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Il les avais pris de mon univers pour les déposer dans son imaginaire

Quelque part au nord de la Corée du Sud, Sokcho. Un français dessinateur, « Il ne connaîtrait jamais Sokcho comme moi. On ne pouvait pas prétendre la connaître sans y être né, sans y vivre l'hiver, les odeurs, le poulpe. La solitude ». Une jeune femme, une sorte d'hôtel, une cuisine et des plats en préparation. le cuisine n'est pas simplement de décor. Des personnes s'y rencontrent, se parlent, échanges de mots et de nourriture. Une cicatrice sur la cuisse…

Le froid, « Une température de moins vingt-sept degrés a submergé la ville durant la nuit. Ce n'était pas arrivé depuis des années », la mère et encore de la cuisine, regards sur cet endroit écarté comme un peu perdu, sans artifices…

La guerre finie là-bas, et ici « les plages qui attendent la fin d'une guerre qui dure depuis tellement longtemps qu'on finit par croire qu'elle n'est plus là… », un entre-deux géographique ou mental, des lieux comme altération du temps…

L'encre, la plume et son grattement, les questions énoncées ou non, les traits et les décors, « ce qui sculpte une image, c'est la lumière », un personnage masculin, « La femme devait se lover au creux de sa paume, s'enrouler autour de ses doigts, lécher le papier. Toute la nuit je l'ai entendue », le dessin créé, « Je crois, que j'ai peur de perdre un monde sur lequel je n'aurai plus de pouvoir une fois qu'il sera terminé ».

Des scènes comme dans un film, les regards en mouvement de caméra, les presque décors dans les yeux des personnes, les quelques mots échangés et les gestes esquissés. Entre rêves et espoirs, entre semblable et rupture, entre désir et attente, « je voulais qu'il me dessine ». Une promesse de gouter la nourriture préparée…

« Deux lignes. Et les traces de pas ». Elle prend le carnet, l'ouvre, le feuillette, le lit, la rencontre d'un héros et d'un héron, la montagne et la neige, « L'homme se diluait. Elle s'est diluée comme une errance entre les mes doigts, sous mon regard », en filigrane des formes de femme, un filet d'encre sur la cuisse, cicatrice.

La trace et l'encre, plus qu'un moment partagé.
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Un hiver à Sokcho est tel une balade mélancolique sur les routes d'une ville inconnue et froide, si proche de la Corée du Nord, au coeur d'un hiver qui rend la mer brumeuse.
La rencontre de deux solitudes qui avancent à petits pas, presque en tatonnant mais se cherchant, assurément.
Ce roman adopte un rythme très lent qui jamais ne le rend ennuyeux mais, au contraire, subjugue et envoute. Comme une poésie qui s'écoule doucement au creux de nos oreilles. Où les silences ont autant de portée que les mots. Où les respirations ont autant de délicatesse que la plume qui dessine.
On fait corps avec l'ambiance feutrée qui s'en dégage. On contemple presque plus qu'on ne lit.
Et c'est toute cette retenue qui fait d'Un hiver à Sokcho un roman unique et captivant !
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En hiver, peu de voyageurs se perdent en Corée du Sud, à Sokcho, station balnéaire que le lecteur imagine vieillissante et décrépite, dans cette zone entre les deux Corées. Seuls des solitaires ou des personnes cherchant à fuir quelque chose, ou en attente.. d'une guérison, d'une raison de vivre, d'un mariage, d'un nouveau travail, d'une inspiration pour réaliser un nouvel épisode d'une bande dessinée. Comme c'est le cas pour Kerrand.
Cet auteur de BD normand vient se perdre là pour trouver l'inspiration et pour créer un nouvel univers pour son héros récurrent. Il va découvrir Sokcho, enfin, ce qu'il accepte d'en découvrir, en particulier à travers les visites qu'il va faire avec la narratrice. Mais certainement pas en goûtant à la cuisine locale, lui qui ne viendra jamais dîner dans la salle commune. Elle sera attirée par ce français, elle qui est fille d'un français qu'elle n'a jamais connu et d'une mère qui vend et cuisine le poisson au marché local. Tout au long du récit, un mélange attirance / rejet va entrainer les deux personnages, soit ils se cherchent, soit ils s'évitent, mais sans jamais aller jusqu'à la confidence, la proximité, l'échange, Kerrand restant pour la narratrice un rêve inachevé, et elle simplement un guide dans cette région qu'il ne demande qu'à découvrir, mais sans doute trop superficiellement pour s'attacher à elle.
Voilà un récit étrange, qui n'est ni particulièrement passionnant, il passe comme le temps et l'ennui, ni particulièrement chaleureux, c'est l'hiver, la glace et le froid saisissent les quelques vacanciers ou les habitants de Sokcho, le gel fait exploser les tuyaux d'eau ! Et pourtant on s'y laisse prendre, comme dans l'espoir du moment qui fera tout basculer, tant l'ennui que l'attente, en un feu d'artifice qui pourtant n'arrivera jamais. Un roman peut-être un peu trop court pour qu'on s'attache aux personnages ? Mais bien joliment écrit tout de même.

