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EAN : 9782207165652
208 pages
Denoël (12/04/2023)
3.97/5   55 notes
Résumé :
La vie d'un garde-chasse à la retraite est bouleversée après sa rencontre avec un loup. Un texte sensible et émouvant, par l'une des grandes dames de la littérature suédoise.
« J'ai vu un loup» : c'est ce que se répète en boucle Ulf, un garde-chasse à la retraite malade du coeur, depuis qu'il a repéré, tapi dans sa caravane en pleine forêt, un majestueux spécimen.
Lui, le chasseur le plus respecté du village, se trouve profondément ébranlé par cette re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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2017-2018 dans le Gavleborg, un comté suédois, à la lisière d'une forêt profonde surplombant une zone marécageuse, une caravane verte couleur pâte d'amande se fond dans le décor, voici la tanière de Ulf : un refuge sommaire un peu éloigné du village où notre homme aime à se retirer en compagnie de Zenta, sa chienne, pour méditer devant une nature vivante et sauvage.

Ulf Noorstig, employé des Eaux et Forêts durant une quarantaine d'année et Chef de chasse de Loalsen depuis 2002 , est aujourd'hui un heureux retraité mais son coeur vacille et il est de plus en plus dépendant à la trinitrine, un vasodilatateur. Heureusement il y a son épouse Inga, une professeure de français, complice attentionnée de son quotidien et mère de leurs trois enfants.

Dans La Course du loupKerstin Ekman nous emmène dans l'intimité de cet homme vieillissant dont la rencontre avec un loup bouleverse le chemin de vie, Haut-sur-Pattes, un loup solitaire aperçu depuis l'une de ses parcelles en quête d'une jeune louve, des déductions établies après l'avoir pisté minutieusement, son intuition et son imagination faisant le reste. Alors oui il y a un avant et un après cet événement car Ulf va renoncer peu après à sa fonction de Chef de chasse à la veille de ses soixante dix ans et être envahi par l'esprit du loup.
Soucieux pour son avenir comme pour celui de Haut-sur-Pattes, obsédé par cet animal dont il n'a parlé à personne, Ulf se sent inutile, se renferme, et passe son temps assis perdu dans des pensées vagabondes. C'est alors qu' Inga devant sa détresse, désarroi et tristesse lui conseille de se plonger à nouveau dans l'une de ses lectures préférées « Mémoires d'un chasseur » de Ivan Tourgueniev et pourquoi pas d'entreprendre celle de ses propres Carnets de chasse commencés à l'âge de douze ans. Des écrits dans lesquels il ne se reconnaît plus mais qui permettent la réminiscence d'anecdotes de chasse et l'avènement de réflexions métaphysiques. Des éclats de vie renaissants à l'image de ces fractales prisonnières du givre que Ulf a toujours aimé observer. Mais des événements extérieurs l'obligeront à sortir de sa torpeur et de son ennui.

Dans La course du loupKerstin Ekman aborde avec finesse les vicissitudes du temps qui passe :la vieillesse, la maladie, les trahisons et les arrangements de la mémoire, l'ennui grandissant quant toute activité physique est proscrite et que le corps nous lâche. Mais à travers le tableau du quotidien de cette petite communauté rurale ponctué par les activités de chasse saisonnières on trouve aussi dans ce roman un genre de conte écologique aux accents politiques et oniriques où les brumes matinales sont déposées par le passage probable des elfes alors qu'une grande partie des forêts de Suède sont ravagées par de graves incendies.

A travers le prisme de l'oeil du loup une nouvelle voie s'ouvre à Ulf : elle l'amène à réfléchir sur l'identité et la nature de l'humain et il ne peut que constater les dégâts de l'action humaine sur l'environnement. de cette acuité portée au monde vivant se dégage alors paix, sérénité et sagesse.

C'est avec affection et empathie que je quitte ce vieil homme à l'automne de sa vie, égaré dans la forêt des bois morts, mais qui ressurgit plus riche et plus fort à l'approche de sa fin pour se présenter devant le grand horloger du monde. Une ascension spirituelle qui se confond à l'ascension végétale des arbres des forêts centenaires qui l'entourent en quête de lumière.
Il est temps aussi pour moi de dire au revoir au Hälsingland, cette province suédoise réputée pour ses célèbres fermes décorées (inscrites au patrimoine mondial depuis 2012) dans l'une desquelles le héros a grandi.

