J avais lu il y a une trentaine d années deux ouvrages d
Annie Ernaux. J en ai gardé un vague souvenir détestable. Je me souviens d une scène où la jeune fille se disait dégoûtée par sa mère qui apres avoir fait pipi s était essuyee avec sa chemise de nuit. Pourquoi raconter ça ? Et puis il y avait cette manière de le faire.
L écriture était froide, désobligeante.
Issue moi aussi d un milieu ouvrier, je n ai jamais eu ce regard aussi dur sur cette classe sociale, sur ma famille. Oui des fois certaines choses m agaçaient. Mais j imagine comme dans tous les milieux. Pourquoi offrir en pâture sa famille? Pourquoi décortiquer, disséquer chacun de ses gestes?
Là encore je retrouve cette froideur. Cette absence de bienveillance. Cette absence de sentiments. Parce qu' ils font des " fautes de français " , se sentent moins bien que les autres, ils ne méritent pas plus de considération?
Et cette scène décrite de manière indigne où elle révèle avoir vu le sexe de son père lors de la toilette du défunt. Mais purée elle pense à quoi en écrivant ça ? ?? A vendre plus de livres?
Le mien est parti depuis 14 ans et je n aurais jamais pu écrire des choses pareilles. Mon coeur avait explosé en mille morceaux et j étais à 10000 kilometres de penser à ses manières ou à ses fautes de français. Chaque centimetre carré de mon corps n était que douleur. Alors qu on a l impression qu Annie regarde un chat écrasé au bord de la route.
Tout me manque chez mon père, y compris son parler gaga. Et oui des fois à la fac j ai eu peur de lâcher du parler gaga, de faire des erreurs de syntaxe. Et après ? Je suis devenue prof. Et ces mots là quand je les rencontre me font doucement sourire.
Donc je suis certainement à contre courant des autres lecteurs mais je n aime pas ce qu écrit
Annie Ernaux ni dans le fond ni dans la forme.
Même si je peux comprendre le clivage entre les classes sociales,
la honte de ses origines, la culpabilité aussi de s être élevée ou d avoir honte de sa famille...
Dit autrement peut être que cela passerait mieux.