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EAN : 9782849541593
88 pages
Chemins Plume (06/09/2016)
4.25/5   4 notes
Résumé :
À la manière des souris, aimer se dérobe par la faille du mur pour qu'on le suive plus loin. Au monastère de l'instant germent des grains de lumière. L'énergie est à sa place. La joie frétille dans le courant. La vie guérisseuse garde les mains grandes ouvertes.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Madame Eniger,

Après deux dernières lectures inutiles, j'ai sorti « ma » valeur sure d'une étagère. Un de vos recueils Madame Eniger, « le monastère de l'instant ». Au risque de me répéter, vous êtes la femme qui me touche le plus parmi celles que j'ai lu. Ce recueil ne fait pas exception.
Comment vous dire tout le bien que me font vos mots Madame Eniger ?
Ces mots qui donnent sens à mes émotions, à moins que ça ne soit le contraire tant les deux me semblent intimement liés.
Votre poésie ne se définie pas. Elle est plurielle, fourmillante, abondante, fertile et luxuriante, insoumise et révoltée. Elle est sans concessions et donne à l'expression « une main de fer dans un gant de velours » tout son sens. Vous ne lâchez rien mais vos colères, vos indignations, vos incompréhensions quant aux maux de notre société, s'expriment avec une douceur extrême. Une douceur qui donne encore plus d'impact au message. Votre poésie infuse, décante pour mieux pénétrer et diffuser une conscience qui fait tant défaut.
J'aime la poésie qui s'engage sous toutes ses formes. Celle qui met les pieds dans la fourmilière, celle qui tire à vue, celle qui répond coup pour coup à la violence de notre système, à son absurdité. Elle me correspond. Mais votre poésie Madame Eniger, votre poésie… quelle merveille pour moi. Elle entre en résistance, subtilement, discrètement. C'est une poésie de maquisard.
Vous ne donnez aucune leçon de vie, vous n'êtes pas celle qui sait et qui mène ses apôtres sur le droit chemin. Vous n'êtes pas la sagesse incarnée femme loin de là. Vous êtes l'évidence, le bon sens, la logique. Mais non, vous n'êtes pas de ces sages qui ont une phrase toute faite avec de jolis mots pour chaque problème, de ceux ayant réponse à tout. A cette sagesse abstraite que j'appelle « facilité » pour ne pas dire parfois « lâcheté » , à cet entre soi, ce repli, ce nombrilisme caché derrière une bienveillance parfois douteuse, vous répondez par l'ouverture à la vie, par la conscience de la fragilité de cette vie et du miracle qu'est chaque seconde qui passe. Vous mettez chacun devant ses responsabilités.
Je dis que vous répondez parce que si certaines « idées » reviennent chez les sages et dans vos recueils, vous poétisez collectif alors que les sages le font souvent pour le « moi ».

Ah votre poésie Madame Eniger… elle est le feu et l'Océan, elle est vous, Ile volcanique. C'est un souffle où le chaud et l'effroi ne peuvent propager qu'une épidémie d'essentiel. Votre poésie est un frisson porté par les vents, une onde marine qui d'un terrain vague fait une mer d'huile ou un océan déchaîné. Votre poésie est une poésie de grandes marées, une poésie à fort coefficient de sensations. C'est une vibration, une résonnance, une palpitation.
Que dire de vos instantanés, vos toiles de maîtres, ces tableaux des quatre saisons qui parcourent chacun de vos recueils. D'eaux rage en eaux des espoirs, ces eaux tonnent comme un fait divers. Et puis cette mélancolie qui vient baigner l'emprunt temps, celui d'être et d'avoir été.
Vos textes sont des odes à l'Amour et si dans ce recueil vous laissez les vôtres de coté, vous êtes une amoureuse chronique. Amoureuse du beau, de l'authentique.
Non votre poésie ne se définie pas tant elle est multiple.
Que je les aime vos mots Madame Eniger, que je les aime.
Je vais m'arrêter là parce que je pourrais continuer inlassablement de vous remercier d'écrire si bien ces choses que j'exprime quelques fois maladroitement, brutalement ou pas du tout.
Et puis il y a encore un mois de confinement et plusieurs de vos recueils en réserve sur mes étagères.
Il ne serait pas étonnant que je revienne vers vous rapidement.
Que vive la poésie, le reste n'est que… littérature.
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Monastère d'un instant, un joli titre dans lequel un lieu préfigure un temps…
Monastère d'un instant ou la lecture-découverte de la poétesse Ile Eniger.

