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Havrefer tome 1 sur 3
EAN : 9782811216771
624 pages
Milady (18/03/2016)
3.93/5   111 notes
Résumé :
Capitale portuaire des États libres, Havrefer était jadis un symbole de puissance. Mais le roi est parti en guerre et la ville pourrit de l’intérieur. Profitant de la fragilité du pouvoir, le seigneur de guerre Amon Tugha approche. Son héraut s’est infiltré dans la cité pour recruter une pègre redoutable, tandis qu’un mystérieux sorcier terrorise la population en commettant d’atroces sacrifices. Alors que l’ombre du chaos se profile, un groupe inattendu se form... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
3,93

sur 111 notes
En refermant le tome 1 d'"Havrefer", un constat s’impose : voilà un bon roman fantasy supplémentaire à se retrouver en librairie. J'ai été très agréablement surpris de ma lecture, car au vu des diatribes habituelles des prescripteurs d'opinion ayant pignon sur rue on pouvait s'attendre à de la mauvaise fantasy à crapules, et au final je me suis retrouvé face à la mise en place d'un chouette cycle de fantasy néoclassique marchant à la fois dans les pas de GRR Martin et dans ceux de David Gemmell.



Havrefer c'est peut-être "Légende" raconté par l'auteur du "Trône de fer", ou "Le Trône de fer" raconté par l'auteur de "Légende" (une association que j'ai longtemps jugée impossible, homme de peu de foi que j'étais puisque qu’après l’arrivée de Joe Abercormbie par la grande porte voici qu’arrive par la petite porte Richard Ford !). GRR Martin comme David Gemmell nous racontaient leurs récits à travers une galaxie de POVs plus ou moins éloignés du cœur des événements. Mais GRR Martin raconte ses histoires d'action vues par les intrigues d'en haut, façon soap nobiliaire, avec une multitude de personnages qui expliquent que rien ne doit changer, alors que David Gemmell racontait ses histoires d'intrigues par les actions d'en-bas, façon roman populaire, avec une multitude de personnages qui expliquaient que tout devait changer... Richard Ford pioche chez l'un et chez l'autre mais il n'est pas difficile de deviner à qui vont ses sympathies : ici, dans une Havrefer qui se situe quelque part entre la Laelith de Casus Belli et le Paris des "Misérables", nous serons aux côtés de paumés de la vie, abandonnés par l'aristocratie occupée par ses games of thrones, trahis par la ploutocratie occupée à l'adoration du Veau d'Or, qui comme d'habitude seront livrés à eux-mêmes face aux désastres provoqués par ceux qui devaient les protéger...

Le récit est donc divisé en nombreux POVs qui nous racontent sans le montrer le conflit qui oppose Cael Mastragall, l'Unificateur des États libres (le traditionnel souverain à la main de fer dans un gant de velours), à Amon Tugha, l'immortel banni des Terres Fluviales devenu le Seigneur de la Guerre des barbares khurtas (le traditionnel mago psycho qui se croit au-dessus des autres et qui enrage de ne pas avoir été reconnu à sa juste valeur). C'est un peu comme si on nous racontait les horreurs du front au prisme des peurs de l'arrière, car nous prenons connaissances des événements avec les personnages au fur et à mesure que les vagues de réfugiés arrivent en ville... C'est bien vu et c'est bien fichu ! Une fois qu'on a digéré la profusion de personnages et qu'on a compris le projet de l'auteur, on entre dans une ambiance douce-amère à la David Gemmell, c'est-à-dire sombre mais pas désespérée, injuste mais pas cruelle : c'est toute la différence entre la fantasy néoclassique qui explique qu'au fond de la Boîte de Pandore il y a toujours l'Espoir, et la fantasy grimm & gritty qui explique que le monde est pourri et qu'il faut devenir pourri à son tour pour en profiter un maximum. Nous vivons ainsi les heurs et les malheurs d'une princesse rebelle qui retarde l'échéance de son mariage en attendant le retour victorieux de son père, d'un jeune maître assassin en pleine crise existentielle (remember "L'Assassin royal" de Robin Hobb ^^), d'un mercenaire blasé obligé de renouer avec son passé après la mort tragique de son fils (remember les anti-héros de David Gemmell ^^), d'une jeune mendiante qui espère échapper à la misère en faisant carrière dans la Guilde (ouais, c'est Cosette version fantasy ! ^^), d'un prêtresse guerrière trop idéaliste pour ne pas encourir la jalousie et le courroux de ses paires (ah ça oui les Bouclières de Vorena ressemblent peu ou prou aux chevalières dragons d'ANGE, mais remember quand même Faranghis des "Chroniques d'Arslan" ^^), d'un nobliau ruiné qui d'arnaques en arnaques n'est plus qu'un beau parleur looser aux faux airs du Futé de "L'Agence Tous Risques", d'un apprenti magicien accompagnant sa maîtresse dans sa traque d'un sorcier serial killer maîtrisant les arts obscurs...

