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EAN : 9782914336079
101 pages
Éd. Cosmophonies (01/01/2000)
4.75/5   6 notes
Résumé :
J'ai cru que j'avais rencontré Ile près d'une fontaine, dans la ville des hirondelles. J'ai du la croiser un été au pays des Terres Rouges. Elle marchait pieds nus pour mieux sentir monter dans ses muscles la musique des pierres. Elle lâchait sur le monde tous les chiens du désir. Dans son regard brûlé, une seule obsession : que l'amour la déchire. Rageusement, elle s'avance, nue vers les Terres Rouges de l'amour. Elle fouette, elle crie, elle prend, elle veut, elle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Quand on dit "c'est de la bonne littérature féminine" ou "c'est une poétesse de qualité" il y a toujours un fond de mépris machiste et un sous-entendu de cucuterie vaguement gnangnan ou de sentimentalisme de fond d'alcôve qui a le don de m'exaspérer..

Ile Eniger est une femme, un poète et elle est à peu près aussi gnangnan qu'un Eluard qui viendrait de rencontrer Gala, ou qu'un Aragon à qui on dirait du mal d'Elsa, si vous voyez ce que je veux dire...

Quel feu, quelle flamme, quelle force exacte dans le mot, quelle nuance dans la couleur, quelle évidence dans l'image, quelle musique dans le vers, quel muscle dans la phrase chez ce petit bout de femme discrète, réfugiée dans l'arrière-pays niçois entre les "terres rouges" et la mer bleue!

Ile Eniger dit la passion amoureuse avec une violente sensualité, un désir impérieux et une pudique discrétion pourtant.

Elle dit sa mère disparue avec tant de douceur que le dialogue entre elles se renoue dans une sorte de vie perpétuelle - celle que donnent seuls la poésie et l'amour inconditionnel.

Elle dit surtout le mystère formidable de la nature, fait d'un silence troué de cigales et d'oiseaux, elle dit la présence hiératique de ce pays de pierres chaudes; elle chante les "Terres rouges" de l'Estérel, terres de passion et de chaleur face au grand enroulement bleu des vagues qui bercent, attirent, fracassent éternellement la terre aride qui la borde.

C'est très beau, cela se savoure à petites gorgées comme on sirote un vin blanc sec et glacé, avec quelques olives, sous le pin parasol ou le chêne vert, après un bain de vagues vivifiant et agité, un bain de remous salés entre les récifs déchiquetés et tranchants comme des mâchoires de squale

Merci à Moovanse, la marine, de m'avoir fait découvrir cette voix si personnelle et si forte...
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Coup de foudre pour Ile Eniger, dont l'écriture a suscité en moi une émotion poétique renouvelée. C'est au détour d'une critique de Moovanse qu'elle m'apparaît, hologramme de mots déambulant par citations éparses. Je le suis, parcourant le fil des émotions qu'elle a tissés, toile sensible et vibratoire où dialoguent le désir d'incendie et le "petit matin mouillé". L'inconnue m'échappe d'abord. L'entrevoir ne suffit plus. Je veux pouvoir lire et relire, m'approprier son sel, explorer ses secrets.
J'entre enfin dans Les terres rouges. Ce recueil me semble une clef. L'écriture ne serait-elle pas cela même qui permet d'attiser la passion, d'en capter la source dans "l'eau d'un baiser, l'arbre d'un dos, le sel d'un aveu" ? de la sublimer par un subtil agencement où se rejoignent l'être et le monde ? Ainsi me voilà la spectatrice privilégiée de cette alchimie, qui transforme la page vide, peu à peu, en un jardin printanier. "J'écris, dit-elle, je mouille mes doigts à la flache du ciel, les appuie fortement sur le papier. L'encre révèle une famine".
Le désir de nommer les choses, de leur accorder une place, semble inassouvi. Ce qui procure la joie d'exister, comme la vague, va et vient dans un éternel mouvement, "emmène le bonheur" à l'image des étoiles qui "filent". La poète évoque alors la figure absente, celui qui ne s'inscrit que dans les mots et l'attente désormais : "je te voudrais là" ; celui qu'elle appelle "l'homme de mes cahiers", qui laisse la trace d'une sensualité et d'un désir encore prégnants: "Le souvenir respire/Et ma nuque brûlante/Garde trace de toi". L'écrire, c'est l'invoquer, convoquer la sensation de l'étreinte, la réinventer, rester vivante…
Je quitte Les Terres rouges, enrichie par l'expérience d'une lecture qui fut à la fois une promenade au pays des mots et un réel moment de complicité avec le poète.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Mes attentes ne sont pas des attentes mais
des flambées rebelles au seul bois d’exister.
des yeux clairs aux éclipses guerrières, des
fruits de neige, une musique bohémienne,
l’eau d’un secret.

Et je ne suis pas sage.

