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Dominique Jean (Traducteur)
EAN : 9791039201841
792 pages
Archipoche (30/06/2022)
4.17/5   27 notes
Résumé :
Adam Bede, présente la vie d'Hayslope, une communauté rurale (fictive) très unie de l'Angleterre profonde en 1799. Le roman s'organise autour d'un rectangle d'amour constitué par la ravissante Hetty Sorrel, trop innocemment vaniteuse pour résister au charme du jeune squire, le capitaine Arthur Donnithorne, ainsi qu'Adam Bede, son soupirant malheureux, et Dinah Morris, sa cousine prédicatrice méthodiste, dont la beauté et la ferveur n'ont d'égales que la vertu.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La littérature anglaise représente pour moi une source inépuisable de chefs d'oeuvre. Jane Austen, les soeurs Brontë, Elizabeth Gaskell, Charles Dickens, Thomas Hardy ont bercé mon adolescence ; puis j'ai découvert les merveilleux Anthony Trollope, Wilkie Collins et…George Eliot. « Middlemarch » a été une révélation, avant de plonger avec délice dans « Felix Holt, le radical ». Ma PAL dédiée à George Eliot -de son vrai nom Mary Ann Evans- est assez conséquente, mais c'est « Adam Bede » que j'ai décidé de lire en premier, la somptueuse couverture des éditions Archipoche n'y étant pas pour rien !

Adam Bede est le héros éponyme de ce roman foisonnant, nous transportant vers le village d'Hayslope, dans l'Angleterre rurale des années 1790 à 1810. Charpentier talentueux, homme d'une grande intelligence et de carrure athlétique, Adam est épris de la belle Hetty Sorrel sans se douter que cette dernière a d'autres ambitions sur le plan amoureux… En parallèle, Seth, le petit frère d'Adam, est fou amoureux de Dinah Morris, prêcheuse méthodiste apparentée à Hetty, mais qui ne songe nullement au mariage.

George Eliot maitrise à la perfection la psychologie humaine, dans toute sa complexité, par le biais de ses nombreux personnages dont on découvre les failles au fil du récit, de la rigidité d'Adam à l'égoïsme d'Hetty, de l'obstination de Dinah au manque de profondeur d'Arthur, mais qui n'en demeurent pas moins profondément humains : ainsi, aucun protagoniste n'a trouvé grâce à mes yeux, sans être malgré tout foncièrement mauvais !

Ce roman se démarque également par les nombreux rebondissements de son intrigue, l'évolution des relations – amicales, fraternelles ou amoureuses – de ses héros et héroïnes, le réalisme de ses descriptions, au coeur d'une Angleterre ancestrale où l'amour d'une terre se transmet de génération en génération, où chaque évènement d'un village unit ses habitants, où le pasteur de la paroisse y est vénéré et où l'honneur d'une femme occupe une place capitale.

Lire Adam Bede, c'est avoir la certitude d'assister à un drame romanesque puissant, éblouissant, minutieusement tissé par son auteure dont le talent ne cessera de me fasciner !
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Excepté Silas Marner, que j'ai tout simplement abandonné, mes découvertes de Middlemarch et de le Moulin sur la Floss se sont révélées de merveilleuses surprises. J'avais plus qu'apprécié la plume de George Eliot, incisive et mélancolique ainsi que son dramatique style. C'est pourquoi lorsque j'ai eu l'occasion de retrouver l'auteure lors d'une nouvelle tragédie, je n'ai pas hésité un seul instant et je ressors plus que conquis par cette délicieuse et néanmoins douloureuse lecture.

