AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,59

sur 501 notes
5
38 avis
4
65 avis
3
31 avis
2
6 avis
1
0 avis
Retour aux éditions Zoé avec "Hiver à Sokcho" et deuxième lecture d'Elisa Shua Dusapin pour moi. Ce livre est son premier roman. Il a gagné de nombreux prix et c'est facile de comprendre pourquoi. L'écriture est puissante et sobre. Elle nous plonge dans l'hiver rude d'une petite ville coréenne. Perdue aux abords de la frontière avec la Corée du Nord, la vie y est traditionnelle et présentée comme morne, endormie avec l'hiver. L'histoire raconte la rencontre improbable entre un dessinateur et la jeune fille responsable de la pension où il réside. A contrario de son roman "les billes du Pachinko", j'ai vraiment ressenti dans son écriture la culture coréenne: les relations entre les personnages, les dialogues, les habitudes de vies et les non dits. Ils sont partie prenante de cette culture et le livre, en toute simplicité, les exprime à merveille. Il n'y a pas de superflu dans ce roman. Juste l'essentiel. Merci aux éditions Zoé d'éditer des romans originaux et vrais.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          80
Ce court roman nous dévoile quelques jours dans la vie d'une jeune franco-coréenne dont on ne connaît pas le nom et qui cuisine dans une vieille pension de Sokcho. Lorsque Yan Ferrand, dessinateur de bande-dessinée, arrive dans son beau manteau de laine, c'est le début d'un trouble qui ne sera jamais nommé.
A travers le regard intransigeant de cette jeune femme, on effleure l'intimité des rares pensionnaires, on explore leurs poubelles, on visite leurs regards, on traque leurs gestes et leurs demandes comme elle fouille le fugu, ce poisson au poison mortel. Et quelle tristesse autour de cette jeune femme, quel silence criard, quel vide, uniquement troublés par les apparitions de cet homme énigmatique qui porte en lui les décors de sa Normandie et de la musique de sa plume crissant sur le papier.
Dans cette histoire dont les paragraphes semblent raccourcir au fil des jours jusqu'à n'être plus que des souffles, ressort une froideur agressive et fière. C'est un texte épuré, fragile comme du papier de riz, qui sent la neige, la solitude, la mer, l'encre et l'espoir d'un matin plus intense. Par certains aspects, ce roman m'a rappelé le "Soie" d'Alessandro Baricco.
Chez Elisa Shua Dusapin, ça se frôle, ça hésite, ça fantasme, mais ça ne se rencontre jamais vraiment. Tout n'est que sous-entendus, mirages et rêveries qui jamais ne prennent corps. Aussi éphémère que l'encre qui se dilue ou qu'un flocon avalé par la mer, leur seul lien possible restera cette cicatrice qui sillonne la peau de la jeune femme…
Mais "Hiver à Sokcho" est aussi un texte dur et lucide qui nous parle des visages opérés de la Corée dans une recherche de perfection absolue, la guerre qui dure et la difficulté de l'artiste confronté à ses démons intérieurs. Les paroles sont rares, les décors assourdis et brumeux à l'image de ce Monet qu'évoque l'héroïne, dans cette pension où le temps semble s'être suspendu, retenant son souffle, espérant un éclat qui viendrait fendiller l'uniformité des jours.
C'est une voix très étrange que celle d'Elisa Shua Dusapin, distante mais minutieuse, entre froideur et pétillement, pudique mais parfois violente dans son regard sur la ville, l'hiver si froid qu'il en est douloureux, le corps que notre héroïne a tant de mal à peupler et tout ce qu'elle se refuse d'exprimer quotidiennement. C'est une écriture soignée qui s'économise, n'offrant que l'essentiel, comme ces deux êtres qui ne s'exprimeront ni ne se dévoileront jamais pleinement. C'est poétique tout en étant rêche, un flottement incessant entre rudesse et fragilité. Certaines phrases possèdent même l'impertinence et la beauté aérienne de vers libres.
Au final, c'est un petit livre qui ressemble à un haïku : fugace, dépouillé, gracile. Un grand merci aux éditions Folio pour ce joli roman tout en grâce et humilité que j'ai presque regretté de n'avoir pas lu en plein hiver, avec le froid craquant sur les joues et l'odeur des arbres enlisés par le gel.
Lien : https://luxandherbooks.wordp..
Commenter  J’apprécie          80
J'ai vraiment beaucoup aimé ce premier roman très réussi. Il ne s'y passe pas grand chose, et ça j'apprécie. Nous vivons un petit moment de lecture suspendu.
Un univers feutré par la neige, rythmée par les jours qui passent et par les clapotis des vagues chargées d'écume.

