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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ma première rencontre avec William Faulkner, il y a une douzaine d'années, n'avait pas été des plus agréables : le Bruit et la Fureur, un livre pour le moins ardu, pénible à lire et plus encore à comprendre, à la fin duquel vous êtes tout juste prêts à le relire tellement il est clair comme du jus de boudin.

De plus, j'avais été globalement déçue par le Bruit et la Fureur car, une fois le puzzle remis dans l'ordre, ce qui n'est certes pas une mince affaire, l'histoire ne m'apparut pas si époustouflante que cela.

Il en est allé tout autrement ici pour moi avec Lumière d'août. Je ne vais pas en faire mystère, c'est un livre que j'ai trouvé en tout point supérieur, non, très supérieur, à l'autre : plus long, plus dense, plus profond, bref, plus TOUT.

L'auteur n'a pas cherché ici à nous embrouiller par une narration intriquée, mais il demeure un ouvrage REMARQUABLEMENT construit, tant d'un point de vue temporel, du timing avec lequel il nous dévoile l'action, que du point de vue des personnages, je veux dire l'agencement des personnages entre eux.

J'ai beaucoup entendu parler ou lu dans les critiques qu'avec cette oeuvre — que beaucoup considèrent comme sa meilleure —, Faulkner atteint à la tragédie, au récit biblique sous des airs de roman noir. Eh bien, je pense quant à moi, que l'auteur a réussi à composer une véritable symphonie littéraire.

Le thème principal est celui de Christmas, mais on ne le sait pas dès le début, on ne le découvre que très progressivement. Aux environs de la moitié du roman, on connaît le thème, et l'on se rend compte, ému(e), que les autres personnages, ceux d'avant, ceux d'après, ne font tous que reprendre le thème, mais ils le rejouent tous selon une orchestration qui leur est propre et qui donne une incroyable cohérence à l'ensemble, comme dans une symphonie, où si les différents instruments jouent à différents moments, jamais cela ne nuit à l'harmonie d'ensemble.

Je dois dire que cette composition symphonique est d'une ampleur rarement lue en littérature, même pas dans le grand, le phénoménal Crime et Châtiment de Dostoïevski, où si de nombreux personnages rejouent effectivement le thème, ça n'est pas aussi époustouflant comme construction. Et le thème, quel est-il ? J'ai lu à droite à gauche « le destin », oui, d'accord, mais quoi « le destin » ? J'aurais tendance, pour ma part, à avancer la notion de psychogénéalogie. C'est cela même qui me semble être au coeur du travail romanesque de Faulkner ici, notamment le fait que certains d'entre nous vont dans le mur, savent qu'ils vont dans le mur mais font quand même tout pour y aller.

En somme, l'auteur, sous des airs d'écrire un roman noir, ou un roman social, ou un roman régionaliste, ou une parabole, ou une chronique de son temps, écrit en fait, ou décrit plutôt, la mécanique d'un phénomène humain, de la psychologie humaine j'entends, bien plus vaste, bien plus universel et surtout bien plus troublant.

Vous avez tous entendu parler de ces violés qui deviennent violeurs, de ces reproductions de galères de génération en génération, de ces gens qui paraissent irrémédiablement marqués du sceau de la malédiction et qui ne font rien pour faire un pas de côté. Eh bien voilà, c'est ça Lumière d'août !

La mère de Christmas, au père impitoyable, s'est fait mettre enceinte par un vaurien de passage, Lena fait de même. le pasteur Hightower vient s'empêtrer dans une profession et un lieu où il n'aurait rien à faire, mais ce lieu, justement, cette profession, justement, lui furent comme imposés, dès avant sa naissance, par les frasques d'un grand-père peu académique.

Joanna Burden est elle aussi venue accomplir un destin qui ne lui appartient pas et qui remonte à ses grands-parents. le vieux uncle doc Hines, le jeune Percy Grimm viennent tous accomplir un destin sacrificiel et violent plus grand qu'eux, de même que le père adoptif de Christmas. Byron Bunch a l'art de venir s'empaler dans un destin pourri d'avance, tout comme Christmas...

À chaque fois la victime devient bourreau ou le bourreau victime. La malheureuse Lena, victime de Lucas Burch, devient bourreau de Byron. Byron devient bourreau de Hightower, et ainsi de suite. Tout se rejoue à intervalle, en décalé, comme dans une symphonie, tous voient la vie foirer devant leurs yeux, tous voient ce qu'il faudrait éviter, tous voient le chemin de la félicité, mais tous le refusent obstinément, comme n'étant pas encodé dans leurs « gènes » ou plutôt dans leur propre destinée familiale.

Le roman n'est pas toujours captivant à lire, mais il y a une indéniable puissance, une densité rare, une pénétration dans les côtés sombres et inexplicables de l'humain, dans l'illogique, vu de l'extérieur, mais 100 % logique dès lors qu'on sait de quel logiciel est pourvu le personnage.

