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sur 866 notes
Les caravansérails étaient essaimés tous les trente kilomètres sur la route de la soie, un âne en tête de convoi lisait le chemin, choisissant, selon sa propre inclination, la pente la plus douce, évitant les ronces, facilitant la lente progression des bêtes et des hommes qui serpentaient pendant des heures, acheminant les marchandises pour le commerce ainsi que literie et nourriture ; un voyage prenait des mois voire des années, toutes et tous n'en reviendraient pas indemnes, peut-être aucun ?

Encore fallait-il ne pas se perdre en traversant toutes ces contrées d'autant plus étranges qu'étrangères, toujours plus à l'Est, le dépaysement s'ajoutant au dépaysement, rarement mais parfois hostiles, ou encore balayées par une onde de violence surgissant en bande, soudain comme une nuée d'orage que l'on ne pouvait jamais exclure ni s' hasarder à prévoir. le temps était un fameux anesthésiant, sinon l'opium !

Etait-ce l'attrait de l'inconnu ou du danger, l'éloignement, l'isolement avec soi-même, la vraie rencontre d'autant plus espérée qu'improbable, ou encore courir après la fortune qui ne sourit, on le sait, qu'aux audacieux ? Quelque chose fascinait certains Occidentaux au point de les attirer comme un aimant pour devancer le lever du jour, et toujours l'envie de raconter, en ces temps précurseurs, par l'écrit, la musique, la peinture et d'autres souvenirs, façonnait peu à peu le visage de cet Orient fantasmé dans la mémoire collective.

Je me souviens avoir rencontré la charmante amie qui m'a prêté ce livre, ayant lu une trentaine de pages, et lui lâcher tout à trac ma première impression : c'est très littéraire ! Peut-être suis-je allé jusqu'à lui confier, mais rien n'est moins sûr, ma mémoire est parfois incertaine à la fin d'un repas bien arrosé et cette nouvelle tendance à fatiguer au vu de récentes circonstances sur lesquelles il est inutile de s'attarder, la route promet d'être longue ... : j'ai dû relire certaines phrases.

Très littéraire : trop propre, trop lisse, trop scolaire, sans faute, sans faille pour s'échapper. Ma lecture me donne de suite la sensation d'une partition exempte de pauses et de soupirs, point de rondes, très peu de blanches, trop de croches pour que je m'accroche. de l'air ! Trop de tout, trop propre, et surtout, trop de noms propres. le vent l'emportera ... A quoi bon associer tant de noms célèbres ou connus seulement d'un tout petit nombre. Que cachent-ils ? Ah, mais qui voilà ? Bettina Brentano von Arnim ? Cette bimbo qui courait dans l'immortalité de Milan Kundera après toutes les célébrités de son époque dans l'espoir d'accroître ainsi sa propre notoriété. Est-ce cela Monsieur ?

Sinon c'est l'histoire d'un mec qui dort ou plutôt ne dort pas et nous assomme de son insomnie, je la trouve beaucoup moins percutante que celle de l'histoire de ce mec qui racontait l'histoire d'un mec ; particulièrement égocentrique aussi, elle m'aura apporté bien moins de chaleur que les restos du coeur. Je reste donc sur ma faim après avoir rêvé Sarah flamboyante, au soleil levant, aux yeux que j'imagine couleur d'Irlande. Les yeux de l'Orient je les ai, quant à eux, rencontrés près de Ouarzazate au Maroc, soit d'après les oscillations du pendule de Tournesol, un peu plus à l'Ouest que le château de Moulinsart. Quant à cette caravane, j'ai dû l'avoir rêvée, lâchant le livre des mains, bercé par la chanson de Raphaël.
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Bigre, bigre, aurais-je autant de difficultés à écrire un très modeste commentaire sur ce "roman" foisonnant que j'en ai éprouvé à sa lecture? .....
Franz Ritter , Sarah .., éminents chercheurs l'un en littérature l'autre en musicologie font connaissance lors d'un colloque à Hainfeld en Styrie, dès lors leurs chemins ne vont cesser de se croiser ..Franz vit maintenant à Vienne, les années ont passé, la maladie l'a rattrapé et les nuits sont longues, très longues quand l'insomnie est là! Et les souvenirs défilent ,les villes ,les pays, les hommes et femmes du XIXème à nos jours, même des temps plus anciens, La Turquie, la Syrie, l'Iran , la Chrétienté, l'Islam, la Judaïcité, le Bouddhisme, l'Europe tout s'emmêle tout s'imbrique depuis des siècles.
Un propos magnifique, un regard différent et combien enrichissant sur des cultures qui nous semblent si lointaines mais dont nous sommes si imprégnés , un discours de tolérance et d'amour, voilà qui avait tout pour me plaire, mais un texte beaucoup trop encyclopédique pour que la lectrice lambda que je suis puisse s'y complaire sans avoir besoin de plonger dans le Larousse voir sur la toile tellement le vocabulaire utilisé est riche et précis; une avalanche d'informations plus érudites les unes que les autres qui m'ont souvent laisser "en bouche" comme un arrière-goût de trop plein! Quel dommage vraiment si la plume de Mathias Enard s'était faite plus légère ce pensum se serait transformé en bijou et le lecteur s'y serait promené avec délices .
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Calvaire littéraire donc je suis assez heureux (et même fier) d'être arrivé à bout, grace à une persévéance de tous les instants. Je dois avouer que si je n'avais pas eu à ma disposition la version audio (lue par l'auteur lui-même, et fort bien d'ailleurs), je n'aurais pas eu la force mentale de surmonter la fatigue hypnotique qu'impose ce texte, bourré de références savantes.

