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3,53

sur 229 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une première de couverture magnifique, forte de singularité. Un titre simple, beau de concision.
Voici deux accroches efficaces pour se démarquer de la multitude de romans et m'attirer.
Deux, c'est aussi le choix narratif de l'auteur qui entrelace dans ce roman deux histoires autour du mot déserter.

*
« Déserter », c'est l'histoire d'un homme qui fuit la guerre et se réfugie dans les montagnes de son enfance. Là, à l'abri des regards et des hommes, se trouve la cabane où il a vécu enfant. Il espère pouvoir se reposer et panser ses blessures psychiques avant de poursuivre sa route vers la frontière.
Il y a une forme de dualité chez lui : je l'ai senti vulnérable, méfiant, apeuré, mais aussi capable d'une grande violence.

Au travers de cette narration, on imagine sans peine le paysage montagneux dévoilé dans sa beauté et sa grandeur écrasante. Elle s'exprime de la manière la plus douce pour se dérober l'instant d'après et devenir sauvage et impitoyable.
En effet, les mots de la guerre se cessent de s'immiscer dans les descriptions de la nature. La mer en contrebas, assombrie de teintes allant du bleu violacé au gris, forme une ligne inquiétante, hostile, celle du front. le regard de l'homme est constamment attiré par cet horizon sombre, déclenchant des souvenirs de guerre d'une extrême violence.
Exécutions. Tortures. Viols.

Et puis, arrive une jeune femme avec son âne qui fuit également la guerre pour d'autres raisons que lui. Elle le reconnaît, elle l'a déjà croisé dans son village. Il est comme tous ces hommes qui portent l'uniforme et brandissent une armes : un assassin, un tortionnaire, un violeur.

L'auteur croise leur point de vue, mettant en lumière leurs émotions, leurs sentiments. Cette rencontre va soulever des questions et exiger inévitablement, pour chacun d'eux, de faire des choix.
La vie ou la mort.
La paix ou la haine.
La confiance ou la peur.
L'entraide ou la violence.

*
C'est autour des théories mathématiques que se construit le deuxième récit.

Car « Déserter », c'est aussi l'histoire d'Irina qui organise à Berlin, sur un bateau de croisière, un colloque pour rendre hommage à un grand mathématicien est-allemand décédé, Paul Heudeber, qui fut également son père.
Nous sommes le 10 septembre 2001, la veille de la plus grande attaque terroriste perpétrée aux Etats-Unis, une date qui restera gravée à jamais dans les mémoires de ceux qui ont vu les terribles images de l'effondrement des tours du World Trade Center.

L'auteur nous fait entrer dans la tête d'Irina, ses pensées remontent le cours du temps, reviennent sur le temps présent et la violence du monde d'aujourd'hui.
Ses souvenirs forment un puzzle où chaque pièce permet de reconstituer l'histoire de ses parents, Paul et Maja. C'est une belle histoire d'amour, entrecoupée de lettres que Paul adresse à sa compagne. Mais au fil du récit, des failles apparaissent. Non-dits, silences, peines, absence, solitude, espoirs et désillusions.

« Maja mon amour,
Les mathématiques sont un voile posé sur le monde, qui épouse les formes du monde, pour l'envelopper entièrement ; c'est un langage et c'est une matière, des mots sur une main, des lèvres sur une épaule… »

J'ai aimé le personnage de Paul. Sensible et rêveur, rescapé de l'enfer du camp de Buchenwald, il croyait en un monde nouveau et meilleur, un monde plus juste, plus pacifique, plus humain.

« … les mathématiques étaient l'autre nom de l'espoir. »

Le destin de ce couple est également l'occasion de voyager à travers l'espace et le temps, entre l'Allemagne de l'Est et l'Allemagne de l'Ouest, entre le présent et le passé, en particulier durant la seconde guerre mondiale et la guerre froide.