En somme, un grand, un très grand roman d'après moi, pas forcément toujours du plaisir à la lecture mais des choses qui remuent, et qui continuent de vous maintenir en ébullition même après l'avoir refermé, bref, la marque des grands romans, CQFD. Chapeau bas William Faulkner et pour tout autre considération, faites-vous-en votre propre opinion en le lisant par vous même et souvenez-vous que cet avis, cette ombre de décembre, ne représente pas grand-chose face à la lumière d'août. Tenez-vous-le pour dit, même si c'est votre destin.
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C'est le premier livre de Faulkner que j'ai lu, il y a très très longtemps, j'en ai gardé un souvenir ébloui ; grâce à ce roman je suis devenue une passionnée de cet auteur, et j'avais par conséquence un peu peur d'être déçue , de ne pas retrouver complètement la magie de ma première lecture.Or il n'en ai rien, je crois que j'ai encore plus apprécié ce merveilleux roman la deuxième fois.

C'est sans doute le roman de Faulkner le plus construit, celui qui se rapproche le plus peut être d'un grand roman classique. le livre s'ouvre et se ferme sur Lena, jeune femme enceinte au début de l'histoire et qui a traversée plusieurs Etats à la recherche du père de son enfant. Lena, c'est la féminité absolue et sereine, elle me fait penser à ces déesses préhistoriques de la fécondité, rien ne semble troubler sa profonde quiétude.

Et entre ce début et cette fin qui irradient cette lumière présente dans le titre, il y a la violence, l'injustice, la bêtise et la souffrance d'êtres qui n'arrivent pas à trouver leur place. Au centre, Joe Christmas, dont on découvre petit à petit la terrible histoire, qui met en évidence toutes les failles et toutes les violences de cette société du Sud, puritaine, raciste, n'acceptant pas l'altérité ni entre les races ni entre les sexes, fondée sur la haine de l'autre et la haine de soi-même en définitif.