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"Boussole" est un roman français publié par Actes Sud en 2015 et couronné du Prix Goncourt. Il a donc eu une large médiatisation, comme on le voit aux nombreuses critiques et citations sur Babelio.


Comme tel, ce bon livre présente quelques tares qui l'ont rendu acceptable au public contemporain : passages de poésie facile en phrases nominales, récit invariablement à la première personne subjective, plein de "ressentis", clichés décoloniaux bien-pensants (relevés et copiés sur ce site par des lecteurs au flair infaillible) avec les personnages mythologiques habituels : tirailleurs sénégalais, bons musulmans, méchants occidentaux colonialistes, islamistes dont les atrocités sont de notre faute, etc. Bruno Lafourcade appelle drôlement ces manies culturelles "l'altérophilie", ou amour de l'Autre au détriment de soi. Comment entrer autrement chez Actes Sud (éditeur qui a donné à la France une ministre de la culture corrompue mais de gauche) et plaire aux têtes conformistes du jury Goncourt ?


"Boussole", cependant, c'est un peu plus que cela. C'est la lecture de certaines chroniques assassines de Babelio qui m'a mis sur la voie. On reproche à Mathias Enard son "étalage prétentieux de culture", et même tel-le qui n'a jamais ouvert de thèse de sa vie, l'accuse d'en avoir écrit une, et non un roman. Ce qui déplaît tant ici ne peut pas manquer d'intérêt.


En gros, ce roman raconte la nuit d'insomnie d'un orientaliste, Franz Ritter ("chevalier" en allemand) qui craint pour sa santé et ressasse son amour malheureux pour une autre orientaliste, Sarah. Il revit pendant cette longue mille deuxième nuit ses rencontres et cet amour malheureux à travers le souvenir des multiples voyages, rencontres, colloques, lectures, stages et études, qui rythment la vie d'un grand chercheur universitaire, pour qui la culture n'est pas un objet d'étalage, mais la vie même. Comme Sarah (qui est bien plus engagée dans les sottises décoloniales que lui), il vit avec les auteurs et les musiciens, avec Goethe, Hafez, Beethoven, Omar Khayyam, Pessoa et tant d'autres. Il ne les "connaît" pas, ils forment la trame même de sa vie. Ce genre de personnage (et de personne) ne s'irrite pas de ses ignorances (comme sur Babelio), mais s'en réjouit : une ignorance est l'occasion d'une nouvelle découverte (et un motif de gratitude envers celui qui a ouvert cette nouvelle porte). Les malentendus de lecture que j'ai constatés s'enracinent dans la relation au savoir des lecteurs : pour les uns, ignorer est une humiliation, la perspective d'un pénible effort de prise de connaissance, et on a de la rancune envers le "prétentieux" qui en est cause ; pour les autres, ignorer est la promesse de nouveaux horizons, peut-être exaltants, une raison d'espérer.