"Ce matin, la vie respire large...". Dès la première ligne du recueil, l'attention est captée et sous nos yeux, sans prévenir, l'écriture d'Ile Eniger prend elle aussi le large.
Au fil des pages, les textes se succèdent, chacun révélant sa part la plus belle, la plus indépendante. L'écriture est précise, empressée, dévouée à ce qu'elle veut transmettre, à ce qu'elle veut dire. Cet empressement est comme un geste vital, une nécessité à dire, à montrer, à nommer.
Dire ce qui fait sens, ce qui lie et relie dans notre monde devenu insensé et saturé de réseaux, sous l'or et les apparences, le désenchantement.

"Je ne partirai pas sans savoir que je suis."
Engagée, l'écriture d'Ile Eniger est comme une île de résistance poétique, de liberté inconditionnelle et fraternelle. Elle livre l'exigence, l'impérative nécessité de (re)trouver les lignes de partage, de bonheur, d'étonnement, de retrouver la lumière dans l'obscurité, de reprendre le chemin tout proche (celui qui est en chacun) qui mène vers la beauté du paysage, de l'autre, de l'instant…

"Repas après la pluie, les oiseaux des bosquets font la fête aux airelles. L'odeur suave des citronniers en fleur voisine la douceur du jasmin marié au mauve des alysses. Un acacia sauvage sur un sentier de terre blonde transpire son miel. Des fleurs d'oranger infusent blanches et sucrées. Une chaleur provençale de jardin secoué par la pluie ajuste sa multitude de parfums. Quelques nuages rôdent dans un ciel grillé aux cuivres du soleil. Un bataillon de cigales investit l'été comme pour la première fois. Ce doit être cela le Temps, une multitude de première fois."


Mes remerciements vont à TerrainsVagues qui m'a fait connaître la belle poésie d'Ile Eniger.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Tu allais donner à manger aux canards sous le pont de la Sorgue. Tu leur parlais. Tu leur disais ta solitude. Moi, j'étais ailleurs, jeunesse occupée par un si plein des choses vaines. Ces choses abandonnées plus tard comme des mues. Tu vois, j'ai le cœur nostalgique. J'agite des mots pour créer des oiseaux, pour crépiter une musique, pour rameuter cette nature que tu aimais tant. Je vais aux mots pour que ne meure l'essentiel dessous les maladresses. Ma Mère, où es-tu maintenant dans cet ailleurs dont tout j'ignore? Ne sommes-nous qu'un anniversaire sur un calendrier de mai, Fête des Mères ? Le temps joue à qui perd gagne, irrattrapable. Aucune courte-échelle sur le haut du mur ne peut joindre le temps où tu m'écrivais : "Tu resteras toujours ma petite fille". J'ai un vieil âge maintenant et rien ne peut plus cuire et partager le pain qu'ensemble nous aurions pu donner aux canards sous le pont de la Sorgue. Mais je te parle ici, et c'est un mot d'amour.
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Les jeux du je, l’effrayante cavalcade des egos se vautrent, rutilants et fétides. Le paraître et l’avoir s’inventent des particules. Répugnantes, les vitrines minaudent vendant leurs artifices, barreaudant les passants. Les tromperies assiègent les médias. Des millions d’empoisonneurs sabotent la planète. Des millions de gueulards aboient, mordent, s’agitent et courent après leurs queues. Des millions de guerriers convoitent. Des millions de pillages donnent le vertige. Une fanfaronnade tonitruante installe ses écrans et ferme les esprits. Quelque part, si on tend bien l’oreille, on entend encore le vieux pouls fatigué du vivant. Il lutte contre les souillures grasses, les laideurs obscènes, les âmes mortes. Il secoue les banderilles des douleurs. Il bat, inlassablement.
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Le chaos de la surdimension traîne ses dents longues. La propension d'ego surchauffés installe ses tentacules. Ils savent tenir un crayon, les voila courant, sautant, harcelant, "regardez moi, regardez moi".
Ils exultent, se reconnaissent, se congratulent, s'encensent, s'inventent des parcours. La virtualité renforce la débâcle. Couronnée d'absurde, la grenouille plastronne son image de boeuf. "Miroir, mon beau miroir..."
Ils sont tonitruants: ce qu'ils écrivent est imprimé! Mais les papiers toilettes aussi sont imprimés, et les camions publicitaires, et les annuaires! Dans ces hauts du rien, une fanfaronnade installe ses quartiers. Pas le temps de sentir le cailloux dans leur chaussure, pas le temps de réfléchir, de travailler, d'écouter. Leurs moignons voraces s'agitent, "et moi, et moi".
Assis à la table commune, sourire abusif et goût du pouvoir, les bonimenteurs bonimentent, prennent leur part et celle des autres. Et les esprits inepte du moment cautionnent et normalisent.
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Dans le trajet des heures, une bonté distille ses invites. Un vide sacré dispense sa chaux laiteuse, celle dont on badigeonnait les murs des maisons pour les rendre plus saines. Traces de craie sur l'ardoise du jour, des choses nourricières vont leurs œuvres multiples. Le corps actif des sèves distribue sa manne, de la source au delta, des portes aux fenêtres, des graines d'arbres aux insectes d'herbes, des portées d'horizon aux chansons du vent, des plumes aux envols, des rêves aux mains de vaisselles. Toutes les pratiques fondamentales font les univers. Et, plus précieux que l'or et le diamant, dans la force du vivre et les routes innombrables, le poivre et sel des rires d'enfants, couronne le présent à élever jusques aux cimes.