C'est pour moi l'un de plus beaux livres qui existent, l'un de ceux qui nous marquent à tout jamais.
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Avec la publication en très peu de temps, entre 1929 et 1936, de cinq romans qui resteront parmi les plus marquants de la littérature américaine du XXème siècle (Le Bruit et la Fureur, Sanctuaire, Tandis que j'agonise, Absalon ! Absalon !, et Lumière d'Août), William Faulkner provoquera une onde de choc dans les milieux littéraires de son pays, transformant le génial écrivain sudiste en véritable icône, à l'aune duquel tout auteur ayant l'ambition de faire de la grande littérature ne pourrait désormais éviter de se mesurer, «ombre gigantesque » (selon l'expression de l'écrivain William Styron, dans une interview accordé au Monde en 1994) à laquelle à un moment ou un autre, il faudrait pouvoir se soustraire pour «tenter de s'accomplir soi-même».
LUMIERE D'AOUT est souvent considéré comme l'une de ses fictions les plus abouties. Un récit s'inscrivant dans la tradition du roman noir américain et qui, adoptant au démarrage un point de vue omniscient assez classique (en apparence seulement, le lecteur s'en rendra rapidement compte !), cherchera à retracer le parcours erratique de Joe Christmas, métis au sang noir et cependant blanc de peau, et auteur de l'homicide volontaire d'une femme blanche. Crime d'autant plus odieux et inexpliqué que cette dernière, Joanna Burden, en digne descendante d'une lignée d'Yankees égarés dans le deep south, fervents défenseurs des droits civiques des noirs affranchis et victimes à leur tour de l'hostilité de la communauté de Jefferson (ville fictive créée et située par Faulkner à proximité de Memphis), aura dédié l'essentiel de sa vie à elle à soutenir l'émancipation de la communauté afro-américaine abandonnée à son sort depuis la défaite sudiste de 1865. Meurtre sans aucun autre mobile possible que l'histoire elle-même, la psychologie, les traumatismes et humiliations subis par Joseph Christmas dans le contexte d'extrême violence raciale en vigueur dans les Etats du sud, ici le Mississipi natal de l'écrivain, où son personnage avait vu le jour, avant d'être rejeté et abandonné par la famille blanche de sa mère. Climat de violence encouragé enfin par la vague de puritanisme qui avait déferlé dans tout le pays, ayant abouti entre autres, durant les années 1920, à la Prohibition, à l'âge d'or des bootleggers, du crime organisé et du Ku Klux Klan.
On pourrait donc s'imaginer d'emblée que LUMIERE D'AOUT serait supporté par une intrigue somme toute relativement simple, ou en tout cas facilement repérable par le lecteur. Ce serait alors sans compter sur le talent et le style incomparables de l'auteur qui, selon la formule consacrée d'André Malraux, avait réussi à «introduire la tragédie grecque dans le roman policier». Faulkner, en effet, réussit somptueusement à transformer un propos ancré dans un territoire délimité, dans une contexte historique et socio-culturel particuliers, en quelque sorte régional, pourrait-on dire, en un récit grandiose, universel, exalté et indéniablement biblique. Il l'érige en tragédie aux accents antiques où le dénouement fatidique est déjà écrit, d'entrée de jeu et contre toute logique purement humaine, nourri par une autre, aux dimensions transcendantales et implacables, tissée sur ce même métier du fatum dont se servaient les antiques Parques. Où une galerie de personnages remarquablement dessinés (le révérend Hightower, Byron Bunch, le père McEachern, Doc Hines, Lena Grove..) par l'évocation de leurs trajectoires parallèles, croisées dans un désordre savamment orchestré par l'auteur, représenteraient également une sorte de choeur antique, chargé d'illustrer et de répercuter la descente aux enfers de l'héros tragique. Ou encore, si l'on veut bien, de la via crucis de Joe Christmas, personnage au patronyme ô combien symbolique et prémonitoire, monstre désigné (ce mot qu'il faut également entendre ici dans son sens étymologique premier : celui qui montre, révèle quelque chose au grand jour) dépassé par sa destinée, privé de tout libre-arbitre, et en même temps martyre sacrificiel, expiatoire, voué à la damnation par cette même communauté humaine qui l'avait engendré et exclu.
Summum absolu de la noirceur, rarement approché dans la littérature moderne, la lecture d'un roman comme LUMIERE D'AOUT est une expérience unique et éprouvante. A l'instar de ces rêves où l'on n'avance pas, ou alors péniblement, au ralenti, dans une quête effrénée d'abri contre une menace terrifiante et imminente, enfermés dans une atmosphère dense, hors temps, sentant le souffle ardent de notre perdition annoncée se rapprocher dangereusement derrière nous, nous espérons en vain la grâce d'une rédemption qui n'arrivera pas. Chez Faulkner aussi, le temps semble s'être figé en un seul bloc ; passé, présent et futur s'entrelacent, indissociables, se fondent, se confondent, à coup d'analepses récurrentes et tortueuses qui constitueront l'essentiel de la narration. de même pour le cheminement subjectif et la temporalité psychologique des personnages, systématiquement distordus, superposés, obturés ou, dans le meilleur des cas pour eux, carrément abolis.
«Rien n'advient -disait Sartre-, l'histoire ne se déroule pas chez Faulkner : on la découvre sous chaque mot, comme une présence encombrante et obscène, plus ou moins condensée selon les cas.» Ainsi, Christmas, quinze ans après avoir réussi à rompre avec les liens empreints de violence de son passé, avec ses parents adoptifs et son premier et malheureux amour de jeunesse, gardera-t-il le sentiment d'emprunter toujours la même rue où il s'était engagé après avoir passé définitivement la porte et avoir un instant espéré pouvoir changer sa vie. «La rue passa à travers les Etats d'Oklahoma et du Missouri, descendit au sud, jusqu'à Mexico, puis remonta au nord, à Chicago et à Détroit avant de redescendre encore pour s'arrêter enfin dans l'Etat de Mississipi».
Comment décrire l'envoutement trouble provoqué par ce récit crépusculaire, déroutant sans cesse le lecteur, tant par ses constructions de phrases vertigineuses, tournoyantes, que par ses formules lapidaires en suspension, par ses sous-entendus elliptiques, par se points de fuite multiples, la troisième personne de narration glissant à tout moment imperceptiblement pour s'enchevêtrer au flux de conscience des personnages, par les mises à distance récurrentes et en trompe l'oeil du narrateur, quand celui-ci, par exemple, se déchargeant de toute omniscience, finit par douter lui-même des raisons ou motivations qu'il leur attribuait, les abandonnant à leur propre mystère.
Si la négativité semble s'imposer comme un principe général chez Faulkner, si dans sa vision du monde aucun mouvement ne paraît susceptible de conduire à une transformation radicale des rôles qui nous ont été préalablement assignés sur l'échiquier visible du réel, c'est en même temps par ce même principe de négation, à condition que nous puissions réaliser et accepter qu'il est totalement vain de se battre contre ce qui aura toujours été là, que nous pourrions trouver une possibilité de rédemption à notre portée, ou tout au moins d'apaisement face au « bruit et à la fureur » shakespearien intrinsèques à la construction humaine -«Life is a tale, told by un idiot, full of sound and fury signifying nothing»-, ritournelle obsédante chez Faulkner ayant donné le titre et servi d'exergue à un de ses romans les plus célèbres.
C'est en fuyant à travers champs la traque implacable lancée contre lui après le meurtre qu'il a commis, que Joe Christmas, « courant sans but », se sentira pour la première fois de son existence « léger, impondérable» : «il ne pouvait jamais savoir quand il passerait de la nuit au jour, quand il s'apercevrait avoir dormi sans se rappeler s'être couché, ou quand il se trouverait en marche sans se rappeler qu'il avait cessé de dormir». Progresser enfin en toute légèreté, «au hasard, exprès, sur une terre sans consistance». Ici et maintenant : plus de mémoire, plus de conscience, plus de temps. Lumière d'août éclairant les ténèbres, permettant enfin de triompher sur sa destinée tragique avant le baisser de rideau. The rest is silence.
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Il y a plus de 40 ans, j'avais fait une première tentative de lecture de l'oeuvre de Faulkner par Sartoris, que l'on me conseillait pour débuter.
Mais, au bout d'une centaine de pages, je m'étais senti perdu dans les méandres de l'intrigue au point de quitter ce livre. Depuis mes incursions dans le monde faulknérien se résument aux lectures plutôt fructueuses de plusieurs nouvelles, dont j'avais apprécié la puissance évocatrice , l'âpreté, et aussi la beauté de l'écriture.