Justement, comme le métier des personnages consiste à penser, chercher, découvrir, apprendre, bref à sortir de soi, le roman qui les décrit en action nous invite à la même démarche. "Boussole" n'est pas fait pour ceux qui n'attendent de la lecture que la confirmation de leurs idées reçues et la reconnaissance de leurs clichés (même si, par ailleurs, on en trouve à foison), pas plus que Sarah ou même Franz Ritter ne s'en contentent. Finalement, c'est un bon roman sur l'orientalisme, dans lequel personnages et lecteurs sont appelés à se dépasser et, même, qui sait, à se poser des questions sur leur repentance hypocrite. Franz Ritter (qui fait penser au chevalier de Dürer en compagnie de la Mort et du Diable) et Sarah ne sont orientalistes que pour cela : leur Orient est la chance de sortir de soi sans se haïr et d'aller au-devant de l'autre sans en faire un ange, en évitant ces pièges contemporains.
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Quel ennui, mes amis, mais quel ennui... Et il y a tromperie sur la marchandise, ceci n'est pas un roman. Un amalgame de résumés de thèses de doctorat, peut-être, un condensé de critiques de musique, d'essais sur l''influence de l'Orient sur la peinture occidentale, que sais-je.
Tant d'érudition frôle la pédanterie, dans une langue sinueuse, des phrases à n'en plus finir. Mais qui dit roman, dit intrigue, habituellement. Ah oui, c'est vrai, Franz, insomniaque , pense à Sarah. Tant mieux pour lui. Il pleut à Vienne. Bon. le voisin sort le chien. Bien. Mais il fait ce qu'il veut, le voisin, après tout. Et Franz aussi. Parce qu'il n'a pas réussi à m'embarquer dans son périple.
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Passées les injonctions médiatiques des prix et de la rentrée littéraire, et après avoir lu le très beau "Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants", j'ai voulu découvrir un peu plus de l'écriture de Mathias Enard. Je me décidais pour "Boussole ".

Franz Ritter vit à Vienne, il est musicologue et passionné par l'Orient musical. Une nuit dans sa chambre, se sachant atteint d'une maladie grave et en proie à l'angoisse, il va passer une nuit d'insomnie. Les heures passant, son esprit va se délester de souvenirs épars, réminiscences de lectures, de voyages, de destins de femmes et d'hommes partis à la découverte de l'Orient et au travers de celui-ci, d'une grande part d'eux-mêmes.
Et puis, il y a la belle Sarah, éprise elle aussi d'Orient, compagne érudite de ses voyages, de ses rêves...

Difficile de rendre tout à fait compte de ce livre de Mathias Enard.
"Boussole" est un roman dense, plein d'une érudition remarquable, imprégné de l'orientalisme, ce courant littéraire et artistique né en occident à la fin du XIXème siècle.
De là, les lieux aussi réels qu'imaginés : Istanbul, Damas, Téhéran, Palmyre, Alep,... Les très nombreux personnages, fictifs et réels, attirés, avec des fortunes diverses, par cet ailleurs, par cet orient idéalisé, empli de promesses et plus tard de désillusions : le diplomate autrichien Joseph von Hammer-Purgstall, Franz Liszt, Eugène Fromentin, Margar d'Andurain, Anne-Marie Schwarzenbach,...
Si la lecture de "Boussole" est par moments quelque peu ardue (les arguments suppléent parfois le rythme et l'intrigue souvent se perd dans le propos), elle n'en demeure pas moins foisonnante, vraiment passionnante.
Cette lecture agit comme un opium doux, des saveurs et un climat dans lequel l'esprit aime se retrouver.
"Boussole" est un roman ambitieux, un roman d'amour, humaniste, qui réaffirme, dans notre époque heurtée où les civilisations d'Orient et d'Occident sont tentées par le repli identitaire et religieux, que l'altérité, est le plus sûr chemin vers soi-même.
Une belle lecture .
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J'avais pensé qu'après la tentative avortée de lecture de ce roman , la voix de l'écrivain lui-même apporterait une autre dimension à Boussole .
Mais je dois bien constater que le ton monocorde de Mathias Enard n'incite pas à la jouissance du texte .
Certes, c'est très érudit mais l'histoire du musicologue autrichien vieillissant , fumeur d'opium et insomniaque est assommante , il faut bien se l'avouer !

Pourtant les évocations d'Istanbul, de Damas ou de Téhéran font rêver mais c'est un Orient du XIX ème siècle, voir même parfois du siècle précédent , celui qu'ont sublimé tant de musiciens et d'écrivains que l'auteur énumère souvent en longues listes savantes .

