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Je suis infirmière en milieu carcéral et en psychiatrie et il me semble inévitable de remettre des bonnes passes de psychiatrie pour comprendre les être humains.Je suis consciente que lorsqu'on dit psychiatre ....;on nous prend pour des fous alors que tout un chacun dans sa vie aurait besoin d'un psychiatre ...La vie n'est simple pour personne et on peut a toute moment faire un épisode dépressif si nous prenons de névrosés lambda comme nous.

La publication de Histoire de la folie, la thèse de doctorat de Michel Foucault, constitua un véritable événement intellectuel, et rares ont été les livres de philosophie à avoir fait couler autant d'encre. Ce que cherche à montrer Foucault, c'est qu'il n'y a pas une seule réaction possible à la folie et que le regard que l'on porte sur elle dépend de la culture dans laquelle elle s'inscrit. le fou n'a pas toujours été considéré comme un « malade mental ».

Foucault esquisse donc les grandes étapes du rapport de la raison à la folie à partir de la fin du Moyen Age jusqu'à la naissance de l'asile au xixe siècle en s'appuyant sur des matériaux divers .

La création de l'Hôpital général à Paris en 1656 est un événement historique capital qui marque l'ère du « grand renfermement ». Désormais, le fou est interné aux côtés des oisifs, des délinquants et des marginaux dans des centres qui visent à isoler et à faire travailler ceux qui pèsent comme une charge pour la société.
L'autre événement clé de cette histoire de la folie est alors la libération des enchaînés de l'hôpital Bicêtre en 1793 par Philippe Pinel.
Le fou n'est plus guère avec les délinquants : il va se trouver enfermé mais seul.
Particulièrement critique à l'égard de la psychiatrie, Foucault lui reproche de n'être qu'un monologue de la raison sur la folie
Foucault qui obligea toute une génération à réévaluer la psychiatrie et à entendre à nouveau la voix des fous, bien assourdie dans notre société.

