On voit les vieux sur les seuils des maisons, à leur côté de longues cannes avec lesquelles ils chassent les chats et les chiens qui s'approchent. On les voit somnoler, laissant béer leurs bouches édentées. Dès que le soleil les picote, cherchant l'ombre ils quittent les seuils. Jamais ils ne se séparent de leurs menus objets, ramassés dans les rues au gré de leurs errances et enveloppés d'un chiffon- un galet rond ou lisse,des boutons, des clés rouillés, des clous...
Ils ont eu, jadis, des maisons, des gagne-pain et, quand la fatigue a envahi leur corps, les tremblements leurs membres, ils ont laissé leur chambre aux fils et petits-fils, se contentant d'un matelas dans un coin de cour, loin de la porte donnant sur l'extérieur.