AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782080445063
192 pages
Flammarion (27/03/2024)
3.89/5   152 notes
Résumé :
" La mafia est une association criminelle ayant pour fin l'enrichissement de ses membres, qui se pose en intermédiaire parasite, et s'impose par la violence, entre la propriété et le travail, la production et la consommation, le citoyen et l'État... J'ai cherché à comprendre ce qui faisait que quelqu'un était mafioso. C'est le sens de mon livre et, tout compte fait, je crois que c'est un bon livre, même si je le déteste... Je suis un instituteur qui s'est mis à écri... >Voir plus
Que lire après Le jour de la chouetteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,89

sur 152 notes
5
11 avis
4
13 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis
Lu en V.O.

C'è livre écrit au début des années cinquante se présente comme un roman policier, tout y est : un assassinat, un tueur, un enquêteur qui essaie de résoudre l'affaire.
Mais c'est surtout une dénonciation frontale du pouvoir de la mafia dont l'existence à l'époque était largement niée.
Nous suivons l'enquête menée par un capitaine originaire de Parme. Dès les premiers instants, la fameuse omertà, la loi du silence, se met en place : la victime a été tuée alors qu'elle montait dans un bus rempli de passagers mais plutôt que de devoir témoigner, tous les occupants quittent le bus avant l'arrivée des autorités, et conducteur et contrôleur ne se rappellent de rien..
Est dénoncé évidemment la violence s'appliquant à tous ceux qui ne respectent pas les règles de la mafia , ses tentatives pour intimider tout témoin et la collusion de l'organisation avec certains politiciens.

Le style est fluide et sans fioritures.

Le roman eut un retentissement énorme en Italie, et a réveillé les consciences sur ce fléau hélas encore bien actuel aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          652
Froidement, un homme est abattu alors qu'il monte dans un tramway.On est en Sicile , au début des années 60, et l'enquête ne s'annonce pas simple dans ce coin d'Italie encore marqué par le fascisme , où pointe une organisation encore confidentielle aux yeux du grand public, la mafia.

Cette lecture fut une belle découverte. L'auteur mène très astucieusement sa barque et son enquête policière n'est pas là pour nous tenir en haleine mais bien pour fustiger un système ou encore pour immerger le lecteur dans cette Sicile rurale qui bascule sous le poids de la menace mafiosa.
Confier l'enquête à un Parmesan ne doit pas non plus être un choix innocent , sans doute voulu pour accentuer le contraste Nord Sud dans un pays où la latitude a une grande importance.
L'auteur compare la montée en puissance de la mafia à la ligne de pousse des palmiers. Inexorablement , celle ci gagne 500 mètres vers le nord chaque année.C'est imperceptible mais personne n'y peut rien.Et une fois réalisée, il n'y a pas de retour en arrière.
Le face à face entre policiers et truands est très fort, servi par des dialogues où chacun est sur de son fait,l'auteur expliquant en fin d'ouvrage comment il a construit son roman et les garde fous qu'il a mis. il revient d'ailleurs sur le contexte très particulier que l'Italie impose à ses écrivains , metteurs en scène .

Une bien belle découverte d'un auteur dont le nom m'a été soufflé par la lecture alléchante d'une chronique récente .
Commenter  J’apprécie          536
Le roman du Sicilien Leonardo Sciascia (1921-1989) fit grand bruit à sa parution en 1961 et il est aujourd'hui un classique. Il propose une immersion dans le milieu de la mafia qui gangrène toute la société sicilienne de l'époque. Ce n'est pas un roman policier banal. C'est à la fois le récit d'une enquête policière sur un crime de la mafia conduite par un jeune officier des carabiniers, originaire de Parme mais aussi et surtout le récit du sabotage puis du déni de celle-ci. Parallèlement à l'enquête rondement et clairement menée par le capitaine Bellodi et son équipe de carabiniers locaux, on est témoin de mystérieuses conversations trouées de points de suspensions entre personnages non identifiés dont on devine qu'ils sont très haut-placés et liés les uns aux autres. L'enquêteur est plein de bonne volonté, de sagesse et de ruse et il croit fondamentalement en la justice. Mais que peut faire la chouette en plein jour ?
Commenter  J’apprécie          546
Hybride entre le roman policier et la réflexion sociétale, ce roman dit beaucoup de choses en peu de pages. Il s'ouvre sur une scène de meurtre en public, j'aimerais dire sous les yeux médusés des témoins mais non. le silence est total et les regards vides, comme s'il ne s'était absolument rien passé. On est en Sicile et on se dit alors que pour commettre un acte de façon aussi éhonté au vu et au su de tout le monde, il faut se sentir sacrément intouchable. Qui suis-je ?