La vie quotidienne s'écoule inlassablement dans cette station balnéaire qui attend que la saison estivale revienne, et avec elle ses touristes.
Sokcho me fait penser à bien des aspects à Ostend, à nos excursions hors saison et à notre rencontre avec les vieux loups de mer flamands.

«Hiver à Sokcho» véhicule une ambiance et une envie de quiétude assez universelle, car que l'on parte la chercher à l'autre bout de la terre ou à 100km de chez soit, finalement cela ne fait pas de différence.
Commenter  J’apprécie          80
J'ai découvert par ce roman, la plume délicate, poétique et incisive d Élisa Shua Dusapin. Une écriture kinesthesique convoquant odorat, frimas, papilles, observation et émotions dans un court récit silencieux. de très nombreux thèmes de société rayonnent autour de chaque tableau : les relations homme / femme, la pression de la chirurgie esthétique, les liens entre Corée du Sud et du Nord, la tension permanente d'un pays gelé dans un conflit tue puis évoqué au detour d'une phrase. Il y fait froid, seuls les plats cuisinés et les descriptions dessinées réchauffent le lecteur. C'est très bien.
Commenter  J’apprécie          70
On suit un hiver au sein d'une station balnéaire coréenne proche de la frontière entre les deux Corée. Tout est ralenti, tout est en hibernation et c'est dans cette ville en pause que la narratrice, une jeune franco-coréenne, rencontre un dessinateur français de bandes dessinées. Leurs instants partagés donnent vie à cette ville immobile. L'écriture est poétique et très épurée. Les descriptions, bien que limitées à quelques petites touches, sont très visuelles. Il n'y a rien de superflu, on n'a l'essentiel et comprends le reste qui n'est que suggéré. L'ambiance est la force de ce roman qui nous emporte dans un paysage et un mode de vie dépaysant.
Une jolie lecture qui permet une pause dépaysante.
Commenter  J’apprécie          70
Voici un premier roman plein de délicatesse.

Dans la ville balnéaire de Sockcho, à la frontière entre la Corée du Nord et du Sud, les hivers sont longs. Une jeune femme, coréenne par sa mère et française par un père qu'elle ne connait pas, tient une pension où les clients ne se bousculent pas pendant les longs hivers. C'est pourquoi ce touriste français, auteur de BD et en recherche d'inspiration, a tout pour l'intriguer. C'est un moyen pour elle d'en apprendre un peu plus sur le pays de son père... Leur relation à distance nous est racontée par des petites touches poétiques et avec beaucoup de retenue. Les non-dits tiennent une grande place dans le récit, tout comme la cuisine. En refermant ce livre très court, on s'aperçoit qu'on a beaucoup appris sur la Corée.

Elisa Shua Dusapin est une jeune auteure à suivre...
Commenter  J’apprécie          70
Sokcho en hiver. Une improbable station balnéaire sud-coréenne, tout près de la frontière ultra-militarisée avec la Corée du Nord. Désertée à cette période de l'année, la pension décrépie où travaille la narratrice accueille un dessinateur de BD français en quête d'inspiration. Entre eux le courant passe en mode alternatif. Elle occupe ses journées entre le ménage, la cuisine et les visites à sa vieille mère. Lui, taciturne, solitaire, lui demande parfois de l'accompagner dans ses sorties et l'ignore le reste du temps. Ils se croisent, s'effleurent, s'éloignent et mettent leurs émotions en sourdine.