Pensées jetées parfois sans suite, comme celles effectivement que l'on mène lorsque l'on cherche le sommeil mais que le lecteur a du mal à suivre , l'esprit s'égare vers d'autres rivages ...

Comme une antienne le vieil homme évoque sa relation avec Sarah , femme fascinante , muse de ce Franz Ritter , elle vient nous ouvrir les portes de cet Orient du passé, passerelle entre deux mondes qui se cherchent et se fuient comme des amoureux querelleurs .

La pérégrination des idées aurait pu être plus simple, plus linéaire sans détourner l'attention du lecteur vers des détails sur la vie de personnes dont il n'a jamais entendu parler et dont il n'entendra plus jamais parler sans que cela présente un réel intérêt et j'abandonne avec un sentiment de frustration !

Je finirai en remerciant les Editions Audiolib et Masse Critique .
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De Mathias Enard
Boussole ou l'Orientalisme as t il influencé profondément l'occident ?
Telle est la belle ambition de ce livre , mais ,
Page 107 , c'est là que j'ai coincé comme un marathonien au 36ème km, il faut de l'adhésion et surtout de la compréhension pour franchir ces quelques lignes :

"Kafka apparaît dans sa thèse pour deux de ses nouvelles, Dans la Colonie Pénitentiaire et Chacals et Arabes; pour Sarah, le déplacement kafkaïen est intimement lié à son identité-frontière à la critique de l'Empire autrichien finissant et, au-delà, à la nécessité de l'acceptation de l'altérité comme partie intégrante du soi, comme contradiction féconde, d'autre part."  P 107

Est ce du Grec , et que dirait Descartes ?
Quand je perd le nord , je décroche !

La colonie pénitentiaire avec sa machine de torture diabolique , est ce pour nous dire sans le dire que l'occident n'a rien à envier à Daech ? et pourquoi kafka est il cité  ?


Tous mes indicateurs étaient pourtant au vert , passionné de peintures orientalistes , j'en possède plusieurs , dont un diptyque d'une casbah d'Orient , j'ai travaillé au Liban et au sultanat d'Oman , j'ai foulé les grès Jordaniens , mon beau père qui parle arabe m'avait donné un pensum pour me faire accepter dans les souks …
L'entraînement , l'avoir sans doute , du moins je le pensais la condition physique aussi pour parcourir allègrement les 378 pages du Mathias Enard sur l'Orientalisme .

De plus les critiques étaient enthousiastes , les milles et une nuits , s'offraient à moi ( je lis la nuit !) .
Stupeur ,je tombe sur une soutenance de thèse passionnante mais ingrate, indigeste pour mon niveau d'allemand , mais surtout , les nuits de Palmyre sont frustrantes , le pauvre Franz n'ira pas au septième ciel , il est amoureux mais n'osera pas  !

Et pourtant le passage sur l'opium m'avait laissé des espoirs , beaucoup d'espoirs à imaginer tous ces grands noms du répertoire Litz ,Berlioz ad-dicts aux fumées d'opium , et puis , Franz est trop sérieux 4 ou 5 pipes pas plus et son ami Faugier devra se droguer seul, seul aussi sera Franz face aux médecins qui lui refuseront cette drogue dont il aurait eu tant besoin .

Franz est à Vienne toujours amoureux toujours à revivre les événements récents ,la destruction d'Alep , à s'interroger sur sa maladie , la pire peut être la maladie de Charcot , mon ami en est mort voilà 3 ans , à réinventer une autre relation d'amour avec Sarah mais il est seul , malade , frustré , aigri ...

Comment partager L'Orientalisme de Mathias Enard avec Franz Ritter ,son érudition oui ,mais pourquoi alors survoler l'Orientalisme de Proust en une demi page et les folies de Bilger en plus de 20 pages et y revenant sans cesse ,cet inventaire n' est plus qu' une accumulation sans vie d'artistes façon ARMAN ,avec la peur de ne rien oublier , alors qu'une réflexion patiente à travers 5 ou 6 personnages marquants hauts en couleurs , pouvait nous faire vibrer peut être à la beauté de l'écriture ?