p.21
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Un soliloque de sonnailles et bêlements engrange des heures paisibles. Ce qui vit tranquillement va surement. Dans les empreintes d’oiseaux, les lumières bleues des matins, les raffuts d’insectes, les vents tapis aux branches des sapins, les heures séculaires roulent leur train. Les rappels du clocher marquent le temps des hommes. Les frissons des rus chatouillent les herbes. Des pissenlits ensoleillés installent leurs tapis. Des écharpes diaphanes, aux gorges des montagnes, protègent la fraîcheur des soirs. Tout est à sa place dans ce pouls des choses simples. Portes ouvertes, un bonheur qui ne se sait pas, s’annonce.
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Videos de Ile Eniger (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ile Eniger
Le texte "Je veux toi pour tisane. Le sucre de ta peau, ton goût de tabac d'arbre, le chat de ta gorge enroulé sur mon cœur, le chant de ton cœur déployé sur ma gorge, tes bras ouverts comme une table, tes pas de loup de nuit, ton sol précis sur mes graines de rêves, tes doigts sourciers sur mes glaises de soif, tes mers sur mes escales, tes bois à découvrir, mes rives à t'accueillir. Je veux tes mots revisités de fraises, tes mots rougis incendiés de neige. Je les veux qui enflamment qui touchent et qui m'existent. La sève de tes mains pour redevenir liane, l'arbre le fruit et la racine, le paysage en route, l'aimer à double tour d'où l'on ne sort jamais. Je veux le seringa troublé d'eau et de blanc, l'affolée de parfums de pollens et de miel, cette abeille innocente qui pille les corolles. Et plus que le désir, plus que le ciel à dire, plus que le tout à vivre, encore plus que le trop, je veux l'hiver épris des puissances d'été. Tes mains ouvertes, offertes pour les remplir de moi. Mes mains ouvertes, offertes pour les remplir de toi. Pour me réinventer, je veux toi pour m'écrire et m'aimer sans boussole. Tes instances de vivre renversées sur mon souffle. Tes mots de pain nouveau accordé à ma faim. Tes yeux pour vêtement. Je veux toi pour tisane. Je veux toi au présent." Extrait - Ile Eniger - Le bleu des ronces Éditions Chemins de Plume
yrendunn
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