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3,77

sur 399 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ah, Tesla ! Quel bon temps était-ce là, Tesla !
Que de souvenirs !
Quand j'étais en prépa, j'en ai fait des exercices utilisant le Tesla.
Parce que Tesla, ce n'est pas qu'un homme, c'est aussi une unité qui sert à exprimer la valeur d'un champ magnétique : la communauté scientifique en choisissant ce nom a voulu rendre hommage à ce physicien hors norme et le faire passer à la postérité. Elle a bien fait : songez que c'est grâce à lui que nous utilisons le courant alternatif, ce courant qui alimente nos maisons et tous nos appareils.

À part son nom, je ne connaissais rien de Nikola Tesla... jusqu'à la lecture de ce livre.
La quatrième de couverture indique qu'il s'agit d'une "fiction sans scrupules biographiques" : Jean Echenoz a pris des libertés avec la vérité historique, à commencer par le nom du personnage principal, bizarrement transformé en Gregor − peut-être a-t-il vu là un nom qui en impose plus que Nikola, un nom sonore et qui claque ? −, mais si l'on cherche des renseignements sur Tesla, on se rend compte qu'en fait, tout est vrai.
Un peu arrangé, raconté d'une façon originale, mais vrai.

Gregor est l'archétype du savant fou. Il vit dans un monde parallèle, ne tient pas compte des choses matérielles, est entièrement tourné vers la science, et de son cerveau prolifique jaillissent sans cesse de nouvelles idées.
Beaucoup trop vite !
Ces multiples idées, il ne prend pas le temps de les développer, encore moins de les protéger par des brevets. Ainsi, cette inventivité folle ne lui rapporte-t-elle presque rien, mais elle contribue à enrichir grandement d'autres personnes bien plus avisées commercialement parlant.

Vous voulez découvrir la vie d'un scientifique excentrique ? Une vie contée avec beaucoup de verve, de fantaisie et d'ironie, avec un grand talent ? Foncez !
Dans un chapitre particulièrement drôle, vous apprendrez comment les expériences menées sur le courant alternatif ont conduit à l'invention de la chaise électrique. C'est vraiment très comique. Si, si !
Vous vous régalerez de deux pages jubilatoires consacrées au pigeon. Oui, le pigeon !
Bref, vous lirez un petit texte totalement farfelu, rempli de surprises que je vous laisse découvrir.
Je précise qu'il n'est pas du tout nécessaire d'avoir des connaissances scientifiques pour apprécier, alors, allez-y, laissez vous emporter par un humour décapant omniprésent.

Troisième des courtes biographies écrites par Jean Echenoz après Ravel et Courir, Des éclairs est la plus drôle, la plus burlesque. Tesla a merveilleusement inspiré l'auteur. Je n'ai qu'un regret : que ce soit la dernière.
Puisse un jour Jean Echenoz changer d'avis et nous offrir d'autres vies aussi réjouissantes !
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Pour la présentation du sujet on retiendra, bien que cela importe peu au fond, l'indication du quatrième de couverture : "fiction sans scrupules biographiques, ce roman utilise cependant la destinée de l'ingénieur Nikola Tesla". En effet, la simple lecture de l'article d'encyclopédie révèle instantanément l'aspect très romanesque de la vie de cet homme de science, cet inventeur prolifique. La légende de la naissance sous le signe d'un orage de bon et mauvais augure est reprise avec humour dès les premières lignes. Belle transition pour la suite : "naissance hors du temps, donc, et hors de la lumière compte car on ne s'éclaire qu'ainsi à cette époque, à la cire et à l'huile, on ne connaît pas encore le courant électrique". Une vie presque comme les autres, presque trop romanesque pour ne pas être celle d'un grand homme. Lu presque d'une traite, car l'humour y est presque noir.
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Le premier chapitre démarre dans un tourbillon, que dis-je, un maelström : vent, pluie, éclairs… tout y passe pour faire de l'arrivée de Nikola Tesla alias Gregor un acte hors du commun et donc, de facto : un personnage hors du commun.

Voilà, la base est posée….. rajoutons les Carpates, une ambiance de fin du monde et nous y sommes.

