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EAN : 9782756400778
377 pages
Pygmalion-Gérard Watelet (22/03/2007)
5/5   1 notes
Résumé :
Loin d'être un banal voyage touristique à travers ce haut lieu si fréquenté, ce dictionnaire propose une promenade initiatique dans un jardin fabuleux. Fondée par un peuple de pirates grecs, propriété privée de l'empereur Auguste, l'île s'entoure très vite d'une légende sulfureuse née autour des débauches du vieux Tibère. Une grande part de son mystère, de sa mythologie, se cache aussi dans ses grottes naturelles. Gardienne de rites magiques et religieux, la plus em... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'était la rue du Belvédère. Je donnais mes yeux aux glycines et mes oreilles aux oiseaux... Une villa était en courbe. Je suivais le virage, enjouée, me croyant à Capri lointaine. J'apercevais des gens, chez eux, à leur mobile, à leur télé, à leur violon, à leur gigot… Et je marchais la tête haute car mon trésor de promenade ne pouvait dépasser une heure. Les tresses serrées des glycines, un lézard courant à mes pieds, trottoirs percés de pâquerettes… Je me croyais dans un village. Je rencontrais peu de passants. C'était la rue des Confinés. Derrière une clôture, un chien s'énerva comme un vrai Cerbère me rappelant le règlement… Les Italiens ont endormi le vieux Vésuve par leurs chants, mais le virus veille toujours ! Et j'eus envie de tout pleurer : l'Italie et le monde entier, et ce printemps et ce poème…

Récemment, mes pensées nées durant une promenade m'ont fait revenir à mon livre sur Capri dormant sur une étagère. Je dédie ma chronique aux victimes italiennes de la pandémie. Je ne sais pas si je repenserai encore à Capri avec la même légèreté et joie limpide qu'avant. Mais la vie reprend et la nature est toujours aussi belle et suscite le même enthousiasme. Voici donc ma critique de l'ouvrage d'Alain Fillion.

Capri, une île en forme de selle de cheval. Et l'on se met en selle car c'est une île sans voitures !!! On y respire l'origan et le fenouil, mais aussi des pittosporums tobira dont les fleurs, de couleur blanche, ont une odeur similaire à la fleur d'oranger. On admire ses falaises noires de mouettes, des plages grandes comme un mouchoir…
« Dictionnaire secret de… », ce n'est pas une collection d'ouvrages comme « le goût de… » qui nous fait découvrir l'une après l'autre des villes emblématiques. C'est bien un livre unique. C'est un abécédaire de Capri, fait pour moi, une spécialiste des abécédaires !
Capri, il ou elle ? L'usage hésite comme c'est le cas de Paris. Ce livre est loin d'être un guide touristique. Ce n'est pas un ouvrage scientifique non plus. Il aborde l'histoire gréco-romaine mais avant tout, il parle de ceux qui ont aimé Capri, qui y ont laissé une trace de leur oeuvre, une part d'eux-mêmes. C'est une île sacrée aux escaliers sacrés (même s'il y a un funiculaire, des bus et des taxis) qu'il faut faire entièrement à pieds savourant ses piazzetta, ses grottes naturelles, ses faraglioni, ses lézards bleus, son arco naturale, ses venelles médiévales, ses madones, ses odeurs… Capri, que de qualificatifs, que de surnoms : l'île des sirènes, l'île des citrons, l'île aux chèvres, un poison, un opium… Pour l'auteur, Capri, si ce n'est pas le paradis c'est le lieu qui s'en approche le plus !