Une lecture émouvante, attrayante et enrichissante parsemée de références artistiques et littéraires. Une célébration de la nature, du cycle des saisons et de la vie sauvage. Une belle découverte par un après-midi pluvieux que je dois à ma petite librairie indépendante, un titre qui a de suite attiré ma curiosité et dont je ne connaissais pas l'auteure,  Kerstin Ekman, née en 1933 connue pour ses nombreux romans policiers et lauréate du prix Selma Lagerlölf en 1989.

Une oeuvre inspirée, un beau texte oscillant entre nature writing et voyage intimiste.
Je remercie Marianne Ségol-Samoy pour la traduction.

Un coup de coeur
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Pour finir cette année 2023 riche de très belles lectures, je n'ai pu résister, le temps d'un roman, au désir d'une échappée en Scandinavie, terre de montagnes, de lacs et de forêts. Quel dépaysement de substituer les immensités glacées de la Suède à la grisaille de notre hiver !
C'est grâce au billet de @Spleen que mes pensées ont voyagé en Suède, paradis des amoureux de la nature et de grands espaces préservés. C'est avec bonheur que je me suis aventurée sur les lacs gelés, que j'ai parcouru les épaisses forêts vêtues de leur long manteau blanc.

C'est là que j'ai rencontré Ulf Norrstig, un forestier à la retraite. Ce septuagénaire, passionné de chasse mène une vie ordinaire et paisible dans la petite commune de Ljusdalven. Je l'ai suivi sur ses terres forestières où la nature règne bel et bien en maître. Là vit une faune sauvage variée : loups, ours, lynx, renards et élans.

*
Il existe des instants aussi magiques que rares où le temps semble se figer en un instant de grâce et d'une beauté inouïe.
Ulf Norrstig se rend souvent dans une petite caravane qu'il a aménagée sur ses terres, au bord du marais, à la lisière de la forêt. Il aime passer du temps dans cet endroit calme où il peut observer les animaux sans les déranger.
Ce jour-là, son regard accroche un mouvement furtif. Il se fige, attentif, sûr de la présence d'un animal à l'abri des sapins. C'est alors qu'un magnifique loup apparaît, majestueux sur ses longues pattes.

« …soudain il est sorti. Il a fait ça avec une évidence facile à comprendre : ce monde était le sien. Il est apparu venant des bois, un peu plus loin que ma trace à skis. Il s'est immobilisé au bord du marais entre un genévrier et un pin rabougri, il a regardé attentivement la petite étendue de neige et a tourné la tête, si bien que j'ai vu son profil avec son museau noble, son front droit et ses oreilles dressées. »

Puis l'instant d'après, l'animal disparaît entre les arbres et le temps reprend son cours.
Leur histoire va se nouer dans cet instant suspendu.

« Nous menions une vie ordinaire. Moi, en tout cas. Puis j'ai vu ce loup.
Un animal déraisonnable, selon une vieille expression. Quand j'étais jeune, j'en avais conclu que les animaux étaient des êtres non seulement dépourvus de raison mais aussi d'âme. En réalité, la véritable signification était que, faute de raison humaine, ils étaient d'une certaine manière des innocents. Qu'avait-il fait de moi ? »

Cette brève rencontre va changer beaucoup de choses pour le vieil homme alors chef de chasse. Elle va être le point de départ de longues réflexions sur la vie sauvage, sur les liens qui l'unissent à la nature et sur lui-même. Il va prendre conscience qu'il a été dans l'erreur toute sa vie durant.
Il reconsidère le loup, sa nuisibilité. Il se désolidarise de ses amis chasseurs, ne trouvant plus d'enthousiasme, de plaisir à traquer et à tuer et se met à dos un des chasseurs, Ronny.

*
Saviez-vous que, malgré son statut d'espèce menacée, le loup est chassé en Suède suivant des règles strictes ?
Alors oui, ce roman parle de la cohabitation de l'homme avec les prédateurs, de la préservation des espèces et de la biodiversité. le narrateur partage ses réflexions sur l'exploitation forestière et le cycle de vie des arbres, sur la déforestation et les monocultures, sur le climat.