Une nouvelle fois, l'auteure nous livre un drame merveilleusement construit dont je me suis délecté avec plaisir et intérêt. Avec avidité et impatience, j'ai plus qu'apprécié mon voyage au sein de l'univers rural soigneusement retranscrit par cette dernière. George Eliot nous accompagne au sein d'une campagne anglaise où il semble faire bon vivre et dont les couleurs m'ont paru plus que chaleureuses et dont l'amour semble guider la vie de ses habitants. J'ai fortement été sensible à l'importante place de la vie agricole mise en place par celle-ci. L'auteure instaure le rythme de ce roman et la prose de George Eliot se veut alors un véritable hommage au monde pastorale et à l'univers païen. Que j'ai adoré découvrir ses merveilleuses et méticuleuses descriptions accompagnant cette délicieuse peinture champêtre. Pour autant et malgré la beauté ainsi que la quiétude des lieux, la vie n'est pas toujours facile dans le village de Hayslope et le lecteur l'apprendra en suivant les traces d'Adam, le personnage principale de cet envoutant classique dans, lequel, ce dernier rencontrera la mort mais aussi l'amour et suivre ses joies mais surtout ses peines m'a plus que touché tant j'ai apprécié sa très grande profondeur et sa fine sensibilité. A travers son personnage et son récit, l'auteure appréhende de grands sujets et les retranscrit avec dureté et réalisme. le bon comme le mauvais de son univers et de ses personnages se démontrent d'une telle justesse que j'ai plus que vibré au cours de ma lecture. J'ai aimé la façon dont George Eliot traite de ses aspects avec piété et maitrise. Ainsi et grâce à sa large dimension pieuse et religieuse, cette tragédie fera souvent mention de sacrifice, de pardon et de rédemption ce qui m'a fortement séduit. L'amour baigne aussi littéralement Adam Bade et qu'il s'agisse d'un premier amour ou tout simplement celui maternel ou bien fraternel, cette dernière le sublime malgré ses travers et autres déboires aux conséquences désastreuses et dévastatrices. Mieux encore, de nombreux autres sentiments ainsi que d'autres valeurs telles que la culpabilité et le regret par exemple sont à l'honneur et permettent une vive et incisive critique sociale.

Je ne peux entrer dans les détails mais à travers la déchéance et la descente aux enfers de Hetty, la dulcinée d'Adam, l'auteure offre une véritable et poignantes tragédie. A travers ses personnages passionnants et bien souvent torturés et écorchés, cette dernière soulève les passions et je suis passé par énormément d'émotions au cours de cette lecture. Il faut dire que je me suis fortement attaché à notre jeune héros qui malgré sa condition sociale se dévoile un véritable gentlemen. Ce personnage brille par sa bonté, sa générosité ainsi que son altruisme. Bien que pouvant paraître assez poli et lisse en début d'ouvrage, son évolution se fera de manière progressive et assez intimiste. J'ai d'ailleurs été assez étonné d'une scène de violence entre celui-ci et son rival, l'odieux et calculateur Arthur Donnithorne. Ce dernier et tout comme Hetty se dévoilent l'opposé d'Adam dans leurs comportements et leurs constructions. Si Adam représente le bien, ces derniers représentent le mal malgré une finalité audacieuse tant la repentie fin offerte par George Eliot en ce qui les concerne m'a plus que surpris. Étant habitué à des fins plus que tragiques et difficiles de sa part, j'ai été surpris de sa rédemption face à certains de ses protagonistes quand bien même ce choix se veut cohérent et convaincant tant il m'a permis de mieux comprendre et d'apprécier cette cupide jeune demoiselle qui, par égocentrisme, se brûlera bien plus que les ailes.

Je pense que vous l'aurez compris mais une nouvelle fois le style de celle-ci m'a plus que charmé et emporté sur son passage. Grâce à sa fresque sociale et sa peinture rurale, cette dernière offre une poignante et profonde tragédie portée par un héros touchant et attachant et rythmée d'une plume débordante de sensibilité. J'ai vibré au rythme de ce drame, dévoilant les prémices du talent de George Eliot que j'ai déjà envie de retrouver à l'occasion d'une relecture de le Moulin sur la Floss.

Cette lecture a été réalisée à l'occasion de mon partenariat avec les Editions de L'Archipoche.

