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4,18

sur 1282 notes
En dehors du souvenir personnel qu'il m'inspire, ce livre aurait pu me laisser indifférente. Et pourtant ces 188 pages sont d'une force rare. Au delà des clichés, du malaise voire de la peur qu'ils inspirent, qui n'a jamais été fasciné par la “liberté” sauvage dont jouissent les Gitans. Je mets des guillemets au mot liberté car malgré toute la poésie des mots d'Alice Ferney, le roman nous met face à une triste réalité. le froid, la faim, la pauvreté, la misère…

A travers le personnage d'Esther, l'auteure décrit la rencontre entre une Gadgé (non-gitane) et une famille tzigane installée sans autorisation sur un terrain abandonné. Animée par son amour des livres et des enfants, cette étrangère s'immisce peu à peu dans leur quotidien. D'abord au fil d'une cohabitation distante et curieuse chaque mercredi ; puis à force de respect et de retenue, en tant que véritable confidente.

Bien sûr les temps sont durs, mais on découvre une philosophie d'une rare contenance. le livre porte si bien son titre. Grâce et dénuement, car oui, les Gitans n'ont rien à perdre. Ils s'affranchissent des lois et des convenances pour survivre, se réjouissent des naissances comme on célèbre une victoire et prennent leur force dans l'union familiale.

Dans ce troisième roman, récompensé par le prix "Culture et bibliothèques pour tous", Alice Ferney livre une douce balade universelle, triste de souffrances mais riche de croyances, honneur et de fierté. On en ressort étrangement apaisés, comme si la fatalité n'était qu'une mince affaire.

Pour résumer…

Loin des clichés, Grâce et dénuement s'inscrit dans une rythmique pleine d'humilité. Aux côtés d'Alice Ferney, on découvre une communauté gitane démunie de richesses mais forte des liens familiaux et de leur fierté. J'en ai aimé la poésie et l'indulgence. Une découverte émouvante et prenante.

Ma note…

15/20
Lien : http://www.mallysbooks.com/2..
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Avertissement : Angeline et les siens sont loin de la vision des gitans que l'on trouve dans Carmen (Mérimée) ou Notre-Dame de Paris (Victor Hugo). Autant Carmen et Esmeralda sont des personnages flamboyants autant les membres de cette tribu paraissent englués dans leur marginalité.

Globalement, j'ai trouvé en lisant ce livre beaucoup de dénuement et peu de grâce. J'ai ressenti un puissant sentiment d'impuissance, de fatalisme et de résignation. Malgré le lien clanique, il y a incommunicabilité entre les membres de cette tribu : entre les hommes et les femmes, entre les parents et les enfants et, bien sûr, entre la tribu et la société qui les entoure. Même s'ils vivent en permanence ensemble, on a l'impression que chacun d'entre eux est solitaire : parce qu'il a des aspirations incompréhensibles pour les autres, parce que le poids des traditions empêche d'atténuer cette marginalité, parce qu'il n'a aucune prise sur les évènements ; seules les brus paraissent former un clan dans le clan. Certes, on parle d'amour, mais un amour qui "se lasse, se fatigue, se remplit de doute".
On ne peut qu'avoir de l'empathie pour cette bibliothécaire, Esther, qui essaie d'apporter un peu de nourriture intellectuelle à des enfants dont les parents n'assurent que le matériel. Et on se prend à espérer que la découverte des livres (et des mots) et leur scolarisation enfin obtenue par Esther leur permettent de trouver un équilibre entre leur appartenance à un peuple au mode de vie qui les exclue de la société et cette société elle-même. D'une certaine manière, Hélèna, une des protagonistes de l'histoire, semble réussir ce pari : elle quitte la tribu pour s'insérer dans la société mais se met en ménage avec un gitan !!

Impossible d'adhérer au style de l'auteur : je n'aime pas le discours indirect libre (terme technique), mélange de narration et de relation de propos non signalée par la ponctuation habituelle. le texte est diffus, tout est flou ; je préfère un style plus ‘'aéré''.