Entre le prologue et l’épilogue qui font la part belle aux vilains et aux super-vilains, dans la métropole portuaire d'Havrefer les personnages se croisent et s'entrecroisent directement ou indirectement, toujours sous la menace de l'épée de Damoclès que constitue l'invasion khurta, et les tranches de vie des uns et des autres sont les pièces du puzzle qui permettent de reconstituer l'intrigue générale qui se met en place au fur et à mesure de l'avancée du récit (un peu à la manière de "La Cité" de Stella Gemmell soit dit en passant). Il y a un arrière-fond policier avec les larcins de Loque, les arnaques de Merrick, les enquêtes de Gelredida la Sorcière Rouge et celle de Kaira la Bouclière de Vorena, ainsi que les patrouilles de Nobul, mais on n'est pas vraiment dans le polar fantasy à la sauce grimdark genre "Le Baiser du Rasoir" de Daniel Polansky. Car on suit les magouilles de la voyoucratie d'en-haut incarnée par Goldman Sachs, euh pardon la Ligue des banquiers, et les magouilles de la voyoucratie d'en-bas incarnée par la Guilde, d'aussi loin qu'on suit les games of thrones stupides de l'aristocratie ou les manœuvres militaires de envahisseur (l'ennemi intérieur et l'ennemi extérieur, car c'est bien de cela dont il s'agit, sont tout aussi redoutables et sournois l'un que l'autre). Alors oui cela manque un peu de peps et de suspens puisqu'on est dans les parti pris des tranches de vie, mais au final le véritable fil rouge du roman reste celui des choix auxquels sont confrontés les personnages qui las d'être les spectateurs de la grande marche du monde veulent en devenir des acteurs à part entière :
Loque sera-t-elle proie ou prédateur ?
Nobul Jacks sera-t-il salaud ou héros ?
Janessa fuira-t-elle ou s'assumera-t-elle ?
Merrick Ryder sera-t-il un loup ou un berger ?
Waylian Grimm sera-t-il un couard ou un brave ?
Kaira Feuillevent défendra-t-elle une carrière ou une cause ?
Rivière restera-t-il un être humain ou deviendra-t-il une machine à tuer ?
Les good guys deviendront-ils mauvais ? Les bad guy deviendront-ils bons ?...

Personnages, situations et localisations multiplient les clins d’œil et/ou références aux classiques de la sword & sorcery (Amon Tugha = Thot Amon ? remember la Némésis de Conan, le barbare de Cimmérie !), et l'auteur se fait plaisir avec des détournements de Westeros, de Drenaï ou de Poudlard... Mais c'est toujours un crime de lèse-majesté de ne pas fournir de carte aux lecteurs pour se retrouver dans les lieux proches ou lointaines, de la même manière que c'est contre-productif de ne pas fournir de dramatis personae quand évoluent autant de personnages... (Messieurs les auteurs/éditeurs, faites un peu mieux votre travail SVP)
Piocher dans les archétypes n'a jamais été un problème en fantasy, mais j'avoue que j'ai vraiment eu très peur quand à mi-chemin l'auteur s'est mis à broder sur la romance entre la princesse rebelle et le jeune maître assassin. Quand des archétypes ont été aussi usités, et par des œuvres aussi connues en plus, mieux aurait peut-être valu s'abstenir... Mais, ouf l'auteur ne tombe pas dans les poncifs de la fantasy à l'eau de rose et des héros/héroïnes YA qui ne savent jamais ce qu'ils/elles veulent pour rester fidèle à sa thématique du libre arbitre :

