AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jean-Daniel Brèque (Traducteur)
EAN : 9782352940302
460 pages
Bragelonne (21/02/2007)
3.88/5   498 notes
Résumé :

La maison du vieux Kessler était perdue dans les bois...
Une ferme splendide et pleine de recoins, où Phil et Gloria pensaient trouver le calme, loin de la ville et de l'agitation. Mais ce que trouvent leurs trois enfants est bien différent : d'étranges histoires de clairières hantées, de lueurs qui dansent dans la forêt et de trésors enfouis...

Tout un monde secret, enchanté par l'ancienne magie celtique et habité par de mystérieuses p... >Voir plus
Que lire après FaërieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (123) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 498 notes
Amis Babéliotes, je ne savais pas que ce livre mettrait tragiquement fin à un rêve de gosse : vivre dans une cabane, retirée du monde, au beau milieu de la forêt. Robinson a son île, Tesson, sa Taïga et moi, j'avais encore il y a quelques jours, ma cabane en bois dans la forêt des Landes, entre Pindères et Pompogne. Mais depuis ma participation à la lecture commune de Faërie de Raymond Elias Feist, je n'en suis plus tout à fait sûre. Certes, je connais le bruit de la forêt, les sifflements du vent dans les branches, les troncs qui craquent, les animaux qui rampent, ceux qui piquent et ceux qui nous évitent, mais ça ! Je ne connaissais pas… Pas encore.

J'avais bien compris que cela me ferait flipper, que sous couvert d'un titre que n'auraient pas renié mes cousins les bisousnours, se cachait une réalité tout autre. Je m'étais donnée une limite : les cent premières pages et si je vire au bleu, la peur brandissant sa couleur, je ferme, m'excuse platement et déclare forfait par abandon.

Toi qui l'a déjà lu, tu rigoles en coin, parce que tu sais ! Et toi qui lis sans connaître, tu dois trouver cette entrée en matière très légère pour ne pas dire « cavalière ». Et tu auras raison. Parce que ce n'est pas comme cela que les choses se passent, ce n'est jamais comme cela dans la vraie vie ; les livres ont raison de nous plus souvent que nous d'eux, mais c'est un autre débat que je n'ouvrirai pas. Pas maintenant.

Je cause, je cause, et avec tout cela je ne t'ai pas encore parlé de l'intrigue, de cette fameuse couleur de la peur, de l'angoisse qui prend son temps (elle s'en fout, elle n'est pas pressée, elle sait qu'elle aura tes tripes) et de ce monde des fées, que n'auraient pas renié un Poe ou un Gaiman. Mais voilà, tout le souci est là : si je commence à te raconter l'histoire, à m'aventurer avec toi sur la colline du roi des Elfes et aux abords du pont du Troll, à tremper mes jolis petits orteils à côté des tiens dans le ruisseau qui sourd, mais je fous tout en l'air, je te gâche ton futur voyage dans cet univers, un peu comme si tu briefais Alice, juste avant sa traversée du miroir. Je ne veux pas être responsable de ce gâchis-là ! Alors, tu comprends, je tourne autours, je fais celle qui… mais au fond de moi, c'est que je les sens encore : ces foutus noeuds dans l'estomac et ce trouillomètre à zéro.

"Ce n'est rien, juste un coup de froid dans le coeur."

Ça aide pas à conter des histoires de fées tout cela, mais je peux quand même essayer :