Echenoz, dans ce dernier opus de « Une suite de trois vies » nous gâte.

Gregor, est-ce le fait d'être né cette nuit d'orage, dans le noir…. voue une grande passion pour l'électricité. de cet esprit avide de connaissance, surdoué naîtra le courant alternatif et qui a prévu la naissance de « La radio. Les rayons X. L'air liquide. La télécommande. Les robots. le microscope électronique. L'accélérateur de particules. L'Internet. J'en passe », Echenoz nous le montre comme un personnage hors du commun avec un caractère « ombrageux, méprisant, susceptible, cassant ».
Arrivé aux Etats-Unis vers 30 ans, il est engagé par Thomas Edison qui n'aura de cesse de discréditer son invention du courant alternatif, lui qui « n'à découvert que » le courant continu.
Passant à la concurrence, chez Georges Westinghouse, il voit son train de vie s'améliorer, découvre la vie mondaine et le plaisir de se montrer en public avec de grands tubes lumineux et d'étincelles spectaculaires, qui font se pâmer les femmes et frémir tout le monde.

Le seul problème de taille que connait Gregor c'est son inadaptation au monde moderne. Toujours une invention en tête, il ne pense pas à faire breveter correctement ses découvertes et se les fait piller. Avec son idée fixe d'électriser gratuitement la terre entière, il se met, petit à petit, tous ses mécènes à dos et passera d'un hôtel de très grand luxe à un hôtel minable et mourra seul et misérable.
En dehors de l'électricité, la seule passion développée par Gregor est son amour des pigeons alors qu'il ne supporte aucune saleté, il va aller jusqu'à les garder dans sa chambre d'hôtel.

Echenoz, dans son écriture, suit le rythme trépident de cette époque de grandes découvertes. Son écriture est aussi électrisée que les inventions de Gregor avec ce qu'il faut d'ironie.

Un vrai régal. A travers cet ours des Carpates, Echenoz a été capable de me faire comprendre certaines de ses découvertes et lorsque j'allume la lumière, j'ai une petite pensée pour Nikola Tesla

Une belle trilogie et un coup de coeur, comme le furent Ravel et Courir.

En y repensant, je perçois dans ces 3 livres une grande solitude. Est-ce là l'apanage des surdoués et passionnés ?
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Des éclairs dresse un portrait surprenant d'un personnage hors-norme : Nikola Tesla.
Dans un roman qui se lit vite, Jean Echenoz arrive à nous décrire toutes les recherches menées par le physicien américain. Je me suis passionné pour les récits racontant des expériences incroyables relevant presque de la science-fiction. Jean Echenoz a réussi à évoquer avec beaucoup d'humour les moments où Tesla faisait jaillir des éclairs du sol ou encore lorsque le physicien a fait vibrer tous les immeubles d'un quartier, pour ne citer que ces exemples.
Cependant, je regrette que l'auteur ne parle pas beaucoup de la jeunesse de Nikola Tesla, mais sans doute est-ce volontaire, afin de consacrer son livre aux recherches et expériences.

J'ai trouvé intéressant le fait que, bien que parlant de sciences, Des éclairs soit un véritable roman : en effet, Jean Echenoz ne s'attarde pas sur des détails que seuls les physiciens peuvent comprendre et se contente d'explications simples et efficaces sur les grand principes utilisés par Tesla. Cela permet d'alléger le texte et de le rendre plus agréable à lire.
Des éclairs ne parle pas uniquement de sciences : on y apprend de nombreuses anecdotes drôles sur Tesla, entre autres sa passion pour les pigeons... je vous laisse découvrir par vous-mêmes, vous ne serez pas déçus !

