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sur 4342 notes
Le questionnement de l'auteure sur sa relation avec son père suite au décès de celui-ci.
Ce père, marqué dès sa naissance par son statut social de pauvre, et qui cherchera toute sa vie à y échapper. Pour cela il ne deviendra pas paysan comme son père, il sera ouvrier quelques temps pour finir épicier et cafetier, d'abord dans un local loué puis propriétaire des murs.
Les parents de l'auteure resteront aussi marqués par la perte d'une petite fille, soeur aînée jamais connue.
La narratrice, après une enfance normale, entame des études à l'université, créant le trouble dans le cocon familial. En effet, dans l'esprit du père, à 17 ans si on ne travaille pas, on pourrait traiter sa fille de feignante et, par ricochet, porter atteinte à tout ce que son père a construit afin de préserver sa dignite et d'éviter les rumeurs.
Puis l'auteure se mariera, vivra loin de ses parents, aura un petit garçon qui ne connaîtra que très peu ses grands parents.
Un livre qui se laisse lire, qui permet à l'auteure d'analyser sa relation avec son père, une relation qui au fond n'est pas dénuée d'amour mais est emplie de rendez vous manqués créant de l'incomprehension de part et d'autre.
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C'est tout paisible, tout naturel! Pas de tension, pas de ruminement, pas de surprise! Ce n'est pas une fille qui se rappelle son père mais une fille qui retrace tout modestement la vie de celui qui était son père. J'ai aimé le travail du style de l'auteure mais le texte est trop concis, les souvenirs sont tellement expéditifs qu'on n'y retrouve pas la part de l'auteure. Pour un homme qui a renoncé à la vie rurale, un homme qui s'est trouvé tant bien que mal une place au soleil, aussi modeste qu'elle soit, mais de là, à soutenir sa fille jusqu'à la licence, ce papa mériterait mieux en terme de souvenirs...
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La place faisait partie des livres qui étaient sur la liste des textes que je présentais au Bac de français il y a un peu plus de 20 ans... Entre temps, Annie Ernaux a été récompensée du Prix Nobel, et pourtant il me semblait que j'avais trouvé ce roman creux. Alors lorsque je l'ai trouvé dans une boîte à livres prêt de chez moi je me suis dit que c'était l'occasion de retenter l'expérience.

Avec deux décennies de recul, je comprends pourquoi certaines personnes ont apprécié ce récit qui relève plus du témoignage que de la littérature en réalité.
Ce court roman s'ouvre sur la réussite de la narratrice à l'agrégation de Lettres (concours toujours prestigieux à l'époque alors j'imagine à l'époque..), puis vient l'annonce qui bouleverse cet instant de consécration : son père est décédé. C'est alors l'occasion pour la narratrice/romancière de revenir sur son enfance et surtout de nous faire un portrait de son père et de son milieu social.

Son père était un homme modeste et travailleur, passé de simple ouvrier agricole à ouvrier dans l'industrie puis propriétaire d'une petite épicerie, "un homme honnête (...) qui n'a jamais de tort à personne". Mais ça n'était pas "quelqu'un" (d'important) comme on pouvait l'entendre en France jusque dans les années 1950.

Loin de l'idéalisation de l'homme pauvre ou d'une certaine complaisance qu'on pouvait lire chez des auteurs comme Mauriac ou Proust qui ont davantage et mieux dépeint les milieux privilégiés dont ils étaient issus. Comme le formule Annie Ernaux :

"L'éternel retour des saisons, les joies simples et le silence des champs. Mon père travaillait la terre des autres, il n'en a pas vu la beauté, la splendeur de la Terre-Mère et autres mythes lui ont échappé".

"Quand je lis Proust ou Mauriac, je ne crois pas qu'ils évoquent le temps où mon père était enfant. Son cadre à lui c'est le Moyen Âge."

Elle qui a pu s'extraire de son milieu grâce à l'école évoque ses souvenirs contradictoires entre bonheur et sentiment de honte ou d'humiliation de venir d'un milieu qui manque de classe et de culture.

