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Isabelle Reinharez (Traducteur)
EAN : 9782226131942
275 pages
Albin Michel (20/03/2002)
3.29/5   24 notes
Résumé :
Souvent comparée à Toni Morrison, Louise Erdrich, dont le talent a été récompensé par le National Book Award, est une des voix les plus singulières de la littérature américaine d'aujourd'hui.
Salué lors de sa parution aux États-Unis comme son plus beau livre, L'Épouse Antilope est une véritable polyphonie qui mêle, de la fin du XIXe siècle à nos jours, l'histoire de deux familles, l'une indienne, l'autre blanche.
Ce qui unit les destins des Shawano e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Depuis le génocide des nations indiennes jusqu'à nos jours, Louise Erdrich évoque le sort de deux familles, l'une issue de la "femme-antilope", l'autre des "tuniques bleues".
La tragédie est ici incarnée dans quelques destins, quelques vies cabossées, quelques coeurs brisés tels des "perles tombées d'un collier et remises en place selon des motifs nouveaux, sur de nouveaux fils."
Il y a Klaus, enchaîneur et enchaîné par l'amour.
Il y a Frank, le doux pâtissier auquel, en ôtant une tumeur, on a ôté aussi le rire.
Il y a Richard Whitehead Beads, "un refoulement de la culpabilité qui finit par exploser".
Et surtout, il y a les femmes qui nouent ensemble les liens entre ces hommes, qui brodent les motifs qui tiennent unie la communauté.
Une communauté déchirée entre la vie, la liberté individuelle, et d'un autre côté la réserve, la famille, tout ce qui reste et illustre l'immensité de la perte.
Et pourtant, par la beauté de son écriture, son réalisme magique, sa poésie... c'est de consolation et d'amour dont nous parle Louise Erdrich.
Un immense roman.
Traduction parfaite d'Isabelle Reinharez.
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Dans The Antelope Wife, Louise Erdrich déploie toute la poésie de son écriture. Les romans de Louise Erdrich flirte toujours entre réalité et mythe ; elle nous fait voyager entre deux mondes, à l'image des amérindiens héros de ses histoires qui sont partagés entre deux cultures.

The Antelope Wife est particulièrement emblématique de son écriture et probablement un des plus beaux romans de cette auteur que j'ai lu jusque là. du début jusqu'à la fin, elle nous plonge dans un monde aux frontières du fantasmagorique, des légendes amérindiennes. L'empreinte des traditions et des anciens mythes est particulièrement présente dans ce livre.

Il se dégage beaucoup de poésie de cet oscillement entre rêve et réalité. A l'image des vieilles histoires, des contes oraux, le récit est décousu, rapporté par bribes, avec une trame principale, un fil que l'on suit mais qui fait quelques détours par des voies inattendues et inconnues.

Ce côté déstructuré peut en rebuter certains. J'ai, au contraire, trouvé que cela rajoutait du charme à ce récit. Il se dégage au final une cohérence avec l'atmosphère éthérée du roman.

Concernant l'intrigue, elle est également déroutante. On ne sait pas vraiment où l'auteur veut en venir mais on se laisse volontiers guider dans les méandres du récit. Les personnages ont tous quelque chose de torturé, certains semblent eux-mêmes sortis du monde des esprits et des vieilles légendes.

Ce roman est un vent de fraîcheur, et j'ai beaucoup apprécié de sortir des chemins battus (comme c'est souvent le cas avec Louise Erdrich). Son univers m'interpelle énormément et son écriture est captivante.
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J'ai l'idée qui vadrouille sur des terrains en déroutes… Nan mais sérieux, je ne sais pas comment aborder mon avis sur ce livre… C'était… comment dire… Original ? Oui certes. Inclassable ? C'est certain. Poétique tout en étant dramatiquement lamentable ? Voilà, oui, c'est ça.

J'ai beaucoup aimé la plume décalée de l'auteure. Elle joue avec les mots avec une réelle complexité qui semble pourtant tout droit sortie de son esprit et couchée sitôt sur le papier sans qu'elle y ait réfléchi une seconde.