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Hiver à Sokcho de Elisa Shua DUSAPIN

Elle est coréenne, cuisinière et femme de chambre dans une maison de vacances. Il est français, il vient de Normandie et il est dessinateur de bandes dessinées. Ils se rencontrent dans la petite ville portuaire de Sockcho en Corée. C'est l'hiver, un hiver rude ou semble figé. Ils se croisent, se rapprochent et un lien finit par se créer. L'histoire est simple, douce et romantique dans un bain de couleur et d'odeur. En même temps que les amours naissantes des personnages, on y découvre la vie et les moeurs de gens du pays, sous une plume discrète, mais efficace.

Ce roman est une pure merveille de dépaysement. Je suis restée sur ma faim, de par le peu de pages. J'en aurai voulu plus. ! C'est beau, c'est frais, c'est tendre, mais c'est court !

Extraits :

Trois femmes barbotaient autour de nous, des ventouses roses collées sur les omoplates. La plus jeune avait mon âge mais des seins déjà tombants. J'ai considéré les miens. Fermes comme des louches retournées. Rassurée, j'ai rejoint ma mère dans le bassin au soufre. Elle avait emballé ses cheveux dans un sac en plastique qui lui donnait l'air, dans la vapeur, d'un champignon fumigène. Sa poitrine se relevait par à - coups. J'ai insisté pour qu'elle prenne rendez - vous chez le médecin. Elle a fait un geste agacé de la main.

Vos plages, la guerre leur est passée dessus, elles en portent encore les traces mais la vie continu. Les plages ici attendent la fin de la guerre qui dure depuis tellement longtemps, qu'on finit par croire qu'elle n'est plus là, alors on construit des hôtels, on met des guirlandes mais tout est faux, c'est comme une corde qui s'effile entre deux falaises, on y marche en funambules sans jamais savoir quand elle se brisera, on vit dans un entre - deux, et cet hiver qui n'en finit pas !

Quand j'ai raccroché, Kerand était à table, son carnet devant lui. il a penché la tête, replacé ses cheveux en arrière, posé la mine du crayon sur le papier. Trait après trait, j'ai vu apparaître un toit. Un arbre. Un muet. Des mouettes. Une bâtisse. Elle ne ressemblait pas aux maison de Sokcho, elle était en brique. il a mis de l'herbe alentour. pas d'herbe ici, brûlée par le gel en hiver, par le soleil en été, mais de l'herbe grasse. Puis une jambe. des jambes épaisses de vaches, et puis les vaches toutes entières. Au loin, un port et des landes, des vallons venteux. A la fin Kerrand a frotté la mine pour créer de l'ombre. Il a détaché la feuille du carnet, me l'a tendue. Sa Normandie. Il me la donnait.

Il n'avait pas le droit de partir. de s'en aller avec son histoire. de l'exhiber de l'autre côté du monde. Il n'avait pas le droit de m'abandonner avec la mienne qui se dessècherait sur les rochers.