La page 107 me revient alors en mémoire comme un boomerang :
« je n'ai donc pas insisté, même si, pour lui faire plaisir,
j'aurais été prêt à me geler les choses dans le vent de cette noble
banlieue, que je soupçonnais tout à fait glacial. 
Ce n 'est pas du sang, il n'y a pas de sang, c'est de la sueur. »P107

Vienne où le 15 avril 1996 je me suis avec quelques milliers de marathoniens «  gelé les choses dans un vent glacé  » il faisait entre -1 et 2 degrés ; pas de refuge dans cette noble banlieue , pas d'abris pour ces invités mains et pieds gelés par la sueur , nos amis(es) nous changeaient dans la rue incapables nous étions , de nous déshabiller seuls .
Vienne , où dans l'après midi un Gruber anonyme «  se gelant les choses » nous insultait car les enfants étaient bruyants .
Ces images se brouillent avec celles de mes 16 ans où à Salzbourg j' ai chanté du Mozart .

Dans les livres comme dans la vie il faut rencontrer l'âme de l'auteur sinon on ne peut trouver le repos .Où se cache l'âme de Mathias Enard ?
Une assemblée d'artistes ne construit pas une âme ,Marga d'Andurain avec sa folie aurait-elle pu irradier ce livre ?

Mais trop de fous hantent ce livre Bilger , Frangier , Marga et puis Kafka , n'est ce pas l'Occident malade le coeur du livre !!!

N'est ce pas Franz Ritter qui symbolise lui même cet Occident:un Occident qui à peur d'affronter la vérité ,la nature de la maladie qui le ronge , un Occident prêt à se shooter à l'opium pour oublier , fuir devant ses responsabilités ou celles qu'on lui colle sur le dos (Palmyre et même le djihad ...)  ?

Vienne n'est plus la flamboyante cité décrite au début du livre , mais celle d'un pauvre Herr Gruber avec son Cabot ( un revenant Gruber est un commandant SS chez Romain Gary, tout un symbole ) , une cité incapable d'accueillir dignement des sportifs , une cité où l'on refuse des soins à Franz Ritter …

La boussole avec le personnage de Sarah prend avec sa part biblique une signification plus prophétique et plus universelle , elle n'est plus seulement la femme orientaliste mais la messagère , C'est Franz le scribe et entre eux l'amour est impossible car lui représente l' Occident elle est l'Orient , la femme d'Abraham , la mère d'Isaac ; on relira le très beau livre de Marek Halter à ce sujet.le nom de Sarah n'est pas fortuit , elle qui a vaincu la stérilité .
La fable est belle
C'est elle qui dévoile des livres oubliés , explore des textes , enquête sur le terrain, inspire et illumine Franz -l'Occident- elle est l'étoile …

Et là , est le livre que pose Mathis Enard sur l'altérité Orient Occident .
Livre sans aucun doute fondateur de toute la pensée de Enard , du traducteur il veut devenir le passeur d'un occident qui regarde vers l'est là où le soleil se lève .

J'ai besoin de recul pour comprendre les intentions vrais de Mathias Enard dans le tumulte de l'histoire actuelle , Arabisant fou comme Sarah de cette culture orientale ,et puis ces mots d'un poème persan de Roumi (1207-1273) , « moi qui n'est pas de coeur qu'est ce que je peux faire ? »

J'attendrai les beaux jours pour me réchauffer le coeur et les choses et reprendre à la page 108 cette saga de milliers d'artistes orientalistes qui ornent les frontons du dictionnaire des orientalistes Français .
Je veux croire p378 à ses derniers mot « au tiède soleil de l'espérance »


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A Vienne, Franz Ritter, tout seul chez lui et inquiet des résultats à venir des analyses médicales effectuées en journée, passe une nuit blanche à se remémorer sa relation avec Sarah et ses voyages en Orient...

Abécédaire appréciatif de Boussole sans phrase ou presque :