Pour ce qui est, en revanche, de l'histoire, ou plutôt devrai-je dire des histoires, car c'est un imbroglio de scènes pittoresques, humoristique, tragique sans queue ni tête, ni suite logique, c'est souvent tourné de manière fantasmagorique, rendant la route incertaine et nos réflexions hésitantes. J'ai eu, à moult reprises, la sensation que mon cerveau était secoué dans un shaker, n'arrivant plus toujours à me retrouver dans la trame. « Mais attends, c'est qui elle, une Roy ou une Shawano ? » « Et maintenant, on est où et à quelle époque ? » « Mais la vieille là, au fait, c'est la grand-mère de qui ? »… On ne sait parfois plus quoi penser, ni comment penser et l'auteure nous mène par le bout du nez pour mieux nous emberlificoter.

Le mélange improbable des métaphores disjointes et disjonctées, aux images torturées et déchirantes, rend l'ambiance oppressante, surtout sur la première moitié du livre. Sur la seconde, l'humour fait son apparition et là, beaucoup d'hilarité décalée, c'est plus doux, les protagonistes sont moins malmenés par la vie et ses aléas catastrophiques et recommencent à espérer. Ça reste souvent pathétique avec un arrière-goût de réel amère, mais plus supportable, c'est la vie, c'est ainsi…
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J'ai été plutôt enthousiaste dans la première partie du roman. La deuxième partie m'a moins convaincu. La lecture de la fin a été laborieuse.
Ce qui m'a plu c'est le choix fait par l'auteure d'alterner des passages poétiques, magiques avec des passages très terre à terre. C'est également sa volonté de montrer comment le tissu des croyances et de la culture indienne imprègne la vie des personnages inscrits, en apparence, dans la culture occidentale. La métaphore de la broderie de perles est très présente. Cela m'a paru bien réussi.
Néanmoins, une dramatisation exagérée de certains passages (le mariage par exemple) m'a semblé alourdir et déséquilibrer le texte. Et, surtout, l'empilement de personnages, de périodes, de narrateurs, de niveaux de lecture (poésie, magie, pragmatisme) abouti à une toile très complexe (encore la métaphore de la broderie), souvent peu explicite, ce qui m'a rendu la lecture laborieuse, voire pénible sur la fin.
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Je n'aurais jamais pensé dire ça un jour mais j'ai bien failli abandonner ce roman de Louise Erdrich avant la fin… Etant absolument fan de ses écrits, j'ai foncé quand j'ai lu que Stephen Graham Jones s'en était inspiré pour "Un bon Indien est un Indien mort" (2022), et je l'ai regretté tant cette lecture s'est révélée difficile. J'ai eu du mal à entrer dans le récit avant d'être totalement transportée par quelques chapitres, et cette alternance s'est finalement poursuivie jusqu'à la dernière page.

Dans cet ouvrage, nous suivons en parallèle la famille Roy et la famille Shawano. La première descend de Scranton Roy, un soldat qui a déserté après le massacre d'un village ojibwa et qui adopte un nouveau-né miraculeusement rescapé des combats. La seconde est marquée par la malédiction qui pèse sur Klaus Shawano depuis qu'il a enlevé une femme qui se rendait à un pow-wow avec ses trois filles parce qu'il en est tombé fou amoureux. Cette femme-antilope possède en effet un étrange pouvoir qui imprimera son sceau sur plusieurs générations.

