Neuf personnages sont mis en scène dans ces nouvelles de
François Filleul qui, après un polar de bonne facture, nous offre ici un recueil à l'humour caustique. Des êtres paumés, miséreux, autoritaires, beaux parleurs, banals… qui évoluent parfois sur un rythme hardcore ou punk.
Chaque nouvelle nous présente une scène de vie somme toute banale, un huis clos où chacun se retrouve face à ses drames et ses petitesses. Mais la manière dont l'auteur les présente et plante décor et personnages vaut le détour. C'est à la fois noir, ironique et exacerbé ; comme ce père obsédé par son souhait d'écouter le brame des cerfs en forêt et qui fait fi des envies de sa famille et des signes avant-coureurs de désastre.
Certaines scènes, certaines atmosphères lourdes et sombres ont des accents simenonesques et nous plongent au coeur de l'intimité des protagonistes.
François Filleul nous immerge avec art dans des mondes en déshérence où les défauts des uns et des autres le disputent à leur médiocrité.
A travers ces neuf nouvelles, nous visitons aussi la Belgique, de Cuesmes à Anseremme en passant par St Hubert et d'autres lieux anonymes. Une Belgique entre gris clair et gris foncé, peu avenante, loin de la convivialité et de l'accueil chaleureux qu'on lui prête souvent.
Peu optimiste dans l'ensemble, ce recueil de nouvelles vaut malgré tout la peine d'être découvert pour la plume alerte et acérée de l'auteur et sa maîtrise du genre. Si vous ne connaissez pas encore l'auteur, foncez.