Il était une fois, la famille idéale (entre Ingalls et Beaumont), qui décide de s'arracher au tourbillon sans fin de la vie new yorkaise pour venir se ressourcer dans la maison Kessler, une ferme isolée à l'orée des bois. Tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes : les garçons jouent au base-ball, la plus grande tombe amoureuse, le papa écrivain, écrit ; seule la maman est à deux doigts de regretter ce départ, mais toute la famille semblant comblée, elle finit par se réjouir. Ils font la connaissance de deux universitaires qui s'intéressent pour leurs recherches à l'ancien propriétaire de la maison ; ils dissertent sur les légendes passées, sur ces celtes porteurs de mythes et de récits dont la magie n'a d'égal que la cruauté. D'ailleurs, cette forêt en aurait été le théâtre ! Des légendes ? Ça, c'est ce qu'on dit pour que les gens cessent de s'y aventurer. Plus les histoires sont vieilles, moins on y croit. Et plus elles sont belles… Mais quand elles sont terribles, angoissantes et meurtrières, on ne pense pas aux elfes. Encore moins aux fées. Pas tout de suite. Pas la première fois, alors on…

Tu as entendu là ? Ce craquement ? Non... Et cette odeur ? C'est quoi ? Dis-moi ? On dirait un mélange de fleurs et d'épices ? Hein ? C'est ça, tu crois...
Oublie ! Oublie tout ce que je viens de te dire…
Les fées sont des petites amours douces et charmantes. Les mages sont des êtres vénérables et puissants ! Seuls les trolls sont méchants et vicieux. C'est bien connu !

D'ailleurs, c'est pas moi qui ais eu l'idée de propager cette lecture, c'est Ange77 et Siabelle, je peux te mettre un lien vers leurs profils, si tu veux, d'ailleurs Siabelle a lancé un fil sur le forum «Science-Fiction et Fantasy » de Babelio, c'est « Lecture Commune : Faërie de Raymond E. Feist ». C'est ici, je te mets le lien :

http://www.babelio.com/forum/viewtopic.php?t=12729

Mais ne leur dis surtout pas, car c'est pas trop porteur de dénoncer les copines. En règle générale, ça le fait pas du tout et ça risquerait de me mettre au banc de la communauté babéliote et ça, à six jours de me rendre au pique-nique de Lyon, j'supporterais pas !!!
Si cela marche pour toi. On fait comme cela ! T'oublies. T'oublies tout !
Et on est bien d'accord : je-ne-t-ai-RIEN-dit !
Commenter  J’apprécie          6831
Il faut toujours croire les enfants quand ils voient, au coeur de la nuit, dans les recoins les plus obscurs de leur chambre, quelque créature maléfique et monstrueuse. Réveillés en sursaut par les hurlements de leurs progénitures, les parents, au lieu de sécher leurs larmes et de les morigéner avec tendresse, feraient mieux de regarder à deux fois les replis ténébreux de leurs demeures…
Si Gloria et Phil avaient appliqué cette remarque de bon sens, s'ils avaient pris au sérieux les terreurs nocturnes de leurs jumeaux, ils se seraient évités bien des chagrins. Une famille sympathique, au demeurant ! Un peu caricatural, il est vrai. A l'abri des besoins matériels. Nous pourrions les qualifier de bobos… Mais cette famille s'aime. Elle est soudée, et vit au rythme des bouderies de la belle Gabbie, la grande frangine, et des rires, des cris, des disputes, des bagarres de Sean et Patrick, les jumeaux, qui cavalcadent comme des fous dans cette nouvelle demeure où la tribu vient d'emménager.
C'est une ancienne ferme isolée en bordure d'une grande forêt. Une vielle bâtisse baroque, envoutante… et très inquiétante aussi. Les jumeaux sont les premiers à sentir ces ondes pernicieuses qui la traversent de part en part. Elle est située à la frontière entre deux univers : celui des mortels et celui insolite des fées, farfadets, et autres lutins… Un monde magique, mystérieux, à la fois sombre et étincelant. Ses habitants sont d'une beauté à couper le souffle ou d'une laideur repoussante. Mais surtout, surtout, il y règne une malignité rampante, une malice, une malveillance qui broie ceux qui ont le malheur d'entrer dans cet univers infernal. Au fil des mois qui passent, la frontière entre ces deux univers devient de plus en plus poreuse… pour le plus grand malheur de la gentille et bruyante tribu qui a investi cette demeure pleine de mystères…
Confrontés à ces évènements incompréhensibles, incroyables, les adultes ne se montrent pas à la hauteur. Ils perdent pied, tournent en rond, s'affolent ; ils supputent, font de grands effets de manches ou de mentons, échafaudent d'inutiles hypothèses… Et c'est finalement le plus petit, le plus faible, le rêveur, le doux, le gentil qui, armé de son seul courage et de son innocence, va résoudre cette crise et ramener tout le monde chez soi…
Merci à Siabelle pour m'avoir associé à cette lecture commune. Plusieurs lectures de ce livre ont été effectuées, et pas un qui n'ait vu, ni ressenti la même chose…
S'il vous prend l'envie de lire Faërie, un conseil d'ami : retrouvez votre âme d'enfant. Surtout quand vous suivrez les tribulations des jumeaux. Vous savez ! Quand, dans votre imaginaire débordant, vous vous sentiez capable de terrasser de vos seuls bras maigrichons un géant belliqueux armé jusqu'aux dents ; quand, dans la nuit angoissante, vous appeliez d'une voix suppliante votre papa parce qu'en face de vous une ombre malfaisante, redoutable, plus noire que la nuit, s'approchait de vous…