Lire (sept 2016)
Elisa Shua DUSAPIN, 24 ANS, SUISSE
Au fil de l'encre qui coule se tisse peu à peu le lien entre deux êtres.

Estelle Lenartowicz

Hiver à Sokcho par Elisa Shua Dusapin, 144 p., Zoé, 15,50 €
Ce qui frappe le plus à la lecture du livre d'Elisa Shua Dusapin, c'est sa capacité à faire jaillir un monde sensoriel et émotionnel très riche à partir d'une écriture profondément dépouillée. « Avant d'écrire chaque phrase, chaque mot, je me demandais toujours : ce mot est-il vraiment nécessaire, cette phrase absolument indispensable ? » raconte l'auteure, tout juste diplômée de l'Institut littéraire de Bienne. Née d'un père français et d'une mère sud-coréenne, la Suissesse signe un texte à la fois doux, délicat et raffiné, remarquable d'abord par son insoumission formelle et sa maturité.
Nous sommes à Sokcho, une petite ville portuaire à la frontière des deux Corées. En plein hiver, à la saison basse, les lieux sont désertés. La narratrice, une jeune Franco-Coréenne, travaille comme cuisinière et femme de chambre dans une pension pour vacanciers. Parmi les rares clients, un auteur de bande dessinée normand en quête d'inspiration. Kerrand peint dans ses carnets, sort rarement de sa chambre. Circulant dans la maison, autour de lui et des fines parois qui l'enserrent, la narratrice le guette et l'observe. Entre les deux personnages se crée peu à peu une alchimie invisible et muette. Leurs silhouettes se croisent, leurs corps se frôlent, leurs ombres s'effleurent en silence. le temps s'écoule, les émotions restent en suspension, le lien se tisse et flotte dans une lenteur tranquille et sensuelle, baignée d'une harmonie de couleurs, d'odeurs et de saveurs aigre-douce.
Se limitant au strict nécessaire, Elisa Shua Dusapin creuse la matière des mots, évide les images et parvient, par un gracieux miracle, à aller plus près des sensations, en équilibre sur la crête des choses qu'elle décrit. Simple, essentielle, dépourvue de toute emphase, sa langue, tout en transparence, semble nue, d'une beauté pudique. Excellant dans l'art du presque rien, elle injecte dans le moindre détail une grande puissance d'évocation. Une fleur séchée, un coup de vent dans l'eau, un plat de poisson grillé...
Hiver à Sokcho parle de nourriture, d'amour et de solitude, mais aussi, entre les lignes, de ce processus obscur, évanescent et complexe qui est celui de l'écriture. « Toujours l'histoire que je crée s'éloigne de moi, elle finit par se raconter elle-même... confie Kerrand à la narratrice. Alors j'en imagine une autre, mais il y a celle en cours qui se dessine sans que je la comprenne et qu'il faut bien que je finisse, et quand enfin je peux commencer la nouvelle, tout recommence. »

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C'est une rencontre inattendue à l'autre bout du monde, pour lui, dessinateur français reconnu de bandes dessinées ; dans sa pittoresque ville au nord de la Corée du Sud, pour elle, un peu française aussi, aux côtés de sa mère.

C'est doux. C'est brutal. Il y a comme une vie en noir et blanc qui se dessine entre eux. Une lueur qui va redonner de la vie le temps d'un instant. Et cette fin suspendue, dramatique mais tellement réelle.

Je viens d'apprendre que ce livre va être adapté au cinéma et je ne peux m'empêcher de penser à Lost in Translation (sans lien réel) et les sublimes dessins du studio Gibli.