Il fallait que j'essaie de revenir aux romans de cet immense et difficile auteur, et, encouragé par les superbes critiques de certain.e.s de mes ami.e.s babeliotes, et d'autres, j'ai pensé que j'avais suffisamment avancé en « maturité littéraire » pour tenter l'aventure avec ce roman réputé un peu plus facile que le bruit et la fureur. Et j'ai été comblé. Un chef d'oeuvre, un livre magnifique, et d'une telle puissance, d'une telle beauté.
Et, comme chaque fois, je réalise que radote, il m'a fallu du temps pour « métaboliser » ce texte, car un chef-d'oeuvre comme celui-ci inspire tant de réflexions qu'il en est quasiment impossible d'en faire le tour.

Alors, je vous livre quelques idées et impressions dans cette modeste chronique, bien loin du niveau stratosphérique qu'est par exemple celle de mon ami creseifiction, mais on fait ce que l'on peut.

D'abord pour dire que cette histoire est certes marquée par cette atmosphère oppressante du Sud des États-Unis, un Sud violent, puritain, raciste et misogyne, mais qu'elle a une dimension tragique universelle. Ce roman noir a des airs de tragédie grecque dans laquelle un destin implacable poursuit les protagonistes, au premier rang Joe Christmas, aux initiales si évocatrices, enfant abandonné, métis né de père inconnu, brutalisé dans son enfance, dont la perte semble écrite d'avance.
Mais au sein de cette violence parfois insensée, passent aussi deux êtres pleins de bonté, le « couple » Léna et Byron, une sorte d' allégorie biblique de Marie et de Joseph. Une Léna sereine et obstinée qui donnera naissance à son enfant durant le cours du récit, un Byron toujours attentif aux autres et si dévoué.

Mais surtout, ce qui est absolument extraordinaire, et ce qui fait le chef-d'oeuvre, c'est la façon dont l'histoire est construite et écrite.

Car trois trames narratives se mêlent subtilement:
Celle de Léna, qui ouvre et ferme le récit, Léna partie à la recherche de l'homme qui l'a mise enceinte, ce Lucas Burch masqué en Joe Brown, homme instable, paresseux et lâche, qui trouvera dans le besogneux et timide Byron Bunch une sorte de chevalier servant.
Celle du révérend déchu Hightower, homme tourmenté par son passé et celui de ses ascendants mais capable de bonté
Et surtout celle de Joe Christmas dont la vie passée pleine de souffrances causées par la violence des autres occupe toute la partie centrale du récit.

La construction du roman disloque le temps, passé et présent se mêlent, comme si tout était déjà écrit, mais aussi donne une impression de révélation au fil des pages et des phrases. A cette impression de récit progressivement éclairé, dévoilé, contribue la manière si subtile de raconter, soit par un narrateur «omniscient », soit par l'un des personnages, soit même par un personnage extérieur à l'histoire. Une manière de faire le récit, fascinante, incomparable.

Et puis il y a cette façon de dire ce flux de conscience, de nous plonger dans le flot des pensées qui traversent, envahissent les esprits, qui fait aussi la complexité et la beauté du récit. Et le lecteur comprend que ce n'est pas pour le plaisir de faire vrai, mais pour exprimer l'essence de ce monde de la folie et de la misère des humains.

Et enfin, il y a la beauté des mots employés, qui nous donnent à voir, à sentir les paysages, l'atmosphère étouffante des villes, et toute la magie des ellipses, des non-dits.

Bon, je m'arrête, impossible de tout dire, il y aurait à parler de la malédiction du « sang noir », de la misogynie, etc.. et ce serait trop long.
Aux lectrices et lecteurs exigeant.es de Babelio, je ne peux que conseiller ce livre majeur.
En ce qui me concerne, the question is: par quel autre roman poursuivre mon exploration de l'oeuvre? Évidemment, il y a l'incontournable et semble-t-il difficile le bruit et la fureur, dont récemment mes ami.e.s Hordeducontrevent et Berni29 ont fait des critiques affûtées. Ou revenir à Sartoris qui traîne quelque part dans ma bibliothèque? Je ne sais encore.
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Fascinée par la puissance, l'épaisseur de cette écriture qui n'a pas peur de s'embarquer dans la profonde et terrible folie des hommes. Subjuguée par cette technique « d'amassement d'un mystère et d'enroulement d'un vertige » dont parle Edouard Glissant dans Faulkner, Mississippi (merci Tremaouezan).