Affecté
Babillard
Culte féminin (osef)
Digressif
Erudit abusif
Fastidieux
Goncourt (pourquoi)
Horripilant
Invariable (auteur)
J-en-peux-plus (S.O.S)
K.-O.
Lourd
Musicalité (insuivable)
Non merci
Orientalisme (prétexte)
Pompeux
Quatre-vingt-une pages (suffisant)
Ronflant (2 sens)
Soporifique
Traînant
Usant
Vain
Week-ends (à épargner)
XXX (tout mais pas ça)
Y en a tellement d'autres.
Zappez.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Confronté à une longue nuit d'insomnie, Franz Ritter musicologue autrichien, qui vient d'apprendre sa maladie, dont on ne saura rien, essaye en vain de trouver le sommeil. Très vite ses souvenirs se télescopent et ils nous transportent d'heures en heures - elles constituent les chapitres du livre - vers cet Orient qui le fascine....Orient qui fascine aussi l'homme Mathias Enard, maitrisant l'arabe et le persan
Souvenirs qui arrivent en vrac, un souvenir en fait remonter un autre, un auteur est évoqué...il a écrit sur l'Orient...mais un autre arrive, puis un musicien...on passe d'une époque à l'autre en quelque lignes d'une référence à l'autre....On part de Vienne pour aller en Chine après avoir traversé l'Iran, la Syrie, l'Afghanistan, l'Egypte, le désert ...multiples retours en arrière, allers retours dans l'espace et le temps.... pas toujours facile à suivre....
Souvenirs qui ont pour fil conducteur l'amour de Franz pour Sarah, qui vient de présenter sa thèse, au début du livre, Sarah avec laquelle il a connu le désert Syrien, au cours d'une nuit : "Sarah s’était roulée en boule contre moi, le dos près de mon ventre...;" Sarah....qu'il a connue, aimée, qui l'a quitté, avec laquelle il communique toujours, qu'il souhaite retrouver, à laquelle il pense toujours...n'est-elle pas, un peu,la figure de cet Orient qui le fascine
Impossible de mémoriser toutes les références littéraires, musicales, historiques ou géographiques évoquées par Franz Ritter, par Mathias Enard au cours de cette insomnie... Admiration pour cette somme de connaissances, de références de toute nature
Roman...oui par certains cotés....les voyages, l'amour pour Sarah...la présence de personnages imaginaires confronté à des situations ou des personnages historiques avérés. Mais n'y cherchez pas une chronologie...à vous de la reconstituer
Thèse littéraire... certainement pas, elle serait rejetée par les examinateurs "Votre travail ne comporte pas de plan...".
Un livre original dans sa construction, dans sa structure et sa trame, riche en informations et en références...c'est sans doute ce que le jury du Goncourt a souhaité reconnaitre
Il m'a accompagné dans mes insomnies matinales...celles au cours desquelles on se lève, parce que tout se mélange dans la tête...
L'Orient nous a donné "les Milles et une Nuits, Mathias Enard nous donne une nuit sur l'Orient. N'est-ce pas un clin d'oeil de Mathias Enard dans la construction de Boussole?
On ne peut qu'admirer son érudition, même si indubitablement il a été aidé dans cette recherche - Cf.remerciements en fin d'ouvrage.
Il a su nous transporter, à partir d'une trame originale, une nuit d'insomnie, grâce à son écriture ses longues phrases, ses mots recherchés. Dictionnaire indispensable.
Il a su aussi aujourd'hui où, Orient et Occident s'opposent dans des conflits religieux et culturels, montrer que ces deux cultures sont étroitement liées et interdépendantes.
Plusieurs boussoles nous guident au cours de cette lecture, dont celle de Beethowen; celle que je préfère c'est celle de Sarah : "Je me suis réfugiée ici, dans le Bouddha, dans le dharma, dans la sangha. Je vais suivre la direction que marquent ces trois boussoles. Je me sens un peu consolée je découvre en moi et autour de moi une énergie nouvelle, une force qui ne demande en rien que j'abdique ma raison, bien au contraire. Ce qui compte c'est l'expérience....c'est difficile à partager. Imagine que je me lève à l'aube avec plaisir, que j'écoute et étudie des textes très anciens et très sages qui me dévoilent le monde bien plus naturellement que ce que j'ai pu lire ou entendre jusqu'à présent. Leur vérité s'impose très rationnellement. il n'ya rien à croire. Il n'est pas question de "foi". Il n'y a plus que les êtres perdus dans la souffrance, il n'y a plus que la conscience très simple et très complexe d'un monde où tout est lié, un monde sans substance.J'aimerais te faire découvrir tout cela, mais je sais que chacun fait son chemin pour lui-même, ou pas."(P. 356-7)
J'ai eu parfois envie de le jeter, de le refermer et de dire comme Sarah...:"Franz tu me soûles. C'est incroyable. Tu parles sans interruption depuis deux kilomètres. Mon dieu, ce que tu peux être bavard.!" et puis une petite voix m'a dit de persévérer...et je ne le regrette pas. Je viens de faire un beau voyage.
D'autres y verront de l'ennui...mais chacun fera sa propre lecture

Lien : http://mesbelleslectures.com..
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