*
L'écriture est forte et subtile dans ce croisement de personnages, de lieux et d'époques. Pourtant, un fil conducteur unit ces deux récits, celui de l'intime.
L'auteur parvient à tisser des liens autour du mot « déserter ». Peu à peu, le lecteur établit des parallèles, entrevoit des connexions, découvre des analogies entre les deux récits où les hommes sont à la fois acteurs et victimes de la violence et de la guerre. Chaque personnage se retrouve face au miroir de leur conscience qui leur renvoie leurs actions, leurs trahisons, leurs pensées, leurs rêves, leurs émotions, leur manque de lucidité, leurs réussites et leurs échecs.

*
Ce que j'aime dans la littérature, c'est lorsque l'écriture se pare de poésie, de couleurs, d'odeurs, de sensation, de sensualité, d'émotions. En cela, le roman de Mathias Enard a tout à fait correspondu à mes goûts littéraires.

Dans le premier récit, celui du déserteur, la nature est très présente, elle forme comme un écrin printanier. J'ai aimé ce récit poétique, imprégné des odeurs rassurantes du feu de bois, des plantes aromatiques et des souvenirs d'enfance. En effet, l'écriture de Mathias Enard est sensorielle, elle nous permet de percevoir les parfums, les couleurs, les bruits, les textures, de donner corps à ce paysage montagneux, sûrement méditerranéen, qui présente deux visages.
Ce qui m'a particulièrement plu aussi, c'est la présence de l'âne qui amène une prise de conscience de ce que les hommes deviennent en temps de guerre, des monstres.

« … il se rend compte soudain que l'âne est borgne, son oeil droit est bleu et blanc comme une bille vitreuse, à demi recouvert par la paupière, son dos porte des blessures qui suppurent, il faudra peut-être l'abattre,
tu ne sais rien d'autre qu'abattre, tu ignores tout des ânes et des animaux, ils ont l'innocence de leur bestialité, pas toi, tu t'enroules dans la brutalité comme dans un manteau, … «

Dans le second récit, le langage des mathématiques renferme un côté plus âpre et froid. Néanmoins, il garde une dimension poétique, une forme de mélancolie et de nostalgie, d'espoir et de courage, de souffrance intérieure.
Plus complexe à lire, il m'a paru mais même temps plus profond.

« Les mathématiques sont un voile posé sur le monde, qui épouse les formes du monde, pour l'envelopper entièrement. »

*
Mathias Enard signe un beau roman où l'intime et la guerre s'entremêlent avec subtilité.
A découvrir.
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Je viens de terminer la version audio de ce "Déserter" , gentiment envoyé par Audiolib, que je remercie vivement.
J'ose croire que les deux lectrices de cette version enregistrée - Claire Cahen et Julie Pouillon ont pris le même plaisir que moi, elles à dire et moi à écouter cette langue que Mathias Enard maîtrise avec un rare talent.
Ce verbe "déserter" il nous en décortique plusieurs aspects dans deux scenarii différents : le soldat qui abandonne le terrain et sa violence mais qui n'en finit pas de museler sa propre violence. Parallèlement, il met en scène le parcours, tel qu'il le conçoit, du mathématicien est- allemand Paul Heudeber qui, tout en ne renonçant pas à son idéologie socialiste, ne peut se débarrasser des stigmates laissés par son passage dans les camps de Buchenwald, de même qu'il préfère s'éloigner de Maja qu'il aime, tant sa jalousie rend leur vie commune trop conflictuelle.
Je suis toujours admirative devant la maîtrise à traiter un champ lexical tel que cet auteur y parvient, surfant avec aisance parmi paysages, personnages et situations qui, à priori n'ont aucun point commun.
La citation suivante m'a -presque- fait changer d'avis:
"Les mathématiques sont un voile posé sur le
monde, qui épouse les formes du monde, pour l'envelopper entièrement ; c'est un langage et c'est une matière, des mots sur une main, des lèvres sur une épaule ; la mathématique s'arrache d'un geste vif : on peut y voir alors la réalité de l'univers, on peut la caresser comme le plâtre des moulages, avec ses aspérités, ses monticules, ses lignes, qu'elles soient de fuite ou de vie."
C'est bien la première fois que je me surprends à trouver un côté poétique aux mathématiques ! Monsieur Enard, il était temps que je me réconcilie avec cette matière qui m'a maintes fois valu d'entendre de mes pairs que je n'avais aucun sens mathématique.