Commenter  J’apprécie          655
Faerie , vaste blague que ce titre car l'on est bien loin du monde merveilleux des petits trolls facetieux et autres farfadets malicieux.

Tout se presentait pourtant bien pour la famille Hastings , nouvellement proprietaire d'une vieille ferme isolée.Mais ce bonheur champetre n'aura qu'un temps.Petit a petit , le mal rode , s'en prenant tour a tour a Sean et Patrick , les jumeaux fusionnels puis a Gabbie , leur soeur ainée pour enfin terrifier toute la maisonnée.

Le danger s'immisce insidieusement dans ce roman et c'est , pour moi , ce qui en fait sa force.Doté d'une plume efficace , l'auteur distille l'angoisse a petites doses homeopathiques debouchant sur un final grandiose!!Un vrai feu d'artiFEIST!! Oups , désolé..Premier recit dévoré de cet ecrivain qui m'etait alors inconnu , il est evident que je vais pousser plus avant sa livrographie.

Et si d'aventure vous vous promenez en foret et croyez entendre des bruits suspects , une cavalcade , courez sans vous retourner et vous en rechapperez...peut-etre...
Commenter  J’apprécie          571
«Une communication silencieuse s'établit entre les jumeaux. Cet endroit est effrayant, pensèrent-ils.»

Dès les premières pages, on sent une atmosphère étrange, voire inquiétante. On va également à la rencontre de nos héros, Phil amène sa famille venir s'installer au bord d'une forêt. On fait tout de suite connaissance avec eux.

Intense, Torpeur, Épouvante

Au fil des pages, tu suis nos héros dans leur quotidien, et tu détectes une sensation de malaise, dans l'air. Tu distingues quelque chose qui épie dans l'ombre. Il se dégage alors une sensation de peur et de crainte.

«En fait, ces bois sont supposés être hantés…»

L'auteur Raymond E. Feist crée toute une histoire autour de «Faérie». Comme c'est mon premier livre, je suis agréablement surprise par ma lecture. Je suis à la fois émerveillée et terrifiée. Je découvre chez lui son talent remarquable de conteur. Je remarque également qu'il aime nous faire partager des légendes celtiques autour de son histoire, c'est à mon avis une grande force de cet auteur.



Qu'est-ce qui se passe donc dans Faérie ? Je vous mets donc la définition du dictionnaire :


C'est un roman assez mystérieux, c'est un adjectif qui le définit bien. Au fil des pages, tu te laisses happer littéralement par l'ambiance. Je ne sais pas si je vais trouver les bons mots pour vous la décrire… tu es totalement submergée, ça s'épreigne sur toi et tu deviens toi-même un visiteur qui observe les lieux, les décors et qui regarde les personnages se faire manipuler.