Richard Ford semble trop malin pour tomber dans le piège de la liste de courses de genres, donc je reste persuadé qu'il a intégré ces figures désormais mainstream pour mieux les mettre au service de son projet !
Évidemment la formule possède ses forces comme ses faiblesses : chacun des personnages principaux aurait pu nourrir un livre à lui tout seul, donc impossible de les développer autant qu'on aurait pu/dû le faire, et ils sont trop nombreux pour laisser de la place tant à la ville d'Havrefer, véritable personnage en soi, qu'aux personnages secondaires (qu'ils vivent ou qu'ils meurent, ils sont essentiellement fonctionnels comme n'importe quel PNJ de JdR). Mais après tout peu importe, nous sommes dans un roman choral et le but est de montrer que le tout est supérieur à la somme des parties (Simon R. Green copyright ^^).
Sur la forme quelques facilités certes ici ou là, mais aussi quelques subtilités agréables. Le style est très fluide donc très plaisante, visiblement bien traduit par Olivier Debernard, l'auteur ayant vraiment trouvé le bon équilibre dans les chapitres, assez courts pour faire tourner les POVs et retrouver rapidement tel ou tel personnage, mais assez long pour se familiariser avec eux, développer une ambiance et raconter quelque chose (c'est d'ailleurs assez amusant que le POV qui soit le plus riche en humour soit aussi celui qui contiennent les scènes les plus dures...).


Nous sommes dans un pur tome d'introduction, mais la mise en place de bonne facture évite bien des écueils de l’exercice de style. J'ai rapidement identifié les ambitions de l'auteur et de la première à la dernière page je n'ai pas pu m’empêcher de penser qu'on était dans la genèse de quelque chose de plus grand et de plus noble : les tribulations de Steven Rogers avant qu'il ne devienne Captain America, ou celle Peter Parker avant qu'il ne devienne Spiderman, ou celles de Logan avant qu'il ne (re)devienne Wolverine... Toutes les sagas doivent bien commencer quelque part, et nous sommes ici dans le commencement de l'une d'entre elle : nous œuvrons donc dans l’héroïsme et pas dans le réalisme... (Pour ceux qui pense que le réalisme doit primer avant tout le reste, voire au détriment de tout le reste, on pourra leur conseiller de chercher leur came dans la littérature générale ^^) Ce tome 1 intitulé "Le Héraut de la tempête" porte bien son nom (même si le pluriel aurait été tellement plus approprié ^^) : tout peut laisser à penser qu'il s'agit de Massoum le messager d'Amon Tugha, mais chacun des personnages du roman pourrait remplir ce rôle car ils sont ici des héros/vilains en devenir et on voit très bien où l'auteur veut les voir sévir (surtout à la fin, quand plusieurs personnages se retrouvent dans les Manteaux Verts avec l'envie de devenir meilleurs pour rendre le monde meilleur tandis que d’autres s'enfoncent dans les ténèbres...). Ils seront les vents du changement dans le tome 2 intitulé "The Shattered Crown" et plus encore dans le tome 3 intitulé "Lord of Ashes", et comme dans Légende, quels que soient leurs choix, à la dernière heure ils seront tous sur les remparts de Dros Delnoch pour faire face à la Horde Sauvage... Peu contre beaucoup : une des plus vieilles mais aussi une des meilleures histoires du monde ! Le Destin est donc clairement en marche : Justice Forever ou Valar Morghulis ?
https://www.youtube.com/watch?v=t987p0f9y54


Vous avez hâte que Danaerys fasse la conquête du trône du fer mais vous en avez marre d'attendre que GRR Martin achève sa saga fleuve ? C'est peut-être le cycle fantasy qu'il vous faut... blink
Et dire que Bragelonne continue sa route en sortant des trucs considérés comme bien-bien par beaucoup d'amateurs de fantasy, tandis que d'autres éditeurs se plaignent d'un marché trop moribond pour eux et leurs machins... mdr
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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« Qu'allaient-t-ils faire maintenant qu'ils n'avaient plus de roi ? Cael Mastragall avait été l'Unificateur. Il avait rassemblé les Etats libres. Il s'était emparé des provinces belliqueuses et il en avait fait un royaume. Qui allait prendre le relais ? Sa fille ? C'était une gamine tout juste en âge de se marier. »

La donzelle en question, la princesse Janessa, malgré son prénom de téléréalité, leur prouvera qu'ils ont tort de la sous-estimer.