Pour cela, il empreinte le flot du temps à contre-courant, relisant ses carnets de chasse, réfléchissant à ses notes, explorant et bousculant ses souvenirs, débrouillant le passé pour revivre et reconsidéré les évènements à l'aune de sa vie. Ses pensées reviennent à ce loup errant qu'il imagine dans la forêt, vigilant, solitaire, attentif à toute présence humaine.

« La mémoire est une chose étrange, oui, effrayante même : un tas d'ossements et de mots morts qui peuvent à tout moment se relever et prendre vie. »

*
« Ma vie est une vague qui se meut pour un temps. »

Kerstin Ekman a une très belle écriture, à la fois sensible et mélancolique, merveilleusement lente et poétique. Avec grâce et émotion, elle mêle avec fluidité, nature writing et rétrospective de vie.
Il est question de sa relation de couple, de la vieillesse et de la fin de vie. le présent, le quotidien et le passé se superposent et se fondent en moments émouvants dans lesquels sa femme Inga et sa chienne Zenta prennent une grande place.
J'ai beaucoup aimé ce personnage féminin qui a la finesse et l'intelligence de poser les bonnes questions sans apporter de réponses. Leur relation est magnifique, faite d'amour et de partage, de respect et de dialogue. Et puis, comment ne pas évoquer la magnifique relation qu'il tisse avec Zenta, mélange de tendresse et d'attention, d'affection et de douleur ?

« Les chiens, avec leur vie brève et intense, m'ont toujours enthousiasmé. Ils ne savent rien de la mort et rien de l'extinction des espèces. Ils m'ont appris à comprendre et à ressentir leur joie dans l'instant présent. »

*
Il émane une sorte de magie dans le froid de l'hiver, de charme dans ces paysages glacées et ces bois silencieux ourlé de broderie blanche, de force et de fragilité dans l'apparition fugace de ce loup, de paix émotionnelle à l'abri du vent et de la tempête, d'invitation à la contemplation et à la rêverie dans le murmure de l'eau qui ruisselle.
J'ai aimé cette atmosphère ouatée et introspective, la beauté de cette vie sauvage, cette sensation de calme et de liberté, d'inquiétude et de souffrance, de silence et d'intimité. Mes pensées ont vagabondé dans ces immensités, mes pas se sont posés dans ceux de ce grand solitaire.

Et puis, cerise sur le gâteau, je ne sais pas si je dois en parler, le dernier tiers du roman surprend par l'orientation de l'intrigue. C'est bien vu, bien amené. C'est addictif ! Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu jusqu'au milieu de la nuit pour connaître la fin de cette belle histoire pleine d'émotions.

*
Cinq étoiles pour ce roman qui m'a cueillie par son style d'écriture, par son ambiance hivernale et la beauté de ces paysages féeriques, par ses personnages attachants, par la profondeur des émotions et la prise de conscience du vieil homme, l'évolution de sa relation avec la nature, la forêt et la chasse.
Un régal à lire ! Un très gros coup de coeur !
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Genre: Loup y es-tu?

Le loup est à la mode: Documentaires, romans, essais anthropologiques, romans graphiques. Défendu, pourchassé, sanctifié, diabolisé ou en slip. le loup est partout.
Ce roman, particulièrement original, prend le sujet-loup différemment.
Kerstin Ekman est connue en Suède pour ses nombreux polars à succès. À quatre vingt-sept ans, avec La Course du loup, elle change complètement de registre.