Fascinée par ces personnages intenses, égarés, étranges, déglingués, de la tragédie moite du Sud faulknerien.
Christmas bien sûr, qui a tout d'un blanc, qui ne sait guère plus qu'une chose de son père inconnu: il est noir, et cette information pèse comme une malédiction sur sa destinée; Christmas qui se voit « lui-même, de loin pour ainsi dire, sous les traits d'un homme attiré vers un gouffre sans fond ».
Mais peut-être encore plus Hightower, pasteur devenu paria, Doctor of Divinity ou Définitivement Damné, « oublieux de l'odeur dans laquelle il vit, cette odeur de dessiccation obèse, de linge sale, comme un signe précurseur de la tombe », Hightower si intensément lié au fantôme de son grand-père décédé pendant la guerre de Sécession qu'il se considère lui-même «mort un soir, vingt ans avant d'avoir vu la lumière», ne pouvant se sauver qu'en s'en allant mourir à l'endroit où sa «vie avait déjà cessé avant d'avoir réellement commencé».
Des personnages qu'on sent irrémédiablement prisonniers de quelque chose, coincés, acculés.
« Quand il se mit au lit, ce soir-là, il était décidé à s'enfuir. Il se sentait comme un aigle, dur, suffisant, puissant, sans remords et plein de vigueur. Mais cela ne dura pas, bien qu'il ignorât alors que, pour lui comme pour l'aigle, sa propre chair aussi bien que tout l'espace, ne serait jamais qu'une cage. »

Envoûtée par le sidérant tourbillon Faulknerien, par les tremblements, les dérèglements, les paradoxes, les contradictions de cet univers impressionnant. Éblouie par cette Lumière d'août.
Ce n'est pas confortable, mais c'est très fort.
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Nous sommes dans le Mississippi, à Jefferson, ville du comté imaginaire de Yoknapatawpha où Faulkner situe nombre de ses romans. C'est l'entre deux-guerres dans un sud raciste, pas encore remis de la guerre de sécession.
Léna, jeune fille enceinte, arrive d'Alabama pour rejoindre le père de l'enfant. Une maison est en feu. Un meurtre a été commis. On va alors suivre le destin de Joe Christmas, et en parallèle ceux du révérend Hightower et de Joanna Burden.

C'est le premier livre de Faulkner que j'ai entre les mains. Et quelle claque ! C'est un livre très dense. L'atmosphère est lourde. Rien n'est anodin. Chaque personnage a un destin malheureux, voir tragique. Faulkner décrit beaucoup de souffrance chez ses personnages englués dans la religion, dans le racisme et la haine.
Cette ambiance est servie par une écriture magnifique, poétique et très sensuelle. Une écriture qui grave en nous les sentiments qu'elle évoque. Faulkner déroule son récit de façon non linéaire. Ce qui m'a parfois perdue. Mais je suis restée collée à ce récit, même si la lecture a dû se faire à petites doses, pour toutes les raisons évoquées ci-dessus. Et je pense qu'il va me rester quelque chose de cette lecture pendant longtemps.
Je vais continuer la découverte de cet auteur, même si je vais laisser passer un peu de temps avant de me replonger dans une lecture si riche et profonde.
Lien : http://mumuzbooks.blogspot.f..
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Light in August
Traduction et préface : Maurice-Edgar Coindreau

ISBN : 9782070366217

Une symphonie. Ou un fleuve. C'est à cela que l'on songe lorsque l'on arrive à la dernière page de "Lumière d'Août." On peut même dire que l'idée vous en vient dès que s'ouvre le coeur du livre : l'histoire De Christmas. Une symphonie au phrasé parfait, un fleuve au cours parfait : Faulkner maîtrise ici son art et oui, tout y est dans un équilibre parfait.

"Lumière d'Août" pourtant n'est pas un roman dont on vous parlera volontiers - à moins d'avoir affaire à un aficionado de Faulkner. Les grands et déstabilisants romans du début, comme "Le Bruit & la Fureur" ou encore "Sanctuaire", ont l'habitude de rafler la mise, avec leur parfum de scandale et cette espèce de chaos verbal et temporel que l'auteur s'est amusé à y semer. Avec une écriture dont la seule étrangeté réside dans le parler local utilisé pour les dialogues, et la ligne pure des trois mouvements de l'intrigue se succédant sans aucune de ces tricheries temporelles affectionnées par l'écrivain américain, "Lumière d'Août" a pratiquement tout ce qu'il faut pour être considéré comme le roman le plus classique de Faulkner, en tous cas dans sa forme. Parce que, pour les thèmes ...

