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sur 398 notes
Ah, Tesla ! Quel bon temps était-ce là, Tesla !
Que de souvenirs !
Quand j'étais en prépa, j'en ai fait des exercices utilisant le Tesla.
Parce que Tesla, ce n'est pas qu'un homme, c'est aussi une unité qui sert à exprimer la valeur d'un champ magnétique : la communauté scientifique en choisissant ce nom a voulu rendre hommage à ce physicien hors norme et le faire passer à la postérité. Elle a bien fait : songez que c'est grâce à lui que nous utilisons le courant alternatif, ce courant qui alimente nos maisons et tous nos appareils.

À part son nom, je ne connaissais rien de Nikola Tesla... jusqu'à la lecture de ce livre.
La quatrième de couverture indique qu'il s'agit d'une "fiction sans scrupules biographiques" : Jean Echenoz a pris des libertés avec la vérité historique, à commencer par le nom du personnage principal, bizarrement transformé en Gregor − peut-être a-t-il vu là un nom qui en impose plus que Nikola, un nom sonore et qui claque ? −, mais si l'on cherche des renseignements sur Tesla, on se rend compte qu'en fait, tout est vrai.
Un peu arrangé, raconté d'une façon originale, mais vrai.

Gregor est l'archétype du savant fou. Il vit dans un monde parallèle, ne tient pas compte des choses matérielles, est entièrement tourné vers la science, et de son cerveau prolifique jaillissent sans cesse de nouvelles idées.
Beaucoup trop vite !
Ces multiples idées, il ne prend pas le temps de les développer, encore moins de les protéger par des brevets. Ainsi, cette inventivité folle ne lui rapporte-t-elle presque rien, mais elle contribue à enrichir grandement d'autres personnes bien plus avisées commercialement parlant.

Vous voulez découvrir la vie d'un scientifique excentrique ? Une vie contée avec beaucoup de verve, de fantaisie et d'ironie, avec un grand talent ? Foncez !
Dans un chapitre particulièrement drôle, vous apprendrez comment les expériences menées sur le courant alternatif ont conduit à l'invention de la chaise électrique. C'est vraiment très comique. Si, si !
Vous vous régalerez de deux pages jubilatoires consacrées au pigeon. Oui, le pigeon !
Bref, vous lirez un petit texte totalement farfelu, rempli de surprises que je vous laisse découvrir.
Je précise qu'il n'est pas du tout nécessaire d'avoir des connaissances scientifiques pour apprécier, alors, allez-y, laissez vous emporter par un humour décapant omniprésent.