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Deux récits s'entrecroisent.
D'abord celui d'un homme, un déserteur s'échappant vers une frontière, fuyant une guerre non nommée mais que quelques petits indices pourraient indiquer – c'est mon ressenti - qu'il s'agit de la guerre d'Espagne.
Ensuite celui de la vie de Paul Heudeber, grand mathématicien allemand, persécuté par les nazis puis soutien indéfectible du régime de la RDA. Cette vie sera vue sous différents angles : celui de sa fille, de ses amis, et de ses propres écrits.
Les deux récits ne convergent pas, sinon par l'apparition discrète d'un professeur espagnol au cours d'un congrès consacré à Paul Heudeber tenu en 2001 au moment même où les Twin Towers s'effondrèrent, symbole de la fureur du monde, toujours là.
Voilà qui semble complexe.
Et qui l'est si on cherche une cohérence totale dans ce roman, cohérence que j'ai rapidement écartée, en me laissant emporter par le souffle, la poésie, les digressions aléatoires y compris celles qui concernent les mathématiques et ses "nombres premiers jumeaux" qui seraient en nombre infini. Pourquoi pas ? Encore faut-il le prouver, ce qui fit Paul Heudeber. Pour cela il lui suffit de quelques feuilles de papier, d'un crayon et d'une volonté qui échappe au réel. Qui déserte.
Voilà 250 pages qui mobilisent les neurones du lecteur, excitent sa sensibilité et sa curiosité.
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Deux histoires alternent: celle d'un soldat déserteur et celle d'un mathématicien qui a peut-être déserté le réel trop décevant pour ce communiste et antifasciste convaincu, au profit des mathématiques.
Le soldat déserteur d'une guerre non nommée, d'une période non définie se réfugie provisoirement dans une cabane pour s'y reposer avant de reprendre la route vers une frontière. Une femme fuit avec son âne pour atteindre elle aussi une frontière.La rencontre est difficile: elle craint viol et mort; lui se demande pourquoi il ne la tue pas lui qui a tant violé et tué: elle pourrait le dénoncer. Au lieu de cela, il la soigne.
Y-a-t-il désertion chez le mathématicien qu'on honore ce 9 septembre 2001:il a vécu au camp de Buchenwald , plus tard il est resté en ex- RDA et a vu ses idéaux s'effondrer un à un car il est resté antifasciste et communiste: il déserte le réel au profit des mathématiques liées à la littérature mais il reste amoureux de Maja qui est à l'Ouest. On le soupçonne de s'être suicidé.
La narratrice est leur fille Irina qui semble découvrir ses parents lors de ce colloque qui sera un échec surtout à cause de l'effondrement des tours.
Je n'ai pas vraiment compris l'alternance des deux histoire et je reste sur mes bons souvenirs de lectures: Rue de voleurs ou Parle moi...
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N°1834 – Février 2024.

DéserterMathias Enard – Actes sud.