Ce livre est très poétique et laisse notre imagination s'étendre au delà des mots. Il en dit beaucoup plus que ces quelques pages.
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Un auteur de bandes dessinées, français, séjourne le temps d'un hiver dans une pension de Sokcho, ville coréenne de bord de mer, abandonnée au froid glacial et vide de touristes.
Il y fait la connaissance d'une jeune femme, la narratrice, qui travaille à la pension et dont le père, qu'elle n'a jamais connu, était lui même français.
Ce roman court réussit le pari de faire très rapidement voyager le lecteur dans cette ville, proche de la frontière avec la Corée du Nord, par le biais d'anecdotes, de petits riens du quotidien décrits avec délicatesse.
La relation de la jeune femme à sa mère, aux traditions, à cette ville est complexe et intéressante.
Mais l'intérêt du roman réside aussi dans la relation, la tension d'une extrême sensualité, qui naît entre cet homme et cette jeune femme que tout sépare.
Je vous recommande ce court roman immersif et d'une grande sensibilité aux Editions Zoé.
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National Book Award 2021 ( catégorie "littérature traduite"), pour un roman délicat, les silences, les hésitations, la nourriture, l'impossibilité de se rapprocher de l'autre tellement différent de soi.
L'écriture me fait un peu penser à Aki Shimazaki, qui a cette façon également de parler de choses simples avec une poésie particulière.
Un premier roman enfin traduit en anglais et qui reçoit une juste récompense pour moi.
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Ce roman est l'histoire de la rencontre entre la narratrice, jeune femme franco-coréenne qui travaille dans la pension du vieux Park et d'un touriste français, auteur de BD, venu passer quelques jours à Sochko avec pour but de réaliser un nouvel album.
Ce roman est aussi la rencontre entre deux cultures, deux modes de fonctionnement et une éventuelle porte ouverte sur un histoire d'amour. 
Cette histoire se passe dans le village de Sokcho, à la frontière avec la Corée du Nord dans une atmosphère humide et froide.

Ce roman est empreint d'une grande douceur où l'on s'intéresse à l'autre à distance afin de ne jamais empiéter sur l'espace de l'autre. Il évoque aussi la question de la relation mère fille et du soin que les enfants prodiguent à leurs ainés quand ceux ci vieillissent.
J'ai aimé cette atmosphère de douceur, de bienveillance mais aussi d'acceptation qui permet à la vie de s'écouler telle qu'elle le doit et ce malgré les obstacles.

C'est une très belle découverte proposée dans le cadre du café littéraire mensuel.
Lien : https://quandsylit.over-blog..
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Lorsqu'un dessinateur de BD français vient se perdre dans une petite ville balnéaire à la frontière avec la Corée du nord, en plein hiver cela peut donner un joli récit, doux et élégant.

J'aime ces romans qui ne racontent pas vraiment d'histoire. Ces mots, ces lignes, ces pages qui fouillent, farfouillent, trifouillent les états d'âme. Les romans qui s'attachent à l'humain. A sa réflexion bien plus qu'à ses actions. A ses secrets. A ses avouables interdits.

Une tranche de vie à l'atmosphère mélancolique. Les personnalités des protagonistes sont guère dévoilées. Leur connaissance se fait progressivement. Pudiquement. Mais toujours avec authenticité.

L'un rêve de l'inconnu. Il parcourt le monde afin de le dessiner. L'autre a des rêves de capitale : Séoul, l'exigeante. Leurs aspirations se font dans la quiétude. le silence.

Un joli voyage littéraire comme je les apprécie tant. Un beau séjour dans une Corée du Sud méconnue.
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Le froid et l'odeur du poisson se font ressentir tout au long de l'ouvrage d'Elisa Shua Dusapin dans la petite ville portuaire de Sokcho, en Corée. Une fille franco-coréenne, la vingtaine, travaille dans une pension où séjourne notamment un auteur de bande dessinée français. Ces deux-là vont subtilement se rapprocher, tantôt pour visiter la ville, tantôt pour évoquer le dessin. Est-ce une attirance physique qu'ils perçoivent l'un pour l'autre ou une attirance plus exotique ? Il n'est pas simple de se comprendre lorsqu'on vient d'univers culturels si différents.
Ce roman délicat éveille nos sens, ravivés par les coutumes et odeurs coréennes. On y découvre par exemple la culture des jimjilbangs, ces complexes centrés autour de bains publics où l'on peut dormir, manger et jouer. L'opportunité d'un voyage littéraire en Corée est assez rare pour ne pas se laisser volontiers embarquer par cette agréable et envoûtante virée.
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