Nous sommes dans le Gavleborg, au fin fond de la Suède rurale, entre forêts et marécages. La nature y est sauvage, les hivers sont rudes. On chasse l'élan, le chevreuil, le lièvre mais aussi le loup. Il y a des quotas : deux loups cette saison par exemple. On pêche aussi dans les lacs gelés ou en partant quelques jours sur la côte norvégienne.
Tout cela fleure bon le nature wraiting : des fractales givrées fascinantes décorent un paysage de carte postale, des éclosions éblouissantes de fleurs blanches annoncent un printemps précoce, on guette les oiseaux migrateurs, de plus en plus rares.
Il a fallu que je relise plusieurs fois une phrase de la première page pour avoir comme un soupçon: « Tant que la bite se lève, on vit et on tue ».
Bon, ma foi, allons voir plus loin.
Ulf Noorstig, employé des Eaux et Forêts durant l'essentiel de sa carrière est encore le Chef de chasse de Loasen, localité où il vit avec Inga, son épouse et Zenta, sa vielle chienne.
Il fête ses soixante-dix ans, ça va être la fête mais quelque chose est en train de se passer, qu'il n'identifie pas. Ulf est patraque depuis ce matin.
Depuis sa caravane délabrée, couleur pâte d'amande, qu'il a fait déposée à distance du village, Ulf a vu le loup.
Alors attention, pas n'importe quel loup : un grand loup solitaire en quête d'une jeune partenaire sexuelle. Il l'a baptisé Haut-sur Pattes. Et cette vision l'obsède.
Il sait le loup en grand danger, les gars d'ici ne rigolent pas et il reste une bête à tuer. Ulf est fatigué, sa bite ne se lève plus, il n'a plus envie de tuer.
Il traine avec lui son spray de trinitrine (qui aura son importance dans le récit) car il a de l'angine de poitrine.
Alors Ulf démissionne de ses fonctions de chef de chasse. Bon débarras, pensent la plupart des chasseurs…Mais Ulf rumine : il a vu le loup…
Heureusement, comme souvent, comme toujours, sa femme comprend son désarroi. Inga était professeur de langues (et de français en particulier).
Elle va lui proposer de re-lire Mémoires d'un chasseur » de Tourgeniev et de reprendre ses propres carnets de chasse commencés à l'âge de douze ans.
Et pour moi, c'est là que commence réellement ce livre atypique.
J'en ai déjà beaucoup dit mais il faut quand même ajouter deux ou trois bricoles :
Ulf va suivre une voie animiste en envisageant désormais les choses du point de vue du loup. À partir de là, la subtile Kerstin Ekman nous révèlera le désastre écologique de la forêt suédoise. Ce n'est pas tant un réquisitoire qu'une sensation profonde et immanente d'un désastre annoncé. Ulf va ressentir tout cela avec une extrême émotion.
Et puis bien sûr, l'action va s'emballer, des balles vont fuser, il y aura peut-être des morts…

J'ai quitté Ulf requinqué, plus inspiré que jamais, comme ces vieux arbres en quête de lumière et qui poursuivent leur ascension avec grâce.
Je me suis dit aussi que je ferai bien un tour en Suède, on peut y aller facilement en train, au moins jusqu'à Stockholm. de là, je prendrai un bus et qui sait, une moto-neige, pour aller saluer mon pote Ulf et en profiter pour visiter une de ces célèbres fermes du Hälsingland, inscrites au patrimoine mondial de l'humanité.

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Ulf, garde-forestier dans le Galveborg, une région forestière de Suède à la veille de ses 70 ans, part dans la neige , le 1er Janvier 2017 , vers son coin préféré , une caravane verte au milieu de ses arbres . Il a besoin d'être seul, la perspective de son anniversaire le rend triste .

Il trouve sur le chemin un cadavre de chevreuil en partie dévoré par un loup et se met à l'affut dans sa caravane .
Le loup finit par arriver ...C'est un grand mâle .

Ulf est un chasseur comme tous les hommes de sa région, son expérience et sa droiture ont fait qu'il est le chef de chasse depuis longtemps mais il se rend bien compte que des jeunes chasseurs veulent sa place de chef .

La rencontre avec le loup déclenche un sursaut chez Ulf qui va modifier sa façon de voir sa vie .
Le loup, synonyme de sauvagerie et de liberté prend une place importante dans son esprit.
Plus qu'imaginé, il suit ses trajets, devient loup lui aussi, une transfiguration fictive qui l'isole un peu plus .

L'introspection sur sa carrière de forestier , sur la chasse qu'il a pratiquée depuis qu'il est enfant , sur les pratiques de ses congénères entraine une vague d'abattement .

La vieillesse et la maladie l'accablent . Il se réfugie dans ses livres, Tourgueniev , et ses carnets de chasse lorsqu'il était enfant. Il ne supporte plus les trophées et les oiseaux empaillés relégués au grenier qu'il appelle La forêt de la mort .
Il est incapable pendant longtemps d'exprimer ce mal-être à Inga, sa femme . Pourtant c'est un couple plutôt fusionnel et qui se respecte .

J'ai beaucoup aimé cette histoire, même si elle n'est pas d'une grande originalité . Nous suivons les saisons dans ce coin de Suède ou la nature pour Ulf et Inga est toujours une source d'émerveillement .