Ce roman, c'est d'abord un titre, laconique, sibyllin, une sorte d'invitation à la désobéissance, une envie de bouleverser les choses établies, la fidélité, l'engagement qu'on finit par trahir et par fuir. Deux histoires s'y entremêlent sans apparemment aucun lien entre elles. On retrouve cette démarche initiale dans la première évocation, celle d'un soldat anonyme qui quitte une guerre inconnue, parcourant prudemment à pied un paysage méditerranéen pour rejoindre une vieille bergerie délabrée et vide, perdue dans la montagne, berceau de son enfance, où il sait que personne ne viendra l'y chercher. Sur lui il porte les traces des combats, un treillis puant, des galoches usées, pleines de merde et de sang, un fusil, un sac… Une femme viendra qui le connaît et le craint et tout son passé refait surface, celui de l'enfance, de la guerre aussi.
C'est un personnage fictif, tout comme l'est celui de la seconde histoire, ce mathématicien et poète allemand, antifasciste, Paul Heudeber, rescapé d'un camp de concentration, auteur des « Conjectures de Buchenwald ». Ces deux histoires se juxtaposent sans qu'il soit possible, à tout le moins au début, d'en saisir Les points communs. Paul, génie des mathématiques, après la chute du Mur et l'effondrement du rêve communiste, a choisi de demeurer en Allemagne de l'est par fidélité à son idéal et ce, bien qu'il soit amoureux fou de Maja qui elle a choisi de vivre à l'ouest et d'y faire une carrière politique différente. Leur amour, sa fidélité à l'utopie marxiste, l'existence de leur fille Irina ne changent rien à sa détermination. Nous sommes le 10 septembre 2001, sur un lac près de Berlin et un congrès a choisi de rendre hommage à sa mémoire et à son oeuvre où les poèmes se mêlent aux raisonnements mathématiques. Maja est aussi une figure, elle à qui ses mots s'adressent malgré la distance, c'est une militante du féminise avant la lettre, une mère célibataire, une femme libre a la fois désirable et respectable.

Mathias Enard est un érudit qui s'est longtemps penché sur l'orient et cela se sent dans son oeuvre autant que dans son parcours personnel. Il affectionne le rythme syncopé par l'alternance des phrases courtes et d'autres parfois démesurées. Il serait intéressant de pouvoir percer le mystère de cette architecture assez inattendue où le lecteur se perd parfois. Il alterne les descriptions, les évocations et le narrateur interpelle les personnages mais aussi leur laisse la parole tout en adressant à Dieu des prières alternativement propitiatoires et jaculatoires. La poésie est omniprésente dans le récit consacré au soldat et seulement épisodique et sous forme de poèmes ou de mots d'amour dans celui des lettres échangées jadis entre Paul et Maja. Ces deux histoires s'entremêlent pourtant ; le thème du père est très présent dans le témoignage d'Irina et d'une façon plus estompée dans celui du soldat mais ce qui s'impose à mon esprit c'est aussi l'obsession de la solitude et de la mort. Dans ces deux récits il y a la guerre, lointaine mais bien réelle d'une part, plus larvée dans un contexte de lutte idéologique et politique d'autres part, l'auteur lui-même, sorte de troisième personnage s'inscrivant aussi dans ce contexte à raison de son parcours personnel dans un orient où les conflits sont permanents. Même l'occident n'échappe pas à la violence, l'effondrement des tours jumelles du World Trade Center à New-York, puis plus tard l'invasion de l'Ukraine par la Russie rajoutent de la barbarie dans un monde qui en regorge déjà. Cette irruption de violence vient contredire ce que capitalisme triomphant nous avait fait croire et qui s'effondre dans le fracas du 11 septembre, comme est interrompu le colloque sur Paul Heudeber. de même l'invasion de l'Ukraine rappelle à notre génération qui n'avait pas connu de guerre que l'homme porte en lui ses propres germes de destruction.