Je ne vais pas tenter de résumer les intrigues qui s'entremêlent dans ce roman, d'autres s'en sont déjà brillamment chargés.

Ce qui m'a marqué dans le premier volume de cette trilogie, c'est le soin apporté par Richard Ford (aucune parenté avec l'auteur américain du même nom) à planter le décor et les personnages. Par leurs yeux et leurs souvenirs, de toutes conditions et métiers, la ville prend beaucoup de relief.

Au premier abord la multitude de personnages perd un peu le lecteur : un mystérieux émissaire venu d'une contrée opposée à Havrefer, l'entourage du Roi Cael, mais aussi des enfants qui vivent de larcins, des escrocs, la pègre omniprésente, un forgeron, des assassins, des combattantes aguerries, un jeune étudiant, des policiers…

Le savoir-faire de l'auteur est indéniable, en dépit d'un style que je trouve plutôt plat et sans surprises. A mon goût il y manque quand même un peu d'étrangeté, d'originalité. Mais j'ai hâte de lire la suite, « La Couronne brisée ».
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J'ai beaucoup aimé.
Même si la pléthore de personnages et d'histoires déroute un peu au début, et que le tout semble décousu, j'ai quand même senti que l'auteur savait où il allait.

Tome de mise en place par excellence (long tome de mise en place), c'est vrai qu'on peine un peu à entrer dans le monde et l'histoire, de ce fait.

C'est bien écrit, bien traduit, et même si quelques clichés sont présents (clichés récents, tout de même, disons qu'on a une sensation de "déjà lu" en croisant tous ces personnages), j'ai vraiment apprécié, une fois chaque personnage croisé une fois et que l'on retrouve à tour de rôle dans les chapitres suivants, jusqu'à ce qu'ils finissent par se rencontrer, forcément.

En tous les cas, cela m'a permis de bien m'évader, et dieu sait que j'en ai besoin en ce moment... L'influence de Gemmell (j'ai lu cela chez Alfaric, si vous voulez plus de détails, allez lire son avis, moi je suis trop fatiguée pour lui faire concurrence) ne se fait réellement sentir, de mon point de vue, que sur le personnage de Nobul (celui que, curieusement (ou pas), j'ai le plus cité), dans lequel on peut reconnaître sans peine un Druss bis. Après, on a affaire a des personnages humains, qui peuvent changer ou pas, on est, comme chez Gemmell, assez loin de tout manichéisme, et cela fait une grande partie du charme de ce roman.

J'aurais bien sauté sur la suite, mais trop de lectures "obligatoires" m'en empêchent dans l'immédiat... Dommage...

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Que c'est mou, mais que c'est mou !
Je suis parvenu à aller au bout des trois volumes de Havrefer mais bon sang, que ça été laborieux !

La critique "des personnages ultra charismatiques" vendu par l'éditeur m'avait poussé à aller jusqu'au bout du premier volume, moi qui raffole des personnages très développés à la Tyrion ou à la Glokta d'Abercrombie, et ma déception n'en fut que plus grande au fil des pages, l'essentiel des personnages se révélant assez plats malgré tous les efforts de l'auteur pour leur donner du volume.

Voici mon analyse un peu plus objective :


Tout d'abord la narration. Ici R. FORD déroule son histoire suivant les points de vue de ses très nombreux personnages, il y en a 8 principaux en tout, auxquels s'additionnent quelques autres en fin de volumes.
J'adore ce genre de narration qui est sûrement mon préféré pour le genre Fantasy mais ici, la sauce ne prends pas.
L'écriture est assez basique, les phrases bien souvent courtes et faciles (trop) à lires, les schémas narratifs sont répétitifs et on tombe dans l'ennuie trop vite et trop souvent à mon gout. Les dialogues sont un bon point à mettre au crédit de l'auteur meme si certaines scènes mériteraient un bon coup de rabot car trop longuettes.

