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EAN : 9782253108436
316 pages
Le Livre de Poche (09/06/2004)
3.74/5   41 notes
Résumé :
Avant, c'est la longue enfance d'Adam Weinberger dans un monde qui ne devine pas encore la menace qui pèse sur lui. Enfance d'un amoureux des illusions, qui rêve de changer le monde et de libérer ses proches du poids d'une tradition qu'il juge insupportable. Adolescence d'un jeune garçon qui ne sait comment traduire son amour pour Esther, son admiration pour son oncle, sa tendresse pour sa mère. L'impuissance d'un jeune homme qui constate que le rêve et la fiction n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Il était une fois, en Pologne, dans les années 1930 une famille juive comme des centaines d'autres. Elle était composée des parents, qui travaillaient sans relâche, et de leurs quatre enfants. Il y avait trois garçons et une fille aux tempéraments bien différents. Et puis, il y avait l'oncle, le frère du père, celui dont il ne faut pas prononcer le nom sous peine d'appeler le Diable. C'est au travers les yeux du plus jeune, prénommé Adam, que nous allons découvrir les évènements qui ont déferlé et bouleversé l'ordre des choses.
Après guerre, Adam, seul à Paris tente de se reconstruire au travers de ce que lui disaient les siens et les cherche. Va-t-il pouvoir écrire sa propre histoire avec cette femme qu'il a rencontrée ? Un livre qui m'a profondément émue.
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Il y a des livres que l'on lit, et qui nous marquent à tout jamais. Il y en a d'autres qu'on est incapable de terminer tellement on les déteste. D'autres encore qu'on se force à finir pour quelque raison que ce soit. Certains nous détendent simplement. Et d'autres, enfin, se laissent lire comme on se laisse porter par une vague, sans vraiment qu'on s'y accroche ou qu'on ait des choses à en dire. On n'a pas le sentiment qu'ils nous marquent, mais pourtant, ils laissent une empreinte profonde en nous. Simplement, ils n'ont pas bouleversé notre existence, remettant en cause toutes nos certitudes.

Oubliez Adam Weinberger est l'un de ces livres. Je l'avais lu pour le cours de français lorsque j'avais seize ans, mais je ne me souvenais absolument pas de l'histoire, si ce n'est que je me rappelais la trame principale. La chose à retenir, en quelque sorte.



La première fois que j'ai tenu ce livre dans mes mains, j'ai été frappée par son titre. Qui est Adam Weinberger, me suis-je demandé, et pourquoi doit-on l'oublier ?

C'est précisément à ces questions que répond le roman. Ou plutôt, il répond à la première, laissant le soin au lecteur de répondre à la seconde, et provoquant en celui-ci une troisième question : Comment définit-on l'existence de quelqu'un ? Ou plutôt : un nom et un prénom font-ils d'une personne qui elle est ? Cette réflexion est beaucoup plus profonde que cela, c'est une réflexion sur la vie, sur le sens de l'existence, mais je n'ai pas de mots pour exprimer précisément ce que je ressens après cette lecture.



Une autre chose qui m'a marquée est la structure de ce roman : 2 parties, une Avant, l'autre Après. Mais avant quoi et après quoi ? le plus simple serait de répondre : la deuxième guerre mondiale. Mais ce serait réduire la réalité à des mots qui n'évoquent en rien cette réalité.

Comment en effet ces trois mots peuvent-ils décrire ces années qui transforment un homme ?

De cette guerre l'auteur ne parle pas. Il se contente, pour nous en montrer toute l'horreur, de nous exposer la vie avant et après d'Adam Weinberger, qui fut un Juif vivant en Pologne, et qui n'est maintenant (ou du moins après) plus que l'ombre d'un Homme.

Il montre également cette horreur dans le mutisme d'Adam, qui refuse maintenant de communiquer, il nous la montre dans sa vie sans but, sans objectif. Il la montre aussi dans le métier qu'a choisi Adam. La médecine, dans cette recherche désespérée d'éloigner la mort, de garder en vie. Il la montre dans ces bateaux que construit Adam, comme autant d'appels à l'aide que personne n'entend. Il la montre encore dans la culpabilité que ressentent Adam et Déborah, cette culpabilité d'avoir survécu alors que tant d'autres sont morts...



Que dire de plus ? Cette lecture ne m'a pas arraché de larmes, mais elle a fait ressurgir dans ma mémoire des images d'un voyage en Pologne : le quartier juif de Cracovie, sa synagogue et son cimetière, mais surtout des images d'Auschwitz-Birkenau…

Cette relecture après cette « visite » est bien plus marquante qu'elle ne l'avait été la première fois, en grande partie parce que je pouvais mettre des images concrètes sur des mots qui, finalement, ne décrivent pas, mais se contentent de relater des faits, en les dépouillant de sentiments, les rendant à la fois moins atroces mais beaucoup plus percutants…



Tout cela, sans doute, ne vous aide pas à estimer la valeur de ce roman. Mais je suis bien incapable d'en dire plus. L'essentiel pour moi réside là. Les personnages importent peu. le style également. Ce qui compte réellement est que ce que ces personnes ont vécu soit décrit avec justesse. Et c'est le cas.
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L'histoire d'une vie ...celle de Adam Weinberger , juif polonais qui ,
toute sa vie durant , ( enfin.... celle " d'après" ) porte le fardeau d'avoir échappé à la mort , contrairement à tous les membres de sa famille .
Il se réfugie et s'enferme dans le non-dit et le mensonge .
Un beau livre , émouvant bien sûr , très bien écrit
mais avec quelques longueurs .
"Oubliez Adam Weinberger" , un roman sombre que le lecteur referme forcément en éprouvant un sentiment de malaise .
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Oubliez Adam Wienberger est le roman du survivant, de son droit au silence et à l'oubli. le style Engel est délicat, son propos bouleversant. Il signe avec ce texte dramatiquement brillant une oeuvre inoubliable. Chronique

Adam Weinberger est le quatrième enfant d'une famille juive, installée en Pologne. le jeune garçon a douze ans au début des années trente, il s'apprête à célébrer sa Bar Mitzvah sans grande conviction pendant que sa soeur désespère de trouver l'amour, et que ses frères se tournent, pour l'un, vers le sionisme virulent, pour l'autre vers une carrière de rabbin. La famille n'est pas des plus orthodoxes, et pourtant, le poids de la tradition pèse sur les épaules d'Adam. L'antisémitisme, aussi. D'abord latent, il se distille insidieusement dans la population, il ronge et ravage tout sur son passage.