Je choisis l’or du ciel, son froissé audacieux,
le propos rougissant de l’argile impudique,
le jour nu qui n’a pas sens de jour mais de
pain chaud, de feuillage mûr, de verdeur. Je
choisis le voyage, l’enfiévré, l’inconnu, la soif
qui roule sur les hanches, la mémoire rétive
qui échappe à la loi et la maison lavande qui
craque sous les doigts son parfum ivre et
bleu. Et tes mains aériennes.

Et je choisis septembre plus riche que l’été.

Mes attentes ne sont pas des attentes, mais
l’amour debout, à boire frais dans rien, dans
tout, d’un trait,
comme on écrit.
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Elle a marché sur le chemin à la manière des simples et des purs.
Elle a rompu le pain,
Versé l’eau claire des gestes quotidiens sur le rythme des heures.
La joie l’a traversée, tranquillement,
Grâce de ceux qui vivent en aimant sans même le savoir.
Elle a posé des fleurs chaque jour sur sa table.

Quand, pliée aux vents d’incertitudes,
Blessée aux pierres de souffrance, elle a du faire face,
Elle a continué simplement à marcher dans l’essentiel à accomplir.
Les mains laborieuses,
Le cœur et le regard éclairant le pas de ses enfants.

Et le temps a passé tricotant l’existence en mailles d’affection.
Ainsi elle a vécu,
Fidèle, discrète et généreuse,
Le cœur penché sur le meilleur caché dans le plus humble.

Et puis, sereinement, au plus haut du chemin,
Elle a ouvert la porte, elle savait qu’on l’attendait.
Elle est entrée dans la Lumière.

De là, encore chaque jour,
Elle mettra des fleurs sur notre table.


(Pour celle qui fût, ou celle qui aurait du être ...)
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Dehors il pleut. Dedans il pleure. Elle se tait.
C'est simple pleurer en silence dans le silence.
Pas de bruit dans pas de bruit.
Des images surgissent. Elle les chasse. Est-elle un chien à qui l'on jette un os ?
Elle sort.
Sous la pluie elle ne pleure plus, elle pleut.
Les mains de l'eau la parcourent.
Elle pense à ses mains à lui.
Elle essuie l'image. L'eau la reforme.
Elle pense un amour, insensé, sans résistance, quatre heures et brioches dorées, langue gourmande, odeur de pommes vertes.
Un clocher sonne quelque part.
Elle imagine quelque chose,
une vraie chaleur où glisser nue par n'importe quel temps.
Les assauts d'une étreinte ouvrant les entrailles sans blessure.
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Vêtue
D'écume
Et d'eau
Sensuelle
Mouvante
Captive d'un seul
Au nom superbe d'infini
Une brume halée la porte
Balancement mouvant et nu
Hanches souples et turquoises
Quand elle gronde elle est puissance
Elle fouette, elle crie, elle veut, elle prend
Elle rugit, farouche, exigeant l'excellence
Puis se donne, amoureuse, allongeant son
élan. Apprivoisée, salée, son pas profond ne
marque pas le sable blanc.

La mer.
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Vêtue
D'écume
Et d'eau
Sensuelle
Mouvante
Captive d'un seul
Au nom superbe d'infini
Une brume halée la porte
Balancement mouvant et nu
Hanches souples et turquoises
Quand elle gronde elle est puissance
Elle fouette, elle crie, elle veut, elle prend
Elle rugit, farouche, exigeant l'excellence
Puis se donne, amoureuse, allongeant son
élan. Apprivoisée, salée, son pas profond ne
marque pas le sable blanc.

La mer.

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Videos de Ile Eniger (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ile Eniger
Le texte "Je veux toi pour tisane. Le sucre de ta peau, ton goût de tabac d'arbre, le chat de ta gorge enroulé sur mon cœur, le chant de ton cœur déployé sur ma gorge, tes bras ouverts comme une table, tes pas de loup de nuit, ton sol précis sur mes graines de rêves, tes doigts sourciers sur mes glaises de soif, tes mers sur mes escales, tes bois à découvrir, mes rives à t'accueillir. Je veux tes mots revisités de fraises, tes mots rougis incendiés de neige. Je les veux qui enflamment qui touchent et qui m'existent. La sève de tes mains pour redevenir liane, l'arbre le fruit et la racine, le paysage en route, l'aimer à double tour d'où l'on ne sort jamais. Je veux le seringa troublé d'eau et de blanc, l'affolée de parfums de pollens et de miel, cette abeille innocente qui pille les corolles. Et plus que le désir, plus que le ciel à dire, plus que le tout à vivre, encore plus que le trop, je veux l'hiver épris des puissances d'été. Tes mains ouvertes, offertes pour les remplir de moi. Mes mains ouvertes, offertes pour les remplir de toi. Pour me réinventer, je veux toi pour m'écrire et m'aimer sans boussole. Tes instances de vivre renversées sur mon souffle. Tes mots de pain nouveau accordé à ma faim. Tes yeux pour vêtement. Je veux toi pour tisane. Je veux toi au présent." Extrait - Ile Eniger - Le bleu des ronces Éditions Chemins de Plume
yrendunn
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