Enfin, le constat de ce livre est difficile pour un lecteur ou une bibliothécaire (même si c'est une évidence) : les mots ne sont pas un remède universel ; alors que, au début, ‘'elle lut comme si cela pouvait tout changer'' (1ère partie, chapitre 6), à la fin ‘'elle se moquait des mots. Il leur arrivait de danser et d'entraîner les rêves, mais ils ne suffisaient pas'' (dernier chapitre du roman).
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Ce livre c'est l'histoire d'une rencontre entre une Esther et une famille de Gitans. C'est Angéline, mère de cinq grands fils et grand-mère aussi, qui domine cette grande famille qui s'est installée sur un terrain vague de la commune. Esther, elle, est une bibliothécaire, elle vient tous les mercredis pour faire la lecture aux enfants.

Bien sûr, la façon de raconter d'Alice Ferney dans des grands paragraphes où sont inclus les dialogues m'a pas un déstabilisée. J'ai eu aussi du mal à retenir qui était fils ou fille de qui mais le style plein de poésie de l'auteur et cette rencontre entre deux mondes m'a ému, m'a touché. Chaque moment raconté est une découverte ; au fil des pages, j'avais l'impression de faire partie de ce petit monde, loin de tout. La ville ne veut pas les reconnaitre en tant qu'êtres humains, ils sont à l'écart. Un bel hommage de Ferney aux Gitans ! Un livre qui j'ai fait durer pour rester le plus longtemps avec eux.
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On m'a conseillé ce livre et je ne le regrette pas ! On découvre la vie d'une famille de gitan sur plusieurs mois et leur rencontre avec une gadgé ,Esther, qui vient faire la lecture aux enfants une fois par semaine.
Des gitans qui vivent dans le dénuement le plus complet mais qui restent dignes et pleins de principes (comme celui de ne jamais quitter son mari malgré les infidélités ou les coups) ! C'est bien écrit ,c'est touchant et on est triste d'arriver à la fin.
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Une famille de gitans sur un terrain vague, une libraire qui doucement s'approche et propose sa présence et ses lectures d'albums et de contes aux enfants. Jour après jour, les deux mondes apprennent à se connaître. Jour après jour nous faisons connaissance d'Angéline, la grand-mère, entourée de ses fils et leur famille. Jour après jour, les enfants attendent cette lecture du mercredi. On s'attache aux personnages, on apprend leur souffrance et leur joie.

Un texte d'une belle écriture.
Un texte qu'on aura plaisir à lire.
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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C'est une famille de Gitans installée illégalement dans un jardin potager à l'est de la ville, regroupée autour d'Angéline, la matriarche. le dénuement est leur lot quotidien. Grand-parent, parents, enfants, tous sont analphabètes. Un beau jour, une femme arrive dans le campement : Esther, bibliothécaire gadjé, se propose de lire des livres aux enfants. Les mots du mercredi parviennent peu à peu à soulager les maux…

J'ai découvert ce livre lors d'un club de lecteurs et ce fut pour moi un véritable coup de coeur. Les personnages, hauts en couleur, sont très attachants. L'auteur nous les présente dans toutes leurs dimensions humaines, notamment leurs fragilités. C'est ainsi que nous faisons la connaissance d'Angéline la matriarche qui a perdu tout attrait physique, mais dont la personnalité reste attirante : elle montre un amour maternel sans borne pour ses fils et une certaine jalousie pour ses belles-filles. L'auteur décrit Simon, le fils aliéné ou encore Angelo, le Gitan amoureux d'une gadjé.

Les dialogues sont nombreux mais ils ne sont pas présentés selon la mise en page habituelle : ici, les échanges sont inscrits à la suite, au fil du texte, sans retour à la ligne ni tiret pour figurer chaque tirade. Cette présentation est assez spéciale mais ne complique pas la lecture, chacun des protagonistes étant bien marqué, comme dans l'extrait suivant :

J'ai rien et je veux rien, je demande plus. Ses joues luisaient tellement qu'on aurait pu les croire mouillées. On a toujours envie de quelque chose, dit Esther émue. Angéline secoua la tête : Non. Esther dit : Vous n'avez envie de rien ? L'autre secouait toujours la tête et cela ne ressemblait qu'à la vérité : ce qui se perdait dans la misère c'était aussi le désir et l'élan vers l'avenir. (p. 216)

En somme, le dénuement amène à un repli sur soi et oblitère la dimension du projet, la capacité à se projeter dans l'avenir, à s'inscrire comme un sujet désirant. Mais cela n'empêche pas l'espoir, notamment celui de la vie :

Milena, Misia, Nadia. Les trois belles-soeurs étaient enceintes. […]
Elles sont trois fruits du printemps, une réponse au sort contraire, à la folie, aux amours malheureuses, à la mort, une audace et une grâce.
p. 280-282.