Le froid, la neige, l'ennui. Ce premier roman traversé par la mélancolie et dépouillé à l'extrême exhale une atmosphère étrange à la fois pleine de pudeur et de tension érotique contenue. Attente, silences, hésitations, dialogues épurés de tout bavardage excessif et envahissement du désir, cette rencontre de deux solitudes qui s'attirent et se repoussent possède de forts accents durassiens. Franchement, je suis bluffé par la maturité de l'écriture d'Elisa Shua Dusapin. A 24 ans, son utilisation magistrale de l'ellipse, son mépris de la parole vaine, du développement inutile, impressionne. Avec une force d'évocation et de suggestion sidérante, elle va droit au but, à l'essentiel.

De l'indifférence à la naissance du sentiment amoureux, chacun intériorise, conscient que les silences sont plus signifiants que toute parole. La lenteur du récit et les images semblant défiler au ralenti expriment un bouleversement immobile où la passion affleure sans jamais déborder, sans jamais sortir du cadre. Un charme assez inexplicable se dégage de ce texte où les non-dit règnent en maître. Un des premiers romans les plus singuliers de cette rentrée.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          70
Lu en 2021. Un roman d'atmosphère, qui décrit soigneusement les paysages, les personnages et les sentiments. L'auteure avait su particulièrement me toucher.
Selon moi, la force du récit réside essentiellement dans la sensorialité de l'héroïne, sa propension à l'observation, à l'affût de ses ressentis et de ses désirs. Une plume fluide, sans fioritures, que j'avais trouvée à la fois très cinématographique et introspective, réaliste et poétique également.
Commenter  J’apprécie          60
Hiver à Sokcho d'Élisa Shua Dusapin est un petit roman absolument parfait.
Mystérieux, évanescent, infiniment précieux.
Il est l'oeuvre d'une styliste hors-pair que j'avais découvert dans Vladivostok Circus, une femme à la plume terrifiante de grâce, d'agilité et de sensibilité.


J'ai été emportée par la douceur de ce premier roman, son humilité et sa poésie. Pas un mot de trop ne vient en alourdir les pages, tout est suggéré, évoqué, déposé avec délicatesse sur le papier brûlant. Et pourtant, on sent que chaque phrase est pesée et mesurée. Que rien n'est laissé au hasard de l'instant, livré à la facilité.
Le résultat a quelque chose à voir avec l'essence même de la Littérature. Il est la définition faite roman de la magie que constitue l'art de poser les mots l'un à côté de l'autre.


J'ai aimé la sobriété de l'oeuvre, ses personnages sur le fil, prêts à basculer à tout instant, dans la folie ou la mort. L'effet est si puissant, si radical, qu'il m'a plusieurs fois laissée pantoise, sidérée, presque repue d'admiration. Qu'il soit possible de dire tant de chose avec si peu de phrases, de laisser libre le lecteur d'interpréter, de vivre et de comprendre, m'a littéralement transcendée.


C'est là qu'il faut aller, me suis-je dit à plusieurs reprises, vers ce point qu'il faut tendre.
Et si je me souviens avoir trouvé Vladivostok Circus un brin désincarné, j'ai été impressionnée par la présence presque physique des personnages de son Hiver à Sokcho. Les scènes culinaires, particulièrement réussies, donnent au roman une matérialité exceptionnelle, entre appétit et dégoût, fascination et répulsion,
et celles liées au dessin entrainent le lecteur dans les méandres enchanteurs d'une splendeur hypnotique.


Une réussite pleine et entière à découvrir de toute urgence !
Lien : https://www.mespetiteschroni..
Commenter  J’apprécie          60
L'hiver a cette particularité, à étouffer les sons, à ralentir le rythme de l'action. Ce court roman a les particularités de la saison qu'il décrit, un hiver rigoureux à Sokcho.

Deux univers se croisent, se cherchent sans se trouver. A qui la faute? A une coréenne coincée dans son existence formatée? A l'écrivain tourmenté en quête d'inspiration? A la différence des cultures?

Un objet bien loin de mes lectures habituelles, tout en subtilité, en équilibre instable, et où l'ambiance est tellement bien rendu.

Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (929) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1223 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}