Le sicilien Leonardo Sciascia s'est beaucoup attelé dans ses écrits à la démystification de la mafia dans son pays. Qui dans ce roman s'attelle elle-même avec beaucoup de soins à mystifier son existence et son champs d'action. La mafia serait une invention, mais une invention d'utilité publique attention, qui est là pour rendre service, prodiguer ses conseils en toute amitié voire pourquoi pas accorder sa protection et faire profiter de son pouvoir d'influence petits et grands. Son autorité valant à ses propres yeux celle de l'État. Mais tout cela est relatif, après tout sont-elles l'une comme l'autre légitimes ? Ne s'agit-il pas plutôt de luttes d'influence afin de tirer son épingle du jeu ? Telle est le discours ambiant, surtout celui des mafieux afin de justifier leur existence. Mais je m'égare. Pourquoi tout ce blabla puisque la mafia n'existe pas ?

Ce roman lance plusieurs pistes de réflexions dont certaines qui ne s'imposent pas naturellement à l'esprit si l'on ne baigne pas dans un environnement sicilien depuis toujours, et si la mémoire du fascisme de Mussolini n'a pas été transmise en héritage de génération en génération. Il n'est pas simplement question d'omerta et de déni à divers degrés, de craintes de représailles si l'idée incongrue de parler venait à faire surface. Pour cette méfiante population, une idée apparemment bien ancrée est que l'autorité et la violence dont fait preuve la mafia sont au fond aussi arbitraires que celles de l'État, sauf que lui le fait au nom de ses institutions et de sa légitimité constitutionnelle. L'autorité judiciaire peut devenir elle-même hors-la-loi lorsque des exactions sont commises dans un excès de zèle et restent impunies. Dans ce cas, à quoi bon collaborer avec les carabiniers contre la mafia ? le capitaine en charge de l'enquête dans ce roman est droit dans ses bottes, respectueux de ses interlocuteurs jusqu'au bout des ongles quelque soit leur bord. Il est prétexte à une autre réflexion : les avantages et inconvénients à rester dans le cadre constitutionnel lorsqu'il s'agit de faire appliquer la loi tout en sachant pertinemment que la mafia est l'adversaire et qu'elle a des accointances au plus haut niveau. Dans ses moments de dépits, le capitaine est parfois bien tenté de céder à la tentation d'utiliser des méthodes qui ne lui correspondent pas. Mais toujours le spectre du fascisme et des dérives de Cesare Mori – chargé d'éradiquer la mafia par Mussolini - reviennent et tuent dans l'oeuf ces velléités. Que ce soit du côté de la population ou des carabiniers, la question du rapport à la démocratie et à la dictature s'avère parfois ambiguë.

Dans ce roman qui se lit très attentivement, l'écriture est pleine de subtilités et avant tout fonctionnelle. Les descriptions sont réduites aux strict minimum, elles ne sont pas là pour embellir mais pour poser un décor qui a souvent son propre sens. Les personnages sont des vitrines, des fonctions chargées d'incarner les différentes facettes de la situation. Avant de mettre un nom sur eux, ils sont d'abord systématiquement présentés de façon anonyme avec quelques indices par-ci par-là. Les lieux le sont également et sont désignés par des lettres. Incitant ainsi le lecteur à réfléchir par lui-même, à faire les liens entre les personnages et les situations. Au-delà de l'enquête, il peut se faire son propre détective. Ces subtilités narratives permettent de focaliser l'attention sur le fond et non sur la forme, l'enquête policière n'étant qu'un prétexte. J'ai beaucoup aimé cette démarche qui est de tirer le lecteur par le haut et j'ai personnellement parfois pris ma lecture comme un jeu. Malgré un style assez austère, l'auteur parvient quand même à infuser un peu d'humour dans son récit. Parfois juste pour alléger les propos, parfois pour montrer tout le cynisme du discours mafieux. Avec un vrai talent pour dépeindre des personnages peu recommandables, à la croisée des chemins entre l'exagération méridionale et l'implacabilité mortelle :

«  Si tu t'attaques à la Sainte Eglise, que puis-je bien te faire, mon cher ? Rien du tout. Je te dis seulement que tu es mort dans le coeur des amis. »

Adeptes également des métaphores qui claquent : « La vérité est au fond d'un puits. Vous regardez dans un puits : vous y voyez le soleil et la lune. Mais si vous vous jetez dans le puits, il n'y a plus ni soleil ni lune ; il y a la vérité »

Il y est aussi étrangement question de respect envers un certain type d'autorité judiciaire, une sorte de duel d'homme à homme.

