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EAN : 9782251912615
350 pages
Les Belles Lettres (07/02/2020)
4.61/5   9 notes
Résumé :
La vie, la guerre et puis rien est un témoignage essentiel sur le conflit du Vietnam. Oriana Fallaci débarque à Saigon en novembre 1967 comme correspondante du journal l'Europeo. Elle est la seule journaliste italienne à couvrir cette guerre lointaine. Ses articles connaissent un immense succès et sont traduits dans le monde entier. Son courage devient légendaire, son culot et son franc-parler aussi. La guerre, Oriana Fallaci l'a connue enfant quand elle faisait par... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je remercie chaleureusement les éditions Les Belles Lettres ainsi que Babelio pour cette lecture et leur confiance.

Quelle belle idée de republier «La vie, la guerre et puis rien» de l'immense journaliste italienne Oriana Fallaci aux éditions Les Belles Lettres, dans la collection «Mémoires de guerre», dirigée par François Malye. Ce texte est, cinquante ans après sa première publication et près de quatorze ans après la mort en 2006 d'Oriana Fallaci, un manifeste d'une force de conviction peu commune contre l'horreur de la guerre, de toutes les guerres et notamment celle du Vietnam, conflit qui fût sa première expérience en tant que correspondante de guerre de novembre 1967 à fin mai 1968. Seule journaliste italienne à couvrir ce conflit, son courage, son honnêteté intellectuelle, sa capacité à se remettre en question et à ne pas se montrer toujours sous un aspect flatteur, font de de ce livre une source de réflexion qui brise les tabous de cette guerre conduite au nom de la lutte contre le communisme par les États-Unis, qui soutiennent les Sud-Vietnamiens, dans le combat fratricide déchirant le Vietnam, contre les Nord-Vietnamiens et les Vietcong. Elle nous raconte la perte de ses illusions, son désenchantement face aux horreurs commises dans les deux camps, Elle déconstruit le mythe d'une Amérique triomphante qui au nom de ses valeurs de démocratie et de liberté, est parfois capable de commettre les pires atrocités avec les bombardements massifs au napalm etc. Celle qui écrit que: «la guerre sert à une chose: elle nous révèle à nous-mêmes», nous raconte les compromissions entre l'idéal que l'on souhaite défendre et la réalité d'une guerre sans front précis où «le front est partout». le général nord-vietnamien Nguyen Chi Than prononcera à ce sujet ses mots: «(…) La guerre du Vietnam est une arène où les Américains jouent le rôle de boxeurs qui se battent contre le vent le vent, c'est nous Compagnons, tombez sur eux comme le vent et comme le vent fuyez Compagnons, que le vent ne tombe jamais.» Les témoignages sont nombreux, les points de vue abordés sont passionnants et nous amènent à réfléchir nous aussi en tant que lecteur sur ce que nous aurions fait à la place de tous ces acteurs de la guerre. Les deux journaux personnels retrouvés sur les corps de deux Vietcong sont bouleversants car il nous montre ces hommes démunis, malheureux de quitter leurs familles pour une mort quasi certaine, de l'autre côté, le sort réservé aux appelés et volontaires américains n'est guère meilleur. Loin de leur pays, beaucoup se demandent ce qu'ils font là et quel sens donné à ces atrocités commises dans les deux camps. Les K.I.A ou Killed in action se multiplient, la mort est partout et prélève sa dîme comme lors des batailles de «Dak To» (du 3 au 23 Novembre 1967), de «Khe Sanh» (du 21 janvier au 9 juillet 1968) où les Nord-Vietnamiens mènent plus de trois mois d'assaut contre les force américaines. Les premières et secondes offensives du Têt contre Saïgon en janvier et mai 1968 sèment là encore le chaos et la mort. Oriana Fallaci raconte ses doutes, ses moments de faiblesse, son courage et puis cette capacité à reconnaître la perte de ses belles idées. Elle écrit ainsi «Toutes mes belles idées sur la religion de l'homme, l'homme qu'il faut substituer à Dieu. Ici il n'y a ni homme ni Dieu, ici il y a seulement des bêtes». Elle parle également des «Quyet Tu» des commandos-suicide Vietcong qui sont utilisés de façon massive notamment lors des deux offensives du Têt. Elle rencontre des acteurs importants du conflit dont le colonel Loan, chef de la police de Saïgon, sinistre personnage connu pour avoir exécuté un prisonnier sous les objectifs des photographes. Cette image fera le tour du monde. Il y a aussi le portrait de Nguyễn Cao Kỳ à la tête de la junte militaire au Sud Vietnam de 1965 à 1967 puis vice-président de 1967 à 1971. L'ensemble possède une puissance d'évocation et le récit d'avoir le souffle des témoignages importants. C'est à coup sûr ce que j'ai lu de meilleur sur cette période de la guerre du Vietnam. le dernier chapitre nous raconte le courage de cette journaliste blessée de trois balles dans le dos pendant le massacre de Tlatelolco à Mexico, quelques jours avant l'ouverture des Jeux Olympiques. Là encore, son courage force le respect et l'admiration. Ce livre est un formidable outil de réflexion sur la guerre, sur la question du bien et du mal, une plongée dans les tourments des âmes où bourreaux, victimes, lâches, indécis, tout ce qui fait la complexité d'un conflit, se retrouvent pour nous offrir cet instantané sur ce moment important de l'histoire du XXème siècle. Loin des polémiques qui ont entachés la fin de sa vie, c'est aussi le portrait d'une femme de conviction, de caractère, sans langue de bois, audacieuse, courageuse. «La vie, la guerre et puis rien» d'Oriana Fallaci, c'est aux éditions Les Belles Lettres et je ne peux que vous encourager à lire ce texte important et passionnant !
Lien : https://thedude524.com/2020/..
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Une année dans la vie d'Oriana Fallci : une année à Saïgon à couvrir les événements de la guerre du Vietnam en tant que journaliste.

