somme toute à l'imaginaire, c'est un plaisir de constater qu'ils se concentrent tout de même davantage sur la figure historique de la sorcière, sur sa portée sociologique, anthropologique.
Bien que je ne puisse m'empêcher de m'interroger sur la popularité soudaine d'un tel sujet (est-ce dû au féminisme? à l'écologie? Aux deux?) qui jusque là restait cantonné à la sphère des recherches universitaires ou dans celles, plus nébuleuses, du new age , je dois reconnaître que je le trouve aussi passionnant que fascinant, aussi je me suis lancée à la découverte de cette bibliographie toute fraîche en commençant par "Les Sorcières, une histoire des femmes" de Céline du Chéné puis par le très bel ouvrage de Pauline Duclos-Grenet.

La force de ce "Sorcières! Une histoire des sorcières à travers l'art" réside tout d'abord dans l'originalité de son propos. En effet, Pauline Duclos-Grenet se propose certes de retracer l'histoire de la sorcière et sa construction à travers les âges et L Histoire mais par le biais de l'art également.
Il en résulte un ouvrage à la fois beau et érudit qui donne à voir l'évolution de la figure de la sorcière au fil des siècles auquel se superpose une plongée dans l'histoire de l'Art et c'est clairement une réussite.

Par contre, une petite précision semble de rigueur: le livre est certes destiné aux enfants et sur leur site "Seuil jeunesse" le recommande à partir de six ans...ce qui me parait bien trop jeune! En revanche un peu plus tard, dès le collège par exemple…

Qu'on ne se fie ainsi pas à la couverture rose-bonbon (et par ailleurs très réussie) du livre: ce qu'il raconte n'a rien d'enfantin: non seulement, il ne cache rien du sort que réservaient aux femmes accusées de sorcellerie les tribunaux mais il présente et décrypte également des tableaux proprement effrayants. J'en veux pour preuve "Le Sabbat des Sorcières" de Goya (et il n'est pas le seul!).
De plus, les textes de Pauline Duclos-Grenet, s'ils sont accessibles, demeurent érudits, précis et n'hésitent pas à employer des termes techniques (pour l'étude des oeuvres) ou historiques, à la portée de collégiens plus que d'écoliers.
Cela dit, c'est un vrai plaisir de lire des ouvrages jeunesse de cette qualité qui ne simplifient pas tout sous prétexte qu'ils sont pour des enfants, ce qui représente d'ailleurs toujours à mes yeux une insulte à l'intelligence de ces derniers. L'auteur n'est pas tombée dans ce piège et intellectuellement, c'est un bonheur.

Adulte ou adolescents, si le sujet vous intéresse, je ne peux que vous recommander ce livre conçu et écrit avec exigence, culture et passion qui présente la figure de la sorcière et ses représentations des origines (Lilith, Eve) aux grandes légendes (Mélusine, Morgane...) en passant par L Histoire et l'anthropologie à travers le prisme inédit et passionnant de l'Art pour lesquels il donne des clefs précieuses!

"Sorcières: une histoire des sorcières à travers l'art" est une manière parfaite et plaisante de remonter aux sources d'une figure mythique, de la comprendre et d'en saisir toutes les nuance, d'en percevoir l'évolution... Et juste après, on peut se mettre devant "Hocus Pocus" ou "The Crucible" (un registre en chasse un autre!) ... parce qu'après tout, novembre est le mois parfait pour ça!
