Troisième des courtes biographies écrites par Jean Echenoz après Ravel et Courir, Des éclairs est la plus drôle, la plus burlesque. Tesla a merveilleusement inspiré l'auteur. Je n'ai qu'un regret : que ce soit la dernière.
Puisse un jour Jean Echenoz changer d'avis et nous offrir d'autres vies aussi réjouissantes !
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Pour la présentation du sujet on retiendra, bien que cela importe peu au fond, l'indication du quatrième de couverture : "fiction sans scrupules biographiques, ce roman utilise cependant la destinée de l'ingénieur Nikola Tesla". En effet, la simple lecture de l'article d'encyclopédie révèle instantanément l'aspect très romanesque de la vie de cet homme de science, cet inventeur prolifique. La légende de la naissance sous le signe d'un orage de bon et mauvais augure est reprise avec humour dès les premières lignes. Belle transition pour la suite : "naissance hors du temps, donc, et hors de la lumière compte car on ne s'éclaire qu'ainsi à cette époque, à la cire et à l'huile, on ne connaît pas encore le courant électrique". Une vie presque comme les autres, presque trop romanesque pour ne pas être celle d'un grand homme. Lu presque d'une traite, car l'humour y est presque noir.
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Tant d'écrivains nous ont offert leur version de "Grandeur et décadence" et autre roche tarpéienne tout près du Capitole. Donc, ici aussi, un individu sort de la foule, brille par son génie, puis, de déboires en déconvenues, sombre dans la déchéance et retourne à l'anonymat.
Sauf que Echenoz nous raconte cette vie en 170 pages pleines de vie, de verve, de cynisme et d'alacrité (oui d'alacrité: j'adore ce mot et je viens juste de comprendre qu'il a été inventé pour caractériser la prose échenoziennne). Pas la moindre once de psychologie (Quel bonheur!). Aucun temps mort avec si peu d'action. Gregor a préféré les pigeons aux brevets en bonne et due forme: Dommage pour toi, semble lui dire son biographe, qui n'a pas le temps d'être désolé, tout à la jouissance de l'écriture.
"Le pigeon, pourtant.
Le pigeon couard, fourbe, sale, fade, sot veule, vide, vil, vain.
Jamais émouvant, profondément inaffectif, le pigeon minable et sa voix stupide. Son vol de crécelle. Son regard sourd. Son picotage absurde. Son occiput décérébré qu'agite un navrant va-et-vient. Sa honteuse indécision, sa sexualité désolante. Sa vocation narcissique, son absence d'ambition, son inutilité crasse."
Echenoz: l'écrivain qui donne envie d'être un con d'oiseau ou un inventeur psychotique.
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L'écrivain le plus lapidaire de la littérature française contemporaine : Jean Echenoz. Quoique, quelques-uns de ses petits camarades des Editions de Minuit, Christian Oster et Tanguy Viel, entre autres, peuvent aussi prétendre au titre. Style distancié, a priori dénué d'affect, ironie grinçante sous-jacente, c'est leur marque de fabrique, plutôt euphorisante, pour peu que l'on soit en phase avec cette écriture particulière, évidemment.
Après Ravel et Zatopek (Courir), Echenoz s'attaque avec Des éclairs à la biographie d'un dénommé Nikolas Tesla (1856-1943), inventeur américain d'origine croate. Enfin, il serait plutôt juste de parler de biographie subjective ou fantasmée, tant l'auteur se donne toute latitude pour réinventer la vie de l'inventeur (sic). 87 ans d'existence résumés en 174 pages, cela donne une idée de la vitesse (de l'éclair ?) à laquelle Echenoz survole la vie de ce brave Nikolas, rebaptisé Gregor dans son roman.
Mais c'est bien cela la qualité de l'écrivain, il se concentre sur les moments-clés de l'existence de son héros et crée de toutes pièces des manies (en l'occurrence, l'amour des pigeons ou sa superstition vis à vis des multiples de 3) censées éclairer sur sa personnalité. Une méthode qui a fait ses preuves dans ses deux précédents livres et qui marche ici encore, du tonnerre. Ou comment l'omission et le mensonge peuvent conduire à une certaine forme de vérité.
Pauvre Gregor, moitié génie, moitié savant fou, dont la distraction et la légèreté lui valent de se faire déposséder de ses plus grandes découvertes par d'autres scientifiques un peu plus avisés et les pieds sur terre, à commencer par Edison et Marconi. Echenoz se gausse assez ouvertement de lui, répétant à plusieurs reprises le qualificatif d'antipathique, et fustigeant son horreur des contacts physiques et son obsession de l'hygiène. En matière de formules assassines, qui font mouche, il n'est pas le dernier à dégainer et, ma foi, cela participe au bonheur que l'on prend à lire ses livres. D'autant qu'Echenoz n'est pas méchant, moqueur, ça oui, mais au fond n'a t-il pas une certaine tendresse pour son Gregor, qui, à force d'échecs, devient pathétique à l'automne de sa vie ?
Des éclairs est à la fois un roman désinvolte et survolté (pour rester dans le domaine électrique), virtuose et modeste, qui parvient à capter, avec des moyens détournés, ce qu'est l'essence d'une vie à moitié réussie ou à moitié ratée, tout dépend de la position adoptée. Nikolas Tesla a inventé le courant alternatif, Echenoz l'utilise avec talent, dans un domaine, la littérature, où on ne l'attendait pas.
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Ce roman inspiré de la vie de Nikola Tesla présente surtout l'intérêt de nous faire découvrir cet ingénieur génial. le récit est rapide, saccadé, certainement à l'image de la vie de Grégor (le nom du savant dans le roman) mais c'est un peu épuisant pour le lecteur... Il faut dire que Grégor met au point le courant alternatif, le moteur asynchrone, permet la distribution de l'électricité, invente la radio, le tube néon, imagine le sonar, réalise le premier robot télécommandé, ... Son génie est un peu l'opposé de celui d'Einstein. Si le célèbre Albert imagine dans ses équations ce que d'autres vérifieront après, Tesla crée à partir de ses machines sans forcément maîtriser totalement les principes physiques qu'il utilise ... ce qui aidera sans doute ses concurrents à lui voler la paternité de nombreuses inventions. le roman se lit vite mais s'il vous passionne et si vous avez un peu l'âme scientifique,prévoyez un peu de temps pour partir à la recherche d'éléments complémentaires sur les découvertes de Tesla.
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Des éclairs


