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sur 4342 notes
J avais lu il y a une trentaine d années deux ouvrages d Annie Ernaux. J en ai gardé un vague souvenir détestable. Je me souviens d une scène où la jeune fille se disait dégoûtée par sa mère qui apres avoir fait pipi s était essuyee avec sa chemise de nuit. Pourquoi raconter ça ? Et puis il y avait cette manière de le faire.
L écriture était froide, désobligeante.

Issue moi aussi d un milieu ouvrier, je n ai jamais eu ce regard aussi dur sur cette classe sociale, sur ma famille. Oui des fois certaines choses m agaçaient. Mais j imagine comme dans tous les milieux. Pourquoi offrir en pâture sa famille? Pourquoi décortiquer, disséquer chacun de ses gestes?
Là encore je retrouve cette froideur. Cette absence de bienveillance. Cette absence de sentiments. Parce qu' ils font des " fautes de français " , se sentent moins bien que les autres, ils ne méritent pas plus de considération?
Et cette scène décrite de manière indigne où elle révèle avoir vu le sexe de son père lors de la toilette du défunt. Mais purée elle pense à quoi en écrivant ça ? ?? A vendre plus de livres?
Le mien est parti depuis 14 ans et je n aurais jamais pu écrire des choses pareilles. Mon coeur avait explosé en mille morceaux et j étais à 10000 kilometres de penser à ses manières ou à ses fautes de français. Chaque centimetre carré de mon corps n était que douleur. Alors qu on a l impression qu Annie regarde un chat écrasé au bord de la route.
Tout me manque chez mon père, y compris son parler gaga. Et oui des fois à la fac j ai eu peur de lâcher du parler gaga, de faire des erreurs de syntaxe. Et après ? Je suis devenue prof. Et ces mots là quand je les rencontre me font doucement sourire.
Donc je suis certainement à contre courant des autres lecteurs mais je n aime pas ce qu écrit Annie Ernaux ni dans le fond ni dans la forme.
Même si je peux comprendre le clivage entre les classes sociales, la honte de ses origines, la culpabilité aussi de s être élevée ou d avoir honte de sa famille...
Dit autrement peut être que cela passerait mieux.
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Mon premier ouvrage d'Annie Ernaux. Une écriture neutre et factuelle, épurée, sans aucune "poésie du souvenir", dans laquelle l'écrivaine prend délibérément distance avec son sujet, ses parents et leur condition sociale. Celle de son enfance de fait, dont elle s'est extraite pour devenir une transfuge bourgeoise. L'ouvrage témoigne d'une longue tranche de vie, des codes sociaux qui exsudent et définissent les individus malgré eux. Très intéressant sociologiquement, un peu froid néanmoins pour moi. L'autrice a choisi le parti-pris d'une écriture dépourvue d'affect et arrachée "au piège de l'individuel", parti-pris scrupuleusement respecté jusqu'à la désignation de son propre enfant par le terme "l'enfant". En refermant le livre, je me suis demandée si des souvenirs plus tendres auraient réduit la valeur de témoignage social de cet ouvrage, je ne le crois pas. Ici, la famille, le milieu populaire, le provincialisme deviennent des objets de décortication. L'émotion n'est pas exempte de cet ouvrage mais elle n'est pas liée à l'évocation des ressentis de l'écrivaine, plutôt à la manière dont il résonne sociologiquement pour le lecteur. Je vais poursuivre la découverte des ouvrages d'Annie Ernaux...
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j'avoue n'avoir jamais rien lu d'Annie Ernaux. Sa nobélisation, je sais ça peut paraître idiot, m'a incité à le faire...
J'ai trouvé ce texte admirable parce qu'il décrit avec beaucoup de justesse de pudeur et de réalisme des sentiments que j'ai moi même éprouvé vis à vis de mon père, maçon de son état, ainsi que les regrets que je garde longtemps après sa mort.
L'oeuvre d'Annie Ernaux mérite d'être connue et diffusée.
Après avoir terminée la lecture de la Place, une idée complotiste me vient à l'esprit. Une fois n'est pas coutume...
Et si l'Académie Nobel avait sciemment choisi d'honorer une auteure française affirmant que son écriture est « ce qu'[elle pouvait] faire de mieux comme acte politique, eu égard à [sa] situation de transfuge », au moment où le pays est dirigé par un Président représentant au yeux de l'opinion l'exacte opposé de ce qu'il déclare à propos d'Annie Ernaux «Sa voix est celle de la liberté des femmes et des oubliés du siècle.»
Oubliés qui continuent d'être oubliés quels que soient les gouvernements, quelles que soient les voix qui portent leurs paroles, quels que soient leurs revendications et leurs colères.
En cela la littérature de l'auteure mérite le plus grand respect.
Merci Madame !
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Annie Ernaux nous parle de son père, ce n'est pas vraiment un hommage plutôt le récit d'une vie tout en gardant une certaine distance.
C'est cela qui m'a surtout gêné, le regard qu'elle pose sur les générations précédentes n'est pas sentimental, juste des faits énoncés sans fioritures. Il n'y a pas d'amour qui émane de ce témoignage, comme si ce couple était des étrangers.
Son père est passé de garçon de ferme à ouvrier puis commerçant. Une évolution donc, un changement de classe qui ne semble pas suffisant pour l'auteure.
Il y a eu une coupure à l'adolescence, la sensation d'être différente, une volonté d'évoluer, de s'extraire de cette condition, une honte même de ce que ses parents étaient. Et donc le désir de découvrir d'autres milieux, de laisser derrière soi ce qui lui rappele d'où elle vient.
Pas ou très peu de nostalgie, un témoignage froid qui m'a mis mal à l'aise. Je retiens surtout en point positif les descriptions intéressantes des conditions de vie de ces époques révolues.
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Annie ERNAUX a perdu son père ; c'est l'occasion pour elle de convoquer ses souvenirs et de les coucher sur le papier.