Inconnu, Danger, Secret

Je peux comparer «Faérie» qui à mon avis, ressemble un peu au conte «Alice au pays des merveilles.» L'auteur Raymond E. Feist sait bien faire douter son lecteur. Il emploi des descriptions détaillées, qui te donnent des illusions. Tu te demandes comme les héros, si c'est un songe ou si tu es bien éveillé.



À vrai dire, quand tu entres dans cet univers, tu ne sais pas où tu mets les pieds. Tu te laisses totalement envahir, tu es de plus en plus intrigué et tu t'attaches aux personnages hauts en couleurs. Tu te demandes s'il y a des ombres derrière toi, si tu es bien réel ou si tu es dans un monde imaginaire.
Au cours de ma lecture, je constate que l'auteur Raymond E. Feist parvient très bien à accaparer son lecteur par ses personnages, son climat obscur et son suspense. Je remarque également que le livre est bien construit, il est aussi divisé par partie. Je trouve que les chapitres ne sont pas longs à part la dernière partie.
Pour la finale, j'aime bien le déroulement, l'auteur sait bien trans-mettre les émotions et le sentiment de peur au lecteur. Je trouve aussi que les explications autour des légendes, c'est beaucoup pour moi même si c'est intéressant. Je tiens à dire que je trouve que la fin est un peu longue, car j'ai hâte de voir comment ça se termine. C'est les deux points, que je relève, car ma concentration s'est un peu relâchée, à ce moment-là. J'espère que je me suis mieux expliquée cette fois-ci.



Je vous mets en garde : Faérie n'est pas un conte pour enfant, on peut dire que c'est une histoire pour des adultes. On y retrouve tous les éléments essentiels qu'on aime, on se laisse bercer par la douce lumière du jour et on se laisse transporter par la noirceur, quand la nuit tombe.
Qu'est-ce que Faérie ? C'est un mélange de fantasy et de fantas-tique, c'est deux mondes parallèles à laquelle on adhère. L'auteur nous donne un cadre ensorceleur et les émotions sont au rendez-vous. Je n'oublierai pas de sitôt les personnages auxquels je me suis attachée, cette magie qu'entoure cet endroit. Est-ce que c'est un lieu envoûté ou maudit ? Avec ce roman, je suis ravie de découvrir la plume douée de Raymond E. Feist. C'est un très bon moment de lecture, je le recommande mais c'est un monde à part car on retrouve des scènes qui sont angoissantes et qui donnent égale-ment des frissons. Encore une fois, est-ce qu'il faut croire tout ce que nos yeux voient ? Voilà, la question, que je me pose.
Pour finir, j'ai hâte de lire les autres critiques qui s'en viennent et je le rappelle la lecture c'est une question de goût. Chaque personne est unique et elle possède ses propres perceptions.

Isabelle
Commenter  J’apprécie          369
《Si nous, les ombres que nous sommes,
Vous avons un peu outragés,
Dites-vous pour tout arranger
Que vous venez de faire un somme
Avec des rêves partagés.》
[Shakespeare, Le Songe d'une nuit d'été, acte V, scène 1]


"Faërie" (titre original : Faerie Tale), ou "Faërie : La Colline magique" selon les éditions, est une sorte de thriller surnaturel, illustrant à merveille la fantasy contemporaine et relevant principalement des contes et légendes d'outre-mer.
Écrit par Raymond E. Feist il y a presque 30 ans - et qui n'a pris aucune ride -, c'est aussi le seul titre indépendant de l'auteur, et son meilleur à en croire la 4ème de couv. : "un véritable bijou du genre, rapidement devenu culte"...