L'intrigue est un gros point noir pour moi, vu qu'elle est quasi inexistante du premier volume et met un temps fou à apparaître entre les lignes, si bien qu'on se demande ce que tous ces personnages ont affaire avec le bouquin. Sont-ils la uniquement pour remplir des pages ? Encore une fois on est sur du TRÈS basique : un royaume dont Havrefer est la capitale est en train d'être envahit par des sauvages venus du nord, une armée menée par un puissant chef de guerre dont on ignore pour très longtemps ses motivations : pourquoi attaque t il ? Par pure méchanceté ? Par vengeance ? Personne ne le sait mais il attaque le pays et le bon roi d'Havrefer est parti pour le stopper.
J'ai mis trois mois à venir à bout du premier tome, le laissant une ou deux semaines de temps en temps et me forçant a le reprendre pour en finir. le problème est qu'il ne se passe absolument RIEN ! Rien de rien ! L'intrigue (l'invasion) est si peu mentionné qu'on la sent trop éloigné de nos personnages et de la cité d'Havrefer pour vraiment s'en préoccuper et on sent très vite qu'aucun danger ne menace vraiment les persos. On se lasse, c'est monotome, chiant, sans aucune tension, sans suspense, on se force à lire un chapitre et on pose le bouquin sur la table de nuit. Voilà le premier tome d'Havrefer. On comprends qu'on est dans un Tome de mise en place, ne préparant rien de plus que la suite de l'histoire mais il y a des limites à ne pas franchir, surtout quand on se permet 600 pages de mise en place. Ça fait finalement beaucoup de lignes pour pas grand chose.



Les personnages sont l'immense déception du livre. Après tant de chapitres dédiés à leur développement et à leur présentation, on se rend compte qu'on ne les aime tout simplement pas, qu'on ne va jamais les apprécier et qu'on se fout d'eux si éventuellement des problèmes leur tombent dessus. Triste à mourir. A se demander si l'auteur aimait ses personnages...
D'ailleurs, pour les créer, Ford n'a pas du se casser la tête longtemps tant ils sont pour la majorité issus de clichés vu et revus en Fantasy : ça va de la jeune princesse cruche et naïve qui se transforme en quelques semaines en leader charismatique sachant manier l'épée après 2 heures d'entraînement au jeune homme alcoolique et lubrique, sans dignité ni morale, chouineur avec ça , qui va se transformer en soldat d'élite protecteur de la reine. Il a beau accumuler les conneries tout au long du récit, les gens continuent de lui donner sa chance alors que 99% d'entre nous lui aurait simplement boté le cul sans préavis.
Il y a aussi l'apprenti magicien un peu niais qui se révèle être un mage puissant sous la coupe de sa mentor ronchonne et charismatique, l'ancien soldat, ancienne légende vivante de l'armée à la retraite qui reprend du combat pour sauver le monde, la guerrière puritaine et religieuse à cheval sur ses principes qui se rebelle contre les méchantes bonnes soeurs qui l'ont trahi, le sauvage (à la peau noire bien sûr) un peu limité qui ne cherche qu'à se taper avec autrui pour sa quête de gloire éternelle , le jeune assassin aux capacités limite surnaturelles qui va finir par se demander si suriner des innocents est vraiment un boulot gratifiant sur le long terme et, le meilleur pour la fin, l'apprenti voleuse traîne-la-grolle qui va se faire une place de leader dans la TRÈS DANGEREUSE mafia locale avec ses combines à la noix et ses mensonges réchauffés, et ceci en quelques mois et à tout juste 13 ans ! On nage en plein délire et on n'y croit pas une seconde, désolé pour les fans.