Cette seconde lecture n'a pas été plus agréable que la première, si ce n'est que je comprends qu'elle a plu plaire, rassurer ou avoir une dimension madeleine de Proust pour des nostalgiques de cette France (d'avant les bouleversements des années 1960-1970) . Je comprends aussi que ce roman peut attendrir et rassurer à une époque où la France cherche ses repères et son identité entre ultra-nationalismes ("réac'") et ultra-déconstructivisme ("woke") et ne sait plus ce qui fait sa singularité à l'heure où les minorités, descendants de "colonisés", femmes violentées qui ne veulent plus que leur sort soit banalisé,... C'est aussi un hommage à ces "petites gens" (qui parlaient encore les patois régionaux) qui se serrent la ceinture à l'heure où les patrons des grandes entreprises font des bénéfices record et expliquent aux "petits" qu'ils doivent se serrer la ceinture et se désintéressent des faillites d'artisans car eux profitent de tous les travers de la mondialisation.

Seulement voilà, l'autofiction, c'est loin d'être ce que je préfère, je ne vois toujours pas l'intérêt de cette "écriture blanche" et cet ensemble assez plat n'a pas de valeur sociologique (de témoignage oui, d'accord).
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Vous voyez, l'espèce de distance qu'on peut éprouver en lisant un livre ? On n'arrive pas vraiment à être dedans, à s'attacher à qui que ce soit.
C'est ce que j'ai ressenti avec cette oeuvre.

Ma mère m'avait conseillé de lire une de ses oeuvres parce que, je cite "Ça pourrait tomber au bac de HLP, comme elle a été nommée prix nobel de littérature". Donc me voilà à aller au CDI de mon lycée, et par hasard (en vérité, je ne cherchais pas cette oeuvre à l'origine), je suis tombée sur La place. Je me suis dit "Why not, c'est l'occasion !". Et je dois bien reconnaitre que j'ai été déçue. Je ne me sens jamais légitime de donner un regard "négatif" sur un ouvrage littéraire, mais je ne vais pas mentir. J'ai lu "en surface" (je ne sais pas si cela parait clair, mais j'utilise souvent cette expression), je ne suis pas rentrée dedans. Pas du tout. L'écriture ne m'a pas plu, je l'ai trouvé sans émotion. Je n'ai pas du tout réussi à adhérer à son style, ces phrases courtes, ce ton plat. Bref, je n'ai pas du tout réussi à m'y intéresser malheureusement.

Heureusement, l'oeuvre est courte, donc cela se lit vite. Peut-être que cet ouvrage n'était pas fait pour moi. Ce n'était pas celui-là que je voulais lire à la base, d'ailleurs, mais il n'y avait pas les titres que je voulais lire au CDI de mon lycée.Alors bon... tant pis. Ce ne sera pas une lecture marquante pour ma part.
(et j'espère que cela ne tombera pas au bac !)
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Annie Ernaux dans ces quelques pages plus pour elle même me semble t' il que pour d'éventuels lecteurs brosse un tableau précis de son père qui vient de décéder . Ce travail de deuil se traduit par le récit sans aucune fioriture de la vie de son père fils de paysan , soldat , puis ouvrier et enfin "patron " d'une épicerie café comme il y en avait beaucoup dans la France d'après guerre.
Retraçant cette vie dédiée au travail sans relâche , cette vie monotone où les fins de mois étaient difficiles où il état bon de rester à sa place , Annie Ernaux nous parle d'elle , de son enfance en Normandie , de la façon dont elle s'est échappée de ce milieu très modeste ,comment elle est arrivée à mépriser ses parents certes de braves gens mais des gens qui parlaient patois quelle honte !
Avec honnêteté elle reconnait son indifférence vis à vis de son père elle dresse un constat mais me semble t 'il sans aucun regret
Ce très court ouvrage m'a laissé un goût amer en bouche j'ai trouvé l'écriture froide sèche dénuée de toute empathie et ayant eu la chance d'avoir un père aimant et adoré je n'ai pas pu adhérer à cette relation fille /père
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Un livre très court mais tout y est.
C'est bouleversant de voir ce choc de culture raconté à travers des souvenirs.
J'ai été profondément touché parce que je m'y suis retrouvé à plusieurs moments.
Une très belle écriture, ce qui ne gache rien bien sur.
C'est le premier livre de cette auteur que je lis et ça a été un véritable choc.
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Un immense roman malgré sa brièveté.
Un hommage rendu à son père comme une excuse pour la distanciation sociale que l'auteur s'est infligée en entrant dans un milieu bourgeois après ses études.
Récit sur l'amour paternel et la grandeur d'âme d'une famille cantonnée dans sa classe ouvrière et qui n'a que la gentillesse à offrir à défaut de bagage culturel.
Quand le lien à nos origines familiales s'est distendu au gré d'une progression sociale, on en ressent comme un malaise d'usurpation avec ceux des étages supérieurs et de trahison envers ceux du rez-de-chaussée...
C'est le sens du message de "La place" : immergés dans chacun de ces milieux, on se sent de nulle part et on l'a perdue, cette place.
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119 lauréats, 17 femmes, une française.
La France est la nationalité la plus récompensée devant les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
Que suis-je ? Vous avez deviné ? le prix Nobel de littérature.

