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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'avais fait une première tentative de lecture de William Faulkner, en ouvrant
" Sanctuaire". Diverses critiques avaient engendré en moi une certaine appréhension, car Faulkner était présenté comme un auteur "difficile".
Handicapé de cette malédiction je n'avais pas pu franchir ce Sanctuaire, et j'étais honteux, car je savais que j'étais coupable et non l'auteur. Aujourd'hui, peut être pour me dédouaner, j'ai pensé que les traducteurs ( il est dur de passer après Maurice E. Coindreau ) avaient aussi une part de responsabilité.Je le pense de plus en plus depuis que j'ai lu " Lumière d'août ".
Ne voulant pas rester sur cet échec j'ai pris au hasard ce second roman.
Ce fut comme une histoire d'amour. Au début on se remarque à peine, puis l'on s'apprivoise, on se rapproche jusqu'a ne plus penser qu'a l'autre.On vit ensemble de grands moments de joie dont on mesure l'importance que bien plus tard. Quand vient la fin.
Comme la fin de ce livre, que j'ai refermé empli d'une douce chaleur, et même si je savais que je venais de faire la rencontre d'un grand écrivain, je n'imaginais pas que longtemps après j'aurais toujours cette sensation de bonheur à l'évocation de cette lecture.
Comme une histoire d'amour...
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Ouahhh ! Quel livre ! J'avais déjà essayé de lire du Faulkner sans jamais y parvenir, sans jamais accrocher au début du récit. Mais là, le début du récit m'a littéralement subjuguée, avec le cheminement de Lena sur les routes de l'Alabama. Et à partir de là je n'ai plus décroché, j'ai adoré l'écriture, la structure du récit avec l'entrelacement des histoires de tous ces personnages. L'histoire avance et en même temps certains événements nous sont montrés par des points de vue différents sans pour autant lasser. L'histoire familiale de différents personnages est explorée et montre le poids du passé sur le présent pour les uns et les autres. Mais que c'est sombre, d'une noirceur que n'évoque guère la lumière du titre ! Par contre je ne sais pas si je me replongerais de nouveau dans un Faulkner car j'ai trouvé sa vision de la femme pessimiste et si j'ai adoré me perdre dans les méandres des pensées des divers protagonistes, je dois avouer qu'ils me sont restés assez étrangers du point de vue de leur état d'esprit, tous trop imprégnés d'une vision du monde influencée avant tout, sinon seulement, par la religiosité.Totalement étrangère à tout ce puritanisme j'avais du mal à comprendre les personnages, dont certains sont de véritables fanatiques (McEachern et Hines) sans que cela choque vraiment leur entourage, d'autres comme Joanna Burden tombe dans une sorte de délire mystique qui me paraît incompréhensible, sans parler du révérend Hightower !. Entouré de près par ces personnages Christmas n'avait pas la moindre chance, victime prise au piège d'un labyrinthe ou d'une toile d'araignée.C'est ce personnage peu sympathique, pétri de haine que j'ai le mieux compris, tant tout son parcours, de sa naissance jusqu'à sa mort est d'une logique implacable. Il y a quelque chose de la toile d'araignée dans la construction concentrique du récit. C'est fabuleux ! Mais en même temps ce qui m'a gêné c'est que malgré tout ce fatalisme, tout ce puritanisme, tout ce poids du passé et des vieilles haines (haine du nègre, haine du Yankee) mis en évidence, je n'ai pas pour autant bien compris où l'auteur voulait en venir. Sauf à avoir juste voulu dépeindre l'atmosphère poisseuse du Sud. Un chef d'oeuvre pour la forme qui je l'avoue m'a quelque peu échappé pour le sens.
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Oh qu'il est dur de critiquer ce roman comme il m'a été difficile de le commencer…Mon premier Faulkner, un auteur que j'avais envie de lire depuis longtemps.

Nous arrivons dans une petite ville du Sud des Etats-Unis au début du 20ème siècle avec Lena une jeune femme paisible et sereine, bien qu'elle coure depuis des semaines derrière le père de son enfant à naître, dont on devine rapidement qu'il l'a sciemment abandonnée. Une maison brûle au loin. C'est un certain Jo Christmas qui aurait mis le feu et assassiné sa riche propriétaire, Jo Christmas le métis à la peau blanche mais qui aurait du sang noir dans les veines. Pourquoi alors que la morte défendait la cause des noirs et s'opposait à la ségrégation ? Que s'est-il réellement passé dans cette maison ? L'histoire est racontée selon le point de vue de divers personnages : Christmas, Lena, mais aussi le révérend Hightower, Byron Bunch et d'autres, avec des allers retours entre passé et présent, dans une ambiance délétère et poisseuse.

Puritanisme voire fanatisme religieux, ségrégation, violence, pauvreté, racisme, voilà les thèmes de ce récit plus que sombre.