Le temps qui a passé permet une étude plus aiguisée des faits, les souvenirs sont parfois un peu flous, presque dénués de sentiments ; c'est sans doute ce qui permet d'en apprécier l'essence. Une écriture simple, juste un récit de son enfance, très touchant.

L'autrice nous raconte son père qui a sué sang et eau en travaillant dans une ferme, puis son travail en tant qu'ouvrier à l'usine pour finir commerçant et le plaisir d'avoir réussi à s'élever un peu. Une fille qui fait des études, qui devient adolescente, et qui serait prête à faire la morale à son père, à lui expliquer la vie, ce qui se fait, ce qui ne se fait pas et une jeune fille qui va épouser un jeune homme qui vient d'un milieu plus aisé et qui sera peu à l'aise dans ce milieu « ouvrier » qu'il trouve inculte.

On retrouve dans ce récit des sujets intemporels : les classes qui ne se mélangent pas, la lutte des pauvres pour obtenir un statut plus élevé, le mépris des plus aisés… On retrouve également les conflits entre parents et enfants ; quand les petits grandissent et veulent apprendre la vie à leurs parents…

Bref, un livre émouvant, qui donne l'impression d'écouter sa grand-mère ou de lire un livre d'ethnographie, voire de philosophie par moments ; un récit court à méditer.

À lire après avoir feuilleté un album photos de famille, en écoutant « mon vieux » de Daniel Guichard, en sirotant un lait-grenadine accompagné de quelques boudoirs.

Mon compte Instagram : @la_cath_a_strophes
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Ce n'était pas gagné d'avance, mais j'ai penché du côté de l'appréciation positive pour La place. Contrairement à mes craintes je n'y ai pas vu ce mépris de classe que certains ont ressenti, mais plutôt un respect, une tendresse timide dans l'évocation sensible de ce père d'un autre monde, frustre et droit, derrière lequel l'auteur parvient ici encore à dessiner avec une acuité bluffante le tableau d'une certaine société française.
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Je viens de poser le roman d'Annie Ernaux que je m'étais promis de lire, même avant qu'elle ne soit récompensée par son prix Nobel (pas Chantal, l'autre!)
J'ai été surpris, ça fait peur un Nobel de Littérature, on s'attend à trouver une écriture complexe avec des lignes à relire plusieurs fois pour être sûr d'en avoir bien saisi le sens.
Pas du tout, pas de ça ici.
Pour moi, c'est une histoire simple avec une écriture simple pour parler de gens simples qui vivent simplement dans laquelle, j'y ai retrouvé parfois quelques miettes de ma propre histoire, avec les gens simples qu'étaient mes parents mais que j'ai beaucoup aimés, tout simplement.
Je remercie Annie Ernaux pour cette belle écriture, pas si froide que ça (cela m'étonne un peu de lire ce type de commentaires parfois!) car j'y trouve beaucoup de coeur, beaucoup d'amour, même si parfois son personnage a ressenti de la gêne, voire de la honte pour ce milieu qui cachait ses origines. Son amour est bien réel, simple aussi mais je le ressens fortement.
Merci Madame Ernaux, merci pour votre écriture, pour votre engagement réel aussi, surtout après avoir entendu votre discours d'après Nobel! Merci pour vos prises de position politiques, et votre engagement contre la réforme Macron! Merci pour votre amour pour les gens simples!
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Un petit livre impressionnant. C'est d'abord une autobiographie d'un auteur sur son enfance et sa relation avec son père. Mais, en effet, ce livre offre beaucoup plus, car son thème est surtout la mobilité sociale. Ses parents, ils étaient des gens simples, d'abord ils étaient des ouvriers et après ils devenaient petits commerçants. L'auteur, elle, a eu la chance de se libérer de ce petit milieu, d'étudier et de trouver une nouvelle place sociale. Dans cette évolution, elle a perdu son rapport avec son milieu original et surtout avec son père.