Mais revenons au titre, tous les personnages ont déserté leur milieu pour y échapper, parce que déserter c'est fuir, abandonner. Irina a toujours eu conscience du modèle écrasant et inaccessible pour elle que sont ses parents et a voulu y échapper par la distance mise entre elle et eux. Pourtant ce parangon maternel est entamé par la révélation par Pawley, un ami américain du couple, que Maja s'est accordé avec lui, il y a longtemps, une parenthèse amoureuse, tout juste ravivée lors de ce congrès, un détail qu'il veut révéler à Irina avant de mourir. L'image si forte de cette mère est aussi ébréchée par l'aveu fait à son amant d'avoir trahi Paul en ne le préservant pas de son arrestation par la Gestapo. Paul Heudeber a fui le monde réel parfois bien contradictoire pour celui des mathématiques et on laisse planer l'éventualité d'un suicide au sujet de sa mort, justifiée peut-être par sa prise de conscience des trahisons qui l'ont entouré et qu'il ne méritait pas. Les vérités « officielles » qu'on entretient sur les êtres, surtout après leur mort, ne sont que des apparences, des mensonges. La femme qui accompagne le déserteur fuit ce monde qui l'a vomie et déshonorée et lui cherche à échapper à la violence de la guerre et peut-être un peu lui-même parce que ce conflit lui a révélé sa propre image qui lui fait horreur. Il rachète cependant son passé fangeux par son attitude digne face à sa prisonnière, donnant ainsi une dimension humaine, voire religieuse à ce récit.

Mathias Enard a confié, dans une interview qu'il avait mis longtemps a écrire ce roman, comme s'il l'avait porté en lui sans pouvoir en tracer les lignes. Cela rajoute pour moi au mystère de l'écriture qui n'est pas qu'une histoire qu'un auteur raconte à son lecteur, c'est le résultat d'une quête, d'une souffrance autant qu'un exorcisme, une longue impossibilité autant qu'une obligation urgente. le livre refermé j'ai le sentiment de n'avoir pas tout compris ou d'avoir reçu quelque chose qui ne correspond pas forcément à ce que l'auteur voulait dire mais de me l'être approprié comme une vérité personnelle. Nous fuyons tous une forme de réalité qui peut s'avérer parfois intimement obsédante au point de ne pas vouloir nous l'avouer à nous-mêmes, de ne pas pouvoir y mettre des mots.


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J'ai beaucoup apprécié lire ce livre qui nous emmène à travers les XXème et XXI mème siècles et ses guerres sur le territoire européen. Et oui une guerre est à peine terminée qu'une autre reprend.
On suit l' histoire de Paul et de Maja, vivants chacun d'un côté du mur , l'un à l'est et l'autre à l'ouest. Chacun luttant à sa façon contre le fascisme, le totalitarisme, le nazisme.
Il y a aussi ce déserteur de la Grande Guerre, qui se faufile entre deux chapitres, et dont on devine le combat intérieur après les horreurs vécues.

ATTENTION SPOILER: Mon regret est que que nous ne connaissons pas la fin de l'histoire du déserteur (ou bien j'ai loupé quelque chose) . FIN SPOILER

Cette lecture ne m'a pas captivé immédiatement. Il a fallu quelques chapitres avant de me laisser emporter.

Il me semble que, à travers l'histoire des personnages, c'est une réflexion sur la paix (est-ce que l'homme est capable de vivre en paix), la guerre avec ses traumatismes et horreurs, qui nous est proposée.
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𝓡é𝓼𝓾𝓶é :
Un soldat déserte le front et va se réfugier dans une cabane dont il connaît l'emplacement. L'arrivée d'une femme va bouleverser son projet, d'autant qu'il ne parvient pas à décider s'il doit la tuer ou pas.

En 2001, une croisière est organisée en l'honneur de Paul Heudeber, mathématicien de génie. Sa fille retrace l'histoire de cet homme ayant été déporté à Buchenwald et l'amour si intense qui l'a lié à sa femme, politicienne très engagée.