"Ils arrivèrent près d'une rangée d'arbres, puis se retrouvèrent soudain devant un tertre nu qui s'élevait à une hauteur de sept ou huit mètres et qui dominait toute la clairière. (...)
- Une butte-aux-fées ! dit Gabbie avec un plaisir évident.
- Erlkönighügel.
- Quoi ?
- Erlkönighügel. Littéralement : la colline du Roi des aulnes. Ou du Roi des elfes, dans la version originale danoise. C'est comme ça que le vieux Kessler l'a baptisée. C'est aussi le nom officiel de votre ferme dans le titre de propriété, bien que tout le monde ici l'appelle la maison Kessler.
- Génial. Y a-t-il une histoire là-dessous ?"


Alors, qu'en est-il ?

Voici un roman que je qualifierais de fantastiquement diabolique et de diaboliquement fantastique !


Toute l'essence du récit découle de la dualité séculaire entre le bien et le mal, on retrouve d'ailleurs cette dualité au sein du duo que forment les jumeaux Patrick et Sean. L'un étant plus terre à terre, plus rationnel, alors que le second, plus rêveur, possède une riche imagination. Le premier nous étant présenté comme le plus "courageux" et téméraire des deux dès le départ, à cause de ce côté justement plus pragmatique et cartésien.

"À contrecoeur, Sean s'avança à hauteur de son frère.
- Peut-être que c'est un rat, ou quelque chose comme ça.
- Oh, le mec ! dit Patrick. Qu'est-ce que tu es bébé."

Mais à l'instar du bien et du mal, du yin et du yang, ceux-ci sont complémentaires et dépendants l'un de l'autre, ne pouvant exister l'un sans l'autre et évoluant en une harmonie synchrone.

"(...) C'était une pierre polie, percée d'un trou en son milieu et accrochée à une lanière de cuir.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Patrick.
- C'est une pierre-à-fées.
- Oh ! s'exclama Sean.
Patrick ne paraissait guère convaincu.
- Ce n'est qu'un caillou, dit-il.
- Exact, jusqu'à un certain point. Mais une baguette magique est aussi un bâton, si on la considère comme telle."


Feist nous emmène au coeur d'une intrigue chimérique passionnante, poignante et emprunte d'une vraie sensibilité.
C'est avec un immense talent qu'il dépeint ici cette fabuleuse force vitale de la magie et ce, dans une nature vibrante et pénétrante. Sans oublier sa maîtrise à narrer le combat ancestral entre les forces en présence...

"- (...) Alors, nous serons de nouveau libres de courir de par le monde.
Le ciel cracha un éclair et tonna en signe de contrariété, et la clairière fut brusquement vide, ceux qui s'étaient assemblés ici à peine un instant plus tôt s'étant évanouis. Ils s'enfuirent dans la forêt, disparaissant à la vue aussi vite que les gouttes de pluie qui tombaient dans les flaques sur le sol boueux."


Le récit rend évidement hommage au Bon peuple ou Petit peuple, aussi nommé Sith ou Faeries, entre autres mythes et légendes plus ou moins connus des aficionados.

"- Ma chérie, nous sommes au XXe siècle, pour employer un cliché. Notre maison n'est quand même pas bâtie au-dessus d'un autel consacré à Cthulhu."


L'auteur nous entraîne corps et âme dans une gigue épique aux accents endiablés où dansent déjà de nombreuses créatures magiques telle les fées, les lutins ou les elfes. Il ressort également pour notre plaisir les grands noms des thèmes celtes ou médiévaux : Puck, Obéron et Titania, ainsi que pléthore de personnages issus du folklore et des contes irlandais, et européens au plus large sens, comme les Leprechauns ou les Changelins pour ne citer qu'eux.


"- On aurait dit qu'il avait un pouvoir sur moi. Est-ce que je suis dingue, ou quoi ?
Mark sourit.
- À mon avis, dit-il, vous êtes plus « ou quoi » que dingue."