Ulf est une personne qui a toujours été sensible à l'environnement mais sans réagir jusqu'à présent à l'impact qu'il a laissé .
Ce sont toutes ces interrogations sur la vieillesse avec les limites qu'elle entraine et sur le retentissement de nos actions passées sur la nature , notre empreinte : cela fait partie de mes inquiétudes , comment arriver à supporter à la fois les dégâts de l'âge et de nos actions passées ?
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Suède profonde, Ulf et Inga, un vieux couple, un beau vieux couple. C'est Ulf qui raconte, le loup qu'il a aperçu et nommé 'Haut-sur-pattes'.

Pourra-t-il le sauver de la vengeance des chasseurs après ses ravages dans une bergerie?

La vie dans le nord suédois, les relations entre chasseurs, les coutumes, sont bien rendues.

Beaucoup de références littéraires intéressantes sont citées par Ulf mais, écouté en randonnant dans les Fagnes, je n'ai pas pu les noter!
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critiques presse (1)
LeMonde
13 juin 2023
Même si le sujet n’est guère original, son traitement, loin des clichés, en fait un séduisant récit où l’invitation à une promenade forestière se double d’une réflexion sur l’art de vieillir.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
L'hiver peut être une feuille blanche ou bleutée sur laquelle on écrit. Lors de ma dernière visite ici, aucun être vivant n'avait inscrit ses traces dans la neige. Aucune empreinte de patte ou de sabot, pas même une jolie broderie laissée par des griffes de campagnol. Aucun oiseau. Aucune trace. Tout semblait s'être effacé dans cette blancheur et la forêt, sombre sous les branches enneigées, se reposait sur elle -même. Aujourd'hui c'était différent. Tout était aussi immobile, mais quelque chose s'était produit.
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Le grenier baignait dans la pénombre. Trois ampoules auraient dû éclairer la pièce mais seule une fonctionnait. Je me suis installé dessous pour armer les pièges. Puis je suis allé les placer. Au fond du grenier, il faisait encore plus sombre. L’obscurité était presque totale. Je devinais tout de même les bois des élans et les oiseaux empaillés sur leurs cailloux artificiels. Mais les bois étaient emmêlés, les oiseaux s’étaient couchés et les grands rapaces avaient chaviré en appui sur les ailes.
C’était la forêt de la mort et je m’y trouvais. Ce que je ressentais n’était pas de la peur, c’était bien pire. Les grands bois ramifiés des élans et ceux, pointus, des chevreuils cherchaient à s’emparer de moi. Il m’était impossible de sortir de cette forêt des morts. Les bois me menaçaient. Les becs et les griffes acérés voulaient me déchiqueter. Leur force et leur sauvagerie auraient dû être anéanties mais à présent elles faisaient planer sur moi une ombre terrifiante dont je n’arrivais pas à me protéger. Je ne parvenais pas à dire un mot. Ni même à émettre un cri. J’étais piégé. Cerné par les bois et les becs. J’avais des sueurs froides. Je vais mourir, ai-je pensé. Non, je ne l’ai pas pensé, je l’ai senti. Ils vont atteindre mon cœur. Ma vie.
Puis je ne me souviens plus de rien. Excepté qu’Inga était soudain près de moi.
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Des roses de givre se déployaient sur la fenêtre de la véranda. Des cristaux de sel s’ouvraient et se métamorphosaient en brindilles ou en jeunes pousses. Tout aspirait à prendre forme : une brindille, de la mousse, une rose, une aile. La marque blanche sur le chanfrein d’un cheval devenait une étoile. Mais l’œuvre de l’homme était tout autre. La moisissure de lumière des grandes villes se propageait, informe, pour conquérir la planète. Il suffisait de voler pour s’en apercevoir. Nos vols ne sont pas ceux des oiseaux.
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Avant de m'endormir, j'ai repensé au loup que j'appelais Haut-sur-Pattes.
Il est là, quelque part. Ses griffes épaisses et son ouïe fine. . Elle écoute la forêt en permanence. Ceux qui lui veulent du mal avancent à pas lourds, voient ses empreintes et son urine jaune dans la neige. Page 134
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J’ai continué à penser aux oiseaux. Si les migrateurs ne venaient plus chez nous au début du printemps, si, malgré des millénaires de mémoire génétique, ils étaient finalement incapables de traverser les zones de guerre ou de faire une halte sur des terres submergées par les grandes inondations, nous manqueraient-ils ?
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Vidéo de Kerstin Ekman
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