J'avais beaucoup de curiosité à découvrir ce témoignage, ayant lu celui de Brigitte Friang, autre femme journaliste ayant exercé également son métier lors de ce conflit.


Ce qui frappe d'emblée, dans ce récit, c'est l'honnêteté d'Oriana Fallaci, sa volonté de restituer les faits, les sentiments, les attitudes des protagonistes du conflit sans désigner où est le bien, où se trouve le mal, sans juger, ni prendre parti. Honnêteté encore quand elle avoue sa peur lors de ses premières missions.
Elle dit combien cette guerre est inégale, entre une armée américaine sur-équipée en matériel et des vietcongs - nous sommes au moment de l'offensive du Têt - qui combattent pieds nus. Et pourtant, et c'est en cela que son témoignage prend une valeur, il n'y a guère de différence entre les soldats des armées ennemies : Ils sont très jeunes, enrôlés - conscription ou idéologie -, ont laissé des parents, une épouse, une fiancée, des enfants des frères des soeurs pour combattre parce qu'on leur imposait de le faire sans toujours comprendre l'enjeu de cette guerre. Ils subissent...
Et finalement, pourquoi ? Les américains cherchent à empêcher l'idéologie du communisme de gagner le monde - comme le dit le Père Bill " Est-ce en tuant des hommes qu'on arrête une idéologie ? " - et les nord-vietnamiens se battent pour expulser les Etats-Unis de leur pays - Comme dit François Pelou "Ils se battent pour leur liberté." - .

Contrairement aux français qui ont combattu lors de la guerre d'Indochine et qui ont aimé ce peuple et cette culture, les américains ne pénétreront jamais la vie des vietnamiens qu'ils leur soient favorables ou pas : c'est une grande différence entre les deux conflits qui vont pourtant se terminer de la même façon, au moins dans le résultat. Mais le rapport aux populations est vécu de façon radicalement différente.
Oriana Fallacci, la première, raconte son envoûtement pour ce pays, pour ces gens, sa volonté de les comprendre et aussi celle de leur donner une voix.


La guerre : pourquoi ? La vie : pour quoi en faire ?