Cette lecture a été réalisée à l'occasion du Challenge Cottagecore – 2022 : Menu Promenons-nous dans les bois.
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Au village de Hayslope, endroit très rural qui n'a pas été encore touché par la modernité, se trouve toute une communauté gravitant aux côtés de la famille Bede. Dans la famille Bede, il y a le père, ancien excellent ouvrier ayant sombré dans l'alcoolisme, la mère, excellente femme mais encline aux jérémiades continuelles, le fils aîné Adam, jeune homme solide et entreprenant sur lequel reposent les espoirs et attentes de toute sa famille, et son frère cadet Seth, rêveur et attiré par une belle prédicatrice méthodiste.
Comme dans Middlemarch, nous avons droit à une description incluant de nombreuses personnalités du village, même si dans ce roman, je trouve que l'auteure explore plus le monde paysan et artisan. Il y est beaucoup question de religion, ce qui m'a fait un peu peur au départ - je ne suis pas très religieuse. Mais le dessin des personnages, leur évolution, leurs aventures, leurs réflexions, l'humour de George Eliot et son habileté à nous conter de passionnantes histoires ont fait que je n'ai pas vu passer les pages de ce roman (plus de 570 dans mon édition).
Tout comme dans Middlemarch, je trouve que certains personnages s'en tirent bien par rapport à l'énormité de leurs actes (un meurtre impuni dans Middlemarch, une conduite extrêmement légère ayant conduit à... certains événements dans Adam Bede), mais après tout, c'était peut-être le cadre de l'époque et reflétait une vérité contemporaine ?
C'est le deuxième roman de George Eliot que je dévore, je sens que ce ne sera pas le dernier.
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"Il est des torts qu'on ne peut jamais réparer".

Le touchant et beau roman que voici, se déroule dans une Angleterre à l'orée du XIXème siècle, pas encore devenue le pandémonium fuligineux de la révolution industrielle. La belle évaporée Hetty Sorrel dédaigne l'amour du brave Adam Bede, charpentier travailleur et probe s'il en est, se laissant conter fleurette par le futur hobereau de la contrée. Seth, le cadet des Bede, n'a guère plus de succès avec la pure Dinah, qui ne le dédaigne pas par orgueil, mais qui, prédicatrice méthodiste, s'est vouée à l'Immaculé Époux et à son message, ne se sentant pas destinée à la condition de maîtresse de maison et de mère de famille. L'une se perdra de réputation, aggravant la perdition par le plus irréparable des forfaits tandis que l'autre comblera de son amour un être, qui? bien que de la même confrérie que le Messie, et malgré toutes ses bonnes qualités n'en sera pas moins un humain.