Le passé du Sud, les fantômes de ces soldats gris et or qui foncent à toute allure sans se soucier beaucoup - à l'exception de généraux comme Johnston et Lee - de stratégie pratique, cet univers vaincu qui refuse de disparaître de la mémoire collective - ce thème majeur, l'un des premiers à pointer son nez dans les premières pages de "Sartoris", le Livre-Père, est ici confié aux bons soins du révérend Gail Hightower afin qu'il le défende, si nécessaire jusqu'à la mort. Et c'est ce que fera ce personnage étrange, mourant d'une attaque, les yeux ouverts sur une charge de cavaliers où il croit se voir, lui, bien vivant mais sous les traits de son grand-père. le drame du révérend - celui qui conduit d'ailleurs à son bannissement de l'Eglise dans laquelle il fut ordonné - c'est son obsession pour la Guerre civile et sa certitude de ne faire qu'un avec le grand-père esclavagiste qui la vécut. Ce protestant bon teint préserve en lui un petit coin bien caché pour le principe de la réincarnation - pour sa réincarnation. Etait-il fou dès le début ? L'est-il devenu ? Ou ne ferait-il pas preuve, au contraire, d'une grande lucidité ?Quel est le but exact de cette quête qui lui fait sacrifier ses études, sa foi, son église, sa femme et sa vie d'homme à une espèce de mirage ? le lecteur n'obtiendra pas la réponse mais c'est pour Faulkner une nouvelle manière de tenter d'exorciser la malédiction du Sud.

Ce que l'on peut désigner comme le "mouvement" Hightower se mêle étroitement au "mouvement" Lena Grove, sur lequel s'ouvre le roman. Lena est une jeune femme originaire de l'Alabama, qui a pris la route de Jefferson et donc du Mississippi afin de rejoindre un certain Lucas Burch, beau parleur qui lui a fait un enfant mais dont elle ne doute pas qu'il soit parti à la ville pour y trouver du travail et préparer leur avenir commun. Simple, gentille pas aussi naïve qu'on serait en droit de se l'imaginer, Lena est un personnage lumineux, apaisant, qui, une fois n'est pas coutume dans l'univers faulknerien, verra le Destin lui sourire.

A Jefferson en effet, où elle arrive un samedi après-midi, elle se rend droit à la scierie du coin, persuadée d'y trouver Lucas. En lieu et place, il n'y a que Byron Bunch, ouvrier modèle, l'un des rares Blancs à visiter encore Hightower, brave garçon paisible au coeur généreux qui, en la voyant, succombe au coup de foudre (le premier et le seul de son existence) et ne va plus la quitter. Mais quand il lui décrit les autres employés de la scierie - comme c'est samedi, il est seul à travailler - Lena comprend que son fameux Lucas y a travaillé sous un nom d'emprunt, celui de Joe Brown. Il faut en parler au passé car, depuis plusieurs mois, Burch-Brown s'est associé à un autre ancien employé de la scierie, un certain Joe Christmas. Les deux hommes vendraient de l'alcool trafiqué.

Et c'est ainsi que, après quelques notes timides mais entêtantes au tout début du livre, éclate dans toute sa puissance le "mouvement" central de "Lumière d'Août", celui consacré à Joe Christmas, homme que son teint basané et ses cheveux noirs font passer pour un étranger de souche italienne ou mexicaine mais qui sait, lui - ou croit savoir et il faut noter que le doute reste entier jusqu'à la fin du livre - qu'il a du sang noir dans les veines. Faulkner nous détaille l'essentiel de son existence d'orphelin songeur, adopté par une famille de paysans strictement religieux (son père adoptif est le puritain-type, qui voit une Jézabel dans chaque femme et ne parle de sexe qu'avec mépris et dégoût), puis vagabond qui choisit la marginalité parce qu'il est convaincu que "la goutte de trop" qu'il a dans les veines le condamne à ce genre de vie. Arrivé à Jefferson, Christmas y devient l'amant de la seule héritière de la famille Burden, vit avec elle une liaison passionnée et chaotique et finit par lui trancher la gorge avant de mettre le feu à la maison. Il s'enfuit alors et échappe quelque temps aux autorités jusqu'au moment où il choisit de se laisser capturer. Par une manoeuvre habile de Faulkner, et plutôt difficile à réaliser sans tomber dans l'incroyable ou le mélodramatique, son arrestation va lui permettre de retrouver ses grands-parents et de connaître les circonstances de sa naissance et de son abandon. Sous le choc, il parvient à s'échapper et tombe dans la même journée, les armes à la main, sous les balles d'un milicien de la garde locale qui le castre.

Le livre entier est porté par trois forces primaires que nous donnons ici dans un ordre qui n'est peut-être pas le bon - à chacun de choisir celui qu'il voudra : le sentiment religieux et l'éternel clivage sudiste du Blanc et du Noir, ce dernier se confondant cependant parfois avec la question religieuse puisque cette goutte de sang à la fois fatale et problèmatique, seule responsable du gâchis absolu que sont la vie et la mort De Christmas, est similaire à la malédiction biblique ancestrale subie, pour d'autres raisons, par Adam et Eve.