Je remercie Babélio et les éditions Les Belles Lettres pour cette lecture enrichissante.
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C'est avec « Un homme » que j'ai connu la journaliste Oriana Fallaci alors que j'avais 19 ans et c'était la première fois que je lisais un livre-reportage avec la sensation d'entrer dans le monde de la littérature. Au fil des années, j'ai hésité à le relire de peur d'entacher la forte impression que m'a fait cette grande dame et grand reporter disparue en 2006. Grâce à Masse Critique et à la maison d'édition Les belles lettres, je la retrouve. C'est tellement rare une guerre décrite par une femme. Cruauté de celle du Vietnam avec ses massacres horribles. J'aime sa façon d'analyser la bêtise de la guerre avec ses paradoxes et la retranscription des témoignages des différents camps. Discussions intelligentes avec François Pelou, en autre. Dernier chapitre à Mexico durant la manifestation des habitants qui ne veulent pas des Jeux Olympiques qui vont coûter des milliards alors que le peuple meurt de faim. Et là, on doit les tueries aux policiers. En ville, impossible de se cacher et ce n'est pas soldat armé contre soldat armé. Oriana y sera grièvement blessée. Dense, fort, complet. Mais comment vit-on ensuite après avoir vu tant de cadavres d'hommes, de femmes et d'enfants ? Récit pour sa nièce à la question : « La vie qu'est-ce que c'est ?".
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Correspondante de guerre au Viêt-Nam, elle tire de son journal et des échanges qu'elle obtient avec les soldats de tout bord, son livre La vie, la guerre et puis rien, sorti en 1969. C'est d'ailleurs à la question « qu'est-ce-que la vie ? » qu'elle tente de répondre en se heurtant de plein fouet aux combats, aux déversements de napalm, aux tirs nourris de mortiers et de bombes en tout genre, en interrogeant les Viêt-Cong, les Vietminh, les Sud-Vietnamiens, les Américains, les journalistes présents. Tout devient absurde quand sous sa plume elle soulève l'incohérence du génie humain qui peut tout à la fois opérer à coeur ouvert à l'autre bout du monde et en tuer des millions d'autres en toute impunité au même moment, aller sur la lune et concevoir des armes de génie qui tuent avec une précision parfaite. Ce même homme auquel elle voudrait croire, sans Dieu, mais qui ne cesse de la désespérer, de la questionner, de la réveiller, capable de tant d'héroïsme et de tant d'horreurs, si indifférents dans nos mondes occidentaux et si abimés ailleurs.
Lien : https://alarecherchedutempsp..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Moi, j'ai vu la mer quand on m'a envoyé dans le Nord et j'y suis allé avec un bateau, et j'ai vu la plage qui est blanche et lisse. Mais la mer me fait un peu peur, parce qu'elle n'a pas d'arbres et qu'un monde sans arbres ce ne me semble pas un monde. Moi avant de mourir je voudrais revoir un coucher de soleil au-dessus des arbres. Tu sais, quand le soleil devient tout rouge et tombe, englouti par les arbres, et que les rizières sont vertes, et qu'une brise légère fait plier les épis.


(Nguyen Van Sam, emprisonné pour attentats à Oriana Fallaci)
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"Je dis que pour vous tout a été simple : l'homme qui voulait vous tuer est mort mais pas de votre main. C'est nous qui l'avons tué. Que cela nous plût ou non."(propos du Lieutenant Teanek qui vient de sauver la vie d'Oriana Fallaci)

(...)

Et pourtant, si j'utilise mon billet de retour, c'est à lui que je le devrai. Mon Dieu ! comme il est difficile de juger, de comprendre où est le bien et le mal ! Est-ce que je me trompais donc en choisissant de pleurer seulement sur Le Van Minh et Tuyet Lan ? J'ai l'impression de m'être fourrée dans une impasse, en venant ici.







(Extrait d'une conversation entre le Lieutenant Teanek, marine américain, et Oriana Fallaci)
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Les Américains s'imaginent qu'il est nécessaire d'avoir beaucoup de soldats pour vaincre et ils ne comprennent pas qu'ici c'est la tactique qui compte et non la force. Les Américains sont plus forts que nous, leur puissance militaire est indiscutable, moderne. Et nous n'essayons même pas de rivaliser avec eux (...)
Souvenez-vous, compagnons : la guerre du Vietnam est une arène où les Américains jouent le rôle de boxeurs qui se battent contre le vent. Le vent, c'est nous? Compagnons, tombez sur eux comme le vent, et comme le vent, fuyez. Compagnons, que le vent ne tombe jamais.


(Paroles du général nord-vietnamien Nguyen Chi Than)
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Si un enfant meurt écrasé par une automobile à Rome ou à Paris, tout le monde pleure ce grand malheur. Mais si cent enfants meurent tous ensemble, sous une bombe ou une mine, on ne ressent qu’une légère pitié. Un de plus, un de moins, quelle importance ? On les regarde comme on regardait les cadavres des juifs en Allemagne.
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(1967)

Et je pensai, qu'en ce moment, dans le reste du monde, la polémique se déchaînait sur les greffes du coeur : les gens, dans le reste du monde, se demandaient s'il était permis de prélever le coeur d'un malade à qui il reste dix minutes de vie, alors qu'ici personne ne se demandait s'il était permis d'enlever l'existence entière à tout un peuple de créatures jeunes et saines avec un coeur en bon état.
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Video de Oriana Fallaci (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Oriana Fallaci
Bande annonce du film Oriana Fallaci (2015), Biopic sur la célèbre reporter de guerre et essayiste italienne
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