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Avec ce documentaire Sorcières ! Une histoire des sorcières à travers l'art, nous découvrirons au travers de vingt-cinq chefs-d'oeuvre expliqués, un panorama, de l'Antiquité à nos jours, de ces femmes qui fascinent autant qu'elles effraient, même encore aujourd'hui. Ludique et très illustré, cet ouvrage met l'art et l'Histoire à la portée des plus jeunes. L'art comme vecteur de savoir, mais aussi de compréhension des représentations. Un ouvrage qui propose une belle exposition thématique sur un thème qui nous fascine actuellement car il parle de l'histoire des femmes à travers le temps.
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« de manière générale, les sorcières représentent ce qui fait peur. Ainsi, retracer l'histoire des sorcières, c'est un peu comme faire l'histoire de la peur des sociétés à travers les âges. »
La sorcière – terme désignant ici à la fois des figures mythologiques, bibliques, littéraires et historiques – implique nécessairement la femme qui, après avoir été vénérée pendant des millénaires – voir au Paléolithique l'importance de l'image féminine –, « menace les hommes et leur pouvoir ».
Accompagné par une riche iconographie – où l'on trouve des oeuvres analysées avec justesse et illustrant remarquablement le propos –, ce court et non moins dense ouvrage nous propose donc une « visite » de la sorcière à travers les âges. On rencontre ainsi Lilith, rebelle à l'autorité masculine d'Adam ; la furieuse et passionnée Médée, trahie dans son amour ; la vengeresse Takiyasha au Japon, la malheureuse et maternelle Mélusine ou encore la fée Morgane des légendes arthuriennes, sans oublier l'ère du monothéisme avec la figure centrale et culpabilisante d'Ève, désignée comme « responsable du Mal sur terre ».

En Europe, tant que le christianisme règne, on accorde peu d'importance aux sorcières. Mais à l'avènement des hérésies naît « l'idée d'un gigantesque complot de Satan pour détruire la Chrétienté ». Dès lors, la sorcière – fiancée dudit Satan dans l'imaginaire collectif – devient une cible à traquer. le sabbat apparaît alors comme le lieu de tous les fantasmes, tel que le montre à merveille – diaboliquement je veux dire ! – le tableau de Frans Francken II : « le Sabbat des sorcières ». Tableau à mettre en parallèle avec celui, éponyme, de Goya, dépouillé mais plus terrifiant encore, « comme tiré d'un cauchemar ».

La sorcière est souvent célibataire, ce qui met « ainsi à mal l'ordre social et la reproduction », comme l'illustre la légende de « Margot la Folle ». Elle est forcément laide, car son âme maléfique se lit sur ses traits. Et, parmi ces monstres-femmes, les trois plus célèbres sont sans conteste celles qui incitent le général Macbeth à céder à ses ambitions dévorantes.

Elles sont donc chassées ces sorcières, et 60 000 d'entre elles seront brûlées vives ; dont la plus fameuse sans doute, esnuite réhabilitée pour devenir l'une des grandes figures du roman national français : Jeanne d'Arc.

Côté littérature, la plus innocente femme accusée de sorcellerie reste évidemment Esméralda, dans Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo. Esméralda arrachée au gibet et, pour l'éternité, demeurant dans les bras de Quasimodo, comme un reproche éternel à la calomnie.

Mais à mesure que l'éducation prend le pas sur les superstitions, on voit des représentations nettement plus favorables à ces pauvres femmes, calomniées souvent pour des raisons souvent futiles, car « l'accusation en sorcellerie était un excellent moyen de se débarrasser de quelqu'un de gênant ». Voir le visage perdu de l'accusée dans la gravure « La Balance des sorcières de Oudewater ». Avec le temps, la sorcière devient même séduisante, comme le montre le tableau du peintre préraphaélite John William Waterhouse : « Circée offrant la coupe à Ulysse. »

La sorcière devient aussi le « symbole des opprimés » chez Otto Dix, avec sa « Sorcière » au regard triste et qui semble entrevoir les calamités à venir, à savoir l'avènement d'Hitler.

Désormais, à part quelques soubresauts démoniaques, la sorcière est plus à voir du côté d'Hermione Granger – la fidèle amie d'Harry Potter ! – que de la terrifiante belle-mère de Blanche-Neige. Surtout, elle se révèle comme une incarnation de l'harmonie avec la Nature, ce qui nous éloigne résolument du diable.

Synthétique, sans emphase ni idée préconçue – contrairement à Michelet qui, avec sa Sorcière, s'offrait un réquisitoire en règle contre le christianisme et le Moyen Âge –, ce livre, destiné à un jeune public est une excellente et non moins savante surprise. Il ferait un cadeau idéal en cette période de Noël. Je dis ça, je ne dis rien…

(Merci aux éditions Seuil jeunesse pour cette découverte et, bien entendu, à Babelio, le site qu'il est très beau !)
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J'ai reçu, ce matin, ce superbe livre et je viens tout juste de le terminer.
J'ai vraiment beaucoup aimé parcourir ces oeuvres d'art et lire leurs explications. On découvre la figure de la sorcière à travers l'Europe. Au fil du temps, de l'Antiquité à nos jours, on s'aperçoit qu'elle est plurielle. Elle est, tour à tour, séductrice, monstrueuse, accoucheuse, guérisseuse, suppôt de Satan, guide, faible ou puissante.

