Il faut toujours croire les enfants quand ils voient, au coeur de la nuit, dans les recoins les plus obscurs de leur chambre, quelque créature maléfique et monstrueuse. Réveillés en sursaut par les hurlements de leurs progénitures, les parents, au lieu de sécher leurs larmes et de les morigéner avec tendresse, feraient mieux de regarder à deux fois les replis ténébreux de leurs demeures…
Si Gloria et Phil avaient appliqué cette remarque de bon sens, s'ils avaient pris au sérieux les terreurs nocturnes de leurs jumeaux, ils se seraient évités bien des chagrins. Une famille sympathique, au demeurant ! Un peu caricatural, il est vrai. A l'abri des besoins matériels. Nous pourrions les qualifier de bobos… Mais cette famille s'aime. Elle est soudée, et vit au rythme des bouderies de la belle Gabbie, la grande frangine, et des rires, des cris, des disputes, des bagarres de Sean et Patrick, les jumeaux, qui cavalcadent comme des fous dans cette nouvelle demeure où la tribu vient d'emménager.
C'est une ancienne ferme isolée en bordure d'une grande forêt. Une vielle bâtisse baroque, envoutante… et très inquiétante aussi. Les jumeaux sont les premiers à sentir ces ondes pernicieuses qui la traversent de part en part. Elle est située à la frontière entre deux univers : celui des mortels et celui insolite des fées, farfadets, et autres lutins… Un monde magique, mystérieux, à la fois sombre et étincelant. Ses habitants sont d'une beauté à couper le souffle ou d'une laideur repoussante. Mais surtout, surtout, il y règne une malignité rampante, une malice, une malveillance qui broie ceux qui ont le malheur d'entrer dans cet univers infernal. Au fil des mois qui passent, la frontière entre ces deux univers devient de plus en plus poreuse… pour le plus grand malheur de la gentille et bruyante tribu qui a investi cette demeure pleine de mystères…
Confrontés à ces évènements incompréhensibles, incroyables, les adultes ne se montrent pas à la hauteur. Ils perdent pied, tournent en rond, s'affolent ; ils supputent, font de grands effets de manches ou de mentons, échafaudent d'inutiles hypothèses… Et c'est finalement le plus petit, le plus faible, le rêveur, le doux, le gentil qui, armé de son seul courage et de son innocence, va résoudre cette crise et ramener tout le monde chez soi…
Merci à Siabelle pour m'avoir associé à cette lecture commune. Plusieurs lectures de ce livre ont été effectuées, et pas un qui n'ait vu, ni ressenti la même chose…
S'il vous prend l'envie de lire
Faërie, un conseil d'ami : retrouvez votre âme d'enfant. Surtout quand vous suivrez les tribulations des jumeaux. Vous savez ! Quand, dans votre imaginaire débordant, vous vous sentiez capable de terrasser de vos seuls bras maigrichons un géant belliqueux armé jusqu'aux dents ; quand, dans la nuit angoissante, vous appeliez d'une voix suppliante votre papa parce qu'en face de vous une ombre malfaisante, redoutable, plus noire que la nuit, s'approchait de vous…