Oh qu'il est dur de critiquer ce roman comme il m'a été difficile de le commencer…Mon premier
Faulkner, un auteur que j'avais envie de lire depuis longtemps.
Nous arrivons dans une petite ville du Sud des Etats-Unis au début du 20ème siècle avec Lena une jeune femme paisible et sereine, bien qu'elle coure depuis des semaines derrière le père de son enfant à naître, dont on devine rapidement qu'il l'a sciemment abandonnée. Une maison brûle au loin. C'est un certain Jo Christmas qui aurait mis le feu et assassiné sa riche propriétaire, Jo Christmas le métis à la peau blanche mais qui aurait du sang noir dans les veines. Pourquoi alors que la morte défendait la cause des noirs et s'opposait à la ségrégation ? Que s'est-il réellement passé dans cette maison ? L'histoire est racontée selon le point de vue de divers personnages : Christmas, Lena, mais aussi le révérend Hightower, Byron Bunch et d'autres, avec des allers retours entre passé et présent, dans une ambiance délétère et poisseuse.
Puritanisme voire fanatisme religieux, ségrégation, violence, pauvreté, racisme, voilà les thèmes de ce récit plus que sombre.
Alors pourquoi cette lecture a été difficile ?
Parce qu'il a fallu s'habituer au style de
Faulkner qui demande effectivement une certaine attention. Les phrases sont souvent complexes, je me suis arrêtée à plusieurs reprises, j'ai relu certains passages, pas toujours sûre d'en avoir bien saisi le sens.
Parce que les personnages m'ont semblé d'un intérêt très variable. La vie et le destin tragique de Joe Christmas m'ont réellement captivé, mais je ne peux en dire autant de personnages plus secondaires comme le Révérend Hightower dont les obsessions m'ont complètement échappé ou celui de Lena dont la sérénité semble parfois relever de la bêtise.
Et puis comme je l'ai lu dans une récente critique, le traitement réservé aux femmes est un peu dérangeant et en tout cas, il m'a dérangé : soumises, parfois manipulatrices, en arrière-plan, sans consistance et sans vie intellectuelle. L'auteur les réduit vraiment à des rôles peu reluisants. En comparaison, le portrait de Christmas est flamboyant, de même que sa relation mortifère avec son père adoptif est puissante.
J'ai donc fini cette lecture avec un sentiment mitigé. J'ai aimé le destin tragique de Christmas mais j'ai subi des longueurs avec d'autres personnages. L'univers décrit est sombre et marquant mais la part réservée aux personnages féminins est vraiment mince. L'écriture est difficile et je ne me vois pas conseiller cette lecture à des lecteurs occasionnels.
Merci à quelques amies babelio de me l'avoir conseillé, je vais persévérer et essayer un autre roman !