L'auteur ne cache pas que la rédaction de ce roman a été un jeu d'équilibriste entre le message qu'il voulait faire passer et l'auto-censure pour ne pas froisser les susceptibilités. En tant que lectrice qui aime découvrir les livres sans arrière-pensées, je me félicite de ne pas avoir lu l'introduction en premier. Qui a à la fois le mérite de totalement spoiler l'histoire mais aussi d'apporter des éclairages sur la manière dont est construit et rédigé le roman : aspect théâtral et cinématographique, alternance par thèmes des parties paires et impaires, les jeux linguistiques sur les prénoms des personnages, les subtils et multiples jeux de miroirs. Tous ces aspects m'avaient totalement échappés et me font dire que si je relisais ce roman, je le percevrait probablement autrement. Détenir quelques connaissances supplémentaires sur la culture, la politique et l'histoire italienne aux XIX et XXème siècles m'aurait par ailleurs été bien utile.
Commenter  J’apprécie          183
Quel beau montage !
Et nécessaire... (Question politique ; de vie ou de mort)
Tout est suggéré, en même temps tout est clair et net, bien ciselé
Le roman policier, à ce niveau de manipulation, c'est du théâtre ; une scène pour nous faire voir ce qui se trame malgré nous (ou à partir de nous) dans le discours silencieux de la peur
C'est également un concentré de langage cinématographique où la mafia est montrée pour ce qu'elle est, une organisation ; c'est-à-dire quelque chose se rapportant essentiellement au mystère, dans son existence même
Avec grand style et sans fioritures, l'auteur laisse entendre au lecteur ce que cela veut dire d'attirance suspecte et de danger véritable pour chaque témoin, chaque participant, chaque acteur du drame qui se joue sous nos yeux
Commenter  J’apprécie          280

Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
J'ai une certaine expérience du monde ; ce que nous appelons l'humanité -- et nous en avons plein la bouche quand nous disons l'humanité qui est un beau mot plein de vent -- je la divise en cinq catégories : les hommes, les moitiés d'homme, les homuncules, les culs-bottés (sauf votre respect) et les coin-coin. Il y a très peu d'hommes, et pas beaucoup de moitiés d'homme ; ce serait bien beau si l'humanité s’arrêtait là, aux moitiés d'homme ; mais non, elle descend plus bas, aux homuncules, qui sont comme les enfants qui se croient grands, des singes qui imitent les gestes des hommes... Encore, plus bas, les culs-bottés qui sont en train de devenir une armée... Enfin les coin-coin, qui devraient vivre dans les mares comme les canards parce que leurs vie n'a pas plus de sens ni plus d'expressions que celle des canards.
Commenter  J’apprécie          80
"Mettons tout de même les choses sur un autre plan. Un procès a-t-il jamais révélé qu'il existe une association criminelle appelée mafia, à laquelle on puisse attribuer en toute certitude la commande et l'exécution d'un crime ? A-t-on jamais trouvé un document, un témoignage, une preuve quelconque établissant un rapport certain entre un fait criminel et ce qu'on appelle la mafia ? Si ce rapport n'existe pas, et en admettant que la mafia existe, moi je peux vous le dire : c'est une société de secours mutuels secrets, au même titre que la franc-maçonnerie. Pourquoi n'attribuez-vous pas certains crimes à la franc-maçonnerie ? Il y a tout autant de preuves que la franc-maçonnerie se livre à des actes criminels qu'il y en a contre la mafia…"
Commenter  J’apprécie          80
Le receveur jura. C’était un blasphémateur célèbre parmi les voyageurs de cette ligne : un blasphémateur inspiré ; on l’avait déjà menacé de le congédier, car il était tellement endurci dans son vice qu’il ne tenait pas du tout compte de la présence de prêtres ou de religieuses dans son autobus. Il était de la province de Syracuse et n’avait donc pas beaucoup d.expérience en fait d’assassinats ; c’est une province stupide que la province de Syracuse ; aussi n’en jurait-Il qu’avec plus de fureur.
Commenter  J’apprécie          110
- Certains de vos amis disent que vous êtes extrêmement pieux...

  - Je vais à l'église. J'envoie de l'argent aux orphelinats...

  - Vous croyez que cela suffit ?

  - Certainement que cela suffit. L'église est assez grande pour que chacun puisse s'y tenir à sa façon.

-Vous n'avez jamais lu l’Évangile ?

  - Je l'entends lire tous les dimanches.

  - Que vous en semble ?

  - Ce sont de belles paroles. L’Église est une belle chose.

  - Je vois que, pour vous, la beauté n'a rien à faire avec la vérité.

  - La vérité est au fonds d'un puits. Vous regardez dans un puits : vous y voyez le soleil ou la lune. Mais si vous vous jetez dans le puits, il n'y a plus ni soleil ni lune ; il y a la vérité..."

Commenter  J’apprécie          70
Mais, en attendant, je vous demande comme une grâce de suivre de très près les enquêtes de ce Bellodi... Et pour vous, qui n'y croyez pas, à la mafia, tâchez de faire quelque chose ; envoyez quelqu'un qui sache "y faire". Qu'il n'aille pas chercher querelle à Bellodi ; mais tout de même... "Ima summis mutare" : vous comprenez le latin ? Non, pas celui d'Horace, je veux dire le mien.
Commenter  J’apprécie          140

Videos de Leonardo Sciascia (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Leonardo Sciascia
Le 1.10.2022, Hubert Prolongeau présentait “Actes relatifs à la mort de Raymond Roussel” de Leonardo Sciascia dans “Mauvais Genres” (France Culture).
autres livres classés : Sicile (Italie)Voir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (409) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
827 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..