C'est un roman court, moins de cent pages, mais le texte est très fort, clair et touchant. C'est un texte réaliste, les descriptions sont courtes et intelligibles. C'est aussi un texte facile à lire, sans aucun doute la raison pourquoi ce livre est populaire chez les lycéens néerlandais.

Bien que son père soit mort en 1967, l'auteur a écrit « La Place » seulement vingt ans après. le livre a été publié en 1984. J'ai lu l'édition de Folioplus qui contient aussi un dossier sur le livre et l'auteur. C'est vraiment une édition bien présentée. Selon ce dossier, l'auteur voulait être à plus près de la réalité par présenter des faits précis et par restituer des paroles entendues. Elle a bien réussi !

Le livre a gagné le Prix Renaudot en 1984.
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Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Prix Nobel oblige. J'ai ressenti le besoin de connaitre au moins un ouvrage de cette femme dont la nomination n'est pas unanime.
Dans ma pal je n'avais que "La place" et c'est avec curiosité que j'ai lu cette biographie d'un père besogneux auprès d'une femme qui l'est tout autant.
La narration de cette vie de labeur qui se heurte à l'ascension sociale de la fille m'a semblé dépourvue de chaleur. L'affection n'est pas de mise dans cette famille de normands.
Pas un geste ou un mot tendre des parents et réciproquement Annie Ernaux ne montre aucun élan d'affection pour ces parents.
Je n'ai lu nulle part le mot "papa" ou "maman" mais l'autrice est tout à fait consciente de ce manquement avec une "écriture plate" qui désarçonne le lecteur.
La classe sociale , le regard des autres sont la préoccupation essentielle de cette famille modeste.
On est loin de la biographie du père de Michel Onfray qui rend hommage à des parents simples mais affectueux.
Si Annie Ernaux est considérée comme une exploratrice de l'âme, j'espère que ses autres livres apportent un peu de chaleur.
Pour moi trois étoiles suffisent amplement pour ce roman déstabilisant.
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Années soixante. Une ville du pays de Caux en Seine-Maritime. Dans un quartier tranquille à mi-chemin de la gare et de l'hospice, on découvre la un café-alimentation à la façade de crépi blanc. Le commerce s'anime dès sept heures avec l'arrivée des premiers habitués. La radio, les salutations et les raclements de chaise troublent la quiétude du matin.
La narratrice – elle est la fille unique des patrons - et son fils de deux ans ont traversé la France en train pour leur rendre visite. Mais le père est souffrant. Et son état empire.
Survient cette scène étonnante : la narratrice range du linge repassé dans l'armoire aux côtés de son père alité. Tandis qu'il agonise, elle se décrit muette, insensible, détachée. Cela ne signifie pas qu'elle le soit. Non, mais elle dépeint cette scène en la purgeant de tout pathos. Elle revient à plusieurs reprises sur sa démarche dans son texte. Elle nous précise qu'elle ne cherche pas à faire quelque chose d'«émouvant». Elle raconte donc la mort de son père froidement, comme si elle décrivait un taille-crayon à un interlocuteur qui n'en aurait jamais vu. Elle va résumer sa vie en cent pages. de douze ans à sa mort, ce brave homme a travaillé tous les jours sauf le dimanche après-midi, franchissant les paliers un par un : paysan, ouvrier et enfin, commerçant.
Mais le vrai sujet du livre, c'est la distance qui sépare la narratrice de son père. le détachement nait à l'adolescence. Mademoiselle lit à l'étage pendant que papa profite d'un rare répit pour construire un garage dans la cour. La voilà comme une extraterrestre tombée par hasard dans un monde qui l'étonne et la dégoute. ‘'J'ai fini de mettre au jour l'héritage que j'ai dû déposer au seuil du monde bourgeois et cultivé quand j'y suis entrée.'' Voilà, c'est dit. La transfuge de classe s'est dépouillée des derniers oripeaux de son milieu. Confortablement installée dans le monde petit-bourgeois, elle a pu exposer son enfance populaire en quelques paragraphes arides. Un véritable reniement.
De la littérature économe : sans effet ni affect. A noter que l'écriture plate sert parfaitement certaines scènes comme la toilette mortuaire ou l'enterrement.
Intrigué mais pas convaincu, je continuerai ma découverte du « Sujet Ernaux ».


Un livre à mettre en parallèle avec..... 'Mémé' de Philippe Torreton qui rend un hommage plein d'humanité à sa grand-mère normande.
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