Alors pourquoi cette lecture a été difficile ?

Parce qu'il a fallu s'habituer au style de Faulkner qui demande effectivement une certaine attention. Les phrases sont souvent complexes, je me suis arrêtée à plusieurs reprises, j'ai relu certains passages, pas toujours sûre d'en avoir bien saisi le sens.

Parce que les personnages m'ont semblé d'un intérêt très variable. La vie et le destin tragique de Joe Christmas m'ont réellement captivé, mais je ne peux en dire autant de personnages plus secondaires comme le Révérend Hightower dont les obsessions m'ont complètement échappé ou celui de Lena dont la sérénité semble parfois relever de la bêtise.

Et puis comme je l'ai lu dans une récente critique, le traitement réservé aux femmes est un peu dérangeant et en tout cas, il m'a dérangé : soumises, parfois manipulatrices, en arrière-plan, sans consistance et sans vie intellectuelle. L'auteur les réduit vraiment à des rôles peu reluisants. En comparaison, le portrait de Christmas est flamboyant, de même que sa relation mortifère avec son père adoptif est puissante.

J'ai donc fini cette lecture avec un sentiment mitigé. J'ai aimé le destin tragique de Christmas mais j'ai subi des longueurs avec d'autres personnages. L'univers décrit est sombre et marquant mais la part réservée aux personnages féminins est vraiment mince. L'écriture est difficile et je ne me vois pas conseiller cette lecture à des lecteurs occasionnels.

Merci à quelques amies babelio de me l'avoir conseillé, je vais persévérer et essayer un autre roman !
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Plonger dans un Faulkner demande toujours de la concentration...de la dévotion peut être ...afin de bien en profiter, de se laisser porter par la puissance de sa langue, des ses sentiments, de son Sud.
Et puis la vague nous emporte...
Et on en ressort tout étourdi.

Ce roman n'est pas mon préféré... la faute sans doute à quelques "digressions". Habituelles, elles font partie du charme d'un Faulkner (à mon goût du moins) , mais là elles m'ont paru trop ardues, quasi ésotériques - je pense en particulier aux épisodes qui concernent le prêtre Hightower.
Mais l'envoutement opère tout de même...l'histoire d'un "nègre blanc", maudit dès la naissance, dévoré par la haine. Un homme qui semble fondamentalement mauvais, mais que l'on comprend et excuse presque au fur et à mesure de la trame du roman.
Cruauté, érotisme, violence, bonté, foi, puritanisme...tant de sentiments qui s'opposent mais se complètent à merveille pour donner une histoire puissante, dérangeante car pleine de paradoxes.
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Comment décrire ce livre, dense, complexe, à nul autre pareil ? Il commence par la longue marche de Léna, enceinte, à la recherche de son ami qu'elle devait rejoindre dès qu'il le lui dirait et a évidemment oublié. Et c'est aussi avec elle que se termine le livre. Mais entre ces deux passages, 600 pages de la genèse d'un meurtre, de l'histoire De Christmas, du récit de Byron Bunch, de la lente descente du pasteur Hightower et tant d'autres personnages hauts en couleur. L'Amérique décrite ici est puritaine, craintive de Dieu et des péchés, écrasée de chaleur, pauvre, haineuse, détestant les "nègres" et sans beaucoup d'avenir. La traduction doit sans doute influer beaucoup, mais elle semble coller à l'atmosphère pesante de cette petite ville de Jefferson du sud esclavagiste. On y retrouve la chaleur épouvantable des romans de Steinbeck. C'est de la littérature de haut vol. Magnifique.
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"Lumière d'août" est le premier roman de Faulkner que je lis et si j'en retire des sentiments mitigés du moins je reste profondément marquée par ce qui s'en dégage.

Plusieurs personnages très distincts et pas forcément directement liés sont tour à tour pris dans la focale de l'auteur. C'est le patchwork qu'ils forment, les regards qu'ils suscitent, les pensées qui les traversent, le langage qu'ils emploient, qui forment très nettement une réalité des États du Sud.

Le temps y semble lent, à l'image du périple de la jeune Lena. Suffisamment confiante en son destin, elle s'aventure à l'aveuglette sur les routes dans l'espoir de retrouver le père de son enfant à naître, feignant d'ignorer que le départ de celui-ci avait tout d'une fuite. Mais si la belle d'Alabama semble flotter en marge de l'agitation, son passage à Jefferson sera un théâtre de violence et de mort.

Une maison en flamme, le cadavre d'une sexagénaire blanche, un coupable désigné, son jeune amant qui aurait du sang noir. Il n'en faut pas plus pour échauffer les esprits puritains.

Mais qui est-il ce John Christmas dont le nom est sur toutes les lèvres ? Sans famille, sans racines, noir parmi les blancs, blanc parmis les noirs. L'esprit perturbé par la réalité même de son existence.