Il va de soi que Faulkner ne saurait présenter ces forces de manière simpliste. Ainsi, le sexe, la troisième et dernière de ces forces et une véritable jouissance pour Joanna Burden à une certaine époque de sa liaison avec Christmas, reste ambigu pour beaucoup de personnages. Christmas lui-même, avec l'éducation qu'il a reçue, méprise totalement les femmes et certains des affrontements qu'il a, enfant et adolescent, avec son père adoptif, ne sont pas sans révéler chez ce dernier une tendance à l'homosexualité qui réapparaît, effleurée plus qu'affirmée, dans les rapports De Christmas adulte avec celui qui le dénoncera, "Joe Brown" (on admirera l'ironie du nom usurpé), alias Lucas Burch. Mais le sentiment religieux est sans doute celui qui s'en tire le plus mal dans l'affaire puisque Faulkner démontre qu'il sert trop souvent de masque et de justification à l'asservissement de l'espèce féminine et, de façon générale, à celui des minorités.

Que dire encore sur cette "Lumière d'Août" ? Peut-être que Joanna Burden est la petite-fille ou l'arrière-petite-fille de l'un des deux Nordistes que le colonel Sartoris abattit lors de la Reconstruction. Surtout que ce roman de Faulkner est l'un de ses meilleurs livres, qu'il faut se garder de mépriser au prétexte qu'il n'a pas bénéficié de la même publicité que ses aînés. Et plus encore que sa lecture conforte dans la certitude qu'on gagne beaucoup à lire l'oeuvre de l'écrivain américain dans son ordre de parution.
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Pourquoi lire ou relire Faulkner ? (Prix Nobel de littérature 1949). André Malraux a dit de lui qu'il possédait "au plus haut degré le sentiment tragique de la vie." La littérature de W. Faulkner est d'une force, d'une puissance exceptionnelle !

Ce livre "Lumière d'août" est un choc dès les premières lignes et une fascination, attirant encore et toujours le lecteur à poursuivre, à savoir et à comprendre.
Pénétrer l'univers de Faulkner est une expérience à nulle autre pareille : il nous parle, admirablement bien, des hommes, avec leurs qualités et leurs défauts, surtout leurs défauts ; des êtres humains souvent marqués par le puritanisme, ou la déchéance, des gens qui ont péché et qui doivent expier.
On ne va pas faire ici une étude littéraire détaillée, il y en a déjà de très bien ; on va juste rappeler à quel point c'est une littérature magnifique, éblouissante.

C'est, en simplifiant, principalement l'histoire d'un nègre blanc : un homme à la peau blanche donc, sans aucun signe visible de "négritude" mais qui a du sang noir (c'est à dire des parents et/ou des grands-parents à la peau noire). Et dans l'Amérique de l'entre deux guerres c'est quelque chose d'incompréhensible et d'affolant.
Dans la petite ville de Jefferson (Mississipi) une maison brûle ; à l'intérieur, le cadavre d'une femme, blanche, assassinée. Un homme nommé Joe Christmas qui habitait tout près a disparu. La police, persuadée de sa culpabilité, va essayer de l'attraper.
Dans un deuxième temps, l'auteur nous raconte la genèse de l'histoire et en quelque sorte la "mise en place" du criminel ; son enfance et son adolescence ainsi que tout ce qui mène au drame.
Mais il y a également d'autres personnages, tous intéressants et parfaitement analysés par l'auteur ; le plus frappant est sans doute la parfaite maîtrise qu'a W. Faulkner de son récit.

Extraits : "... Avez-vous jamais connu un blanc du nom De Christmas? Je n'ai jamais connu personne avec un nom pareil, dit l'autre. Et, pour la première fois, Byron comprend que le nom d'un homme, considéré en général comme simple interprétation sonore de qui il est, peut être, en quelque sorte, un présage de ce qu'il fera, si on peut en lire à temps la signification. Il lui sembla qu'avant d'avoir entendu son nom aucun des ouvriers n'avait prêté grande attention à l'étranger. Mais, ils ne l'eurent pas plutôt entendu, qu'ils eurent l'impression que quelque chose dans la sonorité du mot s'efforçait de leur faire sentir ce à quoi ils devaient s'attendre ; comme si l'homme portait avec lui un avertissement inséparable, comme une fleur son parfum ou un crotale le bruissement de sa queue." (p 55)

"Ce n'était pas le dur labeur qu'il haïssait ; ce n'étaient pas les châtiments, ni l'injustice ; il y était habitué avant même d'avoir connu ses parents adoptifs. Il n'attendait pas moins et, par la suite, il n'en ressentait ni outrage ni surprise. C'était la femme : cette tendre bonté dont il se croyait condamné à être toujours la victime et qu'il haïssait plus que la justice dure et inflexible des hommes." (p 217)

Alors oui, il faut (re)lire les livres de cet immense écrivain, ne serait-ce que pour un extraordinaire moment de lecture.