Il est vrai que je connaissais déjà bon nombre de sorcières qui y sont mentionnées : Circé, Médée, Baba Yaga, Morgane ou encore Mélusine. Mais je dois dire que j'en ai également découvert d'autres. Je pense notamment à Hécate qui m'a fait une très forte impression ou encore Rangda dite la monstrueuse.

Je regrette une seule chose : l'ouvrage se concentre exclusivement sur l'Europe et évoque simplement deux sorcières en Asie... L'Afrique, l'Amérique et l'Océanie sont les grands oubliés et quel dommage ! Il nous reste encore tant à découvrir.

Je recommande cet ouvrage à toutes et à tous.
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Ainsi que le sous-titre de l'oeuvre l'explique c'est "une histoire des sorcières à travers l'art", qui s'adresse plutôt à la jeunesse, cela dit je trouve que c'est une bonne introduction sur la figure de la sorcière dans l'art, même pour les adultes.
Donc, bien que chaque oeuvre présentée n'y soit pas traité en profondeur, les lignes directrices nous sont données et permettent aux enfants adolescents d'acquérir des bases sur la façon d'analyser l'art pictural ou permettent de nous laisser le temps de méditer sur notre propre analyse.
Le livre offre une présentation diachronique de la figure de la sorcière, une frise chronologique nous indique à chaque fois l'époque de ce qu'on regarde, mais aussi diatopique puisque que, bien que l'on reste assez européo-centrés, il y a des sorcières issues de la culture asiatiques qui amènent un bol d'air frais aux sorcières que l'on connait.
L'autrice réussi à aborder bon nombre de thèmes associés à la sorcière tels que la remise en question de l'ordre social, l'écologisme, la dichotomie du beau et du laid,... et les explique de manière concise mais surtout très clairement !
Je souligne également la présence d'un lexique expliquant les termes artistiques un peu ardus comme estampe, xylographie, parchemin, grisailles. En effet, le livre ne présente pas que des peintures (même si ça reste l'objet d'étude principal).
Les sorcières qui sont représentés sont des figures mythologiques, historiques, bibliques, littéraires etc. On peut couper le livre en deux parties : la première composée de focus sur des sorcières particulières (Hécate, Médée, Mélusine, Babayaga, Esméralda...) et la seconde traite plutôt de thèmes ou événements (le Sabbat, la chasse aux sorcières, le bucher, la séduction...)
Au-delà du contenu, il faut avouer que c'est un joli livre, assez tape à l'oeil et girly avec sa couverture rose, en fond on peut voir « Circé offrant la coupe à Ulysse » de John William Waterhouse (1891), qui est l'un des tableaux présentés que j'ai préféré avec « Une larme pour une goutte d'eau » de Luc-Olivier Merson (1903).
C'est un total de 25 oeuvres d'art présentées, datant de l'antiquité ou, pour la plus récente, de 2017.
En bref, un livre parfait pour découvrir ou redécouvrir ses sorcières préférées, expliquant clairement la polysémie de la figure de la sorcière et parfaitement adapté à la jeunesse mais qui pourrait devenir le plaisir coupable des parents...


Lien : https://www.instagram.com/p/..
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critiques presse (1)
Ricochet
01 février 2021
Sorcières ! permettra ici de combler l’intérêt du lecteur et lui donnera envie, c’est certain, d’admirer d’autres œuvres d’art et d’autres représentations de ce personnage si riche et énigmatique.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dans certaines civilisations, le bien et le mal sont incarnés respectivement par un homme et une femme qui mènent une lutte sans merci. C'est donc encore une fois la femme, en tant que femme, qui symbolise le mal.
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Le pouvoir des femmes de mettre des enfants au monde a fasciné les hommes, mais il les a également effrayés.
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