Faulkner semble s'aventurer avec facilité dans des psychologies complexes (et pas seulement celle de Christmas, même si on ne va pas se mentir c'est certainement la plus passionnante) dans lesquelles on se plaît à plonger. de même, la construction du texte est remarquable, empreinte de mysticisme et de fatalité.

Pourtant, il y a ce petit caillou dans la chaussure, ce je-ne-sais-quoi qui en fait a mes yeux un archétype du roman d'homme blanc. Je perçois  une volonté antiraciste mais qui a du mal à revendiquer une franche égalité. Je ressens aussi une zone sombre qui rôde autour du féminin et que j'aurais du mal à définir mais qui dénote le manque de porosité flagrant entre le monde des hommes et celui des femmes. Elles semblent être à mi-chemin entre la fragilité et la malignité sournoise et manipulatrice.

Je me dois bien évidemment de remettre dans le contexte, Faulkner étant né dans le Mississippi fin XIXeme, et il y a sûrement une grande dose de ressenti personnel car ce sont des sensations diffuses, plus que des éléments précis du texte lui-même, mais ne pas parler de ce qui me dérange serait malhonnête.


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Faulkner est un ecrivain majeur de la scene americaine et ce roman confirme une fois de plus son talent.Il est decedee en 1962 soit plus de soixante ans en arriere mais ses romans gardent une modernite et un style qui traverse les ages.Encore aujourd'hui cette histoire m'a semblee presque contemporaine et ancree dans le reel.
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C'est plutôt surprise que j'ai entamé la lecture de "Lumière d'août", surprise par la linéarité et la limpidité du début de ce roman écrit par un auteur réputé pour sa complexité, réputation dont j'ai eu l'occasion de vérifier le bien-fondé en découvrant "Sanctuaire" puis "Tandis que j'agonise".

Lena Grove décide de prendre la route, depuis son Alabama natal, afin de retrouver l'homme dont elle est enceinte. Après deux mois de voyage (à pied et en charrette), elle échoue à Jefferson, petite ville du Mississippi, où l'incendie d'une vieille demeure fait rage, sa propriétaire ayant quant à elle été assassinée... Puis nous laissons la paisible mais persévérante Lena pour être transportés quelques années en arrière, dans l'orphelinat où le petit Joe Christmas, cinq ans, débute une existence vouée au malheur...

C'est dans sa construction que réside la complexité de "Lumière d'août", ainsi que l'on s'en rend compte après avoir été quelque peu déstabilisé par ce récit qui, suite à une première partie formellement classique, semble sauter du coq à l'âne. Une construction concentrique et parfaitement maîtrisée. L'auteur donne l'impression de contourner le coeur de son sujet pour s'en rapprocher petit à petit, alors qu'il est en réalité en train d'élaborer une vaste fresque dans laquelle chaque élément a sa place, chaque détail son importance. Attention, "complexe" n'est pas, ici, synonyme d'incompréhensible, d'obscur. Grâce à la perfection avec laquelle William Faulkner déroule son mécanisme narratif, le lecteur n'a plus qu'à se laisser porter et à assister, bluffé, à la formation du puzzle qui se met en place sous ses yeux.

Quant à ses héros, leur sort semble joué d'avance, se dessinant peu à peu dans le tableau dont le rendu final est fixé depuis le départ. Joe Christmas est la victime la plus flagrante de ce déterminisme : la part de sang noir qui coule dans ses veines et ses origines bâtardes le condamnent à un destin d'humiliations et de violence. Cette inéluctabilité donne au récit une dimension profondément tragique, à laquelle vient s'ajouter le caractère âpre et accablant de son propos. Haine raciale, obscurantisme, rigorisme puritain, l'auteur brosse du milieu rural des États-Unis de ce début des années trente un portrait sans concession, dans lequel il s'attache à mettre en exergue les penchants cruels et iniques de ses semblables, mais pas seulement... car il y a aussi dans "Lumière d'août" des hommes et des femmes dont les manifestations de compassion, de générosité, nous permettent de ne pas complètement désespérer de la nature humaine.

Une fois de plus, William Faulkner m'a totalement séduite et impressionnée...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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L'ambiance est très particulière. Les personnages peuvent faire preuve d'état d'humeur mais chaque fois inexpressif ; ces premiers semblent détachés de toute manifestation d'émotion sur leur visage. Tout est froideur dans leur comportement. Ils ne se regardent quasiment jamais.
C'est très intéressant à lire, car peu commun.
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J'ai aimé que l'auteur nous révèle très lentement ce qui motive les personnages en ayant recours à de nombreux retours en arrière. Intrigue complexe ( trois trames narratives s'entremêlent, dont l'une, celle de réverend Hightower, m'a un peu moins captivée) mais captivante.
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