"L'Epouse-antilope" est une illustration complexe et violente des passions humaines dans ce qu'elles ont de plus extrême. Malheureusement, il est impossible de se laisser porter tant l'autrice change fréquemment de personnages, de cadre et d'époque au point d'égarer le lecteur. Malgré tout, je tiens à souligner le merveilleux personnage du chien Presque Soupe qui prend plusieurs fois la parole au cours du récit et dont les règles de survie ont un charme fou auquel il est impossible de résister !
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Le corps d'une femme est la porte vers cette vie-ci. Le corps d'un homme est la porte vers la vie suivante. Elle pleure pour que l'inconnu vienne se camper devant elle une fois encore, qu'il s'ouvre. Elle sait qui il est, maintenant, ce windigo. C'est le Shawano originel d'il y a très longtemps, l'homme windigo que les frères Shawano ont fait entrer dans leur famille dans l'ancien temps, autrefois. Voici comment elle l'a entendu raconter. Ils chassaient ensemble très au nord, ces frères et leurs familles. Un esprit de la glace animé d'une faim épouvantable leur rendit visite, ils le laissèrent entrer. Ils n'auraient pas dû. Il n'était que glace à l'intérieur, que neige vorace. Pourtant, elle veut qu'il revienne vers elle. Cette fois-ci elle entrera. Se collera à la glace luisante. Tirera sa peau froide aux couleurs de ciel autour d'elle comme une tombe. (p. 221)
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Toutes nos actions portent dans leur accomplissement le germe de leur désaccomplissement.
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La ville. Où nous sommes éparpillés comme les perles tombées d'un collier et remises en place selon des motifs nouveaux, sur de nouveaux fils.
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Les histoires de famille se répètent de génération en génération en motifs et en vagues, par-delà les sangs et le temps. Une fois le motif établi, nous le reproduisons sans cesse. Là sur le manche, les vrilles et les feuilles des infidélités. Là, une tendance suicidaire, un désir de mort. De ce côté-ci, l'alcoolisme.
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Frank pouvait plaquer son nez entièrement d’un côté et le coller là. Avait l’air ridicule. Il faisait aussi claquer ses jointures, vibrer ses oreilles, et retournait ses paupières. Il était comme un grand pitre de lycéen, le Frank. Autrefois, il était goguenard et enjoué, toujours animé d’un humour matois et d’une immense loufoquerie que nous adorions, nous les enfants, jusqu’à ce qu’il suive les radiothérapies. Si je comprends bien, les rayons ont tué la tumeur et aussi foutu en l’air son côté bouffon. Il a conservé le goût, le toucher, l’odorat, et ainsi de suite, mais il a perdu le septième sens indien. Il a perdu son sens de l’humour. Maintenant, il est le seul Indien vivant qui en soit dépourvu.
C’est un horrible fardeau.
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Videos de Louise Erdrich (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louise Erdrich
C'est par la poésie que Gaëlle Josse est entrée en littérature. Elle a publié plusieurs recueils, jusqu'à ce jour où elle découvre un tableau d'un peintre flamand qui la happe littéralement. Sur cette toile, une femme, de dos, dont il devient urgent pour Gaëlle Josse de raconter l'histoire. Son premier personnage est là et le roman naît. Les Heures silencieuses paraît en 2011. En treize ans, treize autres livres suivront : des romans, des essais, un recueil de microfictions. Tous nous embarquent dans des univers différents, font exister des personnages -réels ou fictionnels-, disent la force de l'art -pictural, photographique ou musical-, et mettent des mots sur nos émotions avec une grande justesse.
Au cours de ce deuxième épisode de notre podcast avec Gaëlle Josse, nous continuons d'explorer son atelier d'écrivain : ses obsessions, son processus d'écriture, la façon dont le désir d'écrire naît et grandit. un conversation émaillée de conseils de lecture et d'extraits.
Voici la liste des livres évoqués dans cet épisode :
- Et recoudre le soleil, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20108563-et-recoudre-le-soleil-gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ?, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23044434-a-quoi-songent-ils-ceux-que-le-sommeil-fuit--gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- La Nuit des pères, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22564206-la-nuit-des-peres-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- Ce matin-là, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20840891-ce-matin-la-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- L'Amour, de François Bégaudeau (éd. Verticales) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22446116-l-amour-francois-begaudeau-verticales ;
- La Sentence, de Louise Erdrich (éd. Albin Michel) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22512129-la-sentence-louise-erdrich-albin-michel.
Invitée : Gaëlle Josse
Conseils de lectures de : Anthony Cerveaux, bibliothécaire à la médiathèque des Capucins, à Brest, et Rozenn le Tonquer, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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