… pour symboliser les recherches épatantes d'un scientifique surdoué et à la force de travail prodigieuse –Gregor, directement inspiré de Nikola Tesla qui vécut à cheval entre le 19e et le 20e siècle…
…pour symboliser les amis les plus proches et les plus fidèles d'un homme qui ne s'intégrait aux mondanités qu'afin de financer ses recherches scientifiques, alors qu'il préférait la solitude aux comédies de la vie sociale (« Il semble […] s'adresser aux éclairs eux-mêmes comme à des employés, des enfants, des élèves ou des pairs, avec une étonnante variété d'intonations : consolateur, sévère, plaintif, affectueux ou menaçant, moqueur ou grandiloquent, humble ou mégalomane »)…
… et pour symboliser, enfin, l'écriture de Jean Echenoz, qui fulgure et qui réduit la biographie fictive d'un homme ayant réellement existé, à une centaine de pages où le lecteur part en cavalcade minimaliste…


A la limite, la genèse du personnage de Gregor n'intéresse pas Jean Echenoz. Gregor surgit du néant. Son existence ne mérite pas d'être justifiée. Pourquoi deviendra-t-il ce qu'il est ? Comment se fait-il qu'il soit doté de capacités extraordinaires, d'une intelligence hors du commun ? Jean Echenoz s'en frappe la tête contre les murs et nous bâcle la présentation de son personnage en un couple de pages, pas davantage. La description de la personnalité de Gregor nous fait profiler les stéréotypes les plus agaçants du type de l'intellectuel méprisant. A force de réduire, on se croit projeté dans la simplification :

« […] son caractère se dessine vite : ombrageux, méprisant, susceptible, cassant, Gregor se révèle précocement antipathique. Il se fait tôt remarquer par des caprices, des colères, des mutismes, des fugues et des initiatives intempestives, destructions, bris d'objets, sabotages et autres dégâts »


De même, hop ! hop ! Gregor est devenu adulte et omniscient en moins d'un paragraphe :


« Ayant ainsi appris en cinq minutes une bonne demi-douzaine de langues, distraitement expédié son parcours scolaire en sautant une classe sur deux, et surtout réglé une bonne fois pour toutes cette question des pendules –qu'il parvient bientôt à désosser puis rassembler en un instant, les yeux bandés, après quoi toutes délivrent à jamais une heure exacte à la nanoseconde près-, il se fait une première place dans la première école polytechnique venue, loin de son village et où il absorbe en un clin d'oeil mathématiques, physique, mécanique, chimie, connaissances lui permettant d'entreprendre dès lors la conception d'objets originaux en tout genre, manifestant un singulier talent pour cet exercice »


Manière de renforcer les prodiges d'apprentissage d'un homme ? Ou mépris de Jean Echenoz qui cherche à se débarrasser le plus rapidement possible de formalités afin de se consacrer aux conséquences de la possession de telles facultés ? Puisqu'on ne le sait pas encore, à cette étape de la lecture, Jean Echenoz semble n'avoir livré qu'un texte décevant. En ce sens, il fonctionne à l'inverse de son personnage. Ce dernier, d'abord brillant –il cumule les découvertes révolutionnaires, réussissant même à braver l'opprobre et les réticences de la plèbe en se procurant le soutien de milliardaires et de scientifiques influents-, finira par voir apparaître une accumulation de gestes maladifs, une solitude et de mauvais choix de gestion de patrimoine qui s'achèveront dans la déchéance. Mais Gregor se préserve des malheurs ! reclus dans un monde qu'il a créé de toutes pièces, il reçoit des messages extraterrestres et se fait le protecteur et plus grand ami des pigeons, ayant abandonné tout souci de se faire valoir et de rechercher des mécènes, ayant fait disparaître toute envie d'inventer, de spéculer, de se torturer la matière grise pour que d'autres s'emparent mieux que lui du privilège d'être « l'inventeur ». Gregor semble plus serein que jamais.


On comprend alors pourquoi Jean Echenoz a survolé si rapidement les débuts de l'existence de Gregor ainsi que ses maigres et relatifs succès –vite volés par d'autres scientifiques moins dispersés et plus pragmatiques que lui. La vie « saine », dans ce qu'elle comporte encore de minimum de relations sociales, plus ou moins bien tolérées, n'est qu'une marque de l'incomplétude de l'affirmation véritable du caractère d'un homme. Gregor devient entièrement singulier lorsqu'il perd toute attache avec les conventions et les normes de la vie sociale. C'est sur ce tournant de la vie du scientifique que Jean Echenoz consacre la plus grande part des Eclairs. On s'en veut alors d'avoir regretté l'allusion rapide de l'auteur aux débuts de la biographie de Gregor : en effet, ce n'était pas là ce qu'il y avait de plus intéressant à dire. En quelque sorte, Jean Echenoz semble récompenser le lecteur qui ne se serait pas laissé décourager par ce minimalisme en lui livrant, peu à peu et sur le tard, l'évolution objectivement désastreuse mais subjectivement merveilleuse d'un homme qui s'était peut-être d'abord réfugié dans la spéculation scientifique pour donner une forme conventionnelle aux folies qui rongeaient en réalité son esprit –et qui finirent par le rattraper.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Le premier chapitre démarre dans un tourbillon, que dis-je, un maelström : vent, pluie, éclairs… tout y passe pour faire de l'arrivée de Nikola Tesla alias Gregor un acte hors du commun et donc, de facto : un personnage hors du commun.