Je conseille Des éclairs à tous les passionnés de sciences, mais aussi à ceux qui aiment lire des biographies de personnages célèbres qui sortent de l'ordinaire.
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Dans un langage dépouillé et réservé, Echenoz nous raconte la vie d'un génie. Et comme nous le savons tous, les génies n'ont jamais la vie facile. Sobriété parfaite dans laquelle l'auteur nous répète plusieurs fois que Gregor est antipathique. Cependant, on finit par le trouver attachant. Voilà une des maîtrises d'Echenoz que j'admire. Comment est-ce possible ? Quelle corde en nous touche-t-il en décrivant avec distance les personnages ? Serait-ce un peu comme cette fameuse émission belge de l'époque qui s'appelait « Striptease » (rien à voir avec le nom) où des gens étaient filmés, sans la moindre remarque du cinématographe, afin de laisser libre cour aux réflexions des spectateurs. Est-ce parce que Echenoz subrepticement utilise le pronom « nous » qui nous donne l'impression d'être avec lui dans ce roman ? Simplement admirable !
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C'est celui de la trilogie d'Echenoz, qui comprend aussi Ravel et Courir, que j'ai préféré. le récit romancé de la vie, des péripéties bien malgré lui, du génie contrarié de cet ingénieur qui inventa l'électricité est mené de main de maître. Ecriture minimaliste qui va à l'essentiel pour livrer le maximum, humour, l'auteur maîtrise parfaitement son style et nous conduit à assister au destin de cet homme à la personnalité étrange, qui par défaut de savoir se protéger se fait voler toutes ses découvertes, en même temps habile orateur, magicien et piètre homme d'affaires... Un livre inoubliable et qui nous éclaire, c'est le cas de le dire, sur quelques points d'actualité, car on parle encore de ce fameux Tesla dont s'est inspiré Echenoz pour écrire ce bijou.
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Ce livre nous raconte la vie d'un génie maudit du XX ème siècle: Nikola Tesla. Alors qu'il révolutionna notre mode de vie par ses inventions (le courant alternatif, la radio, le radar...il a déposé plus de 700 brevets) il ne sut jamais en tirer profit et s'est même fait voler la plupart de ses découvertes par d'autres (Edison, Marconi) qui avaient plus les pieds sur terre et le sens des affaires que lui.

Titulaire de 14 doctorats et parlant couramment 8 langues, Tesla avait un don de visualisation qui lui permettait de créer des dispositifs sans avoir besoin de dessiner le moindre plan. Jean Echenoz nous montre bien que l'homme était plus intéressé par la création que par les relations publiques. Ainsi Tesla avait le don de se faire des ennemis en prenant les gens de haut et en étant parfois incroyablement arrogant.

Son grand projet était de créer une énergie libre et gratuite pour tout le monde. On peut facilement imaginer que ce projet n'a pas soulevé l'enthousiasme des industriels car il aurait anéanti leur commerce. Peut-être était-il fou. En tout cas on ne lui a pas donné les moyens de poursuivre ses recherches et il est mort dans la misère.

L'art d'Echenoz est de nous dépeindre ce personnage attachant avec beaucoup d'humour. J'ai découvert l'auteur avec ce livre et plusieurs personnes m'ont dit que c'était loin d'être son meilleur ouvrage. J'ai donc hâte de découvrir le reste de son oeuvre...
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ean Echenoz a déjà écrit deux livres de ce type : Ravel, sur le musicien du même nom (excellent livre) et Courir, sur Emil Zatopek (que je n'ai pas lu) ; avec Des éclairs, il finit brillamment une trilogie sur des hommes connus. Écrit sur un mode tragi-comique, ce livre est une perle. Si j'étais vulgaire, je dirais : "Putain, quel pied !" Mais comme je suis un garçon bien élevé et que parfois ma maman lit mes billets, je vais plutôt dire : "Fichtre, quel plaisir !"