Alain Fillion dédie son livre à Vincenzo Mariniello, architecte de Capri, de père en fils, et à toute la famille Mariniello. Il décrit sa première rencontre avec Vinvenzo devenu par la suite son ami précieux : « Sans sou ni maille, j'étais là par un coup de tête, grâce au service social d'aide aux étudiants… J'ai aperçu un jeune homme souriant qui me faisait de grands signes de la main, du quai de la Marina Grande où accostait le bateau. C'était Vincenzo Mariniello, un jeune homme de mon âge qui devait me conduire à ma destination finale, la pensione Mariniello, tenue par son oncle à Anacapri. J'ignorais à ce moment-là que je reviendrais ici au cours des trente prochaines années, et que Vincenzo, devenu plus tard architecte, comme ses ancêtres, m'initierait aux secrets de l'île des Sirènes. »
Donc les textes de ce livre sont rangés par ordre alphabétique. Voici quelques-uns : A comme amour, pour commencer le dictionnaire ! Et quel endroit de mieux pour un voyage d'amour ?! Puis, A comme Anacapri, la partie ouest de l'île (où on peut malheureusement croiser des voitures !), A comme Atlantide (car Capri, serait-ce un reste du morcellement de l'Atlantide ?), P comme Passetiello, le passage naturel entre Capri et Anacapri, raide et escarpé, qu'on ne peut pas pratiquer sans être alpiniste, pompier ou soldat, et que j'ai pourtant emprunté, chaussée de petites sandales Méphisto, parce que sous la plume d'Alain Fillion le mot Passetiello sonnait comme une tentation ! L'auteur nous fait visiter toutes les églises et chapelles de Capri. C'est pour cela que la lettre S « San…, Santa… » est très fournie ! Dans ce livre, les chapitres culture et les chapitres nature ne se gênent pas, au contraire il y a une belle harmonie entre eux. le livre parle de tout : des moeurs capriotes et des femmes de Capri, de a rivalité entre Capri et Anacapri mais sans jamais devenir un guide purement utile.
Il y a relativement peu de photos, et ce sont des photos de lieux solitaires, de rues désertes, car les touristes sont tous agglutinés ailleurs : sur des piazzetta, au jardin d'Auguste, dans les rues des magasins et restaurants de luxe et dans les villas-musées ! Mais il y a beaucoup de texte, quelques aquarelles et même une carte avec des itinéraires de balades les plus envoûtantes dans la nature, que j'ai testés personnellement. Et je suis fière d'avoir commencé ma carrière de randonneuse aguerrie à Monte Solaro, Mont du Soleil (589 mètres) !
Vive Capri, l'île d'artistes de tous les temps, d'écrivains, d'exilés, de révoltés, de futuristes et non une Italie de stars froides et inaccessibles et de l'archéologie assommante !
Voici les articles qui m'ont particulièrement marquée : C comme Chateaubriand, comme Colette, d'comme du Camp, Dumas, F comme Fitzgerald, comme Flaubert, G comme Goethe, Gorki, Greene, l'comme Lamartine, comme Lénine… et comme lemoncello (liqueur obtenue par macération de zestes de citron, un alcool de fin de repas ), M comme Mackenzie (Le feu des vestales, 1927), comme Marevna, la première femme cubiste, comme Maugham, Maupassant, comme Elsa Morante et Alberto Moravia, N comme Néruda, R comme Rilke, S comme Sartre
C'est un livre agrémenté de très belles citations comme celle de Rilke : « Et malgré toutes les raisons que j'aurais de m'enchaîner à mon pupitre, je continue à sortir, à peine le matin lance-t-il cet appel qui ferait croire qu'il en est encore un autre ailleurs, très grand, le matin des mouettes et des oiseaux de l'île, le matin des coteaux et des inaccessibles fleurs, ce matin éternel, immuable, encore préservé des humains… » Ou celle De Chateaubriand sur sa condition d'éternel voyageur : « Tout se réduit à échanger des illusions contre des souvenirs ».
Le livre se termine d'une façon touchante : ciao, ciao Vincenzo !
Ciao, ciao, livre délicieux qui communique si bien son ivresse de Capri ! Ciao, livre délirant qui incarne adoration, nostalgie et nuits folles de Capri ! Un livre sans lequel votre voyage n'est pas cent pour cent accompli comme le lemoncello sans lequel un déjeuner n'est pas cent pour cent italien !
Chers babeliotes ! Allez à Capri mais allez là où personne ne va avec le Dictionnaire secret d'Alain Fillion !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
En octobre 1926, Rainer Maria Rilke se blesse à la main avec les épines d’une rose qu’il coupe dans son jardin. Une leucémie aiguë se déclare, ce qui donnera lieu à la légende du poète tué par une rose. Il meurt le 29 décembre 1926.
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Nos cathédrales gothiques jettent dans l'âme une sensation sévère, austère, presque triste. Leur grandeur en impose, leur majesté frappe, mais séduit-elle? Entrons dans une chapelle de Capri. Un jour parcimonieux pénètre en effleurant les murs, comme s'il s'excusait. Ici, on est conquis par la semi-obscurité presque sensuelle.
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La solitude était sa plus grande passion. (Portrait de Rainer Maria Rilke tracé par Edmond Jaloux)
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