𝓐𝓿𝓲𝓼 :
J'ai découvert ce livre audio grâce à la masse critique de @babelio_ que je remercie.
Ce livre audio est très prenant. L'auteur a un style différent pour les deux récits ce qui est très impressionnant et le vocabulaire est riche ce qui est plaisant.
Les deux lectrices sont formidables, elles clament ce texte et le font résonner. Toute la poésie de l'auteur est mise en valeur grâce à elles deux.
Sur le fond, j'ai aimé le début de l'histoire du déserteur, puis j'ai un peu décroché pour enfin m'y replonger lorsque l'histoire de la femme est dévoilée. Les descriptions sont riches, les odeurs et l'embarras de son arme m'ont plu.
J'ai été transportée par l'histoire de Maïa et Paul, ces amoureux malgré leurs différences et les murs qui les ont séparés. Je déteste les mathématiques mais ce livre aurait pu me réconcilier avec cette matière tant ils sont sublimés par l'auteur. Leur histoire est très touchante et rappelle les horreurs vécues dans l'Allemagne nazie.

Un roman dramatique mais très poétique laissant entrevoir la lumière.
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Enchevêtrement spiralé, récit archétypal, écriture miroir...C'est un peu tout cela à la fois.
Comme une histoire de spectre, ou une chambre d'échos. L'Histoire se déroule comme un fil d'ADN. Lecture, écriture, mémoire, composition, recomposition, création. Il y a quelque chose de biologiquement mathématique dans ce récit dizygote.
Déserter/ Résister : à quel moment de l'histoire, sous quel angle se situe le courage ou la lâcheté ? L'histoire est une vis sans fin mais avec une origine commune. L'histoire.. est ce une question d'engagement ou de désengagement dans le couloir des temps ? Déserter est-ce trahir ? Résister est-ce créer ? Dans quel et vers quel espace s'envole le papillon de nos libertés ? Un excellent roman dont la structure narrative a interrogé sans discontinuer ma lecture.
La nuit des temps….ground zéro… et si une réponse existe alors serait-elle un nombre entier ? S'approcherait-on du "fils du mot" de Duras ? …. «  La vérité ce serait le chiffre encore incomparé, incomparable du nombre , le chiffre pur, sans commentaire aucun, le mot. »
Si il y a de la spiritualité dans l'art, alors elle réside très certainement également dans les mathématiques.

Astrid Shriqui Garain
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Deux histoires pour un livre, l'une m'a bouleversé, celle du déserteur, l'impression d'être replongé dans le roman ”Pour qui sonne le glas” d'Hemingway, formidable. L'autre histoire est plus classique, avec des aller-retour dans le temps et l'espace. Il faut s'accrocher et avoir de bonnes références historiques et mathématiques. C'est un livre de réflexion, instructif et passionnant, pour ce qui me concerne, un peu déroutant, surtout quand on cherche un lien entre les deux histoires . Ne me dites pas qu'il n'y en a pas.
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Amers et sombres ,les deux récits que Mathias Enard tresse pour construire ce roman :dans l'un ,non situé dans le temps et dans l'espace (je ne sais pourquoi j'ai pensé à l'Italie de la guerre civile) un déserteur tente d'échapper à la guerre et à son passé en se cachant dans la montagne de son enfance . Sa fuite croise celle d'une femme qui ,elle aussi, est en rupture de ban , et comme lui était du côté des vaincus , des mauvais . Dans l'autre histoire , la plus consistante , nous suivons à travers les conflits du siècle (de Buchenwald à l'Ukraine en passant par le 11 septembre ) un mathématicien allemand de génie ,Paul Heudeber : sa passion pour les maths et son épouse Maja , son engagement communiste .On reconstitue son parcours comme un puzzle par le récit de leur fille Irina, des témoignages de ses pairs et amis , de sa correspondance. le point commun aux deux récits ,l'un dominé par les sens , la douleur, la peur ,la chair, l'autre par l'abstraction des mathématiques ,des idéologies, de la chronique historique, ne saute pas aux yeux dans un premier temps . Se dégage tout de même le leit-motive lancinant de la guerre , de la violence , du mensonge , de la trahison .Ce n'est pas très gai c'est le moins que l'on puisse dire ,comme l'est notre présent. L'écriture est complexe , raffinée s'adaptant souplement à la tonalité des deux récits , sensualité dans l'histoire du soldat , rigueur et clarté dans celle du mathématicien.
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