L'espoir vient aussi d'Esther qui apporte les mots et le savoir et parvient même à faire scolariser une enfant. Cela n'est d'ailleurs pas sans poser problème à l'enfant mais aussi aux parents et aux autres enfants. Alice Ferney explore, outre les conditions de vie ou de survie des Gitans, la dimension de l'analphabétisme, de la scolarisation, de la médiation d'une gadjé qui ouvre les enfants à l'univers des mots, du savoir, du plaisir de lire. Les ouvrages qu'Esther lit aux enfants sont issus du patrimoine littéraire, tels ces contes de Hans Christian Andersen (La Petite Sirène, La Princesse et le petit pois, …) ou les fables de Jean de la Fontaine (Le Loup et l'Agneau, le Savetier et le Financier) ou « le Petit Prince » d'Antoine de Saint Exupéry.

D'un bout à l'autre, j'ai été captivée par ce roman qui sait camper une atmosphère, amener des changements plus ou moins importants chez les personnages, qui prend le temps de conter la vie quotidienne du camp. Il évolue selon un rythme lent, expose des tensions dramatiques, mais l'espoir reste toujours présent. Les sentiments des protagonistes sont exposés sans mièvrerie, la vie des Gitans est décrite sans larmoiement, avec une volonté de réalisme.

Je conseille vivement ce livre qu'on parcourt d'une traite sans se lasser. Un message d'une lucidité terrifiante sur les conditions de vie des Gitans mais qui sait maintenir une flamme d'espérance.
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Ce n'est pas la première fois que je lis un roman d'Alice Ferney. Je suis toujours restée dubitative, prise entre deux : j'aime la plume, mais je n'accroche pas au roman. Avec celui-ci c'était différent. Sans surprise j'ai tout de suite adhéré au style d'écriture. Une plume fluide, légère sans un mot de trop. Une écriture qui vous transporte.
Et puis cette histoire ! Quelle histoire ! La vie des gitans sans fioriture, sans pathos non plus. Mais leur mode de vie, leurs difficultés étalés devant nos yeux. Les enfants et leur innocence, les femmes et leur condition de vie, les hommes et leur impuissance. Il y a l'amour, la joie, mais il y a aussi le rejet, la honte.
Et puis il y a les livres. La puissance des livres, des histoires pour se sortir de ce monde englué. La lecture qui permet une ouverture culturelle, mais aussi un lien vers les autres. La lecture, elle rassemble, les livres acceptent tout le monde.
J'ai été profondément émue.
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J'ai été touchée par ce roman, par cette immersion dans le monde des gitans où la vie se passe dans un regroupement de caravanes dans une banlieue parisienne. On leur a prêté un terrain, la matriarche a regroupé ses fils et ses belles-soeurs. Partout courent les enfants pieds nus.
Une bibliothécaire décide un jour d'amener le livre vers ces enfants. Elle va attiser la curiosité des petits et des grands, peu à peu écouter et découvrir l'histoire de cette famille et nous avec elle.
Pourtant elle n'est pas le personnage principal de cette histoire et ce qu'elle essaie de faire ne fonctionnera pas toujours…
J'ai aimé la façon dont l'histoire est racontée, comme une bribe, une tranche où le poids des traditions est si fort que les mentalités ne peuvent que très lentement se modifier.
Et ce que l'on souhaiterait voir changer ne sera pas ce qui changera réellement. Un récit finalement assez réaliste, pas moralisateur selon moi.

J'ai eu les larmes aux yeux à la fin, ce récit dans sa simplicité n'avait besoin de plus pour me toucher.
Je relirai la plume d'Alice Ferney!
Merci à la personne qui a partagé ce livre en boîte à livres. Cela me permet encore de faire une belle découverte.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Le roman porte magnifiquement son titre : il est tout de grâce, il nous compte en délicatesse et si simplement, sans fioriture le récit de cette bibliothécaire qui porte sa passion, son monde aux plus démunis.
L'auteur nous fait entrer dans un monde de saleté, de pauvreté, de rupture et nous fait découvrir les voix de ses personnages, leurs envies, leur vie... Elle rend le plaisir de la lecture universelle d'une façon si simple et si évidente qu'on aimerait poursuivre encore ce roman et que la fin arrive trop vite.
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un magnifique recit captivant
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