Voilà, la base est posée….. rajoutons les Carpates, une ambiance de fin du monde et nous y sommes.

Echenoz, dans ce dernier opus de « Une suite de trois vies » nous gâte.

Gregor, est-ce le fait d'être né cette nuit d'orage, dans le noir…. voue une grande passion pour l'électricité. de cet esprit avide de connaissance, surdoué naîtra le courant alternatif et qui a prévu la naissance de « La radio. Les rayons X. L'air liquide. La télécommande. Les robots. le microscope électronique. L'accélérateur de particules. L'Internet. J'en passe », Echenoz nous le montre comme un personnage hors du commun avec un caractère « ombrageux, méprisant, susceptible, cassant ».
Arrivé aux Etats-Unis vers 30 ans, il est engagé par Thomas Edison qui n'aura de cesse de discréditer son invention du courant alternatif, lui qui « n'à découvert que » le courant continu.
Passant à la concurrence, chez Georges Westinghouse, il voit son train de vie s'améliorer, découvre la vie mondaine et le plaisir de se montrer en public avec de grands tubes lumineux et d'étincelles spectaculaires, qui font se pâmer les femmes et frémir tout le monde.

Le seul problème de taille que connait Gregor c'est son inadaptation au monde moderne. Toujours une invention en tête, il ne pense pas à faire breveter correctement ses découvertes et se les fait piller. Avec son idée fixe d'électriser gratuitement la terre entière, il se met, petit à petit, tous ses mécènes à dos et passera d'un hôtel de très grand luxe à un hôtel minable et mourra seul et misérable.
En dehors de l'électricité, la seule passion développée par Gregor est son amour des pigeons alors qu'il ne supporte aucune saleté, il va aller jusqu'à les garder dans sa chambre d'hôtel.

Echenoz, dans son écriture, suit le rythme trépident de cette époque de grandes découvertes. Son écriture est aussi électrisée que les inventions de Gregor avec ce qu'il faut d'ironie.

Un vrai régal. A travers cet ours des Carpates, Echenoz a été capable de me faire comprendre certaines de ses découvertes et lorsque j'allume la lumière, j'ai une petite pensée pour Nikola Tesla

Une belle trilogie et un coup de coeur, comme le furent Ravel et Courir.

En y repensant, je perçois dans ces 3 livres une grande solitude. Est-ce là l'apanage des surdoués et passionnés ?
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Gregor, dont la naissance fut illuminée par un éclair un soir de tempête, est un passionné d'électricité. On lui doit, entre autres, l'invention du courant alternatif. Engagé par Thomas Edison, il le quitte à cause d'une promesse non tenue.
Chez George Westinghouse, Gregor se lance dans une série de conférences sur ses inventions futuristes avec des démonstrations théâtrales et "connaît tout de suite un succès considérable". Il vit très vite au rythme de ses multiples découvertes et devient "en quelques mois le savant le plus célèbre du monde".
Gregor est parfaitement à l'aise avec la science, mais loin des réalités.Ayant toujours de nouvelles idées en tête, et il ne prend pas le temps de déposer ses brevets.
Par ailleurs, il a des troubles comportementaux qui l'éloignent de toute vie sociale. Seuls les pigeons qu'il soigne et guérit avec amour, se moque l'auteur, l'intéressent.
Jean Echenoz retrace dans son roman "Les éclairs"la vie de l'ingénieur Nikola Tesla, inventeur et ingénieur de génie dans le domaine de l'électricité.
Jean Echenoz le met en lumière avec virtuosité dans son livre éblouissant.
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Des éclairs dresse un portrait surprenant d'un personnage hors-norme : Nikola Tesla.
Dans un roman qui se lit vite, Jean Echenoz arrive à nous décrire toutes les recherches menées par le physicien américain. Je me suis passionné pour les récits racontant des expériences incroyables relevant presque de la science-fiction. Jean Echenoz a réussi à évoquer avec beaucoup d'humour les moments où Tesla faisait jaillir des éclairs du sol ou encore lorsque le physicien a fait vibrer tous les immeubles d'un quartier, pour ne citer que ces exemples.
Cependant, je regrette que l'auteur ne parle pas beaucoup de la jeunesse de Nikola Tesla, mais sans doute est-ce volontaire, afin de consacrer son livre aux recherches et expériences.