Sous la plume vive et addictive de l'écrivain, défilera ainsi tout un petit monde féerique, qui au fil des pages va s'animer, prendre vie, dans toute son attrayante et envoûtante beauté et sa splendeur magique, comme dans toute sa perverse cruauté - laissant le lecteur aux prises avec ce sentiment de dualisme inhérent à notre fable.

"(...) c'est folie que de nier la vérité parce qu'il est plus commode de ne pas croire."


Mais, ne vous méprenez pas ; nous ne sommes pas dans un conte pour enfants, les pauvres en seraient probablement quitte pour quelques cauchemars...

C'est ici une féerie brute et sans concessions, de celle qui hante les esprits par son caractère exubérant et vertigineux, de celle qui équilibre ces fameuses forces du bien et du mal.
Et dans cette indéniable maturité, sévit également une terrifiante et quasi déplaisante sensualité. En effet, le "sexe" est inexorablement présent de ci de là, rappellant cette facette peut-être un peu moins connue des êtres féeriques.

"il y avait autour de lui une aura de pouvoir, une puissance presque primitive et très sexuelle.
- Je serais bien resté à White Horse jusqu'à aujourd'hui, mais mon maître est venu me quérir… J'aurais quitté son service en ne le suivant pas…
Ses mots semblaient s'estomper et, de toute façon, Gabbie ne leur trouvait aucun sens. Maître ? Service ? Il parlait comme s'il avait été un serf ou un esclave. Mais toute sa curiosité s'enfuit tandis qu'elle observait le forgeron à la tâche."


Mon avis :

À lire et à relire !
Un vrai coup de coeur, sans hésitation.

L'écriture de R. E. Feist est aussi chatoyante, enivrante et ensorcelante que peut l'être l'aura des personnages fantasmagoriques de son oeuvre.
J'ai d'ailleurs nettement moins apprécier les protagonistes plus "réels", excepté Sean et Patrick.

Et si je devais toute fois y trouver un bémol, ce serait sans nul doute le côté un peu trop "parfait" de la famille Hasting, certe une famille recomposée (ce qui fait contre-poids ^^) mais beaucoup trop honnête à mon goût.
Tous, même en dehors de la maisonnée de nos héros, sont si incroyablement beaux, lisses et presque moralement trop gentils, qu'ils en paraissent parfois bien moins réels justement que les représentants du Bon Peuple eux-mêmes.
Et riche avec ça, à outrance même pour une héritière en particulier...
Cet aspect, par trop éthéré et peu convaincant pour y croire complètement, m'a presque* déçue.
Heureusement, les jumeaux relèvent le tout, tant on s'y attache.
* presque ; car cela n'altère en rien ma note finale ...après tout, nous sommes quand-même dans un conte de fées ! =)

"- Sur le calendrier de l'Église c'est le 24, dit Gloria. Le jour de la nativité de saint Jean-Baptiste.
- J'ai lu le Songe d'une nuit d'été, dit Phil. Je croyais que c'était seulement… une nuit au milieu de l'été.
- Il y a trois jours de l'année qui sont censés être importants pour les fées, dit Agatha. Le 1er mai, le 24 juin et le 1er novembre. Selon la légende, cette nuit est une nuit de pouvoir et une nuit de fête.
- Quelle est la signification des deux autres jours ? Je sais que le 1er novembre est le jour de la Toussaint, mais le 1er mai ?
- La fête du Travail, affirma Gary. Les fées sont marxistes."
Commenter  J’apprécie          3017