Cette première partie du récit, cet « Avant », est malicieuse, pétillante. Vincent Engel a le talent rare de ceux qui sont restés des enfants et qui ainsi parviennent à dire tous les remous de la jeunesse insouciante. Fin psychologue, l'homme de lettres belge dépeint avec tendresse les premiers émois du coeur, les grandes espérances et les désillusions tranchantes.

Et puis, après l'avant, il y a forcément l'après. le pendant est passé sous silence, avec pudeur, et parce qu'aucun mot ne dira jamais l'horreur des camps. Et après, ce n'est plus la vie. Après, c'est Paris, en 1945. Après, c'est le silence, les mots qui ne soignent plus, les mots dans lesquels on ne croit plus. Après, c'est le silence et les fantômes qui hantent. Adam Weinberger se réfugie dans la médecine, vidé de sa substance, privé de vie.

Si la plume d'Engel était vive et insouciante dans la première partie du récit, elle se fait sèche et s'assombrit après, comme pour mieux servir le propos de son auteur. le « je » disparait au profit de la troisième personne, Adam Weinberger ne parle plus, n'écrit plus. Il a perdu sa consistance, sa condition.

Oubliez Adam Weinberger est un roman d'une grande pudeur, aussi tendre par la plume que violent par le propos. Ouvrage qui interroge en abordant la Shoah sous un angle inhabituel et pertinent, le texte de Vincent Engel est emprunt de philosophie et de sagesse. Il dit l'impossibilité de raconter l'horreur, de poser des mots sur ce qui laisse sans voix. En revendiquant le droit à l'oubli, le droit au silence, l'écrivain signe une oeuvre à mettre entre toutes les mains, un texte bouleversant et nécessaire.
Lien : http://opuscules.net/oubliez..
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C'est le premier livre que je lis de Vincent Engel. C'est une véritable claque.
Rien dans le résumé, à part quelques prénoms, ne laissait deviner l'histoire. Une famille juive ? La Pologne ? L'entre deux guerres, la monté du nazisme ? Honnêtement, je ne m'y attendais pas. Et au final, tant mieux, car au fond, ce roman ne raconte pas la seconde guerre mondiale. Il raconte l'histoire d'une famille juive en Pologne, il évoque la place de la femme, soumise au maris, les mariages arrangés, la vie d'un garçon solitaire, de son frère sioniste, du communisme, de son oncle différent qui milite pour la vie. Puis enfin, il raconte l'antisémitisme et la montée du nazisme. Mais la seconde guerre mondiale, il ne la raconte pas. Il passe directement à « l'Après » montrant comment ce garçon juif a été transformé.

L'écriture est percutante, très touchante. Drôle parfois. Ça m'a fait le même effet que lorsque j'ai lu pour la première fois Romain Gary, l'impression d'avoir découvert un grand auteur et d'avoir lu un grand livre.

Vincent Engel vient de gagner sa place dans mes auteurs préférés. Ce roman est incroyable.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
... mais qu'est-ce qu'un adolescent, sinon un être contraint de perdre les richesses de l'enfance pour tenter désespérément d'obtenir la reconnaissance des adultes ?
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Et ma mère seule sut vaincre les Allemands en s’enfuyant du ghetto avant que l’on nous en chasse. Elle a emporté son rire et ses yeux et sa main sur la mienne, alors que mon père avait perdu les planches et l’argent de celles qu’il avait vendues, et nous ne l’avons plus revue ailleurs que dans nos yeux, tout le temps, ma mère dans mes yeux que je ne voyais plus que je n’entendais plus à qui j’aurais voulu dire tant mais surtout l’écouter mais elle n’avait jamais beaucoup parlé beaucoup agi libre sauf maintenant dans le grand cri silencieux de sa mort, de la mort de sa souffrance aussi - vainqueur anéanti par sa victoire-, et elle dans mes yeux ne nous vit pas partir là dont je ne dirai rien, là dont je tairai le nom, après de longs trains noirs et gris, après le ghetto, après notre maison notre famille et notre naissance et celle de ses parents bénis soient-ils dans l’ignorance du monde où ils la projetèrent - après leur grand silence des noms effacés en lettres de feu et tant pis si vous croyez que j’ai choisi d’être juif à cette époque à cet endroit pour pouvoir exterminer ma famille et me retrouver seul - mais un romancier aussi médiocre que moi ne choisit pas le récit qu’il raconte, pas plus qu’il n’a choisi sa vie, et maintenant je me tais.
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Il est plus facile de détester quelqu'un que d'être dans l'impossibilité de l'aimer.
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A douze ans, le rêve est une profession obligatoire si l'on veut survivre à l'épreuve.
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Ce n'est que parce qu'aux yeux de tous, utopie est synonyme d'échec qu'aucune n'a jamais pu aboutir.
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Vidéo de Vincent Engel
Michel Collon interroge Vincent Engel sur des sujets très controversés : antisémitisme, antisionisme, judaïsme, histoire de ces notions... Une interview très riche d'enseignements.
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