On a du mal à s'immerger dans le récit tant c'est décousu, la faute à trop de personnages qui n'ont pas vraiment d'intérêt à être présent tant il ne leur arrive RIEN. Un chapitre par perso ralentit ici le récit à l'extrême et coupe toute tension dans le livre. Il n'y a pas de suspense ou si peu, les retournements de situations sont presques anecdotiques, et l'auteur a beaucoup de mal à ficeler son intrigue autour de ses personnages.
Il manque aussi cruellement de vrais méchants : le chef de guerre envahisseur et sa troupe de sauvages sont bien trop loins pour nous inquiéter et finalement, on n'arrive pas à lui vouloir du mal...
L'auteur a du comprendre que son grand méchant loup manquait cruellement de poils et de crocs et à donc inventer la Guilde pour tenir un second rôle de gros dur : un genre de mafia napolitaine contrôlant tout ce qui se fait d'illégal dans Havrefer, qui terrifie au plus haut point la population local. Encore une fois ça tombe à l'eau tant la Guilde ne fait pas peur du tout. Les chefs de guilde s'avèrent être des trous duc sans pitié oui, mais aussi complément inoffensifs et naïfs, gobant jusqu'à l'excès et à en mourir les mensonges d'une gamine de 13 ans. On touche le fond lorsqu'on apprends par déduction que la Guilde tant redoutée par tout le monde se limitait à une vingtaine de poules mouillées, au talent combatif et au courage inexistant, se prenant des dérouillées du début à la fin sans jamais nous arracher un frisson. Ça en devient pitoyable.

Tout n'est pas à jeter tout de même, le tome deux étant bien au dessus du premier avec des intrigues secondaires et les routes des personnages qui se recoupent pour donner du sens et de la profondeur au recit, accouchant d' un livre abouti qui m'a fait oublier le Tome 1.
Malheureusement le T3 est une vraie daube pour ado prépubere en manque d'action et de cervelle éclatée : on a droit ici à 600 pages de baston... Un T1 où rien ne se passe et un T3 sans un moment pour souffler un peu. Les combats, ça va bien deux minutes mais tout le temps ?! Faut savoir équilibrer son récit ! La gestion du rythme est incompréhensible et celle des intrigues trop maladroite, voir caffouilleuse.

R. Ford, c'est bancal et pas pour moi.


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Havrefer, c'est une ville gigantesque composée d'une multitude de rues marchandes, de ruelles crasseuses, de passages boueux, de bicoques pourries et de palais somptueux. Mais Havrefer c'est avant tout sa population, tout aussi chamarrée et contrastée que son décor.

Basé sur cette variété, Havrefer, le roman, est tout aussi pittoresque et bigarré que la ville. Et comme la ville, il faut du temps pour en parcourir les chapitres/rues et pour apprendre à connaître ses héros/population. Car Havrefer c'est avant tout une multitude de personnages, tous très différents que je ne vais pas énumérer ici tant ils sont nombreux. Au risque peut-être d'ailleurs de larguer quelques lecteurs au passage, mais en ce qui me concerne, j'ai pris un énorme plaisir à les découvrir. Pour en citer juste quelques uns, je parlerai de Loque, cette môme de 11 ans, voleuse de bourses patentée et qui survit comme elle peut. Ou Kaira, cette prêtresse guerrière qui n'a jamais vu que les murs de son "couvent". Et Janessa, la princesse qui ne voulait pas être reine. Et beaucoup d'autres encore, dont Nobul qui m'a beaucoup touchée. Bref, une foultitude de personnages que l'on découvre au fil des chapitres et dont le destin va amener à se croiser, pour quelques jours ou quelques minutes. Ce qui est étonnant du point de vue du lecteur, c'est qu'on se dit qu'il vont se "reconnaître" (ben oui ils sont tous les héros dans un même livre :)), mais non, ils ne font que se croiser comme dans la vraie vie ! Et tous ces protagonistes vivent leurs petites histoires, alors que la grande Histoire est à leur porte. Les envahisseurs laminent l'armée des Etats libres et il ne reste que peu de jours à Havrefer avant de voir arriver le chaos à sa porte. En attendant la ville vit sa vie, composée de larcins, de crimes et de magie noire. L'auteur nous entraîne dans les bas-fonds, les petits et gros trafics en tout genres, le tout avec cette menace de guerre imminente. Il nous fait suivre ces "héros", voleur, menteur, assassin, guerrière ou princesse. Tous ont leurs secrets, leur part d'ombre cachée et tous vont affronter leur destin.