Je me suis régalé avec la langue de J. Echenoz (entendons-nous bien, c'est une image, ce n'est pas vraiment sa langue ; je n'ai pas l'heur de le connaître, et quand bien même je le connaîtrais... Mais bon, arrêtons-là ma parenthèse). C'est un vrai bonheur de lecture. Des phrases somptueuses, drôles par leur construction plus que par le choix des mot
Je pourrais vous citer le chapitre 9 dans lequel Jean Echenoz raconte la naissance de la chaise électrique : je ne sais si l'anecdote -pour ceux qui ont le malheur d'y passer, c'est probablement plus qu'une simple anecdote- est véridique, mais l'intérêt réside dans la manière de nous narrer ce fait : irrésistible ! Sauf probablement pour William Kemmler, le premier condamné à être exécuté de la sorte.
Revenons un peu à Gregor avant que je n'utilise tout les superlatifs que je connais pour qualifier le travail de l'auteur. Gregor ne vit que pour et par ses inventions : totalement inadapté à la vie en société (exceptée la bonne société qui peut financer ses faramineux projets), bourré de tics et d'habitudes, ayant une très haute opinion de lui-même, tout à fait conscient de sa valeur, il ne remarque pas les regards énamourés des femmes. Parce qu'en plus il est grand et beau
En 175 pages, Jean Echenoz réussit l'exploit de raconter la longue vie de Gregor -presque 90 ans- sans jamais nous ennuyer, bien au contraire, même lorsqu'il parle électricité. Et croyez-moi si vous voulez, je bricole un peu chez moi pour remettre la maison en état (isolation, peintures, tapisserie, pose de sols, ... -je prends pas cher, si vous avez besoin !), eh bien, s'il est un domaine auquel je ne touche pas d'abord et avant tout parce que je n'y comprends rien c'est bien l'électricité. On m'a expliqué dix fois. Dix fois j'ai compris. Dix fois j'ai tout oublié étant incapable de ré-expliquer le moindre branchement. Je ne dis pas cela pour étaler ma vie privée ni mes piètres exploits électriques, mais simplement pour vous dire que malgré ma réticence à ce domaine pour moi totalement abstrus -je fais mon fier avec ce mot, mais en fait, je ne le connaissais pas avant de lire la page 88, et comme je le trouve bien, je m'en sers moi aussi. Y'a pas de raison-, je n'ai jamais eu la tentation de passer une seule page de ce livre.

Je m'emballe, je m'emballe, je sais, mais là, croyez-moi, c'est pour la bonne cause, ou plutôt pour l'excellente Littérature !

Un bouquin extra -si vous ne l'aviez pas saisi- que vous ne pouvez donc pas éviter.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Gregor, le héros du récit d'Echenoz, est un orage, il a des éclairs, des éclairs de génie. Gregor, inspiré par Nikola Tesla, invente comme Echenoz écrit, guidé par l'esprit, le souffle et la science. À la fin du 19ème siècle, le père du courant alternatif rêve d'un 20ème social et électrique. Idéaliste Tesla-Gregor irradie, mieux, il magnétise. Par ses bons côtés comme ses mauvais.
Echenoz signe un récit qui nous tient de bout en bout par le fond et la forme. Les inventions se succédent dans la vie de Gregor comme dans la langue d'Echenoz. Les liens avec le reste du monde, le réel et l'autre, celui que Gregor pourrait être seul à voir, à entendre, à comprendre, ces liens se tissent et se défont, au rythme et au son d'un parlé-écrit gourmand et savant. Magnifique livre et belle leçon de vie aussi où le narrateur s'amuse à nous mettre dans la peau du personnage tout en nous communiquant son envie, quand il le faut, de lui voler dans les plumes. Une belle et grande nostalgie plane sur ce récit, adapté avec bonheur pour l'opéra et la musique de Philippe Hersant par l'auteur lui-même pour le livret, baptisé Les Éclairs.
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Original et vraiment intéressant.

Inventeur génial, scientifique visionnaire et personnage excentrique, voire copieusement dingo. Il vaut mieux s'intéresser au moins un petit peu aux sciences pour apprécier cette biographie romancée d'un scientifique authentique, contemporain d'Edison.

Mais de toute façon, rien que le style de l'auteur et sa maîtrise de l'humour à froid valent le détour. Notamment la façon de placer les dialogues, sans prévenir, au beau milieu d'un paragraphe, m'a enchanté, c'est original et l'effet comique est garanti, il y a de vraies pépites !

Si la très talentueuse Marguerite Duras avait pu lire du Echenoz, elle aurait peut-être fait des dialogues plus vivants, sur ce point, c'est vraiment le style opposé.
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