Face à la mise en lumière que donne ce prix, il n'était pas possible de rester éloignée des écrits d'Annie Ernaux fin 2022. N'ayant jamais lu de livres de cette autrice, j'ai choisi La place, consacré à son père, dans une « écriture plate », de « l'épure », un livre où elle aborde son transfuge de classe à travers son regard sur son père, d'abord garçon de ferme, puis ouvrier, avant d'être petit commerçant qui « cherchait à tenir sa place », et dont la fille a fait des études de lettres avant de devenir professeure puis écrivaine.

Cette récompense ne me semble pas illogique, dans le sens, où cette autrice a développé un style nouveau, aujourd'hui encore très repris dans la littérature française, avec des récits autobiographiques, qui se veulent à la fois personnels et universels, dans un style dépouillé.

En revanche, en ce moment, je me pose souvent les questions suivantes : quel type de lectrice suis-je ? Quels sont les auteurs ou autrices qui me plaisent le plus ? Pourquoi ?

Je m'aperçois que je recherche finalement trois ingrédients :
- Une émotion qui m'entraîne sur des montagnes russes,
- Un sujet avec un réel apport, de ceux qui nous transforment, même légèrement, par la lecture (plus de connaissances, une façon différente d'appréhender une situation…),
- Une écriture qui soit belle, marquante (critère très subjectif, j'en ai conscience).

Annie Ernaux écrit : « Pour rendre compte d'une vie soumise à la nécessité, je n'ai pas le droit de prendre d'abord le parti de l'art, ni de chercher à faire quelque chose de « passionnant », ou d'« émouvant ». Je rassemblerai les paroles, les gestes, les goûts de mon père, les faits marquants de sa vie, tous les signes objectifs d'une existence que j'ai aussi partagée. Aucune poésie du souvenir, pas de dérision jubilante. L'écriture plate me vient naturellement, celle-là même que j'utilisais en écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles ».

Donc les principes même d'écriture retenus par Annie Ernaux ne sont pas en totale adéquation avec mes goûts. Cette lecture n'a pour autant pas été vaine : on apprend parfois plus sur soi-même avec ce qu'on aime moins qu'avec ce qu'on aime vraiment. Si vous n'avez pas encore lu Annie Ernaux, il faut le faire pour comprendre pourquoi certains adorent, d'autres détestent et pour vous faire votre propre opinion !

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Il est très difficile de parler de cet ouvrage consacré au Père… Annie Ernaux écrit ce roman à la mort de son père. Moi je décide de le relire alors que je viens de perdre le mien…
La 4ème de couverture se conclut par : « Ce récit qu'on croit dépouillé de tout sentiment possède une dimension universelle ».
Un récit dépouillé de tout sentiment ? Certainement pas. Un texte sobre, minimaliste mais tellement authentique. Je vois derrière les mots, je ressens le silence et l'absence, je combats le chagrin.
Dimension universelle, en effet. Au fil des pages et des souvenirs qu'évoque Annie Ernaux, je retrouve des moments de vie familiaux forts des années 70 ou 80. Un père qui n'espère que la réussite de sa fille, qui soutient sans en avoir l'air, disponible mais discret…
Ses origines, on ne les oublie jamais, la reconnaissance surgit. Une vie partagée, des valeurs transmises, une autonomie acquise, accompagnée, qui trace un avenir …
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Ce livre ressemble beaucoup à un journal intime écrit par une adolescente ingrate. Je ne comprends pas comment on peut à ce point continuer à l'âge adulte à être honteuse de ses origines et par le même coup, être honteuse de ses parents. Annie Ernaux devrait se remettre en question.
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