Ce roman est un pavé, la multitude de personnages fait que la description domine sur l'action, ce qui ne conviendra pas à tous les lecteurs, c'est sûr. Moi j'adore. Je m'imprègne de l'atmosphère, des caractères des différents protagonistes et je finis par m'y attacher. Comme dit plus haut, lorsqu'ils se croisent, on espère un "éclair", une sorte de reconnaissance immédiate. Mais là, l'auteur fait fort, car ils se croisent ... et c'est tout. Frustration assurée pour le lecteur ! :)

Ce premier tome pose toutes les bases d'une grande saga. Aussi bien au niveau des personnages, mais aussi du contexte politique et économique de la ville. On se doute que l'ennemi approche et que dans la suite, le tournure de l'action va changer. Que vont devenir nos héros quand la guerre va arriver sur Havrefer ? On peut imaginer le comportement de certains, mais pas de tous. Ce qui est sûr par contre, c'est que j'ai hâte de découvrir leur destin.
Lien : http://bookenstock.blogspot...
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Le temple d'Automne se trouvait sur le second promontoire le plus élevé de Havrefer. En matière de majesté, il n'était surclassé que par le palais royal de Guideciel, et seule la tour des magisters était plus haute que lui. Il était planté comme un monolithe sur le sol rocheux. Ses murs en granit jaune étaient aussi austères et menaçants que ceux de l'imposante citadelle. L'immense statue d'Arlor se dressait dans le bastion nord. Arlor, le Marteau des Vents, l'Indompté, le Grand Défenseur des Tribus Teutonnes. On racontait que les États libres avaient été bâtis sur ses épaules. Dans le bastion sud, la statue de Vorena protégeait les arrières d'Arlor des dangers venant de la mer de Midral. La fière déesse était armée de sa lance et de son bouclier. La crinière de son casque se dressait vers le ciel azur.
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- Alors, même si vous travaillez pour un monstre, ça ne signifie pas que...
- Que je suis un monstre ? Que je suis prêt à commettre des actes abominables ? Le récif est-il mauvais parce qu'il se trouve sur la route du navire ? Le loup est-il mauvais parce qu'il dévore l'agneau ?
- Nous ne sommes pas des loups, mais des hommes. Nous sommes en mesure de faire des choix.
Massoum hocha la tête.
- Bien sûr, vous avez raison. Mais si le loup choisit d'épargner l’agneau, d'autres loups viendront le dévorer.
- Il y a toujours des loups, dit-il, mais il y a un berger pour chacun s'entre eux. (Mais qu'est-ce que je raconte ?)
- Tout à fait. Tel est le principe, mon ami. Le loup ou le berger. Chaque personne doit faire un choix d'ordre moral, un jour ou l'autre. J’ai estimé que le rôle du loup était plus rémunérateur. Mais je dois reconnaître que le berger dort certainement mieux la nuit.
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La mélodie de l'acier n'était pas un air agréable. Ses notes fracassantes et discordantes étaient le fruit de l'effort, de la sueur et de la saleté. Nobul Jacks la jouait en virtuose. Il travaillait sur son enclume comme un violoniste avec son instrument. Son impressionnante carrure tremblait à chacun de ses coups précis et puissants. Le marteau fracassait l'acier chauffé à blanc dans des gerbes d'étincelles spectaculaires la forge résonnait d'une symphonie funèbre qui n'avait rien à envier à celle d'un orchestre.
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Nobul comprenait son raisonnement. Mais d'un autre côté, s'il y avait eu quelqu'un, un ou deux représentants de la loi, pour filtrer la foule et l'orienter vers les quartiers tranquilles, l'installation se serait sans doute mieux déroulée. On aurait peut-être même sauvé quelques vies.
Mais les réfugiés avaient été livrés à eux-mêmes. Le chemin menant la vieille ville avait été dégagé, et la vague humaine s'y était engouffrée. Cela avait été un véritable carnage, comme de bien entendu. Tout le monde voulait s'installer aux meilleurs endroits, près de la Storvoie, de manière à pouvoir vider ses pots de chambre plus facilement. Comme toujours, c'étaient les plus forts, les plus brutaux et les plus méchants qui avaient eu le dernier mot.
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La terrible réputation de Havrefer s’étendait jusqu’au lointain Dravhistan : les dangers de ses ruelles tortueuses, sa culture insignifiante, les manières de sauvages et l’haleine fétide de ses habitants – sans parler de leur gastronomie insipide et de leur déplorable habitude d’ingurgiter de la bière jusqu’à en vomir.
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