critiques presse (1)
Syfantasy
09 juin 2022
Faërie est, encore aujourd'hui, une véritable pépite de mélange de genres, que je ne peux que vous recommander si vous en avez marre des fées toutes gentilles !
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
- Il est parti maintenant, dit Sean.
L'homme s'agenouilla et déplaça encore un peu de foin, puis se releva et se servit de la fourche pour remettre un semblant d'ordre dans le tas.
- Qu'est-ce que c'était ? Un rat ?
Patrick jeta un regard à Sean et lui adressa un signe de tête presque imperceptible, lui enjoignant de ne rien dire.
- Peut-être, répondit Patrick. Mais il était sacrément gros.
Sa voix était stridente, et il luttait pour regagner le contrôle de lui-même.
L'homme scruta les deux visages apparemment francs.
- Gros, tu dis ? Eh bien, s'il y avait des poules et des canards ici, et il n'y en a pas, et si c'était la nuit, et on est en plein jour, je soupçonnerais une fouine ou un renard. Quel que soit l'animal que vous avez vu, il s'est enfui comme les promesses d'hier. Bon, garçons, lequel de vous deux veut être le premier à me dire ce que vous avez vraiment vu ?
Patrick demeura silencieux, mais Sean finit par dire :
- Il était gros et il avait des dents.
Sa voix tremblait toujours, aussi paraissait-il sincère.
- Gros comment ?
Patrick écarta les bras d'environ cinquante centimètres.
- Comme ça ?
L'homme se redressa lentement, caressant de la main son menton rugueux.
- Par tous les saints, dit-il à voix basse. C'est peut-être ce sacré bandit qui aurait eu envie de bouffer du chaton.
- Quel bandit ? demanda Patrick qui ne comprenait pas pourquoi quiconque aurait souhaité manger des chatons.
L'homme cessa de rêvasser et leur accorda toute son attention.
- Eh bien, c'est un vieux raton laveur, dit-il. Un tyran qui vit dans la forêt près d'ici. Ça fait un peu plus d'un mois qui s'est mis à massacrer poules et canards, et il lui arrive même de s'attaquer aux chats et aux chiens. Quoique si c'était lui, maman chatte aurait piqué une colère royale.
Commenter  J’apprécie          1710
Elle avait observé les deux cavaliers avec autant d’intérêt. Mais ses pensées n’étaient ni joyeuses ni taquines. Un intense désir montait en elle, à mi-chemin entre l’appétit de la chair et l’appétit tout court. La beauté avait autant d’effet sur elle que sur l’adolescent. Mais ses désirs étaient d’une tout autre nature, car si la chair était la seule motivation de celui-ci, la beauté n’était qu’un commencement pour la chose noire tapie dans l’arbre, un point de départ. Seule la destruction de la beauté permettait sa compréhension. La plénitude de la beauté de Gabbie ne pourrait se révéler qu’à l’issue d’un lent voyage à travers la douleur et l’angoisse, à travers la torture et le désespoir, un voyage qui s’achèverait dans le sang et dans la mort. Et si la douleur était pratiquée comme doit l’être un art, lui avait appris le maître, alors un tel tourment pourrait durer une éternité.Tandis qu’elle ruminait ses sombres pensées, émerveillée par cet univers de souffrance, la chose noire prit conscience d’une vérité. Le plaisir que lui procurerait la destruction de la jeune fille ne serait rien comparé à l’extase qui résulterait de la destruction des deux petits garçons. Quels enfants merveilleux, encore innocents, encore purs. Le véritable trésor, c’était eux.
Commenter  J’apprécie          220
Gabbie arriva en courant dans l'entrée comme la sonnerie du téléphone retentissait pour la cinquième fois. Elle tenta de maintenir une serviette de bain enroulée autour de son corps, furieuse et ruisselante.
- Merci, crétins ! dit-elle en passant devant la chambre des jumeaux.
Sean et Patrick levèrent les yeux de leurs bandes dessinées et échangèrent un regard interrogatif. Ils n'avaient aucune idée de ce qu'elle voulait dire. Tous deux étaient plongés dans un monde en quadrichromie peuplé de super-héros et d'aventuriers galactiques, et un évènement aussi banal qu'un téléphone en train de sonner ne risquait pas de briser leur concentration. Patrick regarda la fenêtre striée d'eau de pluie et se demanda en silence : Est-ce que ça va s'arrêter un jour ?
- Bien sûr, dit Sean. Lundi, juste à temps pour l'école.
Aucun d'eux ne trouvait bizarres ces moments de communication silencieuse, qu'ils connaissaient depuis leur naissance.
Commenter  J’apprécie          291
Le chien s’assit près de lui à contrecœur. Il gémissait et grognait, mais semblait décidé à obéir. Patrick hocha la tête et ils s’avancèrent, posant le pied sur les pierres du pont du Troll.