De nos jours les hôpitaux psy sont vidés ..les patients sont dehors et comme ils sont perdus ou en rupture de soins et bien ils se retrouvent en prison ....si un schizophrène dangereux est traité ..tout se passe bien , sans traitement il peut tuer et fait la une du journal ....c'est une honte mais une journée de prison ne coute rien tandis qu'un journée d'hospitalisation psy ce n'est pas donné.
Pour lire ce livre il faut des notion de psy.
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Michel Foucault nous embarque avec la Nef des Fous, la peinture de Jérôme Bosch (vers 1500), pour un long voyage au bout duquel on pourrait aussi bien tomber sur la scène du célèbre film "Vol au-dessus d'un nid de coucou" où le personnage interprété par Jack Nicholson, interné à l'asile, organise une virée rocambolesque avec les autres internés.
Cette histoire est une boucle autour de la liberté insaisissable des fous, à travers l'ordre social et moral encore à oeuvre à la « libération » des fous par Pinel à Bicêtre et à La Salpêtrière (et par Tuke en Angleterre).
La pensée médicale n'est que secondaire dans cette histoire alors même que ces évènements de la fin du XVIIIème sont considérés comme l'origine de la psychiatrie. Et même en prolongeant jusqu'à Freud, Michel Foucault veut montrer que « si le personnage médical peut cerner la folie, ce n'est pas qu'il la connaisse, c'est qu'il la maîtrise ».
La philanthropie est également secondaire. La solidarité humaine, primaire à toute société, est canalisée par la conscience bourgeoise dans une assistance publique minimale (idée promue notamment par un certain Dupont de Nemours). Il n'y a que des morales closes à l'oeuvre. Celle des Quakers, dans le projet de Tuke, est dépeinte comme une abomination. Les résultats qui tiennent du «quasi-miracle » paraissent évidemment douteux : la « guérison spontanée de la folie n'est peut-être que sa secrète insertion dans une artificieuse réalité ».
Mais le pouvoir du « positivisme » des « légendes de Pinel et de Tuke » se comprend peut-être mieux quand on songe aux terribles conditions d'enfermement au XVIIème siècle, le siècle du « rationalisme » de Descartes, qui marque une « coupure essentielle entre raison et déraison, dont l'internement n'est que l'expression institutionnelle ». C'est qu'à cette époque on enferme pêle-mêle les fous, les libertins, les indigents, les chômeurs, les homosexuels, etc… « Cette société qui devait un jour désigner ces fous comme des "aliénés", c'est en elle d'abord que la déraison s'est aliénée »
Il faudra du temps pour que ce domaine de la « déraison » se vide et laisse la folie toute seule, « objectivée », mais pour autant « l'asile des fous de Tuke et Pinel n'est qu'un rééquilibrage des formes de conscience de l'âge classique ». C'est pourquoi Foucault va observer précisément tout le long de ce livre, les opérations de ces différentes formes de conscience : critique, pratique, énonciative et analytique. Les problèmes soumis à la conscience sont toujours les mêmes : la peur, de devenir fou ou d'être assailli par les fous, la responsabilité, notamment dans les affaires criminelles, l'assistance et le traitement médical.
L'analyse est abondamment nourrie de témoignages d'époque et d'extraits d'oeuvres littéraires. Ce sont autant d'invitations à explorer plus loin : l'Eloge de la folie (Erasme au XVIème siècle), Don Quichotte (Cervantes, XVIIème), le Neveu de Rameau (Diderot, XVIIIème), les oeuvres de Sade (XVIIIème), etc..
Antonin Artaud et Nietzsche jouent un rôle bizarre dans ce livre, leur nom est répété de nombreuses fois sans commentaire ou presque, comme un leitmotiv. Mais on devine le problème.
« Quel est donc ce pouvoir qui pétrifie ceux qui l'ont une fois regardé en face, et qui condamne à la folie tous ceux qui ont tenté l'épreuve de la déraison ? »
Je reste perplexe devant cette étrange fascination pour « la ruse et le triomphe de la folie » et devant un tel scepticisme envers le pouvoir humain de compassion et de solidarité.
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Opus captivant à plusieurs titres .
En premier lieu c'est un pur régal sur le plan de la langue française et de son utilisation .
De telles phrases mises au service d'une réflexion sur ce qu'est la folie , cela ne pouvait qu'étre passionant .
Si l'on ne comprend pas tout , l'on à quand méme une réflexion trés profonde sur les liens que la socièté et la folie on , sur le rapport entre les deux , ect.
Si le tout avait était un peu plus facile d'approche le livre y aurait gagné de nombreux lecteurs , un peu rebutés par la grande complexité de l'ensemble .
Passionant mais trop ardu .
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Michel Foucault. “Histoire de la folie à l'âge classique”. La première moitié du livre est passionnante, elle raconte l'histoire de la conception de la folie et de la pauvreté d'abord au Moyen Âge, où pauvreté et folie apparaissaient familièrement dans le paysage humain, comme venant d'un autre monde, côté tragique de la folie (Bosch, Brueghel, Dürer... il en restera toujours quelque chose avec Nietzsche, Van Gogh, et surtout Artaud); puis à la Renaissance, avec Brant, Erasme, Rabelais et la tradition humaniste, où la folie est prise dans l'univers du discours, et Montaigne peut considérer qu'on en est tous atteint et qu'elle touche à la sagesse; enfin à l'âge classique où la pensée rationnelle fait de la folie une maladie mentale qu'elle classe au même rang que la pauvreté en en faisant une affaire de police, de désordre.
La deuxième partie est plus psychanalytique, et j'ai vite laissé tomber.
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Un essai essentiel pour comprendre comment le culte de la rationalité, né au XVIIème siècle classique a définitivement mis les "fous" hors des contrevenants à la loi, à l'ordre et aux règles de vie commune, avec lesquels ils étaient jusque là confondus,- on les mettait en prison avec les criminels- pour les exclure doublement, en les mettant à l'asile. Après Descartes, les gens frappés de déraison ont été non seulement enfermés mais rejetés hors du monde de la rationalité.

Privés de leur être social et de leur humanité.

Un livre passionnant pour comprendre aussi tous les grands textes classiques

.Un Foucault lumineux et convaincant!
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Livre admirable de Foucault qui jette les bases de la méthodologie qu'il développera ensuite et questionne le concept central de la philosophie occidentale moderne : la raison.

Sur le plan méthodologique, Foucault prolonge le geste nietzschéen. Il ne raisonne pas dans la théorie et l'abstrait, mais se fonde sur des textes, ce qui les a rendus possibles, leur histoire. Il nous livre une histoire des interprétations de la folie. Cette méthodologie, inaugurée par Nietzsche dans la Généalogie de la morale, lui permet de déplier les imbrications sous-tendues par la folie et la manière dont celle-ci a été traitée dans l'histoire.