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Pas facile de s'attaquer à Faulkner quand on ne l'a jamais lu. Quand je me suis lancé dans la lecture de « Lumière d'août », j'étais rempli de préjugés. Pas tant sur le style, j'avais lu abondamment Hemingway et Steinbeck, je me disais que ce ne serait pas un obstacle majeur, (ce en quoi j'avais tort, pas pour Faulkner, mais quand j'ai voulu attaquer Dos Passos, mamma mia !) mais j'avais lu que Faulkner était un « écrivain du Sud ». de ce que j'en savais (ou ce que je croyais en savoir), les Sudistes étaient racistes, intolérants, bigots j'en passe et des meilleures, et je me disais, qu'ayant grandi dans ce milieu, Faulkner devait avoir tété à cette source comme à son premier « mint-julep » (cocktail du Sud à base de menthe, avec ou sans alcool) ...
Eh ben non, j'avais tout faux : Faulkner est un Sudiste, mais il porte le Sud comme une malédiction, précisément, à cause de ce passé marqué par l'esclavage et l'oppression des noirs. Cette prise de position, à contre-courant de ses compatriotes, lui valut d'être qualifié « d'ami des nègres » et seul le prix Nobel le racheta aux yeux, on le salua alors de « Fils illustre de la cité ». Et pourtant Faulkner ne peut nier ses origines, et toute son oeuvre est marquée par ce déchirement entre l'héritage et les convictions.
« Lumière d'août » illustre à merveille cette double influence sur une oeuvre unique.
L'histoire se passe à Jefferson, comté de Yoknapatawpha, état du Mississippi (c'est-à-dire à Oxford, comté de Lafayette, état du Mississippi). C'est une histoire très ramifiée, avec trois fils narratifs principaux : le premier concerne une jeune femme, Lena Grove, elle vient de l'Alabama, elle est enceinte, et elle recherche le père de son enfant. le second fil concerne Joe Christmas qui vient de tuer sa patronne et maîtresse. le troisième concerne le révérend Gail Hightower, un prêtre borné et raciste. Et bien entendu, personne n'est exactement ce qu'il a l'air d'être. Joe, surtout, est un métis qui, on ne le dirait pas à le voir, a du sang noir dans les veines.
Comme le dit Maurice-Edgar Cointreau, le traducteur (magnifique) dans une lumineuse préface sur laquelle je vous conjure de ne pas faire l'impasse : il ne faut pas perdre de vue que Faulkner est un puritain (« Mais un puritain, dans le bon sens », aurait corrigé Faulkner). Ce qui donne au roman une résonnance religieuse qui contraste avec les débordements crapuleux et érotiques qui parsèment l'ouvrage. le personnage de Joe Christmas (dont le nom et les initiales sont hautement symboliques) est en soi un être spécial qui est d'emblée promis à la tragédie, et qui le sait. Faulkner touche à la fois à la Bible et à la tragédie antique. Autres preuves du puritanisme de Faulkner : la peinture des femmes, comme étant des monstres de lascivités, pratiquant « l'instinct de la dissimulation » ou pire « l'infaillibilité pour concevoir le mal » (ces dames apprécieront) ; le dégoût provoqué par l'acte sexuel (y compris quand c'est un acte d'amour) ; ou encore les allusions nombreuses à l'homosexualité.
Faulkner dresse un tableau impressionnant de son pays et des êtres qui le peuplent. Pour autant, si les personnages sont souvent torturés et même parfois brisés, il en est (de ces sudistes, justement) qui sont humains et aimables, et s'inscrivent dans un courant de vie « normal » où la tragédie ne les atteint pas.
A lire impérativement dans cette traduction de Maurice-Edgar Coindreau (comme tous les grands auteurs américains qu'il a traduits et présentés) (La Pléiade, si vous avez les moyens, sinon Folio)

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Faulkner est un grand metteur en scène. Dans ce roman, on est subjugué par la construction du récit à plusieurs voix, par l'agencement de scènes qui trimbalent le lecteur d'un temps à un autre, d'une époque à une autre, d'un personnage à un autre, d'un espace à un autre. Mais contrairement à ce que j'ai pu lire des critiques précédentes, tout est fait pour que le récit rebondisse à chaque chapitre. On en ressort abasourdi. Comme des frissons nous parcourent l'échine face à la beauté du monde, ils nous assaillent à la lecture de Lumière d'août. Un roman sur l'incroyable et irraisonnée obsession des hommes. Chaque personnage avançant coûte que coûte vers son malheur. Un roman du déclin, comme cette lumière du titre, une lumière qui n'est déjà plus celle de l'été flamboyant et généreux, et qui annonce la morne vieillesse de l'automne.
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