Soudain, le mal jaillit des profondeurs, virevolta autour d’eux comme un vent fétide. Les deux garçons marchaient à vive allure, les yeux écarquillés par la terreur tandis qu’ils franchissaient le pont d’un pas sûr. Ils connaissaient d’instinct les règles à respecter. Ils ne devaient regarder ni en bas ni derrière eux. Ils ne devaient pas parler. Ils ne devaient pas courir. Et ils ne devaient pas s’arrêter. Accomplir un de ces actes permettrait à la chose tapie sous le pont de bondir sur eux, de les saisir et de les traîner dans sa tanière. Les jumeaux n’avaient pas édicté ces règles, mais ils les connaissaient et les respectaient.

Arrivé au milieu du pont, Sean ressentit un violent désir de se mettre à courir et il jeta un regard à Patrick. En retour, Patrick lui lança un avertissement des yeux. Si on courait, on était perdu. D’un pas assuré, il conduisit son frère plus timide vers le bout du pont, jusqu’à ce qu’ils soient libérés de l’emprise de l’arche ancienne et ténébreuse.
Commenter  J’apprécie          206
Soudain, sa rêverie fut interrompue par une légère douleur à la paume de sa main gauche, comme si un insecte l’avait piqué. Il eut un sursaut involontaire, puis baissa les yeux. La flèche minuscule était à présent plantée dans la partie charnue de sa paume, sous le pouce. Il se demanda comment il avait fait son compte, mais ne sentit nullement alarmé. La douleur avait été à peine perceptible. Il tendit la main vers la pince à épiler pour extraire la flèche, puis sentit son cœur s’arrêter de battre lorsqu’il vit la pointe disparaître dans sa chair, comme sous l’effet de succion.
Mark resta interdit et replia ses doigts. Il ressentait une étrange sensation dans sa main, comme s’il s’était froissé un muscle, mais n’éprouvait aucune douleur. Puis il sut. Il saisit un cutter dans la boîte et, serrant les dents, incisa sa paume là où il avait vu la flèche disparaître. La douleur le frappa comme une vague écumante et ses yeux s’inondèrent de larmes, mais il enfonça davantage la lame. Le sang coulait à flots et il plaça sa main au-dessus du tissu vert. Il laissa tomber le cutter et s’empara de la pince. Il pressa la plaie sanglante contre le tissu et, l’espace d’un instant, le linge ayant absorbé le sang, il put observer la blessure. Il aperçut la minuscule flèche dans l’incision et y plongea la pince, saisissant le projectile. Ignorant la douleur qui le secouait comme une décharge électrique, il cligna furieusement des yeux pour en chasser les larmes. Celles-ci coulaient sur ses joues lorsqu’il finit par extraire la flèche de sa main, la déposant sur le carré de tissu de nouveau gorgé de sang.
Commenter  J’apprécie          143

Videos de Raymond E. Feist (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Raymond E. Feist
Session de Questions/Réponses entre Raymond E. Feist et ses fans à l'ICON 2016
autres livres classés : fantasyVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (1211) Voir plus



Quiz Voir plus

La guerre de la Faille Tome 1 R. E. Feist

Quel est le nom du monde dans lequel vivent les héros?

Krondor
Crydee
Midkemia
Kelewan

8 questions
51 lecteurs ont répondu
Thème : La Guerre de la Faille, Tome 1 : Magicien de Raymond E. FeistCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..