Combien sympathique est ce roman, à l'atmosphère bucolique, mâtiné - comme tout bon roman victorien, d'Évangile. Il y transparaît la profonde sympathie de Georges Eliot pour les gens simples et laborieux, évoluant dans une atmosphère pastorale en symbiose avec les saisons. Ce premier roman dont la tendresse n'est pas dénuée d'humour, augurait beaucoup d"une production romanesque, qui bien que relativement peu abondante, allait briller par sa haute tenue.
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critiques presse (1)
Liberation
30 avril 2022
Son premier roman, Adam Bede, marque la naissance du nom de plume masculin de Mary Ann, gage de sa liberté : George Eliot. Beaucoup sont d’avis qu’il s’agit d’un clergyman, mais dès le début, Dickens devine, à la lecture des textes, qu’il s’agit là d’une femme. Les deux George s’installent ensemble, et ce n’est que la mort qui les séparera.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
Le loisir s'en est allé ; il s'en est allé où sont partis les rouets et les chevaux de bât, les lents chariots et les colporteurs qui venaient commercer à votre porter par les après-midi ensoleillés. D'astucieux philosophes vous expliquent peut-être que le grand avantage de la machine à vapeur est de procurer du loisir à l'humanité. Ne les croyez pas. Elle ne fait que créer un vide dans lequel se précipite la pensée insatiable. Même l'oisiveté se montre insatiable aujourd'hui. Elle a soif d'amusements, de trains d'excursion, de musées d'art, de littérature périodique, de romans captivants et même de théories scientifiques, et de rapides observations au microscope. Le vieux Loisir était un personnage bien différent. Il ne lisait qu'un seul journal vierge de tout éditorial et n'était pas encore victime de ce retour régulier de fortes impressions qu'on appelle l'heure de la poste. C'était un monsieur contemplatif, plutôt corpulent, à la digestion excellente. Avec ses perceptions calmes, peu incommodé par les hypothèses, il se satisfaisait de son inaptitude à connaître les causes de toutes choses et préférait connaitre les choses elles-mêmes. Il vivait surtout à la campagne, dans de plaisantes et vastes demeures, aimait à flâner le long du mur où les arbres fruitiers poussaient en espaliers, à humer le parfum des abricots tiédis par le soleil du matin ou à s'abriter sous les ramures du verger à midi quand les poires de la Saint-Jean tombaient.
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Si personne autre que moi savait ce que je sais de votre rendez-vous avec un homme, et des présents que vous en avez reçus, on parlerait de vous légèrement et vous perdriez votre réputation. De plus, vous auriez à souffrir en votre cœur d’avoir donné votre amour à un homme qui ne pourra jamais vous épouser ni prendre soin de vous pendant toute votre vie. Adam s’arrêta et regarda Hetty, qui arrachait les feuilles du noisetier et les froissait dans sa main. Ses petits projets et discours prémédités l’avaient tous abandonnée comme une leçon mal apprise, sous l’influence de la terrible agitation produite par les paroles d’Adam. Il y avait une force cruelle dans leur calme certitude, qui menaçait d’attaquer et d’écraser ses faibles espérances et ses rêves.
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Ah ! dit Bartle en ricanant, les femmes sont assez promptes, bien assez promptes. Elles savent les bons côtés d'une histoire avant de l'avoir écoutée, et peuvent vous dire les pensées d'un homme avant qu'il les aie eues.
- C'est assez probable, dit Mme Poyser, car les hommes sont si lents que leurs pensées les dépassent, et qu'ils ne peuvent les raccrocher que par la queue. Je puis compter les mailles de mon bas pendant qu'un homme retourne sa langue pour parler ; et quand, enfin, sa phrase arrive, il y a peu de profit à en faire. Ce sont les oeufs clairs qui sont couvés le plus longuement. Cependant, je ne nie pas que les femmes ne soient des sottes ; le Dieu tout-puissant les a faites pour convenir aux hommes.
- Convenir ! oui, comme le vinaigre convient aux dents. Si un homme dit un mot, sa femme aura une contradiction toute prête ; s'il a envie de viande chaude, elle lui servira du lard froid ; s'il est en train de rire, elle sera à se lamenter. Elle lui conviendra comme le taon convient au cheval : il a justement le venin qui doit le mieux l'irriter... le venin qui doit le mieux l'irriter.
- Oui, dit Mme Poyser, je sais bien ce que les hommes aiment ; une pauvre innocente qui leur sourit comme à une image du soleil qu'ils fassent bien ou mal ; qui les remercie pour un coup de pied et qui prétende qu'elle ne savait pas s'il fallait se tenir sur la tête ou sur les pieds, avant que son mari ne le lui eût appris. Voilà ce que les hommes désirent, pour la plupart, dans une femme ; ils veulent s'assurer d'une imbécile pour qu'elle leur dise qu'ils sont des sages. Mais il s'en trouve qui peuvent se passer de cela ; ils ont déjà si bonne opinion d'eux-mêmes ! C'est pourquoi il existe des vieux garçons.
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Et tandis qu'Adam, son panier d'outils à l'épaule, allait par les chemins, il entendait un joyeux bavardage et des rires sonores derrière les haies. Le joyeux bavardage des faneurs est mieux à distance ; comme ces lourdes cloches au cou des vaches, il a un son plutôt grossier de près, et peut même vous écorcher désagréablement l'oreille ; mais entendu de loin, il se mêle très joliment aux autres bruits de la nature. Les muscles des hommes s'activent mieux quand leurs âmes font une joyeuse musique même si cette joie s'exprime maladroitement, nullement comme la joie des oiseaux.
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Chaque fois que l’idée d’écrire à Arthur lui était venue, elle l’avait rejetée ; il ne pouvait rien faire pour elle qui pût la mettre à l’abri d’une découverte et du mépris des parents et voisins qui, depuis que ses songes éthérés s’étaient évanouis, constituaient de nouveau tout son univers. Son imagination ne voyait plus le bonheur avec Arthur, car il ne pouvait rien faire qui pût satisfaire ou calmer sa fierté. Non, quelque chose d’autre pouvait arriver, quelque chose devait arriver pour la délivrer de sa frayeur. Dans les âmes jeunes, enfantines, ignorantes, il y a constamment cette confiance aveugle en quelque hasard mal défini ; il est aussi difficile à un jeune garçon ou à une jeune fille de croire qu’un grand malheur va les accabler que de croire qu’ils vont mourir.
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« Middlemarch » de George Eliot, c'est à lire en Pléiade ou en poche chez Folio.
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Ce roman a été adapté par la BBC en 1991 avec Iain Glen, Susannah Harker et Patsy Kensit :

Middlemarch
The Mill on the Floss (Le Moulin de la Floss)
Adam Bede
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