Descartes inaugure le bal avec son doute méthodique : selon lui, le rêve est plus propre à le faire douter, car ce serait être fou que de se croire fou (je paraphrase, n'ayant pas le texte sous les yeux). Foucault démontre que cette position est en fait constitutive de la raison. Nous avons la raison parce que nous ne sommes pas fous, et c'est parce qu'il y a des fous que nous savons, à rebours, que nous sommes dotés de la raison. Paradoxalement, la raison s'est donc construite négativement en regard de la folie.

Il y a de magnifiques pages sur l'ombre que fait planer la folie sur le soleil de la raison : le rêve assurait à Descartes l'exercice de sa raison, mais l'hypothèse de la folie faisait tout vaciller.

Au-delà du seul travail conceptuel, Foucault montre comment la folie a d'abord été conçue comme entité abstraite avant de s'incarner dans des individus concrets. On ne parlera plus de "la folie" mais "des fous". Toutefois, le mouvement souterrain du concept continue à travailler : en assignant la qualité de "fou" à certains individus, le périmètre de la folie est très précisément bornée. Elle n'a donc plus à inquiéter la raison, puisque nous savons où la folie se trouve : chez les fous. Il ne reste plus qu'à l'enfermer : mettre les fous à l'asile. le travail cartésien s'est ainsi prolongé. Là où Descartes écartait purement et simplement l'hypothèse, de peur de menacer le cogito, les modernes ont adopté une conception de la folie leur permettant d'en circonscrire le périmètre et, partant, d'en écarter définitivement la menace sur le travail de la raison.

Démonstration remarquable.

Ces travaux seront prolongés dans les ouvrages postérieurs de Foucault intéressant la psychiatrie.
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Là, l'ouvrage mérite du sérieux. Une folie, un âge classique, une histoire: vaste programme mes aïeux ! Bon, un peu de sérieux. Foucault nous fait voir, nous donne à voir pour quel motif on passait pour timbré. Comment on traitait des classés socialement déclassés( classer pour déclasser, trouver l'astuce, intelligente l'espèce humaine, déclasse et classe en même temps) . Des déclassés frappés du sceaux de frappa dingues. Y devait y en avoir, pas de doute là-dessus. Mais bon, mettre des lépreux avec des chiffonnés du ciboulot et autres, n'ira pas sans soulever quelques questions. Abréger, j'abrège. En un mot, Foucault nous dresse un tableau jusqu'au XIXème siècle à peu près, ce, depuis l'aube des temps, à savoir, moyen-âge, sur une manière de nous traiter entre nous des bipèdes doués de parole. ON en apprend sur les maladies mentales et leur fabrication. Sans symptômes reconnus: pas de pathologie. A méditer. En lisant l'ouvrage, on en apprendra plus. Si je pouvais pondre mieux qu'un Foucault, cela se saurait; non,? En principe oui. Sérieusement: un ouvrage important à lire. Vraiment. Ne pas hésiter.
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Cet ouvrage fit grand bruit dans les années soixante et fut l'objet de polémiques (en particulier sur le domaine de compétence du philosophe qui n'était ni historien ,ni psychiatre ) . L'ouvrage observe l'évolution dans le traitement de la folie du Moyen âge au 19ème siècle . Au-dela du côté iconoclaste de son auteur cet essai eut le mérite de porter l'attention sur la psychiatrie . A noter une permanence de cette question à l'heure actuelle.
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Des premières léproseries du Moyen-âge jusqu'aux asiles d'aliénés de la fin du XVIII ème siècle c'est plutôt une histoire de l'internement qui nous est livré ici. Ainsi était enfermés au départ les lépreux alors que les fous étaient condamnés à l'exil et la mendicité. Puis l'on amalgama folie et déraison pour enfermer pèle mêle fous, indigents, criminels, libertins,insolvables et vénériens...jusqu'à que la Révolution Française mis un terme à tout cela en définissant mieux le fou pour mieux l'isoler encore. Cette oeuvre, thèse de doctorat de l'auteur, ma fort peu intéressée, alliant longueur du propos et ennui du lecteur, ce qui est doublement regrettable en regard de la brièveté de la vie et la soif d'apprendre et d'élévation spirituelle qui sont les miennes..
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Un livre que j'avais lu, étudiant en psychologie éphémère, mais je me souviens qu'il m'avait marqué.L'étude sociologique de la folie menée par Michel FOUCAULT reste un grand classique.
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