J'ai trouvé intéressant le fait que, bien que parlant de sciences, Des éclairs soit un véritable roman : en effet, Jean Echenoz ne s'attarde pas sur des détails que seuls les physiciens peuvent comprendre et se contente d'explications simples et efficaces sur les grand principes utilisés par Tesla. Cela permet d'alléger le texte et de le rendre plus agréable à lire.
Des éclairs ne parle pas uniquement de sciences : on y apprend de nombreuses anecdotes drôles sur Tesla, entre autres sa passion pour les pigeons... je vous laisse découvrir par vous-mêmes, vous ne serez pas déçus !

Je conseille Des éclairs à tous les passionnés de sciences, mais aussi à ceux qui aiment lire des biographies de personnages célèbres qui sortent de l'ordinaire.
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En attendant de recevoir Les derniers jours de l'émerveillement de Graham Moore ainsi que son adaptation cinématographique en janvier 2018, The Current War avec Benedict Cumberbatch, j'ai trompé mon impatience en débutant Des éclairs. En effet, tous deux partagent peu ou prou le même sujet : la guerre de l'électricité déclarée à la toute fin du XIXème siècle, aux États-Unis avec d'un côté les adeptes du courant continu (Edison) et de l'autre, ceux du courant alternatif (Westinghouse et Tesla).

Gregor est un génie dont l'esprit de créativité est toujours à l'affut de nouvelles inventions. Gregor aurait pu être riche, immensément riche à l'instar d'un Thomas Edison. Oui mais voilà, Gregor est un lunaire, un rêveur malchanceux, peu affable et pourtant appréciant le mondain, il aime paraître, il aime faire sensation et il agace profondément autant ses amis que ses détracteurs. Négligeant de protéger ses inventions par des brevets, d'autres profiteront de son oeuvre prolifique et ce qui lui pend au nez arrivera, Gregor restera dans l'ombre lui qui n'a toujours aspiré qu'à briller !

Des éclairs fait partie d'une trilogie dont les deux autres tomes content de manière romancée les biographies de Ravel (2006) dans son roman éponyme et d'Emile Zatopek dans Courir (2008). Fait surprenant, l'auteur n'a pas donné le nom de Nikola Tesla à son personnage principal alors même que Gregor s'inspire largement de la vie de l'inventeur. J'avoue n'avoir pas saisi la démarche. Il est vrai que Tesla est peu connu aujourd'hui (en dehors d'une unité de mesure qui porte aujourd'hui son nom) : serait-ce un moyen pour Jean Echenoz de dénoncer cette injustice ? En effet, Thomas Edison est célèbre alors même qu'il a usurpé nombre d'inventions de ses pairs tandis que l'inventeur du courant alternatif (sur laquelle fonctionne aujourd'hui tout le réseau électrique moderne), Tesla, est resté dans l'ombre. Quelle cruelle ironie !

Ce qui caractérise également le roman de Jean Echenoz est son style littéraire : sarcastique et ironique, l'auteur prend beaucoup de distance par rapport à son personnage. le ton est décalé et résolument teinté d'humour.

En conclusion, Des éclairs est un roman drôle et intéressant dans le sens où il permet de mieux cerner la personnalité de Nikola Tesla (euh pardon !) Gregor et de le rendre presque attachant. Pourtant la tâche n'est pas évidente car l'inventeur semblait avoir une personnalité atypique, loin d'être commode ou sympathique même aux yeux de ses contemporains.

Pour la petite anecdote, je voulais revenir sur la renommée de Tesla. S'il est vrai qu'il est méconnu aujourd'hui, en revanche, il semblerait que ce ne soit pas le cas dans la fiction ou dans le domaine de l'Imaginaire ! En effet, il apparaît dans plusieurs comics comme S.H.I.E.L.D. ou Superman. Dans ce dernier, il est l'un des premiers ennemis du superhéros. Dépeint comme un savant fou, il serait l'inventeur d'un rayon de la mort. Enfin, au cinéma, c'est David Bowie qui l'incarne dans le film le